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FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL (QUEBEC) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 15 août 2011
 

FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL
PARC AHUNTSIC – MONTREAL (QUEBEC)
DU 10 AU 14 AOUT 2011

http://www.festiblues.com  

Mardi 9 août 2011 : en attendant le coup d’envoi officiel …

Le FestiBlues International de Montréal est sans le moindre doute un des festivals les plus attachants au monde, d’une part parce que l’on s’y sent au moins aussi bien que chez soi tant l’accueil est impeccable et d’une autre part parce que c’est dans un écrin de verdure qu’il se déroule, la colline du Parc Ahuntsic faisant office de gradin naturel face aux deux grandes scènes appelées à recevoir les multiples concerts des cinq soirées que durera l’évènement … La pelouse bien verte et immaculée s’est petit à petit vue constellée de tentes, de praticables, de matériel audio et vidéo, mais cela ne semble en rien déranger les écureuils familiers des lieux qui continuent de cheminer bon an mal an au beau milieu des techniciens et des bénévoles qui s’affairent pour que tout soit prêt pour la première grande soirée de demain !

C’est dans le parc pour mieux mettre l’accent sur ses dimensions environnementales, durables et responsables que l’équipe du FestiBlues accueille ce soir la presse et les officiels pour une conférence qui rappellera à chacun la programmation de cette quatorzième édition une fois encore placée sous le signe de la France puisque fort de ses partenariats avec Blues sur Seine et France Blues, le festival accueillera cette année trois formations de l’hexagone. C’est d’ailleurs avec une d’entre elles, Bobby & Sue, qui avait remporté le Prix Spécial FestiBlues – Office Franco-Québécois pour la Jeunesse au dernier Tremplin Blues sur Seine, que la soirée commencera en musique pour le plus grand plaisir d’une foule d’invités où l’on reconnaît Isabelle Boulay, Bobby Bazini, Guy Bélanger, Bernard Adamus et tant d’autres encore qui contribueront dans les jours qui viennent à écrire une des belles pages du festival … 

Présentée par Stéphane Eid, la soirée sera ponctuée de convivialité et d’humour, les discours rapides ne manquant pas de remercier les multiples partenaires et commanditaires avec même une petite touche artistique puisque le maître de cérémonie finira par chanter en blues et accompagné par Bobby à la guitare le nom des divers protagonistes participant à l’événement. Un grand moment fort apprécié par tous les convives et par Madame Lisette Lapointe, députée de Crémazie présente ce soir encore dans le parc. 

Le temps de faire une photo de famille, de répondre aux questions des journalistes, de saluer les amis que l’on retrouve ici chaque année et de profiter du mini concert de Bobby & Sue et il faudra bientôt se résoudre à aller prendre un peu de repos en prévision d’une première journée de festival qui s’annonce intense puisque le premier groupe du FestiBlues 2011 jouera ses premières notes demain dès 18 heures. Voilà une nouvelle édition qui s’annonce particulièrement intéressante et riche en surprises puisque cette année encore, le festival nous a réservé quelques belles surprises et innovations !

Mercredi 10 août 2011 : Orage … mais pas désespoir !

C’est un soleil timide qui se lève au milieu des nuages du Nord de Montréal mais très vite le choix de se mettre au beau fixe est pris et c’est toutes lunettes de soleil dehors que les premiers artistes arrivent dans le Parc Ahuntsic pour y prendre le pouls d’une nouvelle édition que l’on souhaite belle et festive ! Premiers derrière les scènes, Mathieu Pesqué et Roll Pignault seront très vite rejoints par l’équipe de Bernard Adamus puis par celle de Bobby Bazini, chacun s’attachant à tour de rôle à céder aux obligations du soundcheck devant le regard des curieux déjà venus se repaitre de musique en général et de blues en particulier … 

Les balances presque achevées, c’est un gros nuage menaçant qui s’installe au dessus du Parc à seulement deux heures du coup d’envoi tant et si bien que c’est sous l’orage et sans le moindre spectateur que les frenchys de Blues Bound, Mathieu et Roll, essuieront les plâtres, réussissant toutefois à faire cesser la pluie et à faire venir un, puis deux et bientôt une vingtaine voire une centaine de spectateurs qui ne regretteront ni les arpèges, ni le jeu de slide, ni la voix, ni l’harmonica d’une paire d’artistes qui nous régalera d’un « Last Faire Deal Gone Down » ou d’un « Nobody’s Fault But Mine » mais aussi de quelques compos qui n’ont pas à rougir quand elles subissent la comparaison avec ces modèles du genre. Emballés, ceux qui auront osé braver les éléments comme Madame Christine St-Pierre, Ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, pour assister à ce premier concert de FestiBlues ne le regretteront pas ! 

Si le ciel est gris plus que foncé, il ne pleut plus quand Pamela s’installe sur la scène Loto Québec pour nous y proposer un show où le blues est pris dans un de ses sens les moins évidents à comprendre et nous servir des covers qui vont même piocher du côté de Francis Cabrel. Si les oreilles sont plutôt soumises à quelques interrogations sur la teneur blues du concept, les yeux ne sont jamais déçus par la plastique avantageuse d’une chanteuse qui non seulement a du charme mais qui en prime sait en user pour se mettre un parterre de fans dans la main. Le Parc Ahuntsic qui commence à accueillir de plus en plus de spectateurs ne vivra pas là le show le plus blues de l’année mais saura se montrer accueillant et réceptif au charisme de l’artiste …

S’il y en a un autre qui sait se montrer doué pour séduire les foules, c’est bien de Bernard Adamus dont il s’agit et cet ovni découvert ici même dans le cadre du concours Relève en Blues en 2009 n’a pas manqué de se faire un nom et une réputation depuis le temps, remportant tout sur son passage et s’adjugeant même dernièrement un fameux « Félix », le Prix Félix Leclerc de la Chanson, récompense suprême québécoise qui ouvrira à l’artiste les portes des Francofolies de La Rochelle en 2012 ! Pour l’heure, Adamus et son band sont concentrés sur un spectacle aussi détaché dans l’esprit que professionnel dans la réalisation et si l’on a l’impression de naviguer dans un joyeux foutoir à travers les « Cauchemar de course », « Question à 100 Piasses », « Cimetière » et autres « Rue Ontario », chaque chanson que nous proposent ces six artistes partagés entre guitare, banjo, trombone, contrebasse, chœurs et drums artisanales est habilement arrangée et interprétée dans une sorte de perfection très personnelle. La foule installée devant la scène Simplex ne s’y trompe pas et applaudit autant les chansons du premier album du combo québécois que les nouveaux titres que l’on retrouvera bientôt sur un prochain effort. Le niveau est encore monté d’un cran et la fin de soirée s’annonce torride !

Retour sur la scène Loto Québec pour y découvrir un jeune phénomène de seulement 21 ans qui avec sa voix délicatement éraillée et son talent d’entertainer n’a pas fini de faire bouger les foules ! Accompagné d’un groupe solide et précis, Bobby Bazini n’a aucun mal à mettre ses chansons en valeur et c’est allègrement qu’il pioche dans les standards pour y emprunter des morceaux comme « That’s Allright Mama » qu’il viendra intercaler au beau milieu de ses propres titres comme le très apprécié « I Wonder » que la foule lui réclame dès le début du concert mais qu’il faudra attendre presque jusqu’à la fin ! Le ton passe du blues au folk et de la pop au jazz mais le public est prêt à tout pour se régaler de la voix de Bobby Bazini et c’est en nous offrant des belles parties de pedal steel guitar mais aussi d’orgue Hammond que le band et son frontman vont nous emmener jusque vers 23 heures avec un rappel où Bazini nous interprètera entre autres en solo et en acoustique un « Down On My Knees » et en formation complète un superbe « Thrill Is Gone » qui finira de laisser éclater tout son talent !

Le Parc Ahuntsic se vide tranquillement et l’on part directement vers la Maison de la Culture pour y retrouver Bob Bisonnette, ancien joueur de hockey professionnel reconverti dans la musique qui a réussi à se refaire un nom en proposant ses propres chansons pleines d’humour en langue française sur un thème où il est généralement question de sport ! Créé autour d’un rituel durant lequel le groupe débute en jouant l’hymne national et ponctue chacun de ses morceaux en scandant un vibrant « gorgée » et en engloutissant une partie non négligeable d’une canette de bière, le show tourne agréablement bluesy et rock et laisse entrevoir un humour très personnel qui passe plutôt bien dans une assistance jeune et totalement vouée à un artiste venu de Québec et à ses « Hockey dans rue », « Enwouye donc » et autres « Mettre du tape su’ ma palette » … A mi-chemin entre le grand Plume Latraverse et Bernard Adamus, Bob Bissonnette a su trouver son propre style et le cultive tout en offrant à son public de grandes soirées pleines de belles notes et surtout de convivialité ! 

Il est déjà tard et si on regrettera forcément d’avoir manqué Jim Zeller qui jouait ce soir au Bar St Hubert, on se félicitera tout de même d’une belle soirée pourtant débutée sous la pluie qui aura su slalomer entre les nuages et les gouttes pour devenir à l’arrivée bien plus qu’acceptable … On croise les doigts pour que ça dure !

Jeudi 11 août 2011 : un vent frais mais sec souffle sur Montréal …

Si le soleil a une fois encore du mal à se lever ce matin, on ne se plaindra pas trop de son absence pour le reste d’une journée dédiée naturellement aux divers soundcheck et autres rencontres ou retrouvailles sur le site ! De quoi prendre un avant gout des spectacles du soir mais aussi et surtout d’aller découvrir dans l’espace activité jeunesse une initiative intéressante destinée à présenter l’histoire du blues mais aussi ses instruments aux élèves de primaire et de secondaire. Piloté par le bassiste Pierre Lamontagne et la chanteuse Barbara Diab, tous deux professeurs, le projet baptisé les Jean-Paul Jaunes se fait accompagner par un jeune guitariste virtuose de douze ans, Ben, et nous emmène au travers de quelques chansons du côté des rives du Mississippi pour nous offrir sur un plateau une trentaine de minutes instructives peuplées de « Pick A Ball Of Cotton », « That’s Allright Mama » et autres « Sweet Home Chicago ». Une belle et généreuse idée ! 

Le temps de céder aux annonces de soirée et à la présentation de l’événement du jour commandité par le Collège Ahuntsic et nous voilà déjà face au premier groupe du concours Relève en Blues / Air Transat, Greenwood, un quartet très électrique qui nous sert ses propres compositions sur un ton explosif et débridé comme on en voit souvent chez les grands groupes de rock ! Une paire de guitaristes sur une section rythmique de choc, des soli de guitare à n’en plus finir et même des gimmicks inédits qui attirent autant l’œil que l’oreille … Assurément ce groupe a mérité l’accueil chaleureux que le public lui a aujourd’hui réservé !

On quitte la scène Loto Québec pour la scène Simplex où nous attend le grand gagnant de la Relève 2010, Patrick Lehman, dans une formation un peu plus étoffée puisqu’il est accompagné d’une choriste et dans un concept pour lequel ses compositions sont mélangées avec diverses reprises dans lesquelles la pop et le funk trouvent une place de choix pour le plus grand plaisir d’une foule compacte qui se presse devant lui. C’est un show plaisant et rafraichissant que nous livrera ce soir le groupe, démontrant par l’exemple tout le talent qu’il avait lorsqu’il a été choisi par le jury québécois l’an passé et tous les progrès encore réalisés depuis ! De quoi réchauffer convenablement le public qui avec la tombée de la nuit et le vent frais qui souffle a sorti les vestes …

On reste sur la scène Simplex pour y accueillir Jamil dans un show inhabituel puisqu’il nous offre ce soir son concept Blues Attempt dans lequel il revisite avec sa voix riche et chaude et en compagnie d’une grosse section de cuivres tous les grands standards du blues et du rock pour le plus grand plaisir d’un public qui vibre à l’unisson des « Got My Mojo Working » et autres « Mustang Sally » qui inondent le parc ! En véritable showman, Jamil construit son set comme un vrai spectacle et ajoute un côté visuel fort pour mieux convaincre, se faisant maître de cérémonie plus que chanteur et s’offrant même un côté prédicateur avec sa canne à pommeau, son chapeau noir et ses lunettes fumées ! Musicalement irréprochable, le concert du soir nous réservera même une chanson en Français pleine d‘humour, sans doute pour inviter le public à retrouver Jamil dans sa formule Blues Interdit sur les coups de minuit à la Maison de la CultureAhuntsic-Cartierville … Sur que le ton y sera plus grivois, plus débridé que pour l’heure où dans le parc et devant un public familial, Jamil Blues Attempt se veut plus politiquement correct !

Il est l’heure de retrouver la scène Loto Québec où les jeunes du Collège Ahuntsic envoient ballons et t-shirts dans le public pour le mettre en condition en attendant la vedette de la soirée, la rockeuse Marjo qui à force de grosses guitares et de chansons endiablées va finir définitivement de réchauffer une assistance qui lui est toute acquise. Véritable phénomène de la scène québécoise, Marjo dispose d’un répertoire pour le moins conséquent et c’est en le revisitant de fort belle manière qu’elle nous emmènera jusque dans sa période blues avec quelques-uns de ses standards mais aussi avec des adaptations bien senties de ceux des autres ! Portée par un groupe où l’on croise une partie du gratin de la scène nationale, c’est une Marjo athlétique qui n’en finira plus d’arpenter la scène de long en large et d’haranguer la foule de sa voix délicieusement cassée durant un spectacle où le Français se mélangera à l’Anglais et où un superbe intermède acoustique installera une certaine intimité entre le groupe rassemblé sur le devant de la scène et le public … Pendant près de deux heures, le Parc Ahuntsic bien compact, peut être pour se tenir chaud, vibrera à l’unisson d’une artiste très appréciée qui saura une fois de plus mettre l’assistance de son côté et l’emmener exactement là où elle le veut ! 

Le poids de la journée commence à se faire sentir mais il serait indécent de ne pas passer un peu de temps à la Maison de la Culture, au moins pour y découvrir The Bluesy Teachers, une formation composée d’enseignants amoureux du blues qui ont choisi de mettre leur passion au service des autres et tout particulièrement des jeunes autistes en organisant des concerts caritatifs ! A force de chansons pleines de vie, d’humour et de notes bleues, The Bluesy Teachers n’auront aucun mal ce soir à mettre la salle en condition jusqu’à ce que Jamil Blues Interdit ne vienne prendre le relais en toute fin de soirée tandis que les divers concerts dans les bars de la ville tournent à plein régime avec Hot Tamales Blues Band, CAB, Greenwood et même une jam session avec Dentelle Blues … 

Encore une soirée de FestiBlues haute en couleurs et riche en rebondissements comme le festival sait si bien nous en proposer, et le tout sans la moindre goutte de pluie ! Que demander de plus pour seulement sept dollars canadiens par jour ou dix huit dollars les cinq soirées ?

Vendredi 12 août 2011 : la joie de retrouver un Parc Ahuntsic bien rempli !

Il y a des jours comme ça où tout s’annonce pour le mieux dans le meilleur des mondes et aujourd’hui semble être un de ceux-là puisque le temps est au beau fixe et que la programmation du soir nous assure une fréquentation record … Alors quand on voit en prime débarquer les Beeps dans le parc sur les coups de midi, on se dit que rien ne pourra désormais entacher la bonne humeur du moment et l’envie de faire la fête ! Le temps de leur faire visiter le haut de la butte et d’assister aux premiers soundcheck et il sera bientôt temps de filer chez Mike’s sur Lajeunesse pour y retrouver le guitariste JD Slim dans un répertoire électro-acoustique où il excelle en solo pour un show sur lequel plane l’ombre d’Eric Clapton. Une bonne entrée en matière avant l’ouverture officielle des portes de cette troisième grosse journée de FestiBlues.

Un arrêt alimentaire par les tentes du festival et il faut déjà rejoindre la scène Loto Québec où le deuxième finaliste du Concours Relève en Blues / Air Transat va bientôt se produire en guise d’apéritif de la soirée. Les Blue Boots sont quatre en ont respecté la mixité puisque l’on y croise deux femmes et deux hommes qui nous emmènent dans un show très construit qui ne manque jamais de rappeler les prestations de Janis Joplin et qui s’achèvera même sur une adaptation très enlevée de « Piece Of My Heart ». Construit autour d’une base solide qui a déjà fait ses preuves entre autres au sein du Blues Berry Jam, les Blues Boots n’ont eu aucun mal à séduire l’assistance avec leur prestation à la fois très riche et très variée durant laquelle la chanteuse Nancy Desmarais a démontré à quel point elle était à son aise dans divers registres. La cuvée 2011 du concours Relève en Blues / Air Transat s’annonce particulièrement relevée ! 

Direction la scène Simplex pour y retrouver Blues Power Band et son set explosif avec lequel le groupe ne manquera pas de se faire remarquer auprès d’un public qui les découvre ce soir et qui peut apprécier non seulement les anciens titres du groupe mais aussi quelques nouveaux à paraître sur un prochain album ! La paire de guitariste n’en finit plus de faire des étincelles avec Paco chaussé Telecaster et Pappygratteux armé Lucille et le reste du band se montre tout autant à son aise avec un son qui le met plutôt bien en valeur, puissant mais pas agressif ! Le volet musical séduit sans le moindre mal un public rompu à un blues qui au Québec est souvent très teinté de rock et le visuel très travaillé du groupe finit d’asseoir un début de réputation auprès d’une assistance qui ne manquera pas de se rendre à la tente souvenirs pour y dévaliser le sextet de ses albums et ainsi pouvoir reprendre à la maison une autre grosse dose de « Tchoga Zambil », « Shoot Shoot Don’t Talk », « Below » et autres « Somebody ». On a eu droit ce soir à du très grand Blues Power Band ! 

Succéder aux Beeps ne sera pas chose facile mais on peut compter sur tout le talent de Michael Dozier pour faire planer sur le Parc Ahuntsic l’ombre de Ray Charles à qui il rend un vibrant hommage en compagnie de son band rompu aux standards du pianiste ! Rien ne manque, ni la qualité des interprétations, ni le versant visuel poussé à l’extrême puisque c’est en entrant entièrement dans le rôle de son idole que l’artiste régalera la foule de titres impérissables comme « Hallelujah I Love Her So », « Unchain My Heart », « What’d I Say » et bien entendu « Georgia ». Une triplette de choristes efficace, une section de cuivres bien en place, un accompagnement de choix pour soutenir le piano du maître mais aussi sa voix puissante et colorée, assurément il ne manquait rien pour que le show de ce soir donné dans un parc qui n’en finit plus de se remplir soit une très grande réussite !

La foule dans le Parc Ahuntsic est maintenant impressionnante mais les organisateurs n’en attendaient pas moins en invitant Roch Voisine ! Arrivé aujourd’hui avec son show « Americana », le chanteur qui a assis son succès international avec des titres comme « Hélène » s’en tiendra ce soir à un répertoire taillé sur mesure pour régaler les amateurs de blues, de folk et de country avec pour enfoncer le clou des relectures très personnelles de standards du genre interprétées pour partie en Anglais, pour partie en Français ! Parti de « That’s How I Got To Memphis / Sur la route de Memphis » pour s’en aller jusqu’à « Johnny B Goode », Roch Voisine et son band où l’on reconnaîtra le guitariste Régent Lachance qui a longtemps accompagné Johnny Hallyday nous emmèneront dans des versions aux accents crooner de « Take Me Home Country Road », « Heart Of Gold » ou encore « If I Were A Carpenter / Si j’étais un charpentier ». Séduite dès les premières mesures d’un show très construit et très attractif, l’assistance accompagnera mot pour mot chacune des chansons que Roch Voisine interprètera ce soir, se faisant choriste de luxe d’un artiste au charme immuable, même après un quart de siècle de carrière ! 

Le Parc Ahuntsic se vide en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et en cheminant au milieu du public on perçoit la satisfaction d’avoir passé une bonne soirée à moindre coût. S’il y en aura toujours un ou deux pour venir se plaindre que la programmation n’était pas véritablement dédiée au blues pur et dur, on se félicitera toutefois d’avoir pu se régaler de diverses couleurs musicales qui chacune à sa manière contribuent à l’esprit du blues. N’est pas là le principal ? Promenade Fleury qui commanditait l’événement aujourd’hui l’avait pour sa part bien compris et avait même envoyé Fleurimon pour distraire les spectateurs en attendant le début des shows !

Il ne reste plus qu’à traverser la Rue Lajeunesse pour se rendre à la Maison de la Culture Ahuntsic Cartierville et y découvrir Alex Nevsky qui y présente ce soir deux sets dans lesquels il interprètera bien évidemment les chansons de son dernier album. Charmeur et poète, l’artiste s’amuse autant avec les mots qu’avec les mélodies et offrira à l’assistance malheureusement un peu trop clairsemée au début du concert sur les coups de 23 heures un agréable moment durant lequel les sonorités modernes et vintage se télescoperont avec une réelle habileté.

Difficile de renoncer à l’appel d’Andrée Dupré er Jean Millaire qui se produisent au St Hub voisin et c’est dans une salle bondée de badauds que l’on retrouve le duo. Des conditions peu propices à l’écoute d’une prestation pourtant de grande qualité durant laquelle la chanteuse et le guitariste s’adonneront à de multiples facéties devant une assistance qui profite autant de la conversation des voisins que du spectacle par lui-même ! Il en restera toutefois de bons souvenirs, essentiellement pour ceux qui placés au plus proche des artistes ont pu pleinement se régaler du talent de ces Bonnie and Clyde du blues québécois. Les retrouver en salle en novembre prochain à Blues-sur-Seine sera indiscutablement un plaisir !

La fatigue de trois jours de festival se faisant désormais sentir, c’est sans trop se faire prier que chacun ira bientôt récupérer en prévision de deux journée qui s’annoncent elles aussi plus que prometteuses …

Samedi 13 août 2011 : sous le soleil exactement ! 

On nous annonçait ce matin de faibles risques de pluie, c’est sous un soleil radieux que nous avons retrouvé un Parc Ahuntsic tout ragaillardi de la belle soirée de la veille et prêt pour une suite qui ne s’annonce pas moins populaire ! L’heure est au soundcheck côté artistes et côté techniciens, on profite du peu de bon temps qu’il reste avant le grand rush pour satisfaire à un besoin légitime de fraîcheur et de jeux d’eaux en dévalant la colline sur un toboggan improvisé. De quoi passer un bon moment et assurer un petit challenge entre les habitués bien décidés à aller le plus loin possible !

C’est à l’heure dite que les premières notes des 24th Street Wailers vont retentir et pour cette troisième et dernière formation finaliste du Concours Relève en Blues / Air Transat, on retrouve une fois encore la mixité avec une égalité parfaite entre les femmes au chant/batterie et à la guitare et les hommes au saxophone et à la basse. Original dans sa conception, le quartet venu d’Ontario va nous emmener non sans quelques anicroches dans son blues plein de nuances et nous gratifier de quelques gimmicks pas forcément très inédits mais toujours très appréciés par un public dans lequel des fans se pressent pour encourager leurs chouchous ! L’heure viendra ensuite pour le jury d’aller délibérer pour parvenir à annoncer demain qui des trois groupes sera la grand gagnant du concours 2011 et s’en ira jouer en France à Blues-sur-Seine en novembre prochain …

Pendant Français du Concours Relève en Blues / Air Transat, le dernier Tremplin Blues sur Seine avait récompensé Bobby & Sue du Prix OFQJ / FestiBlues International de Montréal et c’est donc dans ce cadre que le duo originaire de Douarnenez en Bretagne va investir la scène Simplex pour une heure de belles notes durant lesquelles Bobby fera résonner ses guitares mais aussi son piano tandis que Sue régalera une assistance plus que correcte de sa voix riche et délicate. Un départ un peu jazzy pour mettre toute le monde dans le ton, une montée en puissance progressive pour passer dans le blues et un final digne des meilleurs, les deux artistes n’auront pas manqué ce soir de nous en mettre plein la vue avec une alternance très judicieusement choisie de compositions et de standards. Nul doute que ceux qui étaient venus en curieux en auront eu bien plus que pour leur compte !

On reste sur la scène Simplex pour y accueillir l’Anglaise Joanne Shaw-Taylor et tout de suite le ton monte d’un cran pour une prestation explosive très blues rock emmenée par la guitariste et chanteuse plutôt bien accompagnée par Paul Lamb à la basse et Layla Hall à la batterie. Il était sans doute écrit quelque part que ce quatorzième FestiBlues ferait la part belle aux batteuses et pour l’heure, celle qui est installée derrière les toms ne manque ni ne justesse, ni de punch, emmenant tel un métronome son prolixe complice rythmique vers de très hauts sommets qui ne seront qu’à peine entachés par la corde que Joanne Shaw-Taylor cassera en tout début de set. Séduit, le public vibre sous les coups de boutoir que lui assène le power trio et en redemande à chaque fois, réservant le meilleur accueil à une artiste qui est considérée comme une des plus belles valeurs sures britanniques grâce à un chant efficace et surtout à un jeu de guitare puissant et inspiré ! 

Le temps de traverser l’espace VIP pour se rendre vers la Scène Loto Québec et on retrouve pour la fin de cette soirée commanditée par la Caisse Populaire Desjardins Ahuntsic Bordeaux Cartierville St Laurent ceux qui séduisent jeunes et moins jeunes, Les Trois Accords, un quartet dont la musique est au blues ce que la musique classique est au hard rock : une exception ! Auteurs et compositeurs poussant l’humour et le second degré de leurs créations jusqu’au-delà des limites de l’absurde, les quatre musiciens vont ce soir donner du bon temps à une foule compacte qui répond à l’unisson à leurs invectives en reprenant en chœur des chansons déjà devenues célèbres comme « Dans mon corps » et « Elle s’appelait Serge » issues de leur dernier opus en date ou encore « Saskatchewan » et « Tout nu sur la plage » tirées des précédents. Si l’humour des Trois Accords est souvent un peu gras voire par moments carrément graveleux, il n’en reste pas moins que le message passe entre une assistance réceptive et un groupe qui met de façon inversement proportionnelle plus de sérieux dans son positionnement et dans son jeu que dans la teneur même de ses morceaux. Salué par un rappel, le groupe de Drummondville finira par libérer le parc avec un peu d’avance sur l’horaire prévu et permettra ainsi aux festivaliers d’aller poursuivre la soirée dans les bars où les concerts ne manquent pas ! 

Il est l’heure pour nous de rejoindre la Maison de la Culture où nous attend une soirée 100% française avec pour commencer Bobby & Sue qui assurent leur deuxième set de la journée dans une atmosphère plus intimiste et plus chaleureuse, même si en plein air ils avaient cet après-midi fort bien donné le change. Le public, nombreux et captivé, pourra ainsi profiter pleinement d’une grosse heure de spectacle pleine d’idée et d’inspiration, un concert qui sera salué par une standing ovation des plus spontanées et surtout des plus méritées ! Voilà un groupe qui a su marquer les esprits et si l’on en croit les très bons échos venus des autres festivals où ils se sont produits durant la semaine, la qualité de la musique de Bobby & Sue est accompagnée d’une très belle régularité. On appelle ça avoir du talent ! 

Du talent, Blues Power Band n’en manque pas non plus et s’il est plus de minuit quand ils succèdent à leurs compatriotes, les Beeps n’en affichent pas moins une forme olympique qui va leur permettre de casser la baraque dans une Maison de la Culture qui n’a rien perdu de son contenu et qui a même gagné en public avec l’arrivée de l’équipe technique du festival. En bons incendiaires, Régis et Paco vont allumer la salle à grands coups de riffs et de soli ravageurs tandis qu’à leurs côtés, leur quatre complices vont faire un fort bon travail et les accompagner des anciens titres jusqu’aux nouveaux à paraître début 2012. Un coup de « Below » pour bien montrer qui fait la loi ce soir ici, des enchaînements précis, un frontman très en verve et un énorme « Somebody » en fin de set permettront à Blues Power Band d’avoir également droit à sa standing ovation et c’est sur un bon gros blues servi en rappel que la soirée s’achèvera à plus d’heure …

FestiBlues 2011 vient de vivre son avant dernière journée et si les traits sont tirés du côté des organisateurs et des bénévoles, les sourires et la bonne humeur sont encore et toujours de rigueur, même si certains ont hâte de pouvoir enfin prendre un peu de repos. Demain sera un autre jour et pour que la fête soit encore plus belle, il devrait faire beau et chaud !

Dimanche 14 août 2011 : la pluie … juste à temps !

De retour dans le parc pour une dernière journée de festival, on ne peut que se montrer inquiet en regardant le ciel menaçant et en constatant que la chaleur humide nous promet à un moment ou à un autre de la journée un orage … Pas de quoi se priver du bouquet final mais quand même, l’accessoire à la mode aujourd’hui est le parapluie et force est de constater que dans le genre, il y en a de fameux ici ! Le programme du jour est plutôt simple donc, soundcheck à gogo, rencontres et photo de famille de l’équipe avant le début de la soirée à 18 heures … le tout avec un œil régulièrement porté sur les prévisions météo !

C’est le concept Jeunes en Blues qui ouvre les festivités lorsque Barbara Diab et les Jean-Paul Jaunes investissent la scène avec leurs jeunes élèves pour venir nous montrer ce qu’il leur a été permis d’apprendre en six mois de travail avec leur professeur d’Anglais, c’est à dire pas moins de huit chansons retraçant les divers genres de blues en partant de « Pick A Ball Of Cotton » pour aller jusqu’à « Sweet Home Chicago » sans oublier de donner dans la couleur locale avec « Caline de Blues » d’Offenbach et l’indispensable « Bobépine » de Plume Latraverse ! Rejoint sur le final par le jeune guitariste Benjamin Maestri, le groupe sera copieusement applaudi par une assistance ravie de voir que tous les efforts de cette équipe qui respire la bonne humeur et l’envie de bien faire ont porté leurs fruits. Une expérience à renouveler et à pousser encore plus en avant !

L’heure est venue de révéler le nom des gagnants du concours Relève en Blues et c’est traditionnellement Luis Oliva qui se lance dans l’annonce des résultats en venant successivement récompenser Greenwood pour son second accessit, Blue Boots pour sa place de dauphin et The 24th Street Wailers qui sont cette année les grands gagnants de la Relève ! Dans le cadre du jumelage entre FestiBlues et Blues-sur-Seine, ce seront les même 24th Street Wailers qui se rendront en France en novembre grâce au soutien d’Air Transat pour y donner quelques concerts en salles mais aussi dans les bars … Une récompense accueillie avec un réel plaisir par les récipiendaires !

Il nous faut maintenant rejoindre la scène Simplex pour y découvrir Lynda Thale et sa musique aux couleurs orientales dans laquelle se mêlent parfois des sonorités plus celtes … Enfant d’Ahuntisc où elle a résidé en arrivant au Québec, la jeune chanteuse rappellera son plaisir de revenir dans ce qui a été son parc pour y donner un spectacle ponctué de youyous et de danses dans lesquelles son corps ondule de fort belle manière. Si le côté blues de la prestation est encore à démontrer, il n’en reste pas moins que le public a très largement apprécié cette singularité dans la programmation et que les classiques du répertoire traditionnel du Nord de l’Afrique rattrapés par des bribes venues de Tri Yann auront produit un certain effet sur un public visiblement charmé.

On reste en place pour accueillir Anthony Gomes et dès à présent le blues reprend ses droits avec la prestation explosive d’un guitar hero très avantageusement accompagné par un orgue Hammond d’époque ! La guitare très inspirée de l’Américain n’en finit plus de produire des étincelles de bonheur dans les yeux du public et c’est en passant par des titres personnels mais aussi par des covers comme « Purple Haze » où Anthony Gomes multiplie forcément les plans Hendrix ou encore par un « Dust My Broom » formidablement relevé que l’artiste nous régalera une heure durant de ses belles notes et de son jeu racé dans lequel la puissance se fait la meilleure alliée de la délicatesse ! Parfaitement bilingue, le guitariste et chanteur n’oubliera pas que le public québécois cultive la fibre francophone et lui offrira même pour l’occasion une adaptation spéciale en Français d’un titre de son dernier effort en date … Un clin d’œil salué comme il se doit d’un tonnerre d’applaudissements !

En attendant le dernier spectacle dans le parc, les cinq membres fondateurs du FestiBlues International de Montréal se rejoignent pour gravir les marches de la scène Loto Québec afin d’y remercier le public de sa présence mais aussi pour y remettre le Prix Spécial FestiBlues 2011 à Pierre Therrien en remerciement de son engagement sans faille depuis la toute première édition du festival. Une autre grande personnalité ayant compté dans la vie de l’événement se voit ainsi mise à l’honneur de fort belle manière et entre définitivement dans l’histoire de FestiBlues !

Il est temps désormais d’assister à la cérémonie de clôture commanditée par la CDEC Ahuntsic Cartierville et d’accueillir la charmante Isabelle Boulay qui vient nous présenter un show aux vagues accents country pour lequel elle sera accompagnée par un groupe de multi-instrumentistes aguerris dans lequel on reconnaît le guitariste Eric Sauviat mais aussi par trois invités qui se succèderont à ses côtés … Commencé en solo et sur un répertoire personnel, le spectacle évoluera petit à petit en commençant par l’arrivée de l’harmoniciste Guy Bélanger, premier invité d’Isabelle Boulay qui après quelques notes à ses côtés prendra la vedette en interprétant une de ses propres œuvres, « Retour à Berlin », une pièce tirée du film « Gaz Bar Blues » …

Encore quelques grandes œuvres classiques du répertoire populaire québécois comme « La Ballade de Jean Batailleur » ou « Jolie Louise » et c’est en prenant une nouvelle fois du volume que le spectacle accueillera bientôt Steve Marin qui nous offrira à son tour un nouveau titre, « Toujours l’amour », bientôt imité par Michel Rivard qui pour sa part nous interprètera « Confiance ». Très en verve, Isabelle Boulay remerciera autant ses accompagnateurs que son public et nous réservera quelques morceaux de plus avant d’en arriver à un final où tous réunis à ses côtés, ses invités se lanceront dans une dernière chanson fort appréciée puisque c’est un des classique de Michel Rivard, « Schefferville, le dernier train », qui invitera le Parc Ahuntsic à regagner ses foyers avec les toutes premières gouttes d’un orage qui aura eu le bon goût d’attendre la fin de FestiBlues avant de tout tremper … 

On ne saurait se quitter sans une dernière party de clôture et c’est en rejoignant Steve Rowe à la Maison de la Culture que nous profiterons des dernières mesures de ce quatorzième FestiBlues International de Montréal. En l’espace de deux sets, le guitariste nous attirera dans un blues des plus classiques et finira par s’offrir une fort belle jam session en invitant à ses côtés un Anthony Gomes très en forme qui n’aura pas besoin de se forcer pour mettre sa guitare dans celle de son hôte et apporter encore un peu plus de piment à cette fin de soirée où l’on aura l’occasion de croiser une dernière fois toute l’équipe organisatrice du festival.

Le voile vient à peine de tomber sur l’édition 2011 que déjà l’on s’active à penser à la prochaine, la quinzième, signe que la passion est encore et toujours présente chez les cinq fondateurs de ce bel événement qui rassemble chaque année plusieurs dizaines de milliers de spectateurs de tous horizons, de tous âges, de tous milieux et de toutes cultures. C’est aussi ça l’aventure humaine de FestiBlues et c’est pour ça aussi qu’il convient de remercier chacun de ceux qui au quotidien ou plus épisodiquement font que tout se passe terriblement bien … Et comme on dit ici, ils ont tous mérité une bonne main d'applaudissements !

Fred Delforge – août 2011