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ROBERT CRAY pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
jeudi, 06 septembre 2012
 

ROBERT CRAY 

http://robertcray.com/ 

Quand le bluesman Robert Cray est en France, la moindre des choses est d’aller à sa rencontre … C’est ce qu’ont fait Alexx et Yann cet été !

Bonjour Robert. « Nothin But Love » est votre nouvel album qui est sorti au mois d'Août, que pouvez vous nous dire sur ce nouvel opus ?
C’est un album qui rassemble plusieurs types de sons, car il a été composé par tous les membres du groupe. Il parle d’événements comme la crise du logement aux USA, la crise en général, des sujets qui nous tiennent à cœur.

Musicalement, on ne peut dire si c'est un album de blues, de jazz ou de soul, alors peut être un peu tout ça non ?
Oui, c’est parce que nous aimons tous ces styles, nous avons plusieurs influences comme ce morceau jazzy « I’ll always remember you » qui a été amené par notre clavier Jim Pugh qui avait déjà travaillé sur ce type de morceau auparavant. La soul, comme « Great big ole house » fait partie des musiques que nous aimons écouter, nous sommes tous fans de soul et de musique afro-caribéennes.

L'amour est très présent dans vos chansons sur cet album, mais aussi sur les précédents, c'est important l'amour à vos yeux ?
Très important, sans, il n’y aurait pas de raison de vivre. Les peines d’amour sont un sujet qui a amené le blues ! (rires)

Souvent les textes dans les chansons de Blues sont assez "secondaires", mais dans cet album, les textes sont très riches et importants, Qu'est ce qui vous inspire pour votre écriture ?
Le blues dans sa forme la plus simple est assez répétitif, et ce qui accroche les gens sont les histoires. Le blues se doit de « raconter », ce ne sont pas seulement les guitares qui doivent travailler, la musique est le véhicule des mots que l’ont veut exprimer. 

Comment se passent les phases d'écriture ?
Il y a plusieurs façons, la façon la plus simple pour moi est d’amener une idée musicale et de laisser les choses venir dessus. C’est assez rare que les paroles viennent avant la musique.

Et pour la musique, vous composez tous vos morceaux ou bien vous collaborez avec d'autres musiciens ?
J’écris le squelette de la chanson, la présente aux autres musiciens en sachant qu’ils vont pouvoir s’exprimer dessus et l’interpréter. Si elle part dans un autre sens de ce que j’avais conçu au départ, j’apporte les corrections nécessaires. 

Sur cet album, vous avez travaillé avec Kevin Shirley, pourquoi ce choix ?
Il a travaillé avec Joe Bonamassa qui est sur le même label que moi. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois avant le studio. Il est capable de travailler très vite, ce que j’apprécie, mais il pense également très vite. Il a tout de suite su quoi faire avec le matériel qu’il avait entendu. Tout s’est passé très vite.

L'album a été enregistré en une quinzaine de jours, pourquoi aussi rapidement ? 
C’est du fait de Kevin. Il ne s’appesantit pas longtemps sur une seule chose et sait faire sonner les choses. Il est perfectionniste mais à sa façon, il n’aime pas revenir très longtemps sur quelque chose, sinon ça pourrait vraiment prendre un temps fou.

Les enregistrements ont été faits pour la plupart en une prise genre "One Shot", c'est pour avoir le plus d'authenticité possible ?
Pour moi, c’est l’unique façon de faire, c’est comme un cliché instantané, quelque chose de pris sur le fait. Je ne vois pas d’autre façon de faire. 

Vous êtes l'un des plus grands guitaristes de blues actuels et votre toucher sur ce nouvel album est toujours aussi fin et délicat, pourquoi, au début, avoir choisi la guitare comme instrument ?
En fait, c’est mon second instrument, j’ai commencé par le piano ! La plupart des jeunes de mon coin ont joué de la guitare grâce aux Beatles ! Avant eux, tout le monde voulait jouer du saxophone !

Ecoutez vous les Bluesmen actuels ? Y en a t il que vous appréciez ou qui vous impressionnent ?
Keb Mo, Taj Mahal … je les respecte énormément. Parmi les plus jeunes : Derek Trucks, Gary Clark Jr …

Avec votre expérience et vos années de scène, vous êtes l'un des plus grands bluesman de notre époque, vous avez dû voir évoluer le blues, comment jugez vous le blues actuel ?
Aujourd’hui, les bluesmen modernes font plus ou moins la même chose que les anciens. Par exemple, je pense que si l’on catapultait Robert Johnson de nos jours et s’il se mettait à enregistrer « They’re red hot », il ne ferait pas de deuxième prise. Ce n’est pas une structure typique et il parle de nourriture, ce qui était assez barré pour l’époque. 

J'ai récemment rencontré le bluesman anglais Walter Trout qui me disait que le blues était intemporel et qu'il subsisterait quoi qu'il arrive, vous êtes d'accord avec ça ?
Tout à fait, du moment qu’il y aura des gens en vie, il y aura aussi le blues ! (rires)

Qu'est ce qui vous a poussé vers le blues plutôt que la soul ou d’autres styles, comme d'autres grands artistes de votre génération ?
J’aime beaucoup de styles différents, mais j’aime le rythme, le message du blues, cela dépend de l’état d’esprit dans lequel je me trouve mais j’en reviens toujours au blues.

Quelles sont ou ont été vos influences musicales ?
Il y en a beaucoup, mais j’ai eu la chance de pouvoir jouer derrière Albert Collins, il a joué au bal de fin d’année de mon lycée. Plus tard, j’ai fait partie de son groupe et ça a été énorme, il m’a beaucoup appris, pour moi c’est un maître. 

Vous avez été intronisé en 2011 au Hall of Fame des plus grands joueurs de Blues, qu'est ce que cela vous a fait ?
C’était assez drôle en fait. J’en suis très heureux, mais je ne l’aurais jamais imaginé, donc c’est incroyable. Ce qui me rend aussi heureux, c’est que notre style n’est pas strictement blues, ce qui plait à certaines personnes mais pas à d’autres. Donc ça signifie que ces personnes sont ouvertes. 

Vous avez joué avec les plus grands, lequel ou lesquels vous ont le plus marqué ?
C’est une question difficile … J’adore John Lee Hooker qui ne s’est pas tenu aux douze mesures, un grand bonhomme.

Vous êtes actuellement en tournées, c'est important ce contact avec le public ?
Oui, ce qu’il se passe c’est qu’en général nous n’avons pas de setlist, on interprète les chansons comme elles nous viennent, nous ne suivons pas les recommandations du public (rires).

Que pensez vous de la situation de l'industrie musicale actuelle ?
Nous avons eu la chance de nous faire signer par un grand label mais c’est juste qu’avec le pouvoir d’internet et de la télé, tout le monde à accès à la musique sans l’acheter, et les groupes qu’écoutent les jeunes sont des produits. Les gens achètent de moins en moins de musique … La face de la musique a changé, mais il nous faut aussi évoluer avec cela !

Quels conseils pourriez vous donner à un jeune qui décide de faire de la musique, et plus particulièrement du blues ?
Joue la musique que tu aimes, amuse toi, n’envisage rien et fais-toi plaisir. Tu peux travailler très dur mais il faut toujours penser à s’amuser.

Que peut on vous souhaiter ?
De la chance! (rires)

Merci beaucoup. Ca a été un très grand honneur de vous rencontrer !
Merci à vous.

Propos recueillis par Yann Charles – Traduction : Alexx Schroll