mercredi, 18 janvier 2012
THORBJØRN RISAGER
CAF'CONC – ENSISHEIM (68)
Le 30 novembre 2011
http://www.risager.info/
http://www.myspace.com/thorbjornrisager
http://www.cafconc-ensisheim.com/
http://www.myspace.com/cafconc
Changement de cap … Nous partons pour la Scandinavie… Ou plutôt, la Scandinavie vient à nous !!! Les Vikings de la bande à Thorbjørn Risager amarrent leur drakkar aux abords du Caf'… Voilà encore une formation que je ne connaissais absolument pas avant que Yannick ne nous annonce sa venue. Curieuse de nature, je suis allé voir sur le net ce qui nous attendait … ben oui quoi … des Danois qui font du blues, un blues qui vient du froid, on n'en trouve pas à chaque coin de rue !!! Et ô surprise ! J’ai appris que les Danois aussi savent faire du blues. Et ils le font même très bien.
J'y ai découvert un groupe qui existe depuis 2003, réunissant tous les ingrédients d'un blues rock taillé dans le granit, fort de plusieurs opus dont le dernier Dust & Scratches sorti tout récemment. C'est une formation réduite qui se présente à nous, les cuivres accompagnants généralement Thorbjørn sont malheureusement absents, mais peu importe, la soirée s'annonce des plus prometteuses. Le public est impatient de découvrir ce leader charismatique au nom plus facile à écrire qu'à prononcer, qui est entouré d'Emil Balsgaard au clavier, Peter Skjerning à la guitare, Søren Bøjgaard à la basse et Martin Seidelin à la batterie.
Il est 21 h 30 et après quelques séries d'excellentes moules-frites, nos Vikings prennent possession de la place. Quelques mots d'accueil de la part de Thorbjørn dans un anglais parfait : 'We gonna play blues for you tonight. I hope you will enjoy it' et ça démarre fort avec "A New Way of Drivin' ", un bon vieux rock du sieur BB King qui va enflammer un Caf' à l'atmosphère déjà bien chaude. On continue avec BB et l'excellent "How Blue Can You Get". La voix chaude, puissante et rocailleuse de Thorbjørn, digne des plus grands bluesmen, se pose sur les accords de sa magnifique ES335 et flirte avec les notes dans un assemblage parfait. "Hold On" et son rythme groovy prennent le relais, suivi de "Mr Back Luck", un blues sur lequel les guitares nous emportent tout droit dans le bayou. Quant à Peter, sa guitare est un prolongement de lui-même. Il semble être habité lorsqu'il nous balance son jeu en slide, ses riffs inspirés et acérés, ses soli à tomber.
Thorbjørn nous apprend qu'une règle a été établie dans le groupe : chaque membre possédant un micro doit dire quelque chose à l'audience … Exercice somme toute pas très difficile pour des musiciens aguerris qui parcourent les routes, de tournées en tournées … Mais le dire dans la langue du pays qui les accueille, en l'occurrence ici du français … provoque l'hilarité générale !!! Thorbjørn, Martin et Peter se débrouillent plutôt pas mal. Les autres, on ne saura pas, ils n'ont pas de micro !!! La soirée est ponctuée de ces petits clins d'œil forts agréables où l'humour et la musique font bon ménage.
Martin s'y colle : "Vous voulez une boogie ??? Le maestro du boogie, il est dans le piano". Et c'est vrai … Le maestro Emil Balsgaard entame un "Roll'em Pete" à grands coups de clavier fougueux et de touches noires et blanches qui s'entrechoquent sous la pression de ses doigts agiles. Encore une reprise de BB King avec "Bad Luck Blues", qui, si on en doutait encore, nous confirme que les influences BBKingiennes sont fortement ancrées chez les Risager.
Et c'est toute une succession de titres bluesement rock'n'rollesques, jazzys, rhythm'n'bluesiens agrémentés d'accents soul et funk que le combo nous propose avec une set-list riche et variée constituée de reprises, mais également des compositions du band qui revisite toute sa discographie, nous laissant entrevoir une large palette de son univers musical.
De blues purs et durs aux rythmes lents avec "Back Home", "Same Old Blues" rebaptisé par le public "Semoule Blues" et "On My Way" qui nous ramène dans les champs de coton, le quintet nous emmène dans des rythmes plus puissants, plus rock avec "Ain't Nobody Business" aux sonorités jazzy qui démarre tout en douceur pour monter dans les tours, "Parchment Farm" de Mose Allison, "Rock'n'Roll Ride" sur lequel la participation active de toute l'assistance fait chaud au cœur. Les gens sont debout et remuent leurs popotins sur les rythmes swinguant que nous délivre ce combo au feeling impressionnant.
Direction la Nouvelle Orléans avec "Messaround" … Martin et sa batterie … c’est comme Martin et sa parisienne … un duo passionné qui finit en solo déchainé à grands coups de baguettes sur les fûts. Thorbjørn nous annonce le dernier titre de la soirée qui résume en partie l'essence musicale du blues … "Why I Sing The Blues" avec en prime un superbe solo de basse de Søren, qui a assuré avec Martin durant tout ce show une section rythmique solide de grande qualité. Les divinités nordiques se seraient-elles penchées sur certains berceaux afin d'imprégner leurs occupants d'une certaine note bleue ?
Après 2 heures d'une prestation énergique, force est de constater que nous avons à faire à une équipe de choc unie par des années de pratiques alliant talent, efficacité, une dynamique à toute épreuve, une musique vivante et vibrante. Le public ne s'y trompe pas, il applaudit à tout rompre, fait trembler les murs du Caf', en redemande. A la satisfaction générale, les Danois reviennent sur scène et nous offrent deux autres titres, "Let's Go Down", un blues accrocheur, et le légendaire "You Never Can Tell (C'est la Vie)" du non moins légendaire Chuck Berry. Nouvelle ovation … La générosité de ces Vikings que nous avons ressentie tout au long de la soirée ne fait que se confirmer … par un second rappel et un retour sur les estrades pour un ultime "I'm Tore Down" de Freddie King.
Soirée exceptionnelle, band exceptionnel … Merci à Yannick de nous faire vivre d'aussi magnifiques et intenses moments en compagnie d'artistes d'exception !
Cathie Wetzstein - décembre 2011
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