lundi, 19 décembre 2011
WEEPERS CIRCUS – CHRISTINE OTT
LE PREO – OBERHAUSBERGEN (67)
Le 19 novembre 2011
http://www.myspace.com/sinzeomusic
http://www.weeperscircus.com/
http://www.myspace.com/weeperscircus
http://www.myspace.com/christine-ott
http://www.le-preo.fr/
Direction la planète PréO pour un voyage musical assez surprenant. Première étape, Christine Ott, invitée par les Weepers Circus. Pianiste et spécialiste des Ondes Martenot, Christine Ott enseigne au Conservatoire National de Strasbourg. Elle a collaboré avec des artistes tels que Yann Tiersen, Jonny Greenwood et Radiohead, Noir Désir, Les Têtes Raides entre autres. Sa musique est très vaste et comporte une énorme palette de style, de l'opéra au jazz, en passant par la musique contemporaine, classique et le rock. En 2009, elle sort un album, "Solitude Nomade", qui reflète bien toutes ces couleurs.
Pour la petite histoire, les Ondes Martenot sont l'ancêtre du synthétiseur. C'est un des premiers instruments électronique qui a fait son apparition en 1928, conçu par Maurice Martenot. Délaissé, puis remis au goût du jour, de plus en plus d'artistes l'utilisent aujourd'hui. Christine Ott est donc "Ondiste"… Et toute la passion qu'elle éprouve pour cet instrument se ressent lorsqu'elle se met à jouer. Passion qu'elle transmet à un public où toutes les générations sont représentées. C'est dans un silence quasi religieux que le public, assis dans les gradins ou sur le sol de la "fosse", écoute et regarde Christine qui laisse glisser ses doigts sur les touches blanches et noires, passant du piano aux Ondes Martenot au gré des morceaux, sa voix s'accouplant avec retenue aux différentes sonorités qu'elle nous transmet. Rien ne l'atteint, elle ne fait qu'un avec ses instruments. L'auditoire se laisse prendre et emporter par son jeu. Sa musique est profonde, vivante et vibrante. Le son particulier dégagé par les Ondes Martenot est reposant et invite à un vagabondage à travers les notes.
Commencé par un voyage au milieu de la galaxie des fées et forêts magiques de Christine Ott, le périple continue avec le Weepers Circus qui va nous préparer à un long voyage intergalactique. Honte à moi … Weepers Circus est un groupe strasbourgeois (que je viens de découvrir…) créé à la fin des années 1980 par une bande de lycéens. Son répertoire est fort de compositions originales et accrocheuses et de quelques reprises. Une particularité de plus pour ce groupe quelque peu déjanté est de monter des spectacles scéniques, reflets de leurs compositions, et ce à partir de 1992. Le Weepers écume les scènes de la région, puis au fil du temps, des tournées nationales et européennes se mettent en place. Il monte également un spectacle adressé au jeune public "À la récré". S'entourant de personnalités diverses et variées, connues ou moins connues, pour des collaborations album ou concert, ce cirque des gens qui pleurent fait son bonhomme de chemin et continue de nous ravir, en nous délivrant une musique électro-pop-rock enrichie de mots qui, sans être forcément engagés, nous mènent à une réflexion certaine. Un premier album voit le jour en 1997, suivi de 8 autres, dont le dernier "N'importe où hors du monde" sorti en octobre 2011 sous la forme d'un livre/disque. Ce nouveau concept album est inspiré du poème de Charles Baudelaire, "Anywhere out of the world", dans lequel le combo va laisser libre cours à son imagination. Et c'est encore à un spectacle que nous allons assister ce soir, spectacle monté en collaboration avec Juliette. Il n'y a plus qu'à se laisser guider … Un chrono fait le décompte… 3… 2… 1… 0.
Tout d'abord ombre chinoise, le Weepers Circus prend forme sous nos yeux avec le Commandant Alexandre George (chant - guitare) et son équipage composé de Franck George (violoncelle - basse - chœurs), Eric Kaija Guerrier (guitare - chœurs), Denis Leonhardt (clarinette - saxophone - chœurs), Alexandre "Goulec" Bertrand (batterie - chœurs) et Christian Houllé (claviers - chœurs). Ces voyageurs des temps modernes nous embarquent dans leur navette pour une préparation à une expédition où le temps et l'espace n'ont pas de place, où la musique est reine et le verbe roi. Un véritable péplum spatial et intersidéral. L'odyssée interstellaire a débuté et nous voilà partis vers un "Ailleurs" qui va nous laisser entrevoir de nouveaux horizons et nous faire "Passer de l'Ombre à la Lumière". Le décor est planté, tout en sobriété, jeu d'ombres et de lumières, de couleurs et de noir et blanc … Dès le départ, la complicité entre les membres de l'équipage est palpable, mais également entre l'équipage et le public. Un public réceptif qui adhère et s'implique immédiatement ; tout le monde joue à domicile ce soir et c'est une longue histoire d'amour entre lui et le Weepers. Les yeux pétillent, on peut y voir une multitude d'étoiles.
Nous sommes accueillis chaleureusement par le charismatique Commandant Alex :
- Bonsoir, je suis votre commandant. Nous sommes ravis de vous accueillir à bord, l'équipage et moi-même. Cependant, nous avons encore quelques petits préparatifs à effectuer…
L'Aspirant Eric passera sa soirée à la recherche des hôtesses, tout en n'omettant pas de nous gratifier de soli grandioses… "Elles s'amusent" à le faire tourner en bourrique… Le Commandant Alex laisse tomber la veste devant une foule en délire réclamant un strip-tease …
Les morceaux se succèdent, entrecoupés de dialogues décalés, de poésie, d'humour, de remises de décoration.
Outre la quasi intégralité des titres de "N'importe où hors du monde", quelques titres des albums précédents viennent enrichir le répertoire de cette soirée pas comme les autres. Une musique riche en couleur nous emmenant dans de multiples univers émotionnels, de la gaieté à la mélancolie, de la tristesse à la festivité, dans lesquels la magie des mots est une poésie sans cesse renouvelée.
"Sans Vous Aimer" et son tempo festif, "L'Etreinte Faite A La Nuit" au rythme lancinant, "Regarde-moi" sur lequel le violoncelle de Franck nous colle des frissons, un "Dis-moi" au son rock avec Christian se déchainant derrière son clavier dans un fantastique solo donnant à l'ensemble une sonorité électro, "Ma Dame Aux Camélias" et ses rythmes orientaux, "Heroes", reprise de Bowie magnifiquement interprétée, "La Renarde" dont le refrain est repris en chœur par l'assistance et surtout par les enfants présents. Je ne vais pas lister tous les morceaux, il y en aurait pour un moment.
Le saxo et la clarinette de Denis apportent une belle touche cuivrée à l'ensemble, et son look un peu "hors du temps" est en adéquation totale avec le spectacle. Haut de forme, basse et violoncelle font partie du paquetage de Franck qui manie ses instruments avec beaucoup de talent et de feeling. De temps à autres, l'équipage se manifeste, par quelques proses ou boutades …
- Ehhhh oui… Homme libre toujours tu chériras la mer ! Baudelaire
- C'est bien beau la poésie, c'est bien beau, de l'air … Mais à propos de l'air, où sont donc les hôtesses ?
Et n'oublions pas Alex "Goulec", le machiniste, indispensable à la bonne marche de cette expédition. Resté un peu en retrait, il se manifeste enfin :
- Euh… mon capitaine, j'fais quoi moi ?
- Je pense que vous pouvez commencer à faire tourner les machines, non ?
- Ouais… par contre, on n'ira pas bien loin avec un truc pareil… Vaut mieux le changer !
Les machines se mettent en route… Alex va les faire démarrer tout en douceur, avant de monter en puissance et de nous offrir un solo de tous les diables. Il martèle ses futs avec précision, cognant jusqu'à en faire chauffer les peaux.
"Tout le monde chante" ce soir, que ce soit sur scène ou dans l'auditoire. La préparation est maintenant terminée, les pannes réparées… Nous pouvons maintenant décoller et aller vers notre but ultime, notre destination tellement chérie … nous allons sur la Terre. "Je ne suis plus un homme" clôt ce spectacle musical et c'est une véritable ovation que le public réserve au singulier équipage formé par le Weepers Circus qui nous a tenus en haleine pendant 2 heures. Un véritable régal pour les yeux et les oreilles.
Je suis ressortie du PréO avec la certitude d'avoir élargi mon horizon musical et d'avoir fait de belles découvertes. J'ai par ailleurs eu du mal à retrouver mes esprits, à quitter la navette "Weepers Circus" pour me retrouver dans le monde réel, complètement bluffée par le talent et le charisme de ce groupe. Levez les yeux vers les étoiles, en cherchant bien, cette navette fera certainement escale du côté de chez vous… N'hésitez pas à monter à bord !!!
Cathie Wetzstein - décembre 2011
|
