samedi, 29 octobre 2011
Ilé
(Cano Production – Living Astro – 2011)
Durée 47’26 – 13 Titres
http://www.myspace.com/fafaruffino 
Elle est comédienne mais a fait ses premiers pas musicaux dans les clubs de jazz de Cotonou, au Bénin, et pour cette africaine, la culture musicale a pris autant de force lors de ses études de musicologie que lors de ses rencontres avec des artistes venus de son continent natal comme Mory Kanté, Papa Wemba, Manu Dibango et autres Touré Kounda mais aussi des représentants de la scène internationale comme Archie Shepp, Hank Jones ou Cheick Tidiane Seck. Un temps choriste pour la plupart de ces grands noms, Fafa Ruffino finira par se décider à voler de ses propres ailes et après des premiers ébats télévisuels sur lesquels on ne reviendra pas tant ils ne sont pas de nature à affirmer le véritable talent d’un artiste, c’est un premier effort teinté de soul, de jazz, d’afrobeat et de reggae mais aussi bien évidemment de sa culture africaine que la diva nous présente, un ouvrage pour lequel son frère, le bassiste Patrick Ruffino, a fignolé les arrangements et la réalisation et invité le gratin de l’afro-sphère musicale. Organisé comme un voyage en musique sur un terrain de jeu qui va de l’Afrique à Paris, « Ilé » mélange diverses langues comme le Yoruba, le Fon ou le Mina avec le Français et développe avec sa propre vision des choses une forme philosophique de l’existence, un art de vivre qui préconise de « Se laisser aller » mais qui revient aussi et surtout sur les conditions de vie des peuples africains et en particulier sur la condition des femmes mais aussi des enfants. Dansant mais engagé, l’album de Fafa Ruffino est aux couleurs du continent noir, mélange intelligemment les épices et les saveurs et nous emmène de « Mi Man Ze » à « Yayra », de « Ole Kpakpa » à « Xo Lomi » en accueillant quelques invités de marque dont Rockin’ Squat, le leader du groupe Assassin qui accueille au passage ce premier album de l’artiste sur son label. Partagée entre une forme latente de nostalgie de sa terre natale, une volonté de la voir évoluer véritablement l’Afrique plus que de la voir survivre et enfin un naturel qui la pousse à la fête, à la bonne humeur, Fafa Ruffino nous offre un ouvrage massif, sincère, un de ces albums dans lesquels le versant authentique de l’artiste prend tout naturellement le dessus sur tout ce que le monde extérieur a pu lui inculquer, même si les autres musiques finissent naturellement par trouver leurs marques dans le terreau fertile qui a servi de base à « Ilé ». Une belle découverte ! |
