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BLUES POWER BAND (HERVE 'BANNISH' JOACHIM) pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
samedi, 03 mars 2012
 

BLUES POWER BAND : HERVE 'BANNISH' JOACHIM

http://www.bluespower-band.com 

Avec la sortie de leur nouvel album « Dark Room », les Blues Power Band sont de retour sur le devant de la scène. Une bonne occasion de rencontrer Hervé ‘Bannish’ Joachim, chanteur du band, pour parler de leur dernier opus, de leur signature chez Dixiefrog, et surtout de musique...

Alors, les BPB sont de retour sur le devant de la scène ? Combien de temps depuis le dernier album ?

Depuis 2010 en fait, où l’on a sorti « Where the action Is », un DVD/CD Live qui nous avait demandé pas mal de travail pour offrir 3 heures d’images et de son ! Mais sur l’aspect proprement créatif, cela fait presque trois ans que nous étions sur ce projet de « Dark Room » qui est donc notre quatrième opus, et le troisième en studio.

La création de votre nouvel album vous a pris beaucoup de temps, c’était pour trouver l’inspiration ? Ou bien aviez-vous du mal à trouver un nouveau son ?

Côté inspiration, en général ça va toujours assez bien … Là, on a produit une trentaine de compos pour en garder douze ; la difficulté était de préciser la direction artistique dans laquelle on souhaitait aller pour ce nouvel album. On voulait quelque chose qui mette davantage en valeur notre personnalité, tant au niveau de l’écriture et des arrangements que de la production en terme de son. En fait, c’était une question d’exigence, de niveau de qualité recherché et, aussi, tu as raison, de définition du son.

L’album « Shoot Shoot Don’t Talk! » était blues, voire blues-rock. L’album « Zee » était le premier opéra blues, avec une suite logique et un voyage à travers la musique. Que nous réserve « Dark Room » ?

« Dark Room » condense ce que nous aimons faire aujourd’hui. On voulait quelque chose de puissant, compact, énergique et en même temps bien écrit, et avec un travail plus élaboré sur les voix. Pratiquement tous les morceaux sont accompagnés de chœurs qui ajoutent à l’aspect mélodique qu’on aime bien. A la base, il s’agit de faire des chansons et pas seulement des riffs déclinés à l’infini. On aime bien ce mélange contrasté entre des rythmiques puissantes et des mélodies travaillées, entre l’énergie des musiciens et, par exemple, un chant assez posé. Notre ambition est à la fois de donner du plaisir aux auditeurs lorsqu’ils partent au boulot le matin, et en même temps de faire en sorte que nos chansons défient l’épreuve du temps grâce au travail initial d’écriture ; en y apportant, autant que possible, toute l’exigence nécessaire. En effet, avec le temps et l’expérience, la « prod » d’une bonne chanson peut être parfois dépassée (« si c’était à refaire, on ferait comme ci ou comme ça … »), mais en elle-même une bonne chanson reste une bonne chanson. C’est ce qu’on recherche.



Vous semblez avoir opté pour un son plus rock, voire beaucoup plus rock ! Est-ce une volonté du groupe de se démarquer de l’image blues-rock ?

Le blues-rock, le rock, le blues, le rock-blues, le rock’n’blues, le blues’n’roll, le blues’n’roll’n’rock’n’pub et puis quoi d’autre ?… Pffff … C’est un peu fatiguant à la fin toutes ces appellations marketing … de quoi parle-t-on au juste ? En fait, avec « Dark Room », on voulait juste faire quelque chose qui témoigne davantage du potentiel du groupe sur disque, et c’est vrai qu’une écriture rock te donne plus de marge de manœuvre. Mais d’un autre côté, BPB, par sa petite histoire, vient de blues, et de tant d’autres influences. Du coup, tu as une alchimie à la BPB, un album plutôt rock joué par des mecs qui se sont approprié des univers musicaux très différents de l’un à l’autre. Au final, cherche pas : tu as un album de BPB, et les retours dont on dispose depuis un mois montrent que c’est bien cela que les auditeurs, fans comme presse, soulignent en priorité : « ça, c’est du BPB !». Après, soit on aime bien ce ton personnel, soit on n’aime moins, c’est le jeu...

Qui a composé les morceaux ? En commun ou plutôt individuels ?

L’écriture des compos est toujours un chemin assez tortueux ! On se fixe une règle du jeu au départ pour amener les idées pendant une période définie, avec envoi de démos pour que chacun se fasse une idée de ce qui est proposé par tel ou tel. Parfois, l’idée vient d’une personne, parfois deux, et ensuite d’autres rebondissent sur l’idée. Pour « Dark Room », Régis a assumé un rôle privilégié dans ce travail ; il est habituellement le plus prolixe sur les propositions de compos, ce qui s’est encore vérifié ici, mais il rebondit aussi souvent sur d’autres propositions avec des idées toujours intéressantes. Il a eu un rôle plus évident de direction artistique qui a profité à tout le groupe, en renforçant la cohérence de l’album. Mais au final, sur « Dark Room », en y regardant bien, pratiquement tous les Beeps retrouvent leurs petits. Chaque titre a son histoire particulière, avec ses modifs successives, individuelles ou collectives, si bien que tout est au bout du compte signé BPB. Et puis tout ça ne s’est pas fait en vase clos. Sur le travail de composition, je pense à l’écoute et aux apports de nos amis Franck Barraud ou Philippe Russo qui se sont révélés précieux.

Vous avez des références musicales, ont-elles joué sur les compositions ? Et si oui, sur quels groupes ou styles, autre que le vôtre, vous êtes-vous tourné ?

Il est rare qu’on dise « tiens, on aimerait jouer comme tel groupe, ou faire ceci comme tel autre ». Les influences sont très présentes, mais en fait tu les portes avec toi, en fonction de ce que tu as écouté depuis tout petit … Après, le truc, c’est encore une fois de faire des bonnes chansons, qui tiennent debout toutes seules, et qui soient cohérentes entre elles lorsque tu proposes une galette, tout en veillant à la diversité de couleurs, pour pas s’emmerder, ce qui fera que tu auras envie, ou pas, de remettre l’album à la fin de l’écoute. Les albums trop monolithiques m’ennuient. Dans le même ordre d’idées, un bon titre, ce n’est pas qu’une intro. Parfois, tu entends des trucs comme ça, et tu dis, « ouais, ça part bien ! », et puis 20 secondes plus tard tu t’ennuies déjà. C’est peut-être là une bonne idée, mais pas une bonne chanson.

On sent comme un brin de nostalgie avec des compos très 70s, est-ce un choix délibéré ?

Nostalgie ? Je suis pas sûr, mais pourquoi pas. En réalité, c’est plus simple que ça je crois. Tu parlais de nos influences, très différentes d’ailleurs, et c’est clair qu’un des points communs entre tous, c’est le respect qu’on a pour toutes les productions qui nous ont été offertes pendant ces années exceptionnelles. Donc, au final, ça s’entend, bien sûr.

Les textes semblent quelque fois assez noirs ? Quelles ont été les inspirations pour l’écriture ?

Content que tu soulignes cet aspect des choses. En général, les français accordent peu d’importance aux textes chantés en Anglais. Il faut que ça sonne, point barre. Ce qui est bien sûr un critère impératif. Mais on n’est pas obligés d’être crétins non plus, et tenter d’écrire quelques textes un peu soignés, si possible avec du sens, et parfois un sens littéral et un sens plus caché. On sait bien que tout le monde s’en fout. Quand j’écoute certains trucs, je ne sais si je dois rire ou pleurer… bon, nous on s’en fout pas, et sur cet album on a essayé de mettre la barre un peu plus haut de ce côté-là aussi. It’s a long way, et ce travail est perfectible ; mais encore faut-il s’en soucier pour éviter que le vide sidéral ne devienne la règle d’or du genre.

Vous n'avez pas peur que ce changement d'orientation musicale désoriente justement vos fans, très habitués à votre blues bien particulier ?

Ben nan ! Et pour plusieurs raisons : d’abord depuis un mois, ce n’est pas ce que l’on observe ; au contraire, nos fans sont touchés par cet album et nous le font savoir chaudement. Et puis tu sais on ne peut se refaire, c’est joué par les BPB, c’est du BPB ! Donc, il y a une orientation artistique plus rock, c’est sûr, plus maîtrisée sans doute, plus personnelle sûrement, mais ce n’est pas une rupture.

Sur l'album, il me semble, mais c'est mon avis propre, qu'il y a moins d'envolées guitaristiques de Régis Papygratteux, ou en tous cas elles semblent plus calmes ou plus courtes, c'est le format qui vous a été imposé par la maison de disque ?

Oui, c’est bien ça : c’est ton avis propre ? Je comprends ce que tu veux dire dans le sens où les passages de guitare lead sont davantage mis au service des chansons, donc aussi plus intégrés dans les morceaux, et aussi plus concis. Mais quand tu écoutes les deux morceaux de quasi huit minutes chacun (« All Together Now » et « Memento Mori »), tu prends quand même deux très longs chorus bien dans ta face ! Mais, c’est vrai, plus fondus dans le mix, ce qui n’était pas trop l’habitude. Jusque-là, tu es le seul à dire ça, ce qui ne veut pas dire que tu n’aies pas raison bien sûr ; mais quand même … 

Mais sur scène, je suppose qu'il en sera tout autrement ? Peut-on s'attendre à des surprises ? Des compositions modifiées?

Des surprises ? Comme tu y vas, ce n’est pas le genre de la maison ?… Ben oui, on aime bien ça les surprises. On a naturellement initié une nouvelle set-list, le 16 février dernier au New Morning, en jouant neuf morceaux sur les douze de l’album. Le 19 avril au Réservoir, ce sera sans doute plus. Et ainsi de suite. On se sent déjà très confortables avec ceux-ci alors qu’ils débutent sur scène, c’est bon signe.

Y aura t il tout de même quelques titres des albums précédents?

Quand je vais à un concert d’un groupe que j’aime bien, j’apprécie qu’il joue ses nouveaux titres, mais j’apprécie au moins autant que les gars n’oublient pas certains des bons titres de la discographie précédente. Donc, par exemple, les « Tchoga Zanbil », « Missing », « Somebody » ou « Shoot Shoot Don’t Talk ! » trouveront le plus souvent leur place avec d’autres que l’on va rechercher de temps en temps, au gré de l’humeur du jour. Et puis on aime bien changer un peu l’interprétation des titres eux-mêmes d’un concert à l’autre, en refaisant quelques arrangements pour la scène, pour garder toujours ce côté « surprise » dont on a besoin, et que les fans apprécient aussi. La composition d’une nouvelle base de set-list , c’est tout un art, dans le choix et dans l’ordre des morceaux. C’est très important pour donner la respiration, le rythme du concert.

Vous êtes désormais chez Dixiefrog Records, label plutôt orienté blues … Pourtant vous êtes plus rock que blues ? Qu'est ce que cela vous apporte d'être sur un tel label ?

Dixiefrog, c’est considéré comme la référence blues en France, avec un casting principalement composé d’artistes USA. Quelques français ont fait leur apparition au fil du temps sur la base de bonnes pointures : Milteau, Bob, Jésus Volt, Fred Chapellier ou bien d’autres. Cette année, c’est nous, avec une galette plus rock que par le passé. Étonnant ? Bé, les choses en réalité sont simples : Philippe Langlois, le boss de Dixiefrog, a trois critères principaux … En un, c’est la qualité de l’album ; en deux il s’intéresse aussi à la qualité de l’album, mais son critère majeur en bout de course, c’est la qualité de l’album. Cette qualité, pour lui, c’est évidemment celle des compositions, de la cohérence, de l’interprétation et du son. Mais je crois qu’au final, ce qu’il se demande c’est « est-ce que ce groupe apporte quelque chose à mon catalogue ? A-t-il une personnalité reconnaissable ? A-t-il ce petit quelque chose d’original qui le distingue ?». Mais bon, ce n’est que mon sentiment, ce serait à lui de dire si j’ai bien décodé … 
Donc, on représente l’aile rock de son catalogue. Avec Dixiefrog, nous disposons d’un partenaire reconnu, fiable et engagé à nos côtés ; Philippe est un homme de parole, sans chichi, qui aime ses artistes et qui le prouve dans la collaboration quotidienne. Pour nous, tout ça n’a pas de prix, et, malgré la difficulté du business du disque, on fera tout pour lui rendre la confiance qu’il nous fait.

Vous avez une tournée prévue ou des dates ?

D’autres beaux concerts parisiens vont rythmer l’année ; des escapades en province (Est et Sud en priorité) et, je l’espère, des confirmations à l’international, dans la continuité des tournées antérieurement faites en Chine ou récemment au Québec. On n’est plus sur le rythme effréné d’avant 2010 où on a carburé à 80 dates certaines années. On préfère faire moins, mais que la qualité, on stage et backstage, soit garantie « rubis sur l’ongle » (je vais encore me faire pourrir par les gars avec mes expressions old style)

Vous avez appréhendé cette première rencontre avec votre public au New Morning le 16 février ?

Nan, même pas peur. On savait qu’on avait fait du bon job, qu’on était fiers de présenter à notre public et nos fans. On l’a fait le 16 février et on le refera bientôt au Réservoir (le 19 avril, avec l’étonnant Hubert#06, alias The Hub). That’s it ! Et puis, il y a un truc étonnant quand même, c’est que le phénomène de "fanitude" est très fort pour BPB. Certains sont capables d’un enthousiasme et d’une implication aux côtés du groupe qui continuent de me bluffer. Or, on savait que ça allait leur plaire. A partir de là, hum... What else ?

Que peut-on vous souhaiter?

De rester créatifs, open, solidaires et "niaqueux" le plus longtemps possible.

Merci pour cette interview.

Merci à toi Yann, c’est toi qui devrait maintenant répondre à mes questions pour me parler de tes photographies de concert où t’es juste un killer (et on est bien placé pour le savoir). Allez, Yann, « tu es de retour juste sur le devant de la scène, combien de temps depuis ta dernière photo ? ». « Sinon, tu as appréhendé de photographier les « meetic » BPB au New Morning le 16 février ? (rires ad libitum)

Propos recueillis par Yann Charles – mars 2012