dimanche, 08 avril 2007 Chansons hétérogènes (La Belle Madouna – 2007) Durée 54’58 – 11 Titres
http://www.labellemadouna.org
André Drouet dit DD Le Malfrat est un touche à tout de génie qui a autant de talent dans l’art de l’écriture que dans celui de la musique et si son recueil de poésies de 2002 a la fort mauvaise idée d’être unique à ce jour, sa discographie a le mérite d’être plus conséquente puisque l’on y trouve nombre de maxis enregistrés en solo, en groupe, en studio ou en live. Créateur et arrangeur, l’artiste ne s’accorde que très peu de moments de relâche et on l’a donc croisé en première partie d’Arno ou en aparté sur des spectacles comme « Soleil Noir » ou « Le P’tit Festival Alter-culturel » avant qu’il ne prenne le temps d’enregistrer un véritable premier album et de l’emmener sur la route avec tout le brio qu’on lui connaît. Inscrit dans la descendance naturelle de Bashung, l’ouvrage ne manque pas de surprendre et d’interpeller l’auditeur !
Une association guitare et voix aurait suffi à mettre en valeur des textes habilement ciselés et dorés à l’or fin mais DD Le Malfrat n’a pas su se contenter de cette formule trop peu clinquante à son goût et a apporté à ses « Chansons hétérogènes » nombre d’accessoires pour les rendre encore plus fortes. On y croise donc un lot de contrebasses, violons et violoncelles mais aussi un accordéon, un saxophone, une cornemuse, un piano et des chœurs et on se laisse envahir par une musique tantôt relaxante tantôt oppressante mais uniformément riche en émotions. Atteignant une maturité artistique somme toute normale compte tenu de son expérience et des années passées à créer, André Drouet se permet de mener son œuvre comme il l’entend et en assume pleinement un résultat dont il n’a absolument pas à rougir tant il est équilibré, le qualificatif hétérogène n’étant en fait utilisé ici que pour donner un peu plus de poids à la diversité des sujets et des sonorités explorés et non pour taxer définitivement la cohésion d’ensemble de l’album. On saluera des teintes musicales qui prennent leur source d’Afrique en Amérique pour se recentrer sur une Europe qui les accueille à bras ouverts et qui permettent à des « Sang-titre », « La Fluenta », « Voix sans issue » ou « Femme sur invitation » de ne jamais tourner inutilement en rond pour au contraire prendre non seulement du volume mais aussi de la force. C’est une nouvelle manière de porter notre regard sur l’art que DD Le Malfrat nous propose, plus détendue, plus tolérante, plus détachée aussi … Un essai s’impose !
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