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ROLAND TCHAKOUNTE pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
mardi, 03 avril 2012
 

Ndoni
(Tupelo Productions – Harmonia Mundi – 2012) 
Durée 52’35 – 12 Titres

http://www.roland-tchakounte.com

Roland Tchakounté n’est pas un artiste qui se laisse enfermer dans un style ou dans un son pendant trop longtemps et si ses racines les plus profondes se nourrissent encore et toujours de son amour pour l’Afrique, ses influences vont très loin jusque de l’autre côté de l’Atlantique où il retrouve les sonorités métissées entre Stax et la Motown qui ont inondé non seulement son apprentissage de la musique mais aussi ses premiers essais discographiques, c’était au temps du vinyle … En perpétuel mouvement, le duo du début des années 2000 dans lequel on retrouvait déjà Mick Ravassat à la guitare s’est peu à peu étoffé avec l’arrivée de Mathias Bernheim aux percussions puis petit à petit avec les apports substantiels de Renaud Cugny au piano et à l’orgue et de Christophe Dupeu à l’harmonica et c’est aujourd’hui une formation à géométrie variable qui inonde de son talent les scènes du monde entier, la voix et la guitare de Roland faisant autant d’effet en Afrique qu’en Europe mais aussi en Asie et en Amérique. Devenu un des meilleurs représentants du blues world à la Française, Roland Tchakounté n’en abandonne pas pour autant sa langue maternelle, le Bamiléké, celle qui lui permet de faire passer ses émotions directement dans le cœur des auditeurs !

Dans sa recherche permanente de nouveauté, Roland Tchakounté retombe toujours naturellement sur un style qui est quelque peu récurrent à sa personnalité, le blues, et quand bien même il ne s’attache pas à respecter les grilles traditionnelles et les séries trop rigides de douze mesures, on retrouve à chaque instant soit une pointe de funk, soit une grappe de soul, soit un accent rock, soit tout simplement un groove presque tribal soutenu par les frappes sensuelles de Mathias. A la fois engagé et humain, l’artiste crie sans pour cela élever le ton son amour pour sa terre et son dégoût pour ceux qui l’étranglent, mélangeant dans ses intonations une pointe de mélancolie et une autre d’espoir pour faire de morceaux comme « Fan Am », « Bouden Ndjabou », « Lana » ou « Me Den Mbwoga » des moments d’une rare intensité teintés de toute la sensibilité d’un musicien dont le cœur est resté éternellement accroché aux hauts plateaux du Cameroun mais dont l’âme navigue entre les brumes de Chicago et les rives boueuses du Mississippi. Plus électrique et plus travaillée au niveau des arrangements, la douzaine de morceaux de « Ndoni » n’est pas seulement le prolongement de « Waka » ou de « Blues Menessen », les deux précédents albums de l’artiste, c’est en quelque sorte la projection vers l’avenir et sur une sorte de voie parallèle de toutes les errances physiques et intellectuelles d’un créateur qui a compris que c’est en ne s’imposant aucune limite qu’il parviendrait à chaque fois à se surpasser. Entouré à merveille par des musiciens hors normes qui plus que des sidemen sont de véritables piliers indispensables à la solidité de l’ouvrage, Roland Tchakounté n’a pourtant pas renoncé à l’appel d’un duo de charme avec Fatoumata Diawara, la diva franco-malienne donnant la réplique au crooner franco-camerounais sur « Farafina », un morceau qui mériterait vraiment de figurer en bonne place sur les playlists des radios (inter-)nationales. Si les origines les plus lointaines du blues sont intimement liées à l’Afrique, il semble évident grâce à un artiste aussi talentueux et fédérateur que Roland Tchakounté que son avenir très proche repassera forcément par le continent noir tant on dépasse de loin avec « Ndoni » tout ce qui avait déjà été fait dans le registre world blues !