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RENDEZ-VOUS DE L'ERDRE 2011 à NANTES (44) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 05 septembre 2011
 

LES RENDEZ-VOUS DE L’ERDRE
NANTES (44)
Du 2 au 4 septembre 2011

http://www.rendezvouserdre.com/  

Vendredi 2 septembre 2011 

Grand rassemblement culturel de la fin des vacances d'été, les Rendez-vous de l’Erdre allient avec un certain talent les plaisir de la musique en général et du jazz en particulier à ceux de la navigation de plaisance et c’est dispersés sur diverses scènes disposées au bord mais également sur la rivière que les nombreux artistes s’attachent à faire swinguer la ville durant ces quelques jours … Au programme, nombre de pointures de la scène jazz internationale comme pour Archie Shepp pour n’en citer qu’un mais aussi de grands noms du blues comme ce soir Eddie C. Campbell qui se charge d’ouvrir le bal d’une Scène Blues où se déroulera les deux prochains jours le traditionnel Tremplin du Festival. Toute une aventure à suivre très vite, d’autant que les membres du jury sont d’ores et déjà présents pour cette soirée de lancement !

C’est après quelques mots de présentation d’Armand Meignan, programmateur émérite de l’événement, que Jean Paul Perrono, le Monsieur Loyal de cette Scène Blues, s’en vient nous gratifier de ses talents d’orateur mais aussi de sa culture musicale poussée en nous présentant le grand bonhomme qu’est Eddie C. Campbell qui a en son temps accompagné à la guitare quelques légendes du label Chess comme Muddy Waters, Magic Sam, Jimmy Reed, Koko Taylor, Howlin’ Wolf ou Willie Dixon … Le public déjà nombreux ne s’y trompe pas et réserve un accueil de choix à l’artiste !

Accompagné de son band français où l’on retrouve Jean-Pierre Duarte à la guitare, Ludovic Binet aux claviers, Jean-Marc Despeignes à la basse et Pascal Delmas à la batterie, le chanteur et guitariste va du haut de ses soixante douze ans nous inonder de son talent blues en navigant au beau milieu d’un répertoire riche et fourni dans lequel on retrouvera nombre de ses titres mais aussi pas mal de classiques et même quelques œillades appuyées lancées du côté des Rolling Stones ou encore de James Brown.

En bon entertainer, Eddie C. Campbell n’hésitera pas à pimenter ses belles notes et sa voix éraillée de quelques facéties, jouant avec la langue ou avec le postérieur au moment toujours le plus opportun et narrant quelques anecdotes toujours très croustillantes à un public à la fois amusé par le personnage et séduit par sa musique, une foule qui ne s’y trompera pas en se ruant dès la fin du second set vers le stand où, à peine descendu de scène, ce monstre sacré viendra serrer quelques mains mais aussi et surtout dédicacer ses disques !

Le temps de rejoindre l’hôtel et de passer à côté de la Scène Nautique Ceineray où les premières notes du Francesco Bearzatti Tinissima Quartet se font entendre et il est déjà temps de profiter du sommeil du juste en attendant deux journées qui s’annoncent à la fois riches et intenses … 

Samedi 3 septembre 2011 

Le beau soleil d’hier est encore au rendez-vous ce matin mais il semble bien tenté de s’estomper au fil de la journée … On croise les doigts pour que le baromètre reste au beau fixe et que la pluie ne vienne pas gâcher la fête, d’autant plus que la journée promet d’être riche en évènements puisque les groupes appelés à se succéder ne sont pas dépourvus d’intérêt, loin de là ! Un duo huitres / Muscadet pour se mettre en jambes, une galette complète pour finir de remplir l’estomac … La bonne humeur qui s’installe dès que les membres du jury se retrouvent derrière la scène, avec à la clef quelques plaisanteries potaches en direction de leur Président fraichement revenu des Antilles où il a purgé trois ans de privations de Tremplin Blues … Nous voilà fin prêts pour attaquer une longue journée de musique avec les Normands de Westbound !

C’est du côté du delta et des racines agricoles du blues que nous entraine le quartet du Calvados avec un set bien construit et bien rôdé. Emmené par un Laurent Choubrac impressionnant tant au chant qu’à la guitare, Westbound s’appuie sur les expériences individuelles de chacun de ses membres que l’on a pu croiser dans Midwest et dans Caps And Hats et que l’on remarque encore aujourd’hui dans diverses formations qui font les belles heures de la scène régionale. De la bouteille et du vécu, c’est tout ce que l’on retrouve dans une musique interprétée avec ferveur par un groupe qui se plait à être sur scène et qui parvient à partager son plaisir avec un public qui le lui rend bien. Avec ses deux guitares et ses percussions bien dosées, Westbound a su trouver l’énergie nécessaire pour donner des couleurs attrayantes aux rives de l’Erdre et faire venir le public devant la Scène Blues … Bravo !

A peine le temps de changer de plateau et de faire une balance aussi brève qu’efficace que déjà voilà les Buzztown, encore un quartet mais cette fois originaire de l’Est parisien avec des membres qui viennent de Fontainebleau jusqu’à Auxerre. Pas manchot, le combo qui a déjà croisé le fer avec des groupes comme Ten Years After et qui en fera de même avec Dr Feelgood d’ici peu s’attache à nous emmener dans un blues électrique teinté de rock mais aussi de funk, s’appuyant pour mener son ouvrage à terme sur la guitare puissante, précise et inspirée de Hugues Renault mais également sur la voix chaude et colorée de Mickael Chailloux qui de temps à autres tombe le micro et chausse en complément le saxophone pour mettre encore plus de folie et de furie dans un set qui n’en manque pourtant déjà pas ! Si on ne se cantonne pas aux limites stricto sensu du blues, on ne s’en éloigne jamais beaucoup et côté public, force est de constater que la mayonnaise prend sans aucune difficulté ! C’était bien là le but au départ …

Le changement de plateau ne fait pas long feu et c’est un duo qui s’installe bientôt, et pas n’importe lequel en plus puisque c’est Mellow Blues Duo qui s’y colle pour un set un peu différent dans ses fondations que ce que ces artistes de Clermont Ferrand proposent d’habitude ! La fée électricité est passée par là et c’est plutôt encourageant de voir ce qu’elle apporte à une formation qui aujourd’hui tardera un peu à atteindre son rythme de croisière mais qui y parviendra parfaitement après deux ou trois titres, Renaud Villet trouvant l’accord parfait non seulement sur sa superbe Godin mais aussi avec son complice harmoniciste David Paquet, les deux compères finissant dès lors de nous promener de standards en compos pour un voyage quasiment rituel en terre de blues. Adepte du footstomping, le guitariste qui jamais n’en fait trop assurera sans difficulté la partie rythmique des morceaux tandis que du côté de la voix, il n’aura pas grand mal à se montrer convaincant auprès d’un public qui apprécie et qui le montre clairement !

Un détour par l’espace restauration pour y satisfaire un besoin légitime et deviser avec tous les amis présents et déjà nous voilà de retour, non sans mal compte tenu de la foule qui se presse, devant la scène où Boney Fields et ses Bone’s nous préparent un tour pendable ! On lui avait pourtant dit à Boney que mettre le feu au public était un exercice dangereux mais rien à faire, l’homme au costume rouge et au bibi assorti n’en fait comme toujours qu’à sa tête et c’est à grands coups de trompette et à grand renfort de sa voix qu’il va ce soir encore jouer les incendiaires devant un parterre qui s’étend à perte de vue … De quoi se faire plaisir tout en en donnant !

De plaisir il sera donc question, mais comment peut il en être autrement quand on a face à soi un groupe aussi pointu, aussi soudé, aussi techniquement et artistiquement au top que The Bone’s Project ? Irrésistible et implacable dans ses fondation rythmiques, dévastateur au niveau de ses parties de guitares et de claviers, séducteur avec ses cuivres plein de jus, le band nous transporte du côté de la soul et du funk et il plane sur la scène des accents qui font forcément penser aux très grands du genre, à Maceo Parker bien évidemment mais aussi plus encore à James Brown dont Boney sait très intelligemment utiliser l’héritage. 

Rodé depuis un bon moment, le set coule avec une fluidité impressionnante, chacun trouvant instantanément ses marques mais se montrant également capable de faire preuve de beaucoup de feeling et même à l’occasion d’apporter une pointe d’improvisation à une grosse mécanique bien huilée qui n’en ressort que plus efficace ! Si Boney Fields n’a inventé ni la soul, ni le funk, ni le blues, au moins a t’il découvert la recette parfaite pour les associer et offrir au public un show énergisant et fédérateur, un show tellement apprécié par le public de Nantes qu’il faudra bien se résoudre à déborder de l’horaire et à en reprendre deux fois pour le plus grand bonheur d’une équipe technique massée sur le bord de la scène pour y goûter elle aussi à quelques bons moments qu’elle a contribué à apporter et fignolant un son aux petits oignons, comme toujours ici diront les habitués …

Suit une longue série d’autographes et de congratulations, tant et si bien qu’Archie Shepp qui joue au loin devient carrément inaccessible puisque le public s’est installé devant mais aussi autour de la Scène Nautique Ceineray qui comme son nom l’indique en partie est posée telle un nénuphar au beau milieu de l’eau … Tant pis pour nous, il faudra donc se contenter de quelques notes prises au loin, au beau milieu du brouhaha des badauds et des flonflons de la fête … C’est aussi ça les Rendez-Vous de l’Erdre !

Dimanche 4 septembre 2011 

C’est sous une pluie battante que Nantes se réveille ce matin mais fort heureusement, l’océan se décidera à déboucher le ciel sur les coups de 10 heures 30, juste à temps pour nous permettre d’aller flâner dans les rues et les ruelles de la ville en attendant l’heure du Brunch Blues au Canotier … En arpentant les allées de l’Ile de Versailles, on découvre même les jeunes des Classes de Jazz réunis en Big Band pour le soundcheck de leur concert du jour ! De quoi se mettre en forme en découvrant un mélange surprenant de jazz et de hip hop servi pour quelques titres à un public de badauds séduit !

Alex de Vree nous ouvre ensuite grand les bras pour une prestation enlevée durant laquelle ses guitares vont nous emmener sur les pas de Robert Johnson et des grands bluesmen du delta mais aussi vers ses propres compositions. Grand vainqueur du Tremplin 2010, Alex aura cette année été mis grandement à contribution pour une douzaine de spectacles lors du festival et si la fatigue se fait légitimement sentir, on apprécie quand même son jeu racé et sa clairvoyance blues impressionnante. Un bel artiste que l’on se plaira à retrouver en fin de soirée sur la Scène Blues !

L’heure est maintenant à la suite du Tremplin Blues 2011 et c’est avec un poil de retard que l’on accueille les Smokin’ Dynamite, quartet du Maine et Loire emmené par l’harmoniciste et chanteur Maurice Moitel. On comprend de suite que le groupe a du métier et ça se confirme avec la présence en son sein de membres de Quart de Bleu qui avait déjà en son temps fait les belles heures de différents tremplins, salles et festivals. Parti dans un show pointu et réglé au millimètre près, les Smokin’ Dynamite n’auront pas grand mal à faire venir le public à eux et si le début du concert se montrera un peu clairsemé coté rue, heure de la sieste dominicale oblige, c’est à grand renfort de son blues soigné et de sa guitare aiguisée que le groupe finira par réveiller une assistance comblée d’aise par la qualité de son jeu et de son feeling. La journée pouvait elle mieux commencer ?

On poursuit très vite avec le blues agricole des Mojo Machine et c’est avec un certain talent que ces six artistes du Morbihan vont venir nous reconduire vers les bords du Mississippi à grand renfort de leur musique dynamique et musclée. Portés par l’harmonica inventif de Gurvan Leray, le Mojo ne va pas mettre grand temps à fonctionner à merveille pour le plus grand bonheur d’une assistance aussi nombreuse qu’attentive ! La guitare rythmique se teinte de temps à autres de slide, la lead n’en finit plus de produire de belles étincelles et si du côté de la batterie on a tendance à cogner parfois un peu trop fort, il n’en reste pas moins que la cohésion est irréprochable et que Brice Pascault n’a plus qu’à poser sa voix sur un tapis blues bien dense et bien accueillant d’où les standards jaillissent avec un réel bonheur. Faire parler la poudre juste après les Smokin’ Dynamite, il fallait avoir le talent et le culot des Mojo Machine pour y parvenir et ce fut fait cet après midi avec beaucoup de brio !

Dernier concurrent du Tremplin des RDV de l’Erdre, Blues Bound va très vite se faire remarquer grâce à la voix unique et colorée de son guitariste Mathieu Pesqué et à l’harmonica plein d’étincelles de son acolyte Roll Pignault ! Les deux garçons ont de la pratique mais ce n’est pas un hasard puisque nous les retrouvions déjà il y a quelques semaines au FestiBlues International de Montréal ou même au Buis Blues Festival ! Radicalement séduisant, Blues Bound ne va pas mettre plus d’un morceau à convaincre une assistance venue en nombre et c’est en usant de son talent naturel que le duo embrase littéralement les bords de l’Erdre, le discret Mathieu se voyant admirablement secondé par le charismatique Roll et la réunion des deux produisant un résultat parfois un peu plus folk que blues mais tellement séduisant que l’on craque à coup sur ! Le public ne s’y trompe pas, acclamant les deux complices tant et si bien que l’on se dit qu’il a bien envie de les retrouver l’an prochain pour un set plus conséquent que la cinquantaine de minutes qui lui a été accordée ce soir …

L’heure est à la délibération et le choix du jury est rapidement fait, les notes de chacun récompensant à l’arrivée et dans l’ordre Blues Bound qui gagne son ticket d’entrée pour l’édition 2012 des RDV de l’Erdre, Smoking Dynamite qui enregistrera une démo dans des conditions professionnelles et enfin Mojo Machine qui récolte les bons d’achats du partenaire Fnac ! Au rayon des prix additionnels, Blues Bound décrochera également le gros lot avec des programmations au Blues Fest’ de Nantes, à Cognac Blues Passions, au Luberon Jazz Festival et au Oudon Blues Festival tandis que Mojo Machine s’en ira jouer au Léon’s Blues Festival et que Smokin’ Dynamite qui récolte au passage le prix spécial France Blues se voit également programmé à l’Europa Jazz Festival du Mans …

La moisson étant faite, c’est à Alex de Vree que revient l’honneur de clôturer le bal sur une Scène Blues toute émoustillée qui s’apprête à faire la fête au guitariste et chanteur mais également à son acolyte Thomas Troussier invité à poser ses harmonicas sur un concert très attendu ! Difficile de résister au charisme et au talent des deux hommes qui vont donner le meilleur d’eux-mêmes durant quatre vingt dix minutes dédiées aux grands classiques du blues mais aussi à des choses bien plus personnelles et tout aussi intéressantes. Passé dans la cour des grands depuis sa victoire largement méritée en 2011, Alex de Vree est indiscutablement devenu un des artistes dont la jeune scène blues acoustique avait besoin pour se redynamiser et c’est en associant un jeu précis à une voix attachante et à une présence forte que le musicien mais aussi son compagnon de jeu du jour vont ce soir faire résonner les accords montés du delta jusque vers Chicago sur les bords d’une Erdre qui n’en espérait pas moins pour achever ses vacances estivales !

Quelques gouttes se font encore sentir, signe que l’heure de la rentrée des classes n’est pas loin … Le temps de quelques ultimes agapes et d’un salut appuyé aux amis du jury mais aussi et surtout de l’organisation et voilà déjà arrive le moment de quitter les RDV de l’Erdre. Le temps est venu de passer aux remerciements et on pensera forcément à toute l’Association Culturelle de l’Eté et à son Président Philippe Audic qui nous a un temps honoré de sa présence autour de la scène, on n’oubliera pas non plus Armand Meignan qui fait un superbe travail de programmation, on remerciera aussi et surtout les chevilles ouvrières de la Scène Blues et tout particulièrement Pitch qui, accompagnée de ses techniciens et de quelques bénévoles, accomplit des prouesses à chaque instant, et avec le sourire en plus ! Une édition 2011 commencée autour d’un plateau d’huitres et achevée autour de moules marinières recyclables et consignées ne pourra de toute façon qu’être mémorable ! Comme toutes les précédentes d’ailleurs …

Fred Delforge – septembre 2011