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SOFAÏ pdf print E-mail
Ecrit par Alain Hiot  
vendredi, 01 juin 2012
 

SOFAÏ

http://www.sofai.net/

C’est à l’occasion d’un rassemblement de véhicules Américains à Rambouillet, que Sofaï donnait un concert avec ses compères, les « Sweet Talkers ».  Avant de monter sur scène elle nous a très gentiment accordé un  entretien pour nous en dire plus sur son prochain album.

Sofaï, tu prépares un nouvel album pour la fin de l’année avec un 1er single qui est sorti en janvier, « Someone Big », en hommage à Clarence « Big Man » Clemons. Comment est né ce titre écrit en collaboration avec Marten Ingle ?
Au départ c’est parti des Cigar Box Guitar (CBG) que fabrique Pierre Sabater. J’avais une vieille Mandoline dont je ne me servais plus, qui ne tenait pas l’accord et qui « sonnait comme une queue de pelle », mais qui avait visiblement de bons micros. Je lui ai donc envoyée pour qu’il me fasse une CBG. Une fois reçue, Pierre me dit « C’est génial ! avec tout ça  je ne vais pas te faire une CBG mais une T-box. Ce sont des boîtes de thé, tu regardes les photos que je t’ai envoyées et tu choisis celle que tu veux ». J’ai donc pris l’octogonale, qui a quasi la taille d’un banjo. Et comme Pierre a huit mécaniques à disposition, il va me proposer de fabriquer une T-Box à huit cordes. On valide cette idée et une heure après j’apprends la mort de Clarence Clemons. C’était le saxo de Bruce Springsteen et sa disparition est une blessure vraiment profonde. Comme j’aime bien donner des noms à mes instruments, j’ai rappelé Pierre et cette T box est donc devenue la « CC Big Man » dont chaque étape de la construction à été suivie sur Facebook. Maintenant il fallait la faire sonner cette « Big Man », et j’ai donc écrit ce titre. Quelques jours avant de le finaliser, j’avais reçu un petit mot de Marten, que j’avais rencontré sur un concert de Nina Van Horn, et qui me disait « j’aimerais bien qu’on bosse ensemble ». Je lui ai donc envoyé ce morceau pour qu’il vérifie le texte, et on s’est retrouvés ensuite pour en discuter. Et là il n’a pas fait que vérifier ! il a vraiment bossé dessus et y a apporté beaucoup de poésie. Et donc tout naturellement je lui ai proposé de co-signer le titre.

Une petite parenthèse concernant cette T box, il y a une technique particulière pour jouer sur une gratte à 8 cordes ?
C’est le même principe que la douze cordes en fait. C’est à dire quatre cordes jumelées à quatre autres à l’octave, sauf les aigus qui sont identiques. Et comme les cordes sont à un bon centimètre du manche, sans frettes, c’est une gratte qui se joue exclusivement en slide.

Dans quelques minutes tu vas interpréter pour la première fois en live ton nouveau titre, « Hellene », co-écrit avec Lisa Lowell. Peux-tu nous rappeler qui est Lisa et comment s’est fait cette rencontre ?
Lisa Lowell fait partie du Team Bruce Springsteen depuis la fin des années 80, et elle est sur tous les albums en tant que backing vocalist. Elle connaît également Elliott Murphy depuis longtemps et il se trouve qu’avec Elliott on a sorti nos albums presque en même temps. J’ai donc vu, en regardant qui avait participé au sien, le nom de Lisa dont je connais et apprécie le travail également en tant qu’auteur-compositeur. Du coup je l’ai contactée via Facebook. Peu de temps après je vois qu’elle est connectée, je lui explique que je lui ai envoyé cette invit’ car elle a travaillé sur le CD d’Elliott, et que de mon côté j’ai collaboré avec lui sur un titre de mon album. Elle me dit « C’est génial que tu connaisses Elliott, mais tu es où ? » - Paris ! - « Paris…Texas ? » (rires) - Non, j’aimerais bien … Paris France - « Ouah c’est chic Paris France, c’est super tu vas être ma petite sœur de France ! ». Et en novembre/décembre je me dis que je collabore sur mon futur album avec Marten, avec Elliott, avec Billy C Farlow, et que j’aimerais beaucoup le faire aussi avec Lisa. Et comme qui ne tente rien n’a rien, je lui ai demandé ; sachant que ce je souhaitais avant tout c’est qu’elle puisse mettre un texte sur une de mes musiques car c’est une songwriter géniale.
 
Et elle a accepté …
Je lui ai envoyé la musique avec la mélodie et elle fait ce super texte. « Hellene » c’est le nom d’une demi-déesse Grecque qui a un côté plutôt bienveillant pour l’humanité. C’est donc son retour sur Terre et son regard sur ce que nous, les Humains, en avons fait. C’est aussi une séductrice, une maîtresse-femme, elle ne juge pas… elle constate. C’est pile-poil ce que j’ai envie de raconter, ce qui se passe dans le moment, et c’est aussi très universel dans le dialogue. Cela peut être fédérateur sur beaucoup de gens. Ensuite Lisa m’a dit « je veux absolument faire les backing !! ». Alors j’ai fait « Ouahh !! Yes !! vas-y !! ». J’ai donc envoyé mes fichiers à Joe Johnson, un copain de Lisa, qui avait quand même le studio 901 à Manhattan qui a accueilli Tony Joe White, Johnny Winter, les Stones, et beaucoup d’autres. Et c’est lui qui a fait les prises de Lisa aux Etats-Unis.

Il semble qu’il y ait également un duo de prévu avec Lisa ?
Oui c’est une vraie info. Notre première rencontre s’est faite par Skype et a duré 3 heures et demi !! Mais sur ces 3H1/2 on a passé trois quart d’heure à bosser et ensuite on est parties à rigoler, à parler de tout et de rien. Et comme humainement on est sur la même longueur d’onde, on va bien entendu continuer. Un jour Lisa m’a dit « j’espère qu’on sera les Sam & Dave des prochaines années », et c’est tout le mal que je nous souhaite. On travaille comme ça avec Lisa, elle m’envoie le texte, je fais une maquette que je lui renvoie et ensuite on débriefe sur Skype. Pour ce duo elle part en studio mercredi pour faire sa partie et donc ça va suivre son cours.

Cela fera partie des rencontres qui vont te marquer ?
Ah oui carrément !! Je n’ai fait que des belles rencontres musicales. Elliott c’est une tuerie, Billy C également, mais Lisa c’est autre chose. Il y a vraiment « un truc » spécial, c’est comme une grande sœur, on se « Skype » régulièrement pour papoter et ça part au quart de tour. Avec le décalage, je bloque ma soirée, ou ma nuit ! Ca dure 3 ou 4 heures à chaque fois ! Voilà, je pense être partie pour une longue collaboration, il y a au moins deux titres, mais j’espère quatre et peut-être même cinq.

Sur la B-side du single, la reprise de « Streets of Philadelphia », apparaît également le guitariste d’Elliott Murphy, Olivier Durand.  Vous vous êtes rencontrés quand tu as fait les premières parties d’Elliott en 2011 ?
Effectivement. Et Olivier c’est vraiment une crème de bonhomme ! C’est un guitariste génialissime, j’adore sa façon de jouer et comment il vit sa musique, c’est du pur bonheur ! Alors j’ai invité Olivier en guest guitare pour deux titres. Et puis il m’a dit qu’il avait une chanson pour moi si je voulais la faire. Je lui ai dit « OK, envoie-la moi ». J’ai fait une maquette dessus que je lui ai ensuite renvoyée, et c’est finalement Elliott qui a relu et réécrit en partie le texte d’Olivier : une co-signature Olivier/Elliott : la classe !! Le morceau s’appelle « Footprints » et il ouvre le concert d’aujourd’hui.

Billy C Farlow va également apporter sa contribution à l’album ?
J’ai ouvert pour Billy C sur quelques dates, et on s’est rencontrés pour la première fois en Belgique au « Spirit of 66 ». On a fait un duo sur scène « Good Rockin’ Mama » et ça reste un super bon souvenir. On s’est vraiment régalés. Il est ensuite rentré à la Nouvelle Orléans et quelques jours plus tard il m’a envoyé un mail avec quatre textes en me disant « Voilà, c’est ce que m’a inspiré notre rencontre ». Il a une manière très particulière d’écrire avec un langage un peu « voyou ». Si l’on devait comparer avec quelqu’un d’ici ce serait un peu Renaud, une sorte de Titi Parisien. Sauf que lui c’est Titi du Bayou ! Voilà, lui aussi c’est un peu comme un grand frère, on s’envoie plein de mails, il y a une vraie connivence sympa et rigolote entre nous.  Et j’ai donc mis en musique les quatre textes qui seront tous sur l’album. Il sera aussi en guest à l’harmonica sur l’un d’autre eux.

Va t-on retrouver d’autres invités sur cet album comme Slim Batteux ou Beverly Jo Scott qui étaient sur l’album précédent ?
Alors le guest principal qui est devenu un peu le cinquième « Sweet Talkers » c’est bien sûr Basile Leroux. Je l’aime vraiment depuis toujours car s’il y a UNE artiste en France qui me fait vraiment triper c’est bien Véronique Sanson. Il y a chez elle une musicalité et un côté très anglo-saxon que j’adore, et Basile fait partie de ces gens là, que j’entends depuis que je suis môme, avec ces sons de guitare à la Gilmour. Je me souviens l’avoir vu avec Véro sur le tribute Michel Berger, et je suis allé le rencontrer à la fin du concert en lui disant « je suis tellement heureuse de vous revoir avec l’équipe de Véro Sanson, pour moi vous êtes incontournable ». A cette époque là je le vouvoyais et maintenant j’ai le bonheur de travailler avec lui.

Tu as fait une croix définitive sur des textes en Français comme sur ton premier album en 2008 ?
Oui. Et puis sur cet album je n’ai eu la main sur rien ! Et même si Beverly Jo Scott était présente pour un texte, je n’ai rien maîtrisé sur la manière dont cela a été fait et arrangé. Sur le précédent album, que je considère  en fait comme le véritable premier, j’ai pu intervenir, et sur celui-ci c’est carrément moi qui fais les arrangements. Alors que sur le premier il m’est arrivé d’aller en studio et d’avoir un titre qui était déjà terminé sans me demander mon avis ! Pour les textes en Français, c’est en ré-écoutant les petites pré-maquettes que j’avais faites (et en plus ces textes, c’est moi qui les faisais), que je me suis rendu compte que ça sonne bien avec une mélodie « la la lala… » et qu’une fois le texte en français dessus, ça ne swingue plus. Alors ça ne veut pas dire que le texte n’a pas d’importance et qu’on ne dit rien. Au contraire, si je m’entoure de gens comme Elliott Murphy, Beverly Jo Scott, Slim Batteux, Daniel Lavoie qui a fait trois albums en anglais qui sont de pures tueries, Lisa et tous les autres, c’est qu’il y a une vraie culture de l’écriture en Anglais. Et c’est ce que je veux, je veux vraiment dire quelque chose.

Un bon nombre de ces rencontres on un point commun : Elliott Murphy. On peut dire que c’est lui qui t’a vraiment mis le pied à l’étrier ?
Elliott, je l’écoute depuis que j’ai 14 ou 15 ans. La première fois que je l’ai vu sur scène c’était avec Bruce Springsteen et le lendemain j’ai acheté son album, puis 2, puis 3 et je connais donc bien toute sa carrière. Et puis il y a 7 ou 8 ans, j’ai une amie comédienne qui me dit « Oh toi avec tous tes trucs Ricains… et bien moi j’ai une amie qui est mariée à un Américain ! ». Bon jusque là pas de quoi m’envoyer en l’air (rires), « mais tu sais il est musicien et il paraît qu’il a son petit succès ». Bon Ok, et c’est quoi son nom ? Parce que je connais quand même un peu les « Ricains », côté Polonais un peu moins (re- rires), mais aux States oui ! Et là elle me dit « Oh je sais plus, il s’appelle Elliott quelque chose… ». Donc, c’est pas compliqué : il y a Elliott Smith, mais il est Anglais, il y a Elliott Ness mais rien à voir avec la musique, et puis il y a Elliott Murphy ! Sa copine est juste mariée avec Elliott Murphy !!! Avec Springsteen il fait partie des gens qui ont conditionné toute ma musique et en plus il habite à Paris. Et puis il y a un an et demi j’appelle cette amie et je lui dis : « Voilà, je prépare un album, c’est maintenant ou jamais, j’ai une mélodie que je voudrais absolument lui envoyer. Après il fera ou il ne fera pas, mais il faut vraiment que je tente le coup ». On nous met donc en relation et il accepte… et là j’ai 14 ans ! Je vais côtoyer ce mec que j’admire tant, pour l’écriture d’un titre. Je lui ai fait suivre comme ça toute l’évolution de la chanson, toutes les maquettes jusqu’au mastering. Mais il manquait quelque chose : sa voix ! Il l’a donc posée sur « All of my love wasn’t enough » et quelques temps plus tard on l’a joué ensemble lors d’un concert à la mairie du XIIIème. Et ensuite il m’a appelée pour faire ses premières parties.

Revenons à Lisa Lowell et à Elliott Murphy, avec cette proche double-collaboration, peux t-on envisager un jour une belle surprise du style « duo avec Bruce » ?
Ah ça je ne sais pas, c’est du domaine du rêve - du rêve - du rêve - du rêve !! Si je fais de la musique aujourd’hui c’est parce qu’à onze ans je tombe sur l’album « NEBRASKA », je prends une claque phénoménale, et un an et demi après je le vois sur scène et je sais que c’est ça que je veux faire. Alors bien sûr c’est un truc comme ça dans un petit coin de ma tête mais bon…

Il y a des choses que je ne t’ai pas demandées et que tu aimerais nous dire sur cet album à venir ?
Ce que j’ai envie de dire c’est « Sofaï & the Sweet Talkers », j’ai trois mecs derrière qui assurent grave, Jeff Bourassin, Manu Riquier et Phil Létang, avec le cinquième élément qui est Basile Leroux. Quand Basile n’est pas là, c’est  Manu Vergeade qui joue les « guests »… un régal de bonhomme celui-là aussi !! J’espère qu’il sera aussi sur l’album… Je vais bien lui trouver un truc à faire !! Sinon, la belle idée c’est aussi de monter un co-plateau avec Lisa Lowell, du style : « Sofaï & the Sweet Talkers featuring Lisa Lowell » … (on ne peut pas s’appeler les TWISTED SISTERS, déjà pris … mais l’idée est là !!!). Ses titres, les miens, ceux qu’on a co-écrits … puis des surprises : quelques « covers » revisitées !! On en parle toutes les deux. Et ça il faut le dire POUR QU’ON NOUS BOOKE  dans les festivals !! (rires)

Merci Sofaï, bon concert, et on te souhaite vraiment le meilleur pour ce nouvel album.
Merci. Il y aura de belles choses. Je le vois grandir, évoluer, et je le sens bien parti.

Propos recueillis par Alain Hiot – mai 2012