jeudi, 08 octobre 2009 Fretwork (Dixiefrog – Harmonia Mundi – 2009) Durée 48’56 – 12 Titres
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On se doutait depuis un certain temps que la carrure de bûcheron de Bjørn Berge cachait un cœur et une âme sensibles, il les laissait d’ailleurs transparaître en privé dès lors qu’il descendait de la scène et qu’il venait se joindre au public qui à chacune de ses prestations se presse pour le saluer, le féliciter ou tout simplement le remercier … Véritable bête de scène capable de déployer en solo autant d’énergie et de puissance que des groupes comme les Red Hot Chili Peppers ou Motörhead dont il reprend traditionnellement des morceaux, le Norvégien à la voix noire et au jeu proche de celui des vieux bluesmen du Delta, Robert Johnson en tête, nous démontre que le cap de la quarantaine est chez lui synonyme non pas d’apaisement mais plutôt de diversification de son registre de tonalités, ses sonorités déjà partagées entre hard rock et blues acoustique faisant aujourd’hui appel épisodiquement au violon et à l’alto de Øyvind Staveland, aux chœurs de Vidar Johnsen ou encore aux percussions de Kjetil Ulland. Toujours aussi puissant et viril, le jeu du colossal Viking se teinte aujourd’hui d’une autre sensibilité empreinte de beaucoup de finesse … Vous avez du mal à y croire ?
Il suffit de poser « Fretwork » dans la platine pour finir de s’en convaincre puisque si la patte immédiatement identifiable de Bjørn Berge est toujours aussi ravageuse, on découvre une nouvelle manière d’appréhender l’écriture, le jeu et même le chant, mais aussi de travailler les orchestrations. Plus posé, plus délicat, le guitariste dépasse le stade de l’interprétation musclée pour faire entrer dans des morceaux comme « Crazy Times » ou « These Streets » de nouveaux ingrédients, ni meilleurs ni moins bons que ceux qu’il utilisait auparavant mais tout simplement différents, histoire de varier les plaisirs et de passer à quelque chose de nouveau, un peu moins typé one man band, pour être certain de ne pas tourner en rond. On en passe encore et toujours par des reprises à tomber par terre comme « Drifting Blues » ou « Killing Floor » mais aussi par un superbe « Zebra » emprunté à John Butler mais où Bjørn Berge parvient à surprendre le plus, c’est en donnant à ses instrumentaux des allures de pièces pour guitare classique et à certaines de ses chansons des accents de folk irlandais. Toujours aussi à l’aise en slide, régulier en footstomping et doué pour inventer à chaque fois des arrangements irrésistibles, le Norvégien termine son jeu de séduction en nous offrant un ultime moment de sensualité avec « Paris », véritable hommage à une capitale où il se produira maintes fois en novembre prochain entre une date à Blues sur Seine et divers concerts en province. Un souffle d’air frais nous vient du Nord et il risque bien de laisser des traces indélébiles dans nos mémoires …
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