dimanche, 28 mars 2004 Interview exclusive pour zicazic
http://www.marceletsonorchestre.com/
Révélation totaly incrédibeule : en dehors des concerts les Marcels ne sont plus habillés en grand-mère et pire : ils peuvent enchaîner 3 phrases sans pour autant dire n'importe quoi ! Si si, j'vous jure. Marcel et son interview c'est maintenant.

Alors, ce petit passage à Marseille, comment l'avez-vous senti ? Mouloud : On savait qu'il fallait vous titiller au départ (" bonsoir Paris "). On a eu très très chaud sur scène et on a pas mal poussé pour donner un son plus punk. C'est sur c'est moins appliqué comme jeu mais j'aime bien quand ça pousse comme ça. On a de suite été à l'aise, on vanne etc…
Quel était le but premier de Marcel et son orchestre ? L'idée au départ était de créer un collectif d'attentats fantaisistes. Alors nos premières manifs sous le nom Marcel on été contre les moquettes murales. On fan des Monty Python, des Marx Brothers et musicalement on n'était pas plus punk que reggae au départ. Et donc on a choisi de ne pas choisir entre tout ça. Ce qui fait que les gens ne savent toujours pas où nous ranger et c'est tant mieux. Pour nous l'humour est une arme.
Marcel aurait il toujours sa raison d'être sans les déguisements ? Faut savoir qu'on est issu d'une région très portée sur le carnaval qui se déroule de Février à Avril. En février à dunkerque il est plus difficile de poser ses congés qu'en juillet/août. Et c'est un grand exutoire : le chirurgien dentiste fait la fête avec le Rmiste ; c'est vachement égalitaire. Et nous on a pas voulu faire des concerts mais inviter à des fêtes : le spectacle est aussi bien dans la salle que sur scène. Et l'idée de se déguiser c'est l'idée de changer de peau. Peut être que si on n'était pas déguisés on ne serait pas un dixième de ce qu'on est sur scène. Ca nous permet de nous lâcher vraiment, de sortir du cadre.
L'ami de tous les intermittents, monsieur Aillagon, a été mit à la porte du ministère de la culture. Une réaction à chaud ? Je pense qu'on prend les mêmes et qu'on recommence. C'est pas parce que la droche, groche, droiche…enfin bref, c'est pas parce que certains on gagné les élections régionales qu'il faut arrêter de lutter. Nous on milite dans nos régions. Et là c'est une chance pour ces gens de gauche de nous montrer vraiment qu'ils sont honnêtes en n'appliquant pas le RMA par exemple. Mais il faut faire attention, faut pas que les concerts deviennent les moments uniques où on lève le poing, où on a le sentiment de consommer de la contestation. La contestation c'est pas dans les concerts, les concerts ça aide juste à voir qu'on n'est pas seuls. Mais après il y a des assos, des syndicats, des partis, et là il faut en prendre possession.
Lors d'une interview à Midi Libre tu t'es dit " dépassé " par le succès du groupe ; tu penses que c'est un motif qui pourrait faire splitter le groupe ? Le truc c'était qu'on n'avait pas fixé d'objectifs, on a mené cette histoire comme elle venait et c'est pour ça que 10 ans après Marcel existe encore. Si tu les atteints pas ça crée rapidement de la désolation, de la frustration, les gens deviennent démotivés. Nous on voulait juste prendre du plaisir en concert sans mettre un sou dans notre poche. Louer des véhicules et partir " vogue la galère ", camper n'importe où. Les premières années c'était tranquille mais quand il faut gérer un boulot et une famille ça devient vachement compliqué. Puis les conditions de tournée se sont améliorées et sont devenus plus adéquates avec nos vies. On s'est professionnalisés car on était au pied du mur, soit on arrêtait Marcel soit on laissait tomber nos boulots. Parce que je bossais dans la vile de Roubaix, je pouvais pas leur dire " je vais à la photocopieuse " et revenir deux semaines après…(rires). Et au début comme des gros cons de punks de base on a cru que la SACEM c'était l'ennemi et on les as ignorés jusqu'en 97. Et quand t'es pas déclaré l'organisateur doit refiler leur des sous qui sont distribués au prorata des artistes les plus populaires. Quand on a appris ça on s'est dit " qu'est-ce qu'on est cons !" (Rires). Le problème c'est qu'à un moment tu peux plus contrôler ton image. Là on est obligé de refuser plein de trucs come Delarue qui prépare une émission sur les excentriques. Ca me gène pas de faire des émissions de télé non plus. Je préfère ça que d'apparaître dans certains magazines dits rocks où la maison de disque a acheté la page 40 00 francs (ça s'appelle de la presse de complaisance). Je pense que si t'as un message à faire passer tu vas plus toucher de gens en faisant comme Renaud qui passe chanter contre le racisme chez Drucker et ses 7 millions de spectateurs que des gars comme Berrurier Noir qui à un moment ne voulait jouer que dans les squats. Et je suis content du succès de gars comme Zebda car 3 minutes de leur musique c'est 3 minutes en moins de Hélène Ségara à la radio (rires). C'est ce qui est dommage dans le rock : tout le monde te souhaite du succès mais dès que t'en as-tu deviens un traître. Malheureusement pour certains Marcel et son orchestre c'est juste " poumpoum tralala " ou " pouet pouet nichons ". L'humour n'a pas très bonne presse. Pour faire intelligent faut faire chiant ou maniaco-dépressif.
Tu pourrais m'expliquer le concept de la pochette et le titre de votre dernier album ? Le titre on l'a trouvé ensemble. On se plaignait du retour de l'individualisme et " un pour tous chacun ma gueule " c'était un titre à la Marcel qui résumait bien la situation. Pour la pochette : les gens en ont mare d'être des moutons, ils voudraient sortir du rang et quand t'en a un qui gueule " yenamarre, ça peut plus durer ", tous els autres le regardent en se demandant pour qui il se prend. Un mouton n'a pas le droit de se prendre pour un loup, il doit rester à sa place.
Les projets ? Une compil hommage aux Ludwig (von 88) doit sortir où on reprend Monsieur Spock (" Spock around the clock ") en super punk super burné et un hommage à Gotainer monté par les skalopards anonymes sur lequel on a envie de travailler. Dessus on reprend le combat de rock que faisait Gotainer contre Jango Edwards dans un film qu'il a produit. Et normalement on va affronter Loudblast. Ils seront les Attila's et nous seront les Fabulous Spacemountain. Il y a aussi un concert accoustique qu'on a fait sous un autre nom (" Higgins ") qu'on aimerait réitérer. Et on milite aussi sur une association pour défendre les villes qui se trouvent sur les plis du plan. Parce qu'on a remarqué que si des villes comme Roubaix n'étaient pas de grandes destinations touristiques comme Marseille c'est juste parce qu'elles se trouvent sur le pli du plan et qu'on ne voit pas leur nom ; donc on n'y va pas (rires). Et puis on est en train de se faire construire des piscines en forme de flipper et on est sur la route jusqu'en septembre.
L'hommage à Brassens va sortir finalement ? Non. On a fait cette reprise car on trouvait que c'était une belle carte de visite pour nous " le pornographe ". On nous a tellement taxé de vulgarité alors que c'était de la grossièreté…c'est le morceau le plus adapté pour nous, à ce qu'on est. Car oui on aime les gros mots et on assume.
Des nouvelles de Claudio Il revient d'Inde où il a passé 8 ou 9 mois et là il a trouvé une amoureuse donc on est super contents pour lui.
Il reviendra chez les Marcel ? Je ne sais pas…là il faut encore qu'il se soigne parce qu'il était vraiment pas bien. C'est à lui qu'il faut le demander parce qu'entre temps l'histoire a continué, on a du remplacer, compenser. Maintenant dans le groupe on est très frileux sur cette histoire. Il s'est passé tellement de choses graves. C'est notre pote mais on veut plus se mettre en danger, ilo y a des choses qu'on en veut plus vivre.
Propos recueillis par Stef Burgatt - avril 2004
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