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INTERNATIONAL BLUES CHALLENGE à MEMPHIS (USA) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 06 février 2012
 

INTERNATIONAL BLUES CHALLENGE
BEALE STREET – MEMPHIS (USA)
Du 31 janvier au 5 février 2012 

http://www.blues.org  

18 heures de voyage et quelques retrouvailles et rencontres plus tard, nous voilà enfin à Memphis pour une semaine qui s’annonce chargée … Première surprise, nous croisons les Néerlandais du John F. Klaver Band devant les tapis à bagages et les échanges commencent puisque nous avions découvert le groupe à Amsterdam début octobre lors du 1er Dutch Blues Challenge … Un taxi pour le centre ville et c’est cette fois les jeunes Canadiens des 24th Street Wailers, vainqueurs du concours de La Relève au dernier FestiBlues International de Montréal que nous croisons dans le hall du Doubletree, le point de ralliement du gratin des participants à l’International Blues Challenge ! A ce rythme là, on va retrouver à Memphis et en une semaine plus de connaissances que tout le reste de l’année … 

Première virée nocturne sur Beale Street pour le diner et premiers ribs ! On jette un œil sur les clubs et les bars, BB King’s Blues Club, Pig on Beale, Rum Boogie Café, Hard Rock Café … et les sept heures de décalage aidant, on finit par rejoindre nos hôtels pour un peu de repos bien mérité, d’autant que la première journée de mardi promet d’être éreintante …

Mardi 31 janvier :

Réveil à l’aube avec au programme quelques belles visites … Petit déjeuner en compagnie de Jonathan Lyons du Memphis Convention & Visitors Bureau qui va nous arranger quelques plans pour la semaine et départ pour une visite de l’usine Gibson … Une cinquantaine de mails et quelques échanges courtois n’auront pas vraiment suffi à nous faire ouvrir les portes des ateliers et c’est dans le magasin d’usine que nous essayerons diverses guitares sous l’œil avisé des caméras de France 2 venues spécialement à Memphis pour un reportage exclusif ! 

Cisco Herzhaft chausse une acoustique, Fred Chapellier s’accroche à une des fameuses Lucille chère à BB King puis jette son dévolu sur une Les Paul Standard et c’est parti pour un grand moment dans cet endroit magique qui vu des yeux d’un guitariste ressemble un peu à Disneyland dans ceux d’un enfant ! La matinée file à un train d’enfer et chacun s’en va un moment de son côté pour faire quelques premières emplettes ou pour simplement déjeuner avant un prochain rendez-vous fixé à 14 heures dans les nouveaux locaux de la Blues Foundation …

Posé sur Main Street, juste en face du National Civil Rights Museum et du Motel Lorraine où Martin Luther King a été assassiné, le siège de la Blues Foundation est encore en travaux et c’est le big boss lui-même, Jay Sieleman, qui nous fait les honneurs de la visite et nous présentant l’existant et en nous dévoilant sur plan et sur infographie le futur Blues Hall Of Fame qui devrait être ouvert d’ici deux ans au sous-sol de l’édifice … Quelques belles guitares accrochées aux murs, un endroit et un staff des plus accueillants, voilà de quoi nous mettre de bonne humeur en attendant le Fedex International Showcase qui ouvrira les festivités de cette grande semaine du blues ce soir à 5:30 PM très précisément.

Quelques photos souvenirs et un moment de recueillement devant la couronne commémorative et la stèle du Motel Lorraine et il est temps d’aller vider le premier stock d’images, de recharger les accus et pourquoi pas de se reposer quelques minutes avant le grand rush du soir où pas moins de seize groupes issus de quatorze pays sont invités à se produire ! Un grand moment de musique en perspective …

Direction le New Daisy Theater pour le premier grand show de ce 28ème IBC et une fois encore, ce qui marque le plus, c’est le nombre de têtes connues de l’on y rencontre … Brian Slack et les amis Montréalais pour ce qui est des Québécois, René Malines et Jean-Claude Legros pour les Français, et bien entendu les délégations néerlandaises, espagnoles, etc… Memphis est en février une véritable Mecque du blues et forcément, tout le monde s’y retrouve !

Le show ne tarde pas à commencer et c’est aux jeunes Phillippins de Bleu Rascal de chauffer la salle avec un set dans lequel on reconnaîtra forcément une relecture de « Johnny B Goode » avant que le duo croate Damir Branilovitch Acoustic Balls ne remplisse copieusement la vingtaine de minutes qui lui est dévolue. Place ensuite au John F. Klaver Blues Band pour une prestation qui tient la distance pour le plus grand plaisir de nos amis des Pays Bas présents dans la salle.

On reste en Hollande avec The Mudbirds, duo atypique avec une ou deux guitares et un harmonica qui ne manquera pas de séduire grâce à un talent évident et à un raffinement certain ! Place désormais à l’Australie avec une formation un peu frime mais plutôt brillante venues des antipodes pour bien plus que de la simple figuration, The Mojo Webb Band … Suit un artiste solo canadien, Breezy Brian Gregg, un gars à la veste à paillettes un peu kitsch mais avec un réel savoir faire et un jeu électrique qui donne très largement le change ! 

Cheveux rouges pour la chanteuse, orgue Hammond pour le quintet, Pristine arrive de Norvège et ne tarde pas à émoustiller le public grâce à une prestation bien construite. On en arrive bientôt à Big Daddy Wilson proposé ce soir en un sympathique duo germano-américain un peu léger peut être, le percussionniste n’ayant aujourd’hui que son cajon pour allumer le feu. Place enfin aux Suisses de Marco Marchi & The Mojo Workers Blues qui avec un tuba dans le groupe gagneront sans doute le prix de l’originalité.

Nous voisins italiens nous présentent à leur tour le duo BSBE qui à force de guitares et de batteries va venir nous secouer les tympans. On ne présente plus le frenchy Fred Chapellier qui donnera ce soir un set carrément réussi avec à ses côtés un groupe de serial killiers du blues, et c’est une autre pure merveille qui suivra puisque les Canadiens Dawn Tyler Watson et Paul Deslauriers leur emboiteront très rapidement le pas pour un des shows les plus épatants du jour.

Retour dans le grand nord avec les Finlandais Mike & Lefty featuring Chef, trio à la basse acoustique bien pendue et au charme somme toute original, puis direction l’Afrique du Sud avec Tony & The Trailer Cats qui se montrent à la hauteur du rendez-vous avec une prestation séduisante. Avant dernier groupe de la soirée, les Travelling Brothers apporteront un côté chaud et hispanique à une soirée en tous points festive et réussie.

C’est aux Ontariens de The 24th Street Wailers que revient la lourde tache de clôturer la soirée avant que tout le monde ne parte se restaurer sur Beale et il faut reconnaître que soutenus par une délégation aussi conséquente que motivée qui se met à danser devant la scène, le quartet n’aura pas de mal à mener sa mission à bien ! Quelques accolades avec entre autres Michael Hawkeye Hermann et voilà une soirée rondement menée … Reste à diner et à rejoindre tardivement l’hôtel pour y goûter enfin au sommeil du juste car demain sera un autre jour ! 

Mercredi 1er février :

Le réveil est un peu difficile mais le programme est à la hauteur de nos envies puisque ce matin, c’est le National Civil Rights Museum qui recevra notre visite. Installé dans ce qu’il reste du Motel Lorraine dont seule la façade a été conservée, l’endroit produit un mélange d’émotion et de surprise avec à la clef des documents forts sur la ségrégation et ceux qui ont lutté au prix de leur vie pour qu’elle cesse. On y croise les restes du bus de Rosa Parks, la reconstitution de la prison où Martin Luther King était enfermé et de la chambre 306 qu’il occupait le jour de son assassinat … 

Le temps de traverser la rue et on se retrouve à l’endroit d’où le coup de feu fatal a été tiré et on y découvre le long processus qui a conduit au bout de deux mois à l’arrestation de l’assassin qui entre temps avait trouvé refuge en Angleterre ! Un moment riche en anecdotes et en documents forts complété par un film d’une vingtaine de minutes particulièrement intéressant !

Retour à la musique ou presque puisque en un tour de trolley antique on se retrouve sur Beale Street où les programmes des jours à venir sont enfin distribués … On y découvre que Cisco Herzhaft jouera dès ce soir chez Pig On Beale tandis que Fred Chapellier sera pour sa part en lice chez Alfred’s ! De bons moments en perspective mais d’ici là, il est temps de se restaurer et de prendre un peu de repos en attendant l’heure du lancement officiel de ce 28ème International Blues Challenge … 

C’est sur les coups de 16 heures que seront jouées les premières notes officielles de ce premier tour qualificatif et ce ne sont pas moins de dix neuf lieux qui accueillent un peu partout sur Beale Street plus de deux centaines d’artistes ! Les noms des clubs sont évocateurs et le choix est difficile à faire tant la programmation est alléchante mais nous allons essentiellement nous attacher à suivre les formations françaises appelées à jouer dans deux endroits qui sont distants d’à peine plus d’une centaine de mètres …

Arrivés un peu tôt au Pig On Beale, nous assisterons à la prestation de Ross Nielsen, le représentant du Harvest Jazz & Blues Festival venu de Fredericton dans le Nouveau Brunswick. Seul en scène avec tantôt une guitare, tantôt un dobro, le Canadien donnera plutôt bien le change et c’est même par un titre a capella sur lequel le public l’accompagnera en tapant dans ses mains qu’il terminera de rendre intéressante une prestation appréciée par un public de plus en plus nombreux.

Il est encore tôt mais Cisco Herzhaft qui représente France Blues en catégorie « Solo / Duo » est très motivé et c’est un set de grande envergure que le Lillois d’adoption va nous délivrer, un set d’une vingtaine de minutes au cours duquel cet expert en cuisine et en belles mécaniques va nous emmener d’un « Cooking The Boogie » à un « Yiddish Blues » sans oublier d’en passer par un hommage appuyée à une célèbre autoroute française avec son excellent et très amusant « A1 Motorway ». Salué par le public mais aussi par les autres groupes présents dans le club, Cisco Herzhaft pourra attendre sa deuxième prestation avec à l’esprit l’impression légitime du travail bien fait !

C’est maintenant Ray Bonneville de Ozarth Blues Society Of Northwest Arkansas qui s’y colle avec sa collection de Melody Maker et ses harmonicas et c’est à la force d’un bon set que cet artiste aux faux airs de Pierre Ardity s’engagera dans un concert bien construit malgré quelques petites longueurs. Il est temps de penser à se rendre chez Alfred’s où le Fred Chapellier Band a encore quelques heures à attendre avant de monter sur scène …

Pour le moment, c’est Lightnin’ Willie & The Poorboys qui occupent la scène décorée des quatre lettres de STAX en néons rouges et c’est un son puissant et un peu brouillon que le représentant de la Southern California Blues Society nous propose ... Dommage car le jeu ne manque absolument pas d’intérêt ! La faim se faisant bientôt sentir, il est temps d’aller au Silky O’ Sullivans histoire de se restaurer en découvrant quelques autres groupes de la catégorie « Solo / Duo » … 

Pas de chance, le pub irlandais accueille pour l’heure deux artistes dispensables qui l’un après l’autre s’attacheront à faire du bruit, pas toujours juste soit dit en passant avant que Randy McQuay de Cape Fear Blues Society ne relève enfin le niveau seul avec sa guitare et sa voix surprenante mais captivante.

On retrouve enfin Alfred’s avec pour l’heure Mikey Junior & The Stone Cold Blues présenté par le Jersey Shore Jazz & Blues Foundation. Le niveau est impressionnant et si la prestation du quartet manque un peu d’originalité, il n’en reste pas moins que le groupe se place parmi les tous meilleurs avec un set taillé au millimètre près et un show assuré par un chanteur harmoniciste qui multiplie les effets de scène. On ajoute un guitariste virtuose et voilà une affaire qui a roulé à un train d’enfer vers un bon résultat !

Place à Fred Fred Chapellier qui va nous en mettre une fois encore plein les yeux et plein les oreilles avec un son un peu fort mais très juste et avec une set liste assez audacieuse puisque deux des quatre titres interprétés ce soir ne seront autres que « Night Work » et « Tribute To Roy », un ultime morceau de bravoure qui attirera une partie du public sur le devant de la scène pour quelques pas de danse ! Impeccable dans ses soli et secondé de main de maître par un Charlie Fabert très inspiré, Fred Chapellier aura sans aucun doute marqué ce soir quelques points importants devant une assistance littéralement conquise par son style. On le serait à moins !

Présenté par Grafton Blues Association, Tweed Funk emballera ensuite très rapidement le public d’Alfred’s grâce à une prestation endiablée mais faite de multiples covers. Un peu longue à démarrer la salle se mettra à danser une fois encore à partir du troisième titre et n’arrêtera plus jusqu’à la fin du concert d’un quartet privé ce soir de ses claviers à cause d’un souci technique … La fatigue se faisant sentir, il est temps de rentrer avant la suite d’une virée dans le Tennessee qui nous réservera demain matin une sortie à Graceland … Mais ça, c’est une autre histoire qui attendra bien la fin de la nuit ! 

Jeudi 2 février : 

Encore une longue journée en perspective puisque nous nous rendons dès les premières heures de la matinée à Graceland, la célèbre Villa d’Elvis Presley qu’il a occupé jusqu’à sa mort il y a trente cinq années et qui abrite encore aujourd’hui non seulement sa tombe mais aussi celle de ses parents …

Certes soigneusement encadrée et supervisée par les marchands du temple, la visite se révèle instructive et insiste sur le côté humain du King of Rock’N’Roll, même si l’on découvre de part et d’autres de l’avenue les signes extérieurs de richesse d’un artiste qui avait donné le nom de sa fille à un de ses avions et qui cultivait avec un certain gout ce qui parfois pouvait être à la limite du mauvais gout. Une flopée de disques d’or, quelques biens personnels rappelant plus la grandeur de l’artiste que la décadence de l’homme, des costumes et une multitude de souvenirs … Si le fan est forcément comblé, le profane n’en reste pas moins intéressé par une visite à faire absolument quand on passe par Memphis !

Le temps de saluer nos amis de France 2 qui se promènent eux aussi en VIP sur le site et nous voilà déjà sur South Second Street pour y découvrir le First Great Canadian Polar Bear Blues Showcase qui se tient au Kooky Canuck où il règne une ambiance du tonnerre ! Les tables surchargées et l’ambiance survoltée nous invitent à changer d’endroit pour manger, d’autant que l’après-midi nous réserve d’autres grands moments avec la visite des Studios Stax …

Un coup de taxi et nous voilà à Soulville USA, l’endroit mythique qui a vu quelques-uns des plus grands noms de la soul mettre en boite leurs albums. De Isaac Hayes à Ray Charles en passant par Rufus Thomas, tous ou presque ont fait la réputation des lieux et c’est assez émouvant de mettre nos pas dans ceux de tous ces grands artistes, de regarder leurs récompenses, leurs effets personnels comme la Cadillac bleue tout en dorures et en moumoute d’Isaac Hayes ou encore son Oscar qui trône au milieu de la pièce … 

Un passage dans le studio par lui-même puis un tour dans la boutique de souvenirs où nous saluons la Directrice en personne, Madame Lisa Allen, très accueillante et visiblement enchantée de nous rencontrer, et nous voilà déjà de retour pour Beal Street où d’ici quelques dizaines de minutes débutera le second tour de l’International Blues Challenge … Les mêmes groupes dans les mêmes clubs mais avec un ordre de passage différent et un autre jury. La soirée promet d’être intense puisque dès cette nuit, nous connaîtrons le nom des formations retenues pour les demi-finales ! 

Retour chez Alfred’s donc, avec en guise d’amuse gueule ce soir le Blue Cat Blues Band présenté par Diamond State Blues Society ! Bien rôdé, ce quartet d’âge mur ne fait pas dans la dentelle en envoie un bon gros blues bien lourd qui balance un peu à la manière de Chicago et si l’originalité n’est pas la qualité première du band, au moins a t’il le mérite de plutôt bien remplir son contrat en proposant un blues qui fait battre des mains et taper du pied. On n’en demandait pas beaucoup plus en fait ! 

Programmé à l’heure de l’apéritif, Fred Chapellier va une fois de plus sortir le grand jeu et démarrer avec « Under The Influence » pour mieux partager ses quatre morceaux du jour à part égales entre instrumentaux et titres chantés, le tout s’achevant cette fois encore par un « Tribute To Roy » encore plus impressionnant qu’hier soir avec son break dédié au célèbre thème de « Que reste-t-il de nos amours ? ». Le tandem basse batterie a fonctionné au quart de millimètre près et sur ces fondations solides, les deux guitaristes complices mais aussi duettistes s’en sont donné à cœur joie, non pas pour déterminer qui de Charlie ou de Fred était le plus doué mais simplement pour apporter encore plus de dynamisme aux morceaux ! Reste à croiser les doigts en attendant les résultats …

Proposé par Boston Blues Society, A Ton Of Blues n’a pas vraiment usurpé son nom puisque les quatre musiciens réunis derrière leurs costards noirs et leurs cravates rouges font tous individuellement le poids ! Quatre beaux bébés donc, mais avec un son pas franchement bien réglé et surtout avec une puissance telle que l’on a du mal à supporter la chose, d’autant que le répertoire proposé n’a pas de quoi mettre le feu aux planches … Une raison valable de s’éclipser et de rejoindre Pig On Beale où Cisco Herzhaft et Deborah nous attendent autour des traditionnels BBQ Ribs ! 

Pendant que nous attendons le dîner débarque T.A. James de la Piedmont Blues Preservation Society, le bonhomme adossé seul avec sa Telecaster à un tabouret de bar ayant le plus grand mal à captiver l’attention avec un set où la voix et la guitare ne sont pas toujours forcément très juste pour le plus grand désespoir de nos conduits auditifs déjà mis à mal par la violence du son du dernier groupe croisé chez Alfred’s. Reste maintenant à prendre son mal en patience en sirotant une Blue Moon et en suçant les os des Ribs tout en rêvant à une suite meilleure … 

Crossroads Blues Society Of Rosedale, Mississippi, nous présente maintenant Vinnie C, lui aussi seul avec son Epiphone et son tambourin accroché au pied … et lui aussi malheureusement très peu digne d’intérêt tant le son est plat, sans originalité, et tant l’ensemble manque cruellement de cohérence, d’harmonie. Pour le coup on aurait presque été tenté de recommander des Ribs pour avoir quelque chose à se mettre sous la dent mais c’est le moment où le top of the blues débarquera chez Pig On Beale avec par ordre d’apparition Jay Sieleman, le fameux harmoniciste Bob Corritore et enfin deux des parrains de France Blues, Michael Hawkeye Herman et, last but not least, Bruce Iglauer, le boss d’Alligator Records. Que du beau monde comme on en croise à chaque coin de rue durant l’IBC ! 

Arrive bientôt Roosterfoot du Natchel’ Blues Network et là le niveau remonte instantanément d’un cran avec un duo fort sympathique où la guitare et le chant sont appuyés de percussions envoyées à partir d’un kit artisanal particulièrement complet ! Partis dans de véritables pépites de folk blues, les deux musiciens vont littéralement survolter l’assistance et c’est sur une standing ovation particulièrement appuyée que leur vingtaine de minutes de show s’achèvera. Une voix très bien travaillée, un jeu de guitare solide, des arrangements fouillés, il n’en fallait pas plus pour que Roosterfoot ne nous fasse un fort bel effet … Et ce fut fait ! 

C’est maintenant à Cisco Herzhaft de prendre place sur scène et par chance son footstomping fonctionne parfaitement ce soir ! Les caméras de France 2 sont dans la salle et la team France Blues est à pied d’œuvre pour soutenir son représentant. On ne change pas une formule qui fonctionne, c’est donc avec le même set qu’hier soir que notre docteur es-picking va venir nous réchauffer les tympans et c’est à force de ses compositions attachantes, colorées et variées que Cisco va laisser monter sa prestation en puissance, passant de la guitare au résonateur et sortant à l’occasion son bottleneck pour encore mieux nous séduire. Très applaudi à la fin de sa prestation, celui qui chante et joue si bien le « Yiddish Blues » a une fois encore réussi à s’attirer les faveurs d’un public de vrais connaisseurs et c’est salué et interpelé de toute part qu’il finira par réussir à plier bagages après avoir cédé sa place à celui qui le précédait hier, Ross Neilsen … 

L’International Blues Challenge tourne désormais à plein régime et les amateurs de blues se répartissent une fois encore dans les dix neuf clubs du quartier qui accueillent les concerts mais aussi dans la rue car des concerts sauvages fleurissent de part et d’autres. En attendant la fin du second tour et l’annonce des résultats, chacun a ainsi tout le loisir de se régaler en papillonnant de part et d’autre de Beale Street et en allant par exemple dès la fin des concerts au Hard Rock Café où les groupes de la catégorie « Youth » se retrouveront pour une jam comme on aime les faire dans le monde du blues … 

En attendant les noms des qualifiés pour les demi-finales, nous avions rendez-vous au Hard Rock Café avec l'avenir du blues puisque c'était une jam réservée aux moins de 21 ans. Jumpin' To The WestSide ne pouvait manquer ce premier échauffement avant leur prestation de vendredi après-midi. Cassie Taylor était la maîtresse de cérémonie et invitait un à un les musiciens à monter sur scène, c'est ainsi que chacun de nos trois français se retrouvèrent l'espace de deux morceaux dans des formations aussi cosmopolites qu'étonnantes : qui un guitariste philippin, qui un bassiste allemand, qui un clavier canadien, qui une batteuse américaine, qui un guitariste ou un batteur français, etc ! L'élégance aussi bien musicale que vestimentaire des frenchies fit sensation ... Demain sera le "grand jour" pour eux ... et la France Blues Crew y sera ! (par Mike Lécuyer)

L’annonce des résultats nous laissera quand même un désagréable arrière-goût puisque si Fred Chapellier a brillement franchi l’écueil des quarts de finale et continuera l’aventure dès vendredi, Cisco Herzhaft n’est pas passé au travers des qualifications et a terminé ce soir son aventure dans l’IBC … Pour mémoire, on notera que sur les 206 formations en lice, 6 européennes, 4 canadiennes et 2 australiennes ont réussi à passer le premier tour. Pour leur part, les Jumpin’ To The Westside commencent à monter en régime puisque avant de participer à la jam des jeunes, ils étaient conviés ce soir par Vinny ‘Bond’ Marini pour une interview sur la radio Music On The Couch. Comme quoi le bon blues français intéresse aussi les Américains ! 

Vendredi 3 février : 

Réveil difficile après une nuit passée à attendre les résultats sur le site de la Blues Foundation qui a connu pas mal d’embouteillages et quelques bugs entre minuit et 3 heures du matin … La sortie dans Union Street est assez épique aujourd’hui puisque chacun nous reconnaît comme étant les accompagnateurs du Fred Chapellier Blues Band et nous lance à la volée des lots de « Congratulations » à n’en plus finir ! Il faut dire que nous en faisons un peu de même avec le peu d’amis européens ou canadiens qui ont survécu aux quarts de finale à commencer par les 24th Street Wailers et par le John F. Klaver Band que nous croisons de part et d’autres dans la ville … On notera également la sélection des Travellin’ Brothers venus d’Espagne, de Dawn Tyler Watson et Paul Deslauriers de Montréal ou encore de Big Daddy Wilson, le plus américain des représentants allemands !

Direction le Rock’N’Soul Museum pour y prendre encore quelques doses de curiosités vintage et y croiser les souvenirs des vieux et moins vieux bluesmen et soulmen … De Robert Johnson à Bono en passant par l’incontournable Isaac Hayes et le très prisé B.B. King, tous sont mis en valeur au cœur d’un musée où l’on croise nombre de juke box d’antan, d’instruments de musique anciens et modernes, de vieux disques vinyles et de collectors en tous genres. Un petit film en prime pour chanter la gloire des artistes et industries des environs, Sun et Stax en tête, et voilà une visite qui ne manque pas d’intérêt !

Encore quelques rencontres en ville et un peu de shopping pour avoir quelques souvenirs à rapporter aux amis mais aussi pour se régaler une fois de plus du contenu de la boutique et du musée du célèbre Schwab’s et il est bientôt temps de découvrir le planning des concerts du soir … Fred Chapellier hérite d’une seconde moitié de programme dans un endroit qu’il connaît bien pour y avoir déjà joué deux fois et c’est donc chez Alfred’s que nous passerons une bonne partie de la soirée après avoir assisté au showcase des Jumpin’ To The Westside aux King’s Palace ! 

Memphis s’est réveillé sous une pluie fine ce matin et après avoir découvert le programme du soir, nous rejoignons l’hôtel Doubletree où se déroule le Blues Society Workshop animé par la Blues Society of Western New York … De quoi échanger en bonne compagnie de belles anecdotes et des idées constructives avec une équipe solide et consciencieuse qui recevra cette année un des très convoités Keeping The Blues Alive Awards ! L’heure est ensuite venue de prendre quelques dizaines de minutes de repos en prévision d’une soirée chargée puisque dès 16 heures, ce sont les jeunes qui vont commencer leurs prestations dans les clubs juste avant que n’y débutent les demi-finales …

C’est dans le cadre plutôt classieux du King’s Palace que Jumpin’ To The Westside va donner le coup d’envoi du Youth Showcase et c’est en frappant très fort d’entrée de jeu que Thibault, Bastien et Alexis vont directement transporter l’assistance dans le Memphis des années 50 ! Un répertoire soigné juste comme il faut, un look qui colle parfaitement au tableau musical proposé, un peu d’improvisation quand Alexis qui casse une corde se voit dépanné par un musicien présent dans la salle qui lui propose fort gentiment sa Les Paul en dépannage et surtout beaucoup de talent et de professionnalisme malgré leur très jeune âge, il n’y a aucun doute à avoir là dessus, ces jeunes musiciens bordelais sont promis à un très bel avenir et plus vite que l’on pourrait le croire. Et ce ne sont ni Fred Chapellier ni Cisco Herzhaft présents dans la salle qui viendront dire le contraire tant ils ont été scotchés par la prestation de Jumpin’ To The Westside … De la vraie graine de bluesmen !

On attendait ensuite un groupe, Nomad, présenté par Voodoo Blues Krewe New Orleans Blues Society mais c’est son guitariste qui viendra se produire en solo, une Taylor à la main pour commencer avec « Stagolee » avant de passer à la Sheraton pour terminer au bout de quatre titres par « Big Boss Man » dans une espèce de bouillie sonore mal mise en valeur par l’absence d’un véritable accompagnement. Le guitariste aura eu le courage de relever le défi et d’affronter seul le public et rien que pour ça, tout le monde tiendra à le féliciter comme il se doit !

Le BB King’s Blues Club affiche complet et du coup on fonce vers le Rum & Boogie Café ou The Shaun Booker Band, poulain de la West Virginia Blues Society, est littéralement en train de mettre le feu aux planches dans un endroit surchauffé et enfumé ! Difficile de résister à la musique du groupe qui part d’entrée de jeu dans les standards du groove mais difficile également de supporter le mélange chaleur et tabac qui étouffe rapidement … De guerre lasse, nous partons manger quelques portions de gras bien dégueu un peu plus loin, un truc du genre hamburger mais en pire, sans musique certes, mais aussi sans cohue car ce soir Beale Street regorge de badauds qui tournent à la Big Ass Beer ! Amis poètes, welcome to Memphis …

On affronte de nouveau le Rum & Boogie Café une trentaine de minutes plus tard pour retrouver nos amis de l’Asociation Musical Blues Hondarribia, les Travellin’ Brothers, qui à leur tour mettent une ambiance du feu de dieu avec leurs cuivres et leurs arrangements très blues et rhythm’n’blues. Un coup de « Sweet Little Angel », un autre de « I Got A Woman », les Espagnols ne manquent ni de talent ni de ressource quand il est question de jouer une musique pleine de charme et de sincérité et ils n’auront pas grand mal à nous le rappeler ce soir ! Une sacrée équipe pleine de dynamisme que l’on aimerait voir plus souvent en France, d’autant que désormais, le groupe tourne à l’occasion dans une version big band avec pas moins de dix sept musiciens sur scène … 

Le temps de saluer Lionel Young, le double vainqueur de l’IBC qui se promène incognito dans la rue, et on retrouve pour le troisième soir de suite Alfred's au moment où les Lawyers Guns & Money de Cape Fear Blues Society sont en train de terminer leur set à grand renfort de lap steel guitar et de rythmes soignés … Pas grand choses à en dire malheureusement, si ce n’est que le set avait l’air de tenir la route et le public de l’apprécier à sa juste valeur !

Place désormais à Mikey Junior & The Stone Cold Blues de la Jersey Shore Jazz & Blues Foundation et comme l’autre soir, le band met Alfred’s en extase avec un harmonica pointu et surtout avec un guitariste qui n’en finit plus de mettre du charisme dans son jeu, s’offrant un solo avec les dents ou attaquant la salle à grand coups d’une Les Paul qu’il tient à l’occasion comme un violon. Aussi à l’aise sur les blues lents que sur les blues plus rock, Mikey Junior & The Stone Cold Blues n’oublieront pas de payer leur tournée avant de quitter la scène et c’est avec un « Whiskey By The Glass » qu’ils remercieront l’assistance de l’accueil chaleureux qui leur a été réservé ! Garçon, faites passer l’addition … 

Fred Chapellier nous enchante depuis le début de notre séjour à Memphis et c’est en mettant aujourd’hui tout son talent dans la balance qu’il va se lancer dans une demi-finale épique commencée exactement comme les deux soirs précédents mais quelque peu modifiée sur le final puisque c’est en installant « When The Light Came On » juste avant « Night Work » qu’il a trouvé le moyen de donner une nouvelle dynamique à un show qui gagne encore un peu en consistance ! Achevée par le désormais incontournable « Tribute To Roy », la prestation des Champenois aura tenu toutes ses promesses en faisant danser quelques personnes devant la scène et en donnant le frisson à plusieurs reprises à ceux qui étaient restés sur leurs chaises … Du très grand Fred si l’on en croit le ballet incessant des spectateurs venus pour féliciter l’artiste, les deux représentantes du Consulat de France à Atlanta, Carole Scipion (Attachée Culturelle) et Heather Kirchner (Communication & Culture), mais aussi Felix Ybarra de la West Michigan Blues Society en tête !

La soirée n’est pas encore totalement achevée puisqu’il reste un groupe à passer chez Alfred’s avant que les jams ne prennent le relais jusqu’au bout de la nuit ou au moins jusqu’à l’annonce des résultats du jour et des groupes sélectionnés pour la grande finale de demain soir ! Pour l’heure, il est temps d’aller vaquer à quelques occupations qui vont nous conduire du côté du légendaire Studio Sun où si l’on en croit les bruits qui courent, il va se passer quelque chose de spécial cette nuit … Mais chut, pour le moment c’est encore secret et en attendant, c’est notre ami Mike Lécuyer qui nous offrira ses plus belles photos et nous régalera de sa plus belle plume !

En attendant les résultats des demi-finales, nous voici de retour au Hard Rock Café où Cassie Taylor a carrément demandé aux frenchies de Jumpin' To The Westside de revenir assurer une jam-prestation de plus de vingt minutes ! C'est en compagnie de Johnny, un guitariste-chanteur, que Thibault, Alexis et Bastien sont cette fois-ci réunis pour le plus grand plaisir des spectateurs. Deux compos de Johnny, deux compos des Jumpin' (issues de leur tout premier CD qui a vite été épuisé aujourd'hui) et une reprise d'anthologie de « Gangster Of Love » de Johnny Guitar Watson va être le bouquet final de la french blues touch pour l'IBC ... mais il nous reste encore quelques bricoles à venir ! (Par Mike Lécuyer)

On apprenait un peu plus tard dans la soirée que Fred Chapellier avait été écarté de la finale au profit, dans son club, de Mikey Junior & The Stone Cold Blues qui il est vrai avait fait forte impression … Coté Québécois, après trois soirées de folie et d’une énergie sans équivalent, Dawn Tyler Watson passait pour sa part le test et se retrouvait avec son complice Paul Deslauriers en finale, représentant tout comme les Australiens de Dr. Don's Double Dose la seule présence non étasunienne d’une catégorie solo/duo qui a été la seule cette année à s’ouvrir vers une touche « d’exotisme » ! Un grand bravo à nos amis Dawn et Paul et à la Société Blues de Montréal …

Comment passer à côté de l’occasion unique d’enregistrer dans le mythique Studios Sun ? Quand on est comme les jeunes de Jumpin’ To The Westside une formation en devenir, c’est une aubaine et c’est ainsi que nous avons décidé, conjointement avec France Blues, d’offrir deux heures d’enregistrement aux trois Bordelais mais aussi à leur mentor, Lonj, qui retrouvait pour l’occasion sa place de bassiste au sein du groupe … C’est donc un peu impressionnés de mettre leurs pas dans ceux d’Elvis Presley et de Johnny Cash et de tant d’autres encore que les quatre brillants musiciens se sont fendus en peu de temps, entre minuit et deux, à l’heure où les fantômes hantent les lieux, de pas moins de cinq titres que l’on devrait retrouver un de ces jours sur un maxi ! Matt Ross-Spang aux manettes, qui en a vu d’autres, a été lui même impressionné par le talent de cette belle et jeune équipe … Et forcément, c’est avec un visage comblé que les Jumpin’ To The Westside ont fini par accepter de quitter les lieux, non sans quelques souvenirs en poche ! 

Samedi 4 février : 

La matinée revêt un cachet un peu particulier puisque c’est aujourd’hui que les récipiendaires des prestigieux Keeping The Blues Alive vont recevoir leurs statuettes et comme toute bonne journée qui se respecte, c’est par un buffet que ça démarre dans la salle de réception du Doubletree … Tout le gratin de la communauté blues s’est donné rendez-vous et l’on croise aussi bien Bruce Iglauer d’Alligator Records que la chanteuse Janiva Magness et nombre d’autres encore comme Bob Corritore et Michael Hawkeye Herman à notre table ! 

Commencée par un vibrant hommage à Hubert Sumlin décédé le 4 décembre dernier, la cérémonie marquera là son plus fort moment d’émotion, puis ce sera au tour des honneurs avec de temps en temps des rires et même quelques larmes que chacune des dix sept personnes honorées recevra son prix avec en particulier pour les Français Mike Lécuyer distingué dans la catégorie « International » et Soul Bag dans la catégorie « Print Media » … 

Quelques mains serrées avec diverses grandes figures du blues international, des échanges de cartes de visite à n’en plus finir et une bonne humeur apparente qui règne dans tout l’hôtel … Ce matin, la communauté blues était heureuse de se retrouver pour une de ces grandes fêtes qui permet à tous de se réunir autour d’une passion commune ! Le temps passant à une vitesse folle, il faut déjà penser à rejoindre l’Orpheum Theater où les deux finales ne vont plus tarder à commencer avec en premier lieu celle des groupes qui rassemble pas moins de neuf participants ! 

On commence avec Mikey Junior & the Stone Cold Blues (Jersey Shore Jazz & Blues Foundation) que l’on connaît bien désormais puisque c’est lui qui a mis le feu chez Alfred’s, le club où concourraient les frenchys du Fred Chapellier Blues Band 
 
Noah Wotherspoon Band (Dayton Blues Society) débarque ensuite en trio pour un set un peu long à démarrer mais qui gagnera en consistance au fur et à mesure que les vingt minutes passeront pour à l’arrivée se montrer plutôt réussi.
 
Sherry Pruitt Blues Project (Santa Clarita Valley Blues Society) se lancera ensuite dans une démonstration soul blues à deux guitares qui ne passera pas inaperçue ! 

The Bart Walker Band (Nashville Blues Society) donne allègrement dans le blues rock et n’hésite jamais à en rajouter avec un guitar hero qui se lance dans des démonstrations de slide avec son pied de micro ou qui s’amuse à jouer la guitare dans le dos … Force est de constater que ça fonctionne puisque le public en redemande !

Entre temps, le Prix du Meilleur CD Autoproduit de l’année sera remis à Dave Keller pour son album « Where I’m Coming From », une récompense fort appréciée par un artiste qui bondira sur scène pour venir récupérer son trophée !
 
Retour au live avec The WIRED! Band (Washington Blues Society) qui va faire le show avec son guitariste qui grimpe dès le premier titre sur les amplis puis avec tout le groupe qui achèvera sa prestation dans la salle au milieu d’un public qui visiblement est sous le charme !

Selwyn Birchwood Band (Suncoast Blues Society) en remet une couche avec son blues un poil funky pas dégueu du tout et avec un chanteur guitariste qui n’en finit plus de ramper dans des positions plus ou moins lascives sur le sol … Grandeur et décadence d’une Amérique puritaine, mais pas jusqu’au bout ?

Taylor Scott & Another Kind of Magick (Wyoming Blues & Jazz Society) étaient l’an dernier dans le Youth Showcase et cette fois en finale qu’ils se retrouvent ! Quel chemin parcouru par un groupe qui ce soir multipliera les clichés mais aussi les approximations pour à l’arrivée en finir sur plein d’erreurs de jeunesse … 

Paula Harris (The Golden Gate Blues Society) est une chanteuse à coffre et à strass qui n’hésite pas à mélanger le lyrisme et le blues comme par exemple sur ce superbe « Dust My Broom » qu’elle livrera au public en milieu de set … Pas bête !

On termine enfin cette première finale par The Lefty Collins Band (Magic City Blues Society) et son guitariste gaucher comme le laisse entendre le nom d’un groupe qui nous délivrera un bon blues bien en place mais pas véritablement original …

L’heure des récompenses à sonné et après avoir remis le Gibson Guitarist Award à Bart Walker et le Lee Oskar Top Harmonica Player à Randy McQuay, l’organisation décernera dans un ordre inversé le 3ème prix à Paula Harris, le 2ème prix à Bart Walker et enfin le 1er prix à The WIRED! Band … 

A peine le temps de se rassasier que voilà déjà la seconde finale qui pointe le bout de son nez … Au programme huit concurrents appelés à en découdre pour le titre de meilleur « solo / duo » de l’année et s’ils sont en formation plus réduite que les groupes, leur talent et leur énergie ne sont absolument pas moindres !

Lucious Spiller (Arkansas River Blues Society) ouvre le bal seul avec sa guitare électrique asiatique à bon marché et lui arrache des sons plutôt conséquents, soutenu qu’il est par une voix qui tient la route avec en prime un petit cheveu sur la langue pas désagréable du tout !

Randy McQuay (Cape Fear Blues Society) avec ses faux airs de rabbin va nous sortir le grand jeu en acoustique avec sa Gibson et son harmonica et après une prestation explosive, c’est en embrassant la scène de l’Orpheum qu’il cèdera la place aux suivants …
 
D'Mar and Gill (Central Mississippi Blues Society) est un duo bondissant avec d’une part des percussions et de l’autre un dobro ou une guitare … Quelle ne sera pas la surprise du public de voir le batteur sauter pas dessus sa grosse caisse pour atterrir directement dans la salle ! Blues’n’pirouettes au programme, c’est un régal !

Robert Sampson (Illinois Central Blues Club) se partage entre ses claviers et sa guitare et délivre un blues plutôt bien fait qui ne laissera personne ou presque indifférent … Une voix black pour agrémenter le tout et nous voilà entrés directement dans le vif du sujet !

On ne présente plus nos amis Dawn Tyler Watson & Paul Deslauriers (Montreal Blues Society) qui ce soir vont faire un set très lucide et un peu teinté d’une pointe de stress qui n’échappera à personne. La chanteuse est divine, le guitariste puissant et les deux forment un duo auquel on ne résiste que très difficilement … Avis aux amateurs, ils seront à Paris pour la St Valentin !

Ray Bonneville (Ozark Blues Society of Northwest Arkansas) nous avait fait forte impression lors des quarts de finale en clubs et c’est totalement détendu qu’il se présente à nous ce soir avec son excellent folk blues qui séduit instantanément … Tellement détendu qu’il s’en trompera dans la tonalité d’un harmonica qu’il changera au vol, non sans faire un très beau trait d’humour ! 

Spoons & Abel (Sonny Boy Blues Society) impressionnent sur scène avec leur quantité de guitares et autres cigar box et leurs percussions et cuillers en bois mais c’est un son horriblement brouillon et désespérément fort qu’ils nous livreront ce soir pour le plus grand malheur de nos oreilles. Dommage ! 

Dr. Don's Double Dose (Sydney Blues Society) est venu d’Australie avec un piano et une batterie et c’est une prestation originale que le duo nous présente, visant juste et tirant fort pour taper dans l’œil d’une assistance réceptive à une musique bien faite et fort bien pensée ! 
 
Pas de temps à perdre, c’est très vite que les résultats sont annoncés et de ce 28ème IBC, on retiendra que le second prix revient à Dr. Don's Double Dose alors que le grand gagnant du cru 2012 n’est autre que Ray Bonneville, un succès très légitime, même si les autres groupes n’ont absolument pas démérité ! 

L’International Blues Challenge tire ce soir sa révérence et après avoir adressé un dernier salut à la statue d’Elvis Presley qui trône entre l’Orpheum et Beale Street, nous rejoignons une fois encore le Sun Studio où c’est Fred Chapellier qui enregistre cette fois … Du gros son, du professionnalisme, une touche Sun très particulière et voilà quelques titres que l’on retrouvera très vite avec un immense plaisir !

Dimanche 5 février : 

La nuit a été particulièrement courte et après les formalités hôtelières d’usage, c’est en taxi que nous rejoignons la Peace Baptist Church du Pasteur Nathaniel Cooper pour une messe où nous serons les seuls blancs de l'assistance … On est loin des messes gospel à touristes qui fleurissent dans les environs !

Mountain Men avait fait grosse sensation l’an dernier en chantant durant l’office et c’est en terrain conquis que nous avançons, salués et acceptés par tous les fidèles qui nous serrent la main ou nous donnent l’accolade … Le sermon commence et les voix s’élèvent du chœur, soutenues par l’orgue, la basse et la batterie mais aussi par les « Amen » et les « Oh Lord » fusant de toute part dans l’assistance où chacun ou presque s’est endimanché pour l’occasion … 

Salué individuellement par le pasteur, chacun d’entre nous sera copieusement ovationné et applaudi mais aussi qualifié du titre honorifique de Brother ou de Sister, la palme revenant quand même à un Cisco Herzhaft plein d’entrain attrapant le micro et chantant la messe à son tour pour le plus grand plaisir des fidèles mais aussi pour le notre ! 

Un dernier repas downtown et il faudra bien se résoudre à refermer la page de cette escapade sur les rives du Mississippi … Un immense merci à Jay, Joe, Priscilla et toute l’équipe bénévole de la Blues Foundation, une pensée spéciale pour les superbes artistes qui ont fièrement porté nos couleurs et pour tous les amis qui étaient du voyage, une autre pour tous ceux qui nous ont aidé à préparer le périple et enfin une dernière pour tous les fans et artistes de blues croisés sur place avec une mention toute particulière pour le duo de charme du Consulat de France à Atlanta qui a spécialement fait le voyage et pour le quartet de choc de France 2 qui a été sur le pont durant cette semaine intense ! C’est grâce à tous ces gens que l’on peut continuer à faire perdurer l’esprit « Keeping The Blues Alive » … 

Fred Delforge – février 2012