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ROTFRONT pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
mardi, 17 avril 2012
 

Visafree
(Essay Recordings – La Baleine – 2011) 
Durée 48’13 – 15 Titres

http://www.rotfront.com

Autoproclamé Emigrantski Raggamuffin Collective, Rotfront est un de ces combos qui ne se posent pas franchement de question quand il s’agit de mettre des textes sur des chansons et le groupe le prouve une fois encore avec ce nouvel album carrément explosif, un ouvrage dans lequel les styles flirtent les uns avec les autres, souvent contre nature, et où le rock le plus puissant, le reggae, l’electro, le dub, le hip hop et le klezmer finissent à chaque fois par faire bon ménage. Pop multiculturelle et pluriethnique, la musique de cette formation atypique ressemble à Berlin à plus d’un titre, par sa débauche d’énergie pour commencer, par son côté formidablement déluré pour continuer, et c’est tout naturellement en se dispensant de passeport que Rotfront en est arrivé à nous délivrer un « Visafree » des plus captivants, un album tellement décousu et tellement imprévisible que l’on finit à chaque fois par tomber sur le cul à un moment ou à un autre de son écoute. Pas de frontière, que ce soit au niveau géographique ou au niveau artistique, voilà une démarche qui nous convient plutôt bien …

Des cuivres et des vents, un peu de tout et pas mal de n’importe quoi, des influences qui vont des Balkans jusqu’à l’Amérique du Nord, Rotfront qui a déjà dévoilé sa façon de voir les choses dans les plus grosses manifestations mondiales enfonce encore le bouchon un peu plus loin et nous sert à grand renfort de ses guitares mais aussi de ses voix une sorte de potion magique tellement enivrante que l’on finit fatalement par se réveiller le lendemain avec une sorte de gueule de bois musicale qui finit par faire passer tout ce que l’on avait entendu auparavant pour du petit lait. A un juste milieu entre Sergent Garcia et Nirvana, entre La Mano Negra et Zebda, Rotfront balance la sauce sans se poser de question et y va de ses titres au charme et au contenu imparables, des originaux comme « Gay, Gypsy & Jew », « Vodka & Garlic », « Live Is Life », « No Sleep Till Berlin » ou « Backsteinpulver » sur lesquels on voit de temps à autre débarquer des guests comme Amsterdam Klezmer Band mais aussi nombre d’autres encore. La variété des sujets que Rotfront aborde dans ses chansons accentue encore un peu cette impression de joyeux bazar musical et que ce soit en se montrant engagé, léger, sexy ou carrément hilarant, c’est avec à chaque fois la même impression d’aboutissement et de joie de vivre que le groupe parvient à interpeller quiconque pose une oreille sur sa musique. Un groupe de cet acabit, ça force naturellement le respect !