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PSYKUP pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
mardi, 06 mai 2025
 

PSYKUP

https://www.psykup.net/ 
https://www.facebook.com/Psykup 

Voilà plus de 30 ans que les Toulousains de Psykup arpentent les scènes françaises et européennes avec leur rock puissant et énergique. Pour fêter ça, plutôt qu’un « Best Of », le groupe a sorti un nouvel album, « The Joke Of Tomorrow », où on retrouve tous les ingrédients qui ont fait son succès. Une belle rencontre avec Julien et Julian.

Salut les gars, Psykup fête ses 30 ans. Vous pensiez aller jusque-là ?
Julien : Salut. J’espérais aller jusque-là. j’espère même aller plus loin (Rires). Mais c’est vrai que quand on a commencé le groupe, je n’aurais jamais pensé qu’on en arriverait là. J’avais 16 ans. C’était un groupe de lycée, comme ça, pour déconner, et je ne pensais pas du tout qu’on ferait six albums et tous ces concerts et ces tournées pendant toutes ces années. Une belle victoire.

30 ans, comment on tient tout ce temps ?
Julien : En gardant les pieds sur terre. En étant conscient d’où on est, qui on est et où on veut aller. En étant sincère avec soi-même et avec les autres. Et en travaillant et en étant sérieux surtout. Même si on a toujours beaucoup de légèreté, on est très sérieux.

C'est votre sixième album, le plus abouti, car tous les derniers albums sont forcément les plus aboutis, mais côté engagement, rien ne change, c'est toujours hyper puissant !!
Julian : Non, mais celui-là, c’est vraiment le meilleur (Rires). Sinon, oui, on essaie toujours d’exploiter de nouvelles choses. Sur cet album, on a voulu être plus fou, dans le côté concis de ce qu’on voulait faire. En fait, mettre de la folie mais dans un temps plus restreint et surtout essayer d’être le plus pertinent possible. Car c’est facile de faire de la folie sur sept minutes car on a plus de temps pour s’exprimer. Mais là, on s’est mis des contraintes de temps. On s’est dit on va faire des morceaux fous, mais en format chansons.

C’est pour ça que le morceau le plus long fait 4mn30 je crois ?
Julien : Oui. Avant, ça aurait été le morceau le plus court (Rires).

Musicalement, c'est souvent difficile de définir un groupe. Et pour vous encore plus. Votre musique est un mélange de tellement d'influences. Punk, metal, hardcore. Mais aussi de sons totalement inattendu comme de la bossa nova. Bref, vous vous définissez comment ?
Julien : Ben justement, comme ça (Rires). Mais sinon, c’est vrai qu’on aime bien le côté métissé, et surtout on n’aime pas être rangés dans une case. Moi, je n’aime pas écouter un album et savoir au bout de 30 secondes ce que ça va être. Ça va m’ennuyer. Là, tu peux changer les plages et ce ne sera pas la même chose que la précédente.

On est loin du concept album, ou alors dans le lâcher prise ?
Julien : Oui et non car il y a quand même un fil conducteur au niveau du texte et au niveau du discours de fond. Mais ça implique plein de voies différentes.
Julian : On est multi-metal ou metal alternatif si tu veux.

Beaucoup de groupes auraient peut être choisi de faire une sorte de « Best Of » pour fêter leurs 30 ans, vous non, vous sortez un album ?
Julien : Franchement, on n’y a même pas pensé à faire un best of.
Julian : Et puis vue l’histoire du groupe, où on a eu un changement de line up au niveau du chant et au niveau de la guitare, on a plus envie de montrer le nouveau visage du groupe, et d’aller encore plus à fond dans le concept de folie plus concise, mais plus pêchue encore. Personnellement, j’avais plus envie de ça, de nouveauté, que d’un best of.
Julien : Oui, c’est ça, tourné vers le futur plutôt que le passé.

On va parler de « The Joke Of Tomorrow », votre tout dernier opus, tu parlais juste avant de fil conducteur, où va-t-on avec cet album ?
Julien : C’est un album sur la résilience et sur le fait qu’on peut accepter les mauvais côtés de la vie et continuer à avancer. C’est le mantra du groupe depuis le début. Psykup, ça veut dire ça. Psyché vers le haut. Ça veut dire rebondir, et ne pas se laisser abattre. Dans la vie générale c’est compliqué, dans la vie de la musique c’est compliqué aussi. On se prend beaucoup de tartes et d'ascenseurs émotionnels. Et on en a vécu plein. Mais, on est encore là. Et cet album parle de ça. Et « The Joke Of Tomorrow », c’est une citation de H.G. Wells, l’auteur de « La Guerre des Mondes », entre autres, et qui était un visionnaire à son époque. Et il a dit que « La crise d'aujourd'hui est la blague de demain ». Et c’est une phrase qui m’a beaucoup aidée dans les moments difficiles. Ca veut dire que tout peut être relativisé et désacralisé et c’est pas grave car ce sont des moments qui vont nous enrichir. On sera plus fort, plus aguerri, et on ne refera pas certaines erreurs. Et donc cet album parle de ça.

Toujours l’espoir d’un “mieux après” ?
Julien : Oui. Et puis surtout, mieux vivre avec ses démons du passé. Car, on ne peut pas les tuer, mais on peut vivre avec. On peut les apprivoiser et on peut s’en servir pour quelque chose de mieux.

C'est un album que je trouve particulièrement dense, plus intense que les albums précédents. Comment avez-vous travaillé ?
Julien : Intense c’est le mot.
Julian : La méthode de fonctionnement a toujours été la même. Julien arrive avec 90% des idées. Ensuite, on les maquette. Mais pour cet album, on a mieux cerné chaque morceau, du coup il se dégage quelque chose de chaque titre. C’est peut-être pour ça qu’il est plus intense. Mais nous, c’est une énergie zen qui est sortie de ce processus de composition. La violence, on la voit, mais comme pour nous elle est zen et fluide, on ne la ressent pas.
Julien : C’est intense aussi dans le fait que c’est un album qui est plus émotionnel. Ça passe d’une notion à une autre. Il est aussi un peu plus chaleureux je pense. Ca a un côté plus lumineux et à partir de là, toutes les émotions sont décuplées. Les mélodies aussi. Tout a été un peu plus poussé dans le rouge.

La scène reste quand même, je suppose, votre ADN, et l'endroit où vous vous sentez le mieux non ? Je suppose que vous composez pour le live ?
Julien : Je dirais oui et non. Très vite il y a des morceaux qui se révèlent très scéniques, et des morceaux on s’aperçoit qu’ils ont plus de poids sur un album. Mais, c’est quelque chose que l’on voit après. Mais c’est un album qui va beaucoup exploser en live. Il est taillé pour le live.
Julian : C’est vrai que c’est logique. Quand en studio tu vois que tout prend bien sa place, tu sais et tu sens qu’en live cela va avoir le même impact.

Je lisais que tu aimais bien le moment de création, l'écriture, la pré-prod ?
Julien : Il y a plusieurs phases. L’écriture, au moment où je suis seul chez moi, c’est jamais un moment facile car on a toujours peur de ne pas y arriver. Mais à partir du moment où les vannes sont ouvertes, on est content. Le moment génial, c’est celui où on concrétise. Parce que chez moi, je maquette à la guitare, comme ça, un peu l’arrache, sur un clic. J’ai la batterie dans la tête. Mais dès qu’on le travaille et que je vois la gueule que ça prend, c’est très excitant. On est content car on ne s’est pas trompé dans ce qu’on avait imaginé, et encore plus quand on ajoute de petits éléments, quand on ajoute les voix ou quand le batteur met sa touche ça devient une escalade d’excitation. Et l'accomplissement c’est quand on enregistre le morceau final.

Tu ne te consacres qu'à une seule compo, ou bien plusieurs peuvent venir en même temps ?
Julien : Des fois, il y en a plusieurs qui viennent en même temps, mais je ne me consacre qu’à une seule. Celle qui me paraît la plus intéressante dans l’instant, et j’essaie de développer l’idée au maximum. Des fois, ça m'arrive d’en laisser une en cours de route et de la reprendre plus tard, mais c’est rare. J’aime bien aller au bout. Après on maquette le truc et ça me donne une vision d’ensemble.

Et il y a un gros boulot pendant les enregistrements. Je veux dire boulot de correction par rapport à la première écriture exemple ?
Julien : Sur cet album-là, on n’a pas autant trituré les structures. C'était déjà bien en place.
Julian : On s’enquiquine plus à avoir la bonne prise. Par exemple, avoir le bon son pour la guitare ou la plénitude des fréquences. On s’est plus embêtés là-dessus que sur les compos en elles-mêmes. Mais sur les compos en elles-mêmes, c’est venu assez naturellement.

Petite question. Il y a 30 ans, vous étiez des fous furieux sur scène, et maintenant, toujours pareil. Mais vous vous entraînez pour tenir le rythme ? Je dis pas que vous êtes âgés, mais bon, ça doit commencer à tirer partout ?
Julien : Ah, il a fallu se mettre au sport (Rires). Il faut avoir un bon cardio et bien sentir les choses car le temps passe. Mais vu qu'on a des vies relativement saines, je ne sens pas le poids des années sur mon dos.
Julian : Je pense que c’est le plus bisounours de tout le groupe (Rires). Il y a eu des phases avec la jeunesse, mais si tu veux bien faire ton job, il faut aussi prendre soin de toi et s’imposer une sorte de rigueur. Et quand tu l’as, tout te paraît plus simple. Si tu es en bonne forme, que tu en pleine possession de tes moyens, donc l’heure et demie quand tu es sur scène, n’est pas une torture.

Idem pour le public qui vous suit depuis 30 ans, ils sont toujours dans la fosse, ou bien plus sagement, plus loin, une bonne bière à la main !!
Julien : Ah pas tant que ça. Il y en a qui sont toujours bien acharnés devant et qui ne sont pas tous jeunes. Et qui viennent avec leurs enfants. Ca, c’est chouette.
Julian : Des fois, au début, ils sont au fond, mais d’un coup, ils pètent un câble et tu les vois faire les fous dans la fosse. C’est rigolo.
Julien : On a eu droit à des bimbos, des mecs sans chemise, bien dans l’esprit.

En parlant du public, en 30 ans, vous avez vu passer beaucoup de monde, vous avez vu une évolution ? Ça a changé par rapport au début ?
Julien : Oui forcément. On sent que les générations “anciennes” sont, comment dire … Tu vois que le côté “what the fuck” est resté. Ils sont dans l'extravagance, ils se lâchent, ils se foutent un peu de ce que tu peux en penser. Ils s’éclatent. Tandis que les générations actuelles, même s'il y en a qui aiment bien se faire un bon pogo, ils restent plus sur la réserve. Ils sont plus studieux, ils écoutent. Les nouvelles générations sont là, mais plus attentives à ce qu'elles écoutent et peut-être moins dans le “lâcher prise”. Je pense qu’à l’époque, on était plus sensible à l’énergie que dégageait un groupe, peut-être plus que sur ce qu’il avait à dire. Maintenant, ils sont plus sur le côté émotif, sur les textes, il me semble.

Justement en parlant d'évolution, comment jugez-vous jugez celle de Psykup ? Qu'est qui a changé par rapport à vos débuts ?
Julien : On essaie d’économiser notre énergie (Rires). On se disperse beaucoup moins qu’avant. Les objectifs sont plus clairs, et surtout on se connaît mieux.
Julian : Oui, c’est plus serein. On s’éparpille moins. Quand on met des choses en place, on les bosse beaucoup plus en amont, et du coup, on est plus efficace.

Vous avez signé avec Veryshow et Verycords, ça vous apporte plus de stabilité, et surtout ça vous libère plus l'esprit ?
Julien : Oui c’est sûr. Déjà, c’est une belle structure qui va nous aider à diffuser notre musique beaucoup mieux, plus fort, et pour beaucoup plus de monde. C’est très agréable car il y a beaucoup de monde qui travaille et c’est vraiment super pour avancer. Et puis, surtout, au niveau du symbole, c’est beau qu’une telle structure s’intéresse à un groupe plus niché et plus spécial comme nous, ça donne de l’espoir. Ce n’est pas uniquement les groupes très “faciles” à caser. C’est un pari aussi pour eux. Je trouve ça bien d’aller vers un groupe comme nous
Julian : Et en plus d’avoir eu, de leur part, comme retour, que cet album-là les avait vraiment marqué avec la musique et ses compositions, dans un milieu où on a quand même fait le tour, ça fait du bien de se dire qu’il y a encore des gens et des structures qui écoutent encore les choses.

Pour conclure, est-ce qu'il y a quelque chose de spécial prévu, sur scène, pour fêter les 30 ans, ou une surprise ?
Julien : Heu, oui, il faudrait qu’on y pense quand même ! Il faudrait qu’il y ait une vraie autruche qui vienne sur scène (Rires). Peut-être qu’on fera quelque chose au Bikini.
Julian : On a surtout la chance de pouvoir sortir un bel album pour les 30 ans. On va lancer la tournée. Et je pense qu’à un moment donné, on préparera un truc.
Julien : Mais c’est qu’avec six albums, c’est pas évident, mais on commence à préparer et ça commence à prendre forme. On est confiants (Rires).

Merci à vous
Julien: Merci à toi.

Propos recueillis par Yann Charles