jeudi, 29 mars 2012
COTTON BELLY'S
CAF'CONC – ENSISHEIM (68)
Le 3 février 2012
http://cottonbellys.com/
http://www.myspace.com/cottonbellys
http://www.cafconc-ensisheim.com/
http://www.myspace.com/cafconc
Yannick a encore tiré une perle du blues de son chapeau magique. Ce soir, il nous propose les Cotton Belly's, qui confirment une fois de plus que le blues français n'a rien à envier à celui d'Outre Atlantique. Pour leur première date dans notre région, les blueseux originaires de la Région Parisienne vont devoir affronter le froid sibérien alsacien, ce qui ne les empêchera pas de mettre le feu au Caf'. A l'origine, Cotton Belly's, nom qui fait référence aux champs de coton d'où est né le blues originel qui sort des tripes, c'est trois jeunes gens passionnés de blues, un chanteur harmoniciste et deux guitaristes issus de la plus belle école qui soit, celle de la rue. Le trio s'est étoffé au fil du temps en accueillant un bassiste-contrebassiste et un batteur. Un guitariste en remplaçant un autre, les influences de chacun vont faire de Cotton Belly's ce qu'il est actuellement, un groupe qui fait son petit bonhomme de chemin, connu et reconnu dans l'hexagone et hors frontières. Ce groupe délivre une musique puisée dans les racines mêmes du blues, offrant des reprises entièrement revisitées, des compos fraiches et modernes, tout en conservant un son très blues rural qui lui est propre.
Trois heures durant, nous allons être plongés dans l'univers fascinant de ces sympathiques garçons au look très fermier. Petite présentation avant de passer aux choses sérieuses, les Cotton Belly's, c'est Yann "Willywood" Malek au chant et à l’harmonica, Alexis Maréchal à la guitare et au dobro, Michel "Mambo Slim" Descamps à la guitare rythmique, Christophe Kiki "Owen Brown" Etienne à la basse et contrebasse et Romain "Grill" Pamart à la batterie. "Black, Brown and White" ouvre la marche et nous emporte droit dans le Chicago blues. Je perçois quelques commentaires ici et là, du genre "j'ai bien fait de venir" ou encore "je sens que je vais adorer". Ils sont fichtrement bons, les bougres. Il se dégage de leur musique une sincérité et une spontanéité qui prend directement aux tripes. Nul besoin de préciser que le public est conquis dès les premières notes et partage avec joie un "Barbecue" improvisé malgré les basses températures extérieures. "Ain't Nobody Business" prend le relais, talonné de près par un rock de Sonny Boy Williamson qui fait swinguer tout le Caf'. Romain entame un solo de batterie qui déchaine les esprits, dosant savamment sa frappe d'une précision de métronome.
Le quintet nous sert des blues sortis du bayou, lancinants et poignants avec "Ghost Baby Blues", "Stranger at Home", "Reason", "St James Infirmary" ou encore "My Babe" de Little Walter sans oublier BB King qui pour l'occasion sera rebaptisé BB Floyd, Alexis balançant des plans de gratte à la Pink Floyd ; des blues rock ("Cup Song", "The Last", "Shy Boy"…) avec de formidables envolées rythmiques, des rock endiablés en compagnie de Ray Charles, Elvis Presley entre autres, Kiki finissant de nous achever en se déchainant sur sa basse ; un superbe "Key to the Highway" revu et adapté à la sauce reggae. Ils nous embarquent à bord du "Midnight Special" dans des ambiances folk saupoudrées d'un zeste de country. Prochaine station, tout le monde descend pour une méga fête du coton, dans la joie et la bonne humeur. Tout au long de cette soirée, le combo va nous faire des "petits trucs" (dixit Yann) à deux, à trois, des trucs de beaux gosses … à capella avec une worksong ("Pick a Ball of Cotton") et du gospel ("Down by the River Side"), les voix étant soutenues par des claquements de doigts et un brin d'harmonica. On reste dans le gospel avec "Oh When the Saints" qui prend une dimension particulière lors d'une accélération de cadence. Ca tape dans les mains, ça tape du pied, le public participe, aime et le fait savoir.
L'ouverture musicale de ces boys est impressionnante et l'émotion qui transpire de leur musique l'est tout autant, surtout vu leur jeune âge … Chaque titre qui succède à l'autre est différent, tant au niveau des tempos que du genre, de l'alternance entre rythmes lents et rapides, sonorités jazzy ou soul. Que ce soit en électrique ou en acoustique, le talent est bien présent. Yann nous fait vibrer au son de sa voix chaleureuse, s'accompagnant d'une guitare acoustique, et relayé par les notes enchanteresses de son harmonica (une autre chose qui nous aura frappé, c'est sa ressemblance avec James Blunt, tant physique que vocale).
La complicité au sein du groupe est un pur bonheur, installant des moments d'échanges et de rires et une relation forte avec le public. Le plaisir est au rendez-vous … plaisir des yeux qui brillent de mille feux et des oreilles qui se régalent de ce très bon blues roots, plaisir de voir ces cinq garçons à la présence scénique indéniable s'éclater sur scène et se donner un max … Des guitares superbes, un dobro à tomber, une rythmique solide et efficace, une musique festive, des ingrédients réunis avec ingéniosité qui font de Cotton Belly's une formation à suivre de près !
Cathie Wetzstein – mars 2012
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