jeudi, 06 octobre 2011
Une fille pop (Vila Mariana – Multicom City – 2011) Durée 60’28 – 17 Titres http://www.myspace.com/tugny Depuis la sortie de son précédent album il y a un an, Emmanuel Tugny a quitté Porto Alegre au Brésil pour s’installer au cœur de l’Oural, à Ekaterinburg, mais il n’en reste pas moins un boulimique de travail mais aussi de musique qui outre ses activités de diplomate, d’écrivain et de journaliste a pris le temps de se fendre d’un nouvel album, toujours en compagnie de ses vieux complices John Greaves aux voix, Otavio Moura aux peaux, Christophe Boissière aux cordes et Mickael Plihon aux cuivres mais aussi d’un petit nouveau, Fred Woff, aux claviers et aux manettes. Entré dans un concept délibérément pop là où son prédécesseur se voulait littéraire, le Tugny nouveau nous emmène vers un casting élargi dans lequel les habitués reconnaîtront des invités célèbres comme Sapho, Silvain Vanot, Janice DeRosa ou encore Alain Maneval et glisse de fort belle manière vers un répertoire collégial qui cède quand même de temps à autres à l’exercice pas forcément évident de la cover … Mélodique et lyrique mais aussi et surtout, on l’a déjà dit, volontairement pop, « Une fille pop » n’en est pas pour autant un album dénué de nuances et de détails puisque c’est en panachant avec une réelle intelligence tous les instruments qu’il a à sa disposition que son créateur en est arrivé à une œuvre complète, une sorte de bande originale de comédie où les voix off introduisent à l’occasion les morceaux et où les duos vont bon train comme par exemple sur « Salamandre » appelé à être le premier single de l’ouvrage. Un détour en début d’album par « Le réveil d’Alice » emprunté à Lewis Carroll et un autre par le « Lay Lady Lay » de Dylan sur la fin de l’effort n’enlèveront rien au caractère original d’une galette un poil décousue mais tellement enivrante où l’on croisera de temps à autres quelques singularités comme « Ni dieu ni maître », comme « Se Não Chuver », comme « Les perles » ou comme « Rusalka (Mermaid) », autant de petites grappes d’originalité qui mises bout à bout en arrivent à donner naissance un album hors des temps, hors des modes, un ouvrage qui fait de temps à autres penser à de grands compositeurs un poil déjantés comme Gainsbourg ou encore Thiéfaine et CharlElie … Plus débridé et aérien que le très profond « EmilyandIwe » qui l’avait précédé, ce nouvel essai d’Emmanuel Tugny & The Lady Guaiba’s Swing Band n’en est pas moins une délicieuse curiosité, une bizarrerie attirante que les amateurs de créations délibérément installées hors des clous se plairont à découvrir et pourquoi pas à partager. L’originalité n’a d’intérêt que quand elle sait se mettre à la portée de chacun ! |