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SIERRE BLUES FESTIVAL (SUISSE) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
mardi, 28 août 2012
 

SIERRE BLUES FESTIVAL
PLAINE BELLEVUE – SIERRE (SUISSE)
Du 24 au 26 aout 2012 

http://www.sierreblues.ch 

Vendredi 24 aout : 

A droite le Lac Léman, à gauche la montagne et les vignes qui n’en finissent plus de grimper vers le haut … Et puis finalement le tortillard que nous partageons avec Big Dez s’enfonce tranquillement vers l’intérieur des terres et nous voilà bientôt à Sierre, une sorte de bout du monde à deux heures et quelques de train de Genève où nous attendent les trois dernières journées d’un festival débuté deux jours plus tôt avec le Swiss Blues Challenge et poursuivi hier avec, entre autres, Dr Feelgood et les Leningrad Cowboys ! Le temps de poser les valises et de gouter à la chaleur locale étouffante et déjà nous voilà sur la Plaine Bellevue où nous attendent deux scène, une grande et une plus petite … 
 
Pas de chance, une première réunion de l’European Blues Union nous a fait manquer le concert de Cesco Manish mais aussi une grosse demi-heure de celui des Malted Milk que nous retrouvons déjà bien chauds sur la scène principale. Entre soul, blues et funk, les Nantais mettent le feu à grand renfort de leurs cuivres et s’appuient sur le charisme de leur leader, Arnaud Fradin, pour nous délivrer un set qui sent bon le talent et la classe ! Devenu une des figures de proue de la nouvelle scène française, Malted Milk confirme que notre pays à de l’avenir dans le genre grâce à un vivier d’artistes qui a su non seulement se renouveler mais aussi évoluer.

The Cyborgs, c’est une sorte d’ovni débarqué d’Italie pour nous servir un blues totalement déjanté avec deux acolytes cachés sous des masques de soudeurs qui se partagent pour le premier la guitare et le chant, pour le second la batterie et les claviers ! Complètement psychédélique, le set du duo nous emmènera vers le blues bien crade des racines mais saura aussi laisser entrer une pointe de modernisme pour bien rappeler que le genre n’est en rien figé. Des saturations, un grain bien poisseux, tout ce qu’on aime … Trente minutes, c’est court, mais on retrouvera The Cyborgs pour une piqure de rappel juste après le concert d’Ana Popovic …

Ana, la charmante chanteuse et guitariste originaire de Serbie, va une fois de plus nous enchanter non seulement de son physique de déesse mais aussi de son jeu de guitare digne des meilleurs. A ses côtés un groupe de folie qui manie le talent avec un naturel fou et qui ne se prive pas pour en faire des kilos pour donner à l’ensemble un goût qui invite à en prendre et à en reprendre. Les cordes cassent à l’occasion mais Ana Popovic reste imperturbable et nous en met non seulement plein les yeux mais aussi plein les oreilles avec une prestation comme toujours posée en équilibre entre le blues et le rock. Comment ne pas être sous le charme d’un tel personnage aussi bien accompagné qui sait autant donner dans le blues que dans le rock ? 

Après la seconde prestation des Cyborgs sur la scène Village, c’est le pendant masculin d’Ana Popovic que nous retrouvons sur la scène principale avec Ben Poole … Beau gosse aux tatouages de bad boy, bon guitariste, chanteur inspiré, le Britannique qui avait fait forte impression à Berlin lors du 2ème European Blues Challenge va confirmer tout le bien que l’on pensait de lui en nous servant un show tout en nuances avec des passages puissants et d’autres plus calmes sur la fin du concert avec notamment une version de « Hey Joe » à vous donner le frisson ! On en aurait presque repris un peu plus si la pluie ne s’était invitée à la fête …

Une heure du matin, drôle d’horaire pour un sermon, et pourtant c’est le Reverend Black Network qui va se charger de nous accompagner vers la fin de la soirée avec son gros son et sa voix venue du plus profond des ténèbres. Généreux, le quartet donne sans compter devant un public qui du coup se laisse mouiller un peu et ne déserte pas les lieux. Une blues attitude de tous les instants, des colorations qui nous font partir régulièrement vers le rock, trente cinq années de métier et plus d’un millier de concerts dans les jambes, il n’y a pas à dire, le Reverend à des arguments pour convertir les foules à sa cause et s’offre en prime un nouveau groupe de killers pour l’assister pendant l’office. Tout simplement énorme ! 

Samedi 25 aout :

La nuit a été courte et la journée entièrement consacrée à une très longue réunion de travail avec l’European Blues Union, nous privant de tous les concerts organisés dans les bars et restaurants de la ville mais nous permettant en même temps d’avancer sur un projet qui est décidément parti dans le bon sens et qui fait profiter le blues européen de sa dynamique, preuve s’il en fallait avec ce Sierre Blues Festival qui a à sa programmation de l’année pas moins de cinq groupes issus des deux premiers European Blues Challenges ! 

Comme hier, nous arrivons une trentaine de minutes après le début du concert de Big Dez et rapidement la pluie s’invite côté public … Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le groupe va piocher un peu partout dans son répertoire et nous délivrer un spectacle très consistant et surtout très équilibré avec une grappe de rock déposée au milieu d’un tapis moelleux de blues ! Des claviers enchanteurs, un harmonica inspiré, une rythmique solide, une voix qui tient la distance et deux guitares enchanteresses, il ne fallait pas grand-chose de plus et pourtant Big Dez avait eu la bonne idée de convier Phil Almosnino, artificier en chef des Wampas et réalisateur de son dernier album, à croiser le fer sur quelques morceaux. Une belle surprise.

Le temps d’aller vers la scène Village et nous retrouvons le régional de l’étape, Richard Koechli, pour une prestation intimiste en trio qui ne manque pas de saveur. Déjà sur scène en tout début de soirée, le guitariste et chanteur va reprendre son œuvre là où elle s’était arrêtée pour laisser place à Big Dez et c’est sur fond de blues luxueux que le public, toujours recouvert des ponchos jaunes distribués gracieusement par le festival, va assister à une seconde partie de set pleine d’un mélange d’assurance et de délicatesse ! Un artiste que nous aurions quand même préféré découvrir en live les pieds au sec … 

Mike Zito est un guitariste virtuose venu des USA et c’est un show humide mais époustouflant qu’il propose devant un public désespérément caché sous les tentes du festival ou, pire encore, resté chez lui bien au sec ! Pas démoralisé pour autant, le band va nous faire vibrer au rythme de son saxophone mais aussi et surtout d’une guitare qui fait des étincelles avec tout ce qu’elle touche ! Du blues, du rock’n’roll, un peu de country pour faire le lien, Mike Zito est un de ces musiciens inspirés qui sont capables de faire bouger n’importe qui grâce à une formidable musicalité et à au moins autant d’envie et de talent, deux ingrédients qui sont au menu de chacun des titres que le band nous proposera ce soir !

C’est en trio que Cisco Herzhaft est venu à Sierre et c’est avec toujours le même plaisir que nous retrouvons ce grand personnage du blues ! Sympathique, talentueux, attachant, Cisco est au blues ce que les plus grands chefs sont à la cuisine, une institution, et c’est en usant de ses propres recettes qu’il va ce soir encore à deux reprises venir charmer les papilles auditives d’une assistance peu nombreuse mais particulièrement touchée pas les bons petits plats qu’il aura su lui concocter à force de ses grandes démonstrations de picking superbement enveloppées par une contrebasse des plus subtiles. Sacré talent !

Shemekia Copeland est sans doute l’artiste la plus attendue de la soirée et elle ne va pas manquer son rendez-vous en apportant à Sierre non seulement un groupe motivé et efficace mais aussi et surtout sa voix capable de faire des merveilles de la soul jusqu’au blues en passant par le rhythm’n’blues. Le ton se veut gai, festif, les rythmes se prennent une grosse dose de fortifiant et Shemekia et son band emmènent Sierre dans une folie communicative qui réussit à faire oublier toute l’eau tombée jusqu’à présent et même celle qui tombe encore. Le public apprécie à sa juste valeur et l’artiste, consciente de la relation établie avec lui, fait en sorte de lui en donner autant qu’elle le peut pour le remercier non seulement d’être venu mais aussi d’être resté ! Quel coffre, quel charisme, quel talent … 

Après le second set de Cisco Herzhaft, c’est une formation venue de Tbilissi, T. Blues Mob, qui investit la scène principale pour confirmer que l’European Blues Challenge est un véritable vivier de talents. Efficace, précis, plein de feeling mais aussi de technique, le blues des Géorgiens nous a ramené le sec et c’est dans de meilleures conditions que nous assistons à une prestation qui n’aura pas à rougir comparée à celle des grosses pointures de la soirée ! Un son plus qu’honorable, un talent très largement à la hauteur des ambitions du combo, voilà qui nous aura permis de finir la soirée en beauté, le groupe programmé ensuite faisant également partie de l’affiche du lendemain et nous autorisant donc à aller prendre un peu de repose après une journée épuisante … 

Dimanche 26 aout :

Le dimanche à Sierre, c’est traditionnellement la journée des familles et elle commence à 10 heures par une messe œcuménique avec les représentant des différents cultes de la ville mais aussi cette année avec Shemekia Copeland qui assure quelques passages gospel pour retenir l’attention des badauds … Jeunes et moins jeunes ont répondu présent, d’autant que Shemekia et son band donneront ensuite un rapide show gospel avant de sauter dans le train qui les reconduira vers l’aéroport de Genève.

La messe terminée, c’est donc la blueswoman qui reviendra sur scène pour nous offrir une prestation enlevée durant laquelle elle mettra l’accent sur son côté le plus gospel et où elle continuera de partager son talent mais aussi sa bonne humeur avec un public venu nombreux profiter du superbe soleil qui inonde aujourd’hui le Valais ! Un show à l’heure où les premières saucisses frites s’étalent dans les assiettes et où les premières bouteilles de vin du Valais nous appellent, l’expérience n’est pas habituelle pour la reine des fins de soirées mais c’est avec toujours autant de classe qu’elle s’en est sortie haut la main. 

Le train du retour approche pour nous aussi mais avant de quitter la Plaine Bellevue, il nous reste juste le temps d’assister au concert de Meena Cryle, l’artiste qui avait terminée à la seconde place de l’European Blues Challenge en 2011. Avec un show qui depuis a encore gagné en consistance et en efficacité, l’Autrichienne n’en finit plus de séduire le public et c’est en lui offrant de bons blues bien calibrés mais aussi des adaptations revues et corrigées de morceaux empruntés à Prince (« Purple Rain ») ou encore à Kiss (« I Was Made For Loving You ») qu’elle parvient directement à l’installer au creux de sa main et à l’emmener exactement où elle le souhaite. Voilà une artiste bien accompagnée qui n’a pas fini de faire parler d’elle ! 

L’heure est arrivée de quitter Sierre direction l’aéroport de Genève où nous attend un avion pour Paris … Avant de partager le train du retour avec deux groupes, ceux de Shemekia Copeland et de Mike Zito, mais aussi avec une bénévole du festival de retour chez elle, il ne nous reste plus qu’à féliciter et à remercier toute l’équipe d’organisation et en particulier Silvio Caldelari et Dany Giromini, les âmes du festival, et Aldo Zambon, expert en logistique, pour leur accueil, leur sympathie et leur bonne humeur … 

Fred Delforge – aout 2012