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LA CUMBIA CHICHARRA pdf print E-mail
Ecrit par Stephane Burgatt  
mercredi, 30 janvier 2008
 

Sucre latin

L’histoire nous laisse toujours bon nombre d’a priori. Prenons pour exemple la Colombie… Que vous évoque ce pays d’Amérique du Sud : drogue, assassinats, enlèvements. Vrai ?
Ce qui est pourtant passé au second plan, dans l’inconscient collectif, c’est qu’elle est la patrie d’El Dorado, qu’elle a emprunté son nom à Christophe Colomb mais qu’elle est aussi la terre d’un berceau musical dense. Plus particulièrement d’un style : la cumbia.

En voici une base explicative en compagnie d’un groupe de musiciens qui la pratique au quotidien : La Cumbia Chicharra. Attention toutefois, la théorie est ici mais ce n’est qu’au son des cumbieros, que la musique prend son sens.

Où est née la cumbia ?

Elle est née en Colombie puis a été reprise dans toute l’Amérique Latine, du Mexique jusqu’à la Patagonie. On fait même de la cumbia à Marseille ! Et chaque localité a sa spécialité. Il est amusant de constater que la cumbia est à la base un style de musique très local mais qui a des répercutions sur la planète entière.

C’est un style musical plutôt moderne ou préhistorique ?

C’est assez ancien. Son principe de base est celui de la fusion : ce sont les noirs déportés sur le continent qui ont rencontré les cultures indiennes et celles ramenées d’Europe par les colons hispaniques et portugais. La fusion est vraiment le poumon de cette musique.

Quels thèmes sont généralement abordés ?

C’est surtout de la musique de rue, celle des paysans qui sortent pour se changer les idées sur la place du village en buvant du rhum. Du coup, les paroles sont surtout orientées sur l’amour, le sexe et l’alcool. Je ne connais pas du tout de morceaux parlant de politique ou de société. Ces thèmes sont vraiment très universels.

A la base, quels instruments étaient utilisés ?

Des percussions. Il y a trois tambours qui font la cumbia traditionnelle avec le chant. Selon la région en Colombie, on retrouvait plus de l’accordéon ou de la gaïta. C’est une sorte de cornemuse que l’on retrouve aussi dans les Balkans.

Le style a donc évolué et on retrouve maintenant des cuivres. Comment sont-ils arrivés là ? Par un croisement avec les musiques noires américaines ?

Ils sont plutôt arrivés d’Europe. C’est une culture de fanfare similaire à ce qui s’est passé en Amérique du Nord. Ils se sont appropriés cet instrument pour réinventer le genre.
En ce qui nous concerne, nous jouons avec trois trombones ; sa sonorité puissante nous attire. Cela n’est pas typique de la cumbia mais ça répondait à notre envie, à un goût personnel. C’est inspiré de Willie Collon et de sa salsa.
On reste tout de même sur la trame de la musique traditionnelle en rajoutant des choses personnelles comme la basse et les timbales. Tant que cette trame est là, il y a un côté plus authentique et les gens s’y reconnaissent plus facilement.

Vous jouez un style de musique dit « tout terrain », vous pouvez jouer autant sur une scène qu’au milieu de la foule…

Effectivement, c’est un style qui se greffe au plus proche des gens, que ce soit une fête de quartier, un marché, un mariage…

Comment fait-on, avec autant de musiciens (près de dix), pour s’accorder, quand on joue en pleine rue ?

On joue tranquillement. Là où on a vraiment des problèmes, c’est justement quand on se retrouve sur des grosses scènes avec notre son qui sort des retours et des hauts parleurs. Ces conditions sont problématiques parce que justement nous nous sommes habitués à jouer à côté du timbaléro ou du bassiste et à nous caller sur sa rythmique.
C’est vraiment une musique de petite échelle qui devient justement compliquée pour le musicien quand il exerce dans de vraies conditions de concert.

On parle de la musique mais il y a aussi une danse du même nom !

Oui, la cumbia peut se danser en étant seul ou à deux. En Colombie, les femmes ont de grandes jupes et dansent avec des bougies dans les mains. Au Chili, on la danse en bougeant simplement les fesses et les hanches.
La cumbia doit son succès à ce constat : les gens ont un complexe de « non danseur » face à la salsa. C’est pourtant une musique de rue à la base, mais elle a cette étiquette de style très codifié qui bloque les gens… Alors que pour la cumbia il n’y a aucune idée reçue, aucun a priori. Les gens reçoivent simplement les vibrations chaudes de la musique latine et non pas toute la codification de la salsa.
Il faut se laisser aller et faire ce que l’on veut sur le moment, que tu danses seul ou à deux, que tu veuilles sauter en l’air ou te rouler par terre.

Propos recueillis par Stéphane Burgatt, le 30/01/08

Interview audio : http://www.myspace.com/zicaziclemission

Lien relatif : http://www.myspace.com/lacumbiachicharra