dimanche, 11 décembre 2011
Love revolution
(Warner Music France – 2011)
Durée 53’56 – 14 Titres http://www.innamodja.com 
Penser que le talent artistique d’Inna Modja se cantonne à un gros tube qui a fait allègrement le tour de l’été un peu partout dans l’hexagone serait pour le moins réducteur, d’autant que cette sculpturale artiste originaire de Bamako n’en est pas à son coup d’essai puisque « Love Revolution » est déjà son deuxième album … Née dans une famille d’érudits avec un père diplomate et une mère grande amatrice de musique africaine, l’adolescente ne tardera pas à commencer à écrire ses chansons et à travailler sa voix, son éducation se voyant marquée par les disques qui circulent dans la famille, son père se régalant d’Otis Redding, Ray Charles et autres Billie Holiday tandis que sa mère s’adonne au tandem Gainsbourg Birkin et que ses six frères et sœurs se partagent entre disco, pop, rap, jazz, blues et hard rock. Après quelques années passées au Ghana, Inna Modja reviendra au Mali et s’en ira frapper à la porte de Salif Keita qui la dirigera vers Habib Koité … Installée à Paris pour sa majorité, la jeune femme suivra des études de lettres, de langues et de commerce, devenant mannequin puis comédienne avant de vraiment se lancer dans une carrière musicale. Engagée et bien décidée à lutter pour que les femmes africaines ne connaissent pas les sévices physiques dont elle a été elle-même victime quand elle était enfant, Inna Modja met aujourd’hui son talent et sa popularité au service d’organisations humanitaires qui poursuivent le même idéal qu’elle. Retournée en studio dès 2010 pour y enregistrer une cover du tube de Des’Ree, « Life », la diva de la soul a repris le flambeau de son premier album à peu près là où elle l’avait déposé fin 2009 mais c’est en se voulant plus électrique et plus éclectique qu’elle a fini par appréhender un second opus qui regarde plus ou moins ouvertement vers des sonorités qui ne sont pas sans rappeler les légendaires productions de Stax ou de la Motown. Rejointe par Alexandre Azaria qui a accompagné Indochine, le Cri de la Mouche ou encore Niagara, Inna Modja laissera bientôt son inspiration parler librement et n’hésitera pas à mettre de l’Anglais et du Français dans une musique qui se veut plus naturellement rhythm’n’blues que ce que l’on taxe aujourd’hui de R&B, quand bien même la chanteuse n’hésite jamais à laisser entrer une bonne dose de pop dans ses morceaux, tout particulièrement sur le tubesque « French Cancan, Mr Sainte Nitouche » qui en a agacé plus d’un et séduit autant d’autres l’été dernier. Taillé à vif dans le vécu, « Love Revolution » nous emmène dans les cuivres et les arrangements lyriques avec une « Big Apple » pas désagréable du tout et s’engage ensuite très vite vers de superbes « Kinks In My Head », « Emily » et autres « Ex-Girlfriend », capitalisant comme il se doit sur le premier hit de la chanteuse mais en dévoilant également un potentiel second, « La Fille du Lido ». Onze titres originaux, autant de raisons valables de succomber à l’appel de « Love Revolution », et pour ceux qui ne seraient pas encore tout à fait convaincus, l’ouvrage livre même trois titres en bonus, « Life » mais aussi la version anglaise de « French Cancan » et enfin une version du même morceau remixée par Cutee B. à la mode electro. De quoi se reprendre le single de plein fouet pour ceux qui l’avaient presque oublié mais aussi de quoi se régaler avec le reste pour les amateurs de soul bien faite … |
