jeudi, 07 novembre 2024 YANN ARMELLINO
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Rencontre avec Yann Armellino qui nous parle de son tout dernier et excellent album
Salut Yann. Peux-tu nous présenter ton nouvel album, « Heritage Blend », et d’abord pourquoi ce titre ? Salut Yann, alors « Heritage Blend » est l’aboutissement de quelques années de travail. Après les deux albums avec Butcho (Ex-chanteur de Watcha), j’avais envie de renouer avec quelque chose de moins marqué, qui correspond plus à ma sensibilité musicale. J’ai trouvé le titre presque au démarrage du projet, il reflète bien ce que j’avais en tête, à savoir rendre hommage à tout ce que nous avons écouté et qui nous a fait vibrer et évoluer, ce qui va donc du rock, au hard rock, au blues, au rhythm’n’blues (le vrai !), la soul. Je trouve qu’il colle bien à ce que nous proposons.
Est-ce que tu peux nous présenter tes compagnons de route sur ce projet. Il y a mon frère Alban à la batterie. J’ai débuté la guitare alors qu’il avait déjà deux années de pratique, ce qui m’a permis d’acquérir un bon sens du rythme et également de jouer un peu de son instrument. Jouer ensemble est un truc très naturel, c’est assez indéfinissable, on se comprend sans verbaliser nos envies. Jacques Mehard-Baudot est à la basse, vous le connaissez mieux à la guitare, dans Jesus Volt. Je savais qu’il jouait également de la basse et au moment de monter l’équipe, on lui a demandé de nous rejoindre. Je le connais depuis des années, il était également à la guitare dans mon précédent projet, c’est vraiment chouette de pouvoir faire encore un bout de chemin ensemble. Vincent Martinez est au chant et à la guitare. On se connait depuis des années, notre première rencontre date de 2007, il jouait à l’époque dans le groupe Jakes, power trio que j’avais découvert lors d’une date parisienne, je m’étais pris une gifle, grosse énergie et déjà un très bon niveau.
Dis moi, tu
t’es fait plaisir en partageant la guitare avec Vincent
Martinez. Voilà du haut niveau à la guitare.
C’est presque un groupe de guitaristes, puisque Jacques est
également un excellent guitariste …
Merci. Partager les guitares avec Vincent est super motivant, on
s’entend très bien humainement et artistiquement,
jamais de souci d’égo pour savoir qui va prendre
tel ou tel chorus, c’est un vrai partage. Quand on
s’est décidé à monter le
projet, c’est un peu comme si on avait toujours
travaillé ensemble. Vincent a un phrasé, un
groove et une expression musicale digne des plus grands,
c’est un cadeau de jouer avec lui. Et en plus il a une voix
blues rock soul qui sert parfaitement le style. Et oui, nous avons en
plus Jacques qui, en plus de la basse, est un excellent guitariste, on
envisage d’ailleurs de faire quelques trucs à
trois guitares …
Comment est venu ce
projet ? Est ce que tu avais ça dans tes tiroirs, et tu
t’es dit qu’il était temps de le sortir ?
Comme je te le disais plus haut, Vincent et moi nous nous connaissons
depuis un paquet d’années, j’ai toujours
gardé une oreille attentive à ce qu’il
faisait artistiquement, notamment avec Carousel Vertigo que je trouvais
vraiment très bon. Quand il a quitté le groupe,
nous avons pensé que c’était le bon
moment pour commencer à travailler ensemble, enfin ! Il y a
des évidences qui mettent du temps avant de se
concrétiser. Nos calendriers respectifs se sont bien
alignés et nous ont permis d’envisager le projet
donc finalement, rien de prémédité
mais juste l’envie de se réunir et partager une
chouette aventure musicale.
Difficile de
définir musicalement cet album tellement vous promenez dans
les divers chemins du rock et hard rock. Comment pourrais-tu
toi-même le définir ?
100% heavy blues / classic rock (rires) et en plus c’est
écrit dessus (rires bis). Je considère que
l’on fait du hard rock tendance bluesy, à
l’ancienne, qui est finalement un style qui perdure
malgré les modes changeantes … Entre blues et
hard rock, la frontière est souvent très mince,
quand tu écoutes des artistes comme Joe Bonamassa, Kenny
Wayne Shepherd ou Richie Kotzen, on est à la
lisière des genres. Prends par exemple les trois premiers
albums de KISS, c’est très 70’s, plus
rock que hard rock, avec des sons tirant vers le crunch, assez
éloignés des grosses saturations qui
décoiffent. Idem sur les premiers albums
d’Aerosmith.
On revient toujours, mais en
est-on vraiment sorti, vers le rock des 70s et 80s, cela reste toujours
la référence aujourd’hui ?
Heureusement qu’on revient toujours aux fondamentaux (rires)
! Je pense que ça va rester la
référence pendant encore très
longtemps. Quand on voit la richesse de production des 70’s,
ça laisse rêveur … Led Zeppelin, Deep
Purple, Kiss, Aerosmith, Van Halen, Thin Lizzy, Whitesnake, la liste
est longue. Il y avait à l’époque un
« sonner vrai » que l’on a perdu dans les
années 90 avec des productions souvent noyées
dans la réverbe. On peut observer le même genre
d’excès dans le rap actuel où tous les
nouveaux artistes utilisent à outrance l’Auto
Tune, je doute que cela vieillisse bien … Concernant notre
style favori, on est revenu à des sonorités plus
naturelles, plus organiques et c’est tant mieux.
J’en profite pour vous donner mes conseils
d’écoute du moment : Austin Gold (UK), Karma
Effect (UK) et Connolly Haye (UK), toujours très prolifiques
les Anglais ! La chanteuse guitariste américaine Arielle et
son fameux combi Volkswagen 70’s, son album « 73
» n’a pas quitté ma platine, sans
oublier les français Red Beans & Pepper Sauce,
Jessie Lee & The Alchemists, Little Odetta, Rozedale, Mat Ninat
…
Comment vous avez
travaillé ? Qui a fait quoi ?
Vincent et moi avons fait plusieurs sessions de travail desquelles il
ressortait des idées à faire mûrir.
Avant de faire la moindre démo des titres, nous les avons
joué un certain nombre de fois à deux guitares.
Une fois que l’on sentait que le schéma se mettait
en place, on pouvait passer à l’enregistrement.
Donc ça a vraiment été un travail
d’équipe. Nous sommes partis d’une page
blanche concernant les compositions, je ne voulais pas me servir
d’idées que j’avais mises de
côté, pour garder de la
spontanéité.
Comment vous avez
enregistré ? Genre one shot ou bien vous avez remis le
couvert jusqu’au morceau parfait ?
Alors plutôt one shot, même si on est revenu sur
quelques titres, mais j’aime bien la dynamique que cela
apporte, ce qui donne une dimension assez live à
l’ensemble. Je tiens à souligner le travail
remarquable qu’a fait Didier Théry à la
réalisation, c’est lui qui a donné ce
son à l’album. C’est un des moments que
je préfère dans le processus de
création d’un nouvel album. Après avoir
transféré toutes tes pistes chez le
réalisateur et que ce dernier te renvoie les titres
mixés, tu redécouvres les titres ou tous les
instruments ont trouvé leur place, c’est assez
magique.
Quand on
écoute cet album, on n’a pas envie que cela
s’arrête, dis moi qu’il y a ou aura une
suite à ce premier opus avec cette formation ? Vous avez des
titres cachés que vous n’avez pas
publié et qu’on pourrait retrouver sur un album ou
même sur scène ?
Merci. J’espère bien qu’il y aura une
suite à cet album et avec cette formation. Nous avons
travaillé 17 titres et il n’y en a que 11 sur
« Heritage Blend » donc nous avons
déjà un peu de matière pour lui donner
une suite. On jouera d’ailleurs quelques inédits
sur scène. On avait la volonté de faire un album
assez court et de ne pas tout donner dès le
départ. Déjà, j’aurai
tendance à penser que sortir un album aujourd’hui
reste un truc assez ambitieux, on en est plus à parler de
son, de playlist, etc. ça me désole un peu mais
c’est malheureusement comme ça que l’on
consomme de la musique en 2024 … Je reste malgré
tout attaché à la notion d’album, qui
raconte une histoire, ou l’on a
réfléchit aux enchainements entre les titres avec
un début, un milieu et une fin.
D’ailleurs en
parlant de scène, vous avez des dates prévus ?
Nous y travaillons. Dans un premier temps, nous allons contacter
beaucoup de salles et essayer de trouver un tourneur, c’est
le nerf de la guerre ! Il devrait bientôt y avoir des gigs
annoncés. Nous avons également quelques pistes
pour des festivals l’année prochaine.
L’idée est de défendre
l’album jusqu’à fin 2025.
Deux reprises, une de
Thin Lizzy et une d’Etta James, c’est un choix
commun à tous je suppose, c’est assez large comme
éventail musical … Pourquoi ces morceaux ?
J’ai toujours eu l’habitude de faire une petite
cover de la Motown dans mes précédents albums,
c’est une façon de célébrer
ce répertoire qui est une vraie mine d’or, tant
dans les compos que dans les grooves, j’ai
récemment revu la prestation de Sly Stone dans
l’émission Midnight Special de 1973, grosse claque
et belle leçon de groove. Nous avons eu
l’idée de « Fire » assez vite,
même si on est passé de la Motown à
Chess, et Vincent a demandé à Jessie Lee Houllier
de venir la chanter, elle a accepté et son
interprétation est vraiment top. Merci pour ce beau cadeau.
Après « Fire », on avait bien envie de
faire une autre reprise se rapprochant plus de notre style. Thin Lizzy
est un des coups de cœur que nous avons en commun, restait
à trouver le bon titre. On s’est dit que reprendre
un morceau plus rock de leur répertoire était un
peu trop attendu, donc le choix de « Dancing In The Moonlight
» est venu assez naturellement. J’aime beaucoup
l’interprétation tout en finesse de Vincent sur ce
titre pas facile à chanter.
Que va-t-on retrouver en
concert ? L’album, ça d’accord, mais
quelques surprises aussi ?
Oui, on vous a concocté quelques petites surprises en plus
des titres de l’album. Je ne vais pas les
révéler maintenant, un peu de patience.
Un petit mot pour finir
sur la superbe pochette de cet album ? Qui a eu
l’idée, qui l’a
réalisée ?
La pochette a été réalisée
par Laurent Bodson, qui est un artiste peintre bourré de
talent. Elle a été plusieurs fois
modifiée pour arriver à ce résultat.
Au départ, j’avais imaginé un Pub
anglais, intérieur ou extérieur, mais Laurent a
été super inspiré avec ce Music Shop
qui devrait vous en rappeler un autre, une des pièces
maitresse d’un film musical culte avec deux
associés aux lunettes noires. Il a poussé le
souci du détail jusqu’à mettre
seulement des guitares Ibanez en vitrine. On ne souhaitait pas
apparaitre sur la cover, l’idée d’une
illustration originale s’est vite imposée. Cette
ruelle un peu sombre, ce tag sur la gauche, j’aime beaucoup
l’ambiance générale. La pochette a
ensuite été finalisée par 311mph,
agence de photo, designer et graphisme, qui a aussi fait un super
boulot et su mettre en valeur l’illustration. On envisage
sérieusement un vinyle pour début 2025.
Un grand merci pour cette
interview. J’ai adoré cet album et vraiment
vivement de vous voir sur scène … Et à
côté, histoire de partager un petit verre tous
ensemble !
Merci à toi. Et avec plaisir pour le partage d’un
petit single malt tous ensemble …
Propos recueillis par
Yann Charles
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