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ZAGREB INTERNATIONAL BLUES FESTIVAL (CROATIE) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 12 juin 2011
 

ZAGREB INTERNATIONAL BLUES FESTIVAL
STUDENTSKI CENTAR – ZAGREB (CROATIE)
10 & 11 juin 2011

http://www.croblues.com/
http://www.bigdaddywilsonb.de/
http://www.hoboblues.fr/
http://www.charliemusselwhite.com/

La Blues Foundation et sa branche européenne, l’European Blues Union, ont cela de bien qu’en plus de structurer le genre au niveau international qu’elles permettent aux hommes de toutes origines de se rencontrer et de se rapprocher … Ainsi, c’est toujours en ami que l’on arrive chez l’un de ses membres et après s’être tous retrouvés à Berlin en mars dernier, c’est en Croatie que nous sommes allés cette fois pour y découvrir la seconde édition du Zagreb International Blues Festival organisé avec le plus grand soin par les Croatian Blues Forces. De quoi se faire une idée de la manifestation en participant à deux des quatre journées qu’elle regroupe avec à la clef des concerts, des master class, des expositions de peintures … Rien que des bonnes choses en fait !

Vendredi 10 juin 2011

Après avoir retrouvé nos amis Français Hobo Blues qui avaient brillamment remporté l’édition 2010 du Tremplin Blues sur Seine dans la catégorie acoustique et qui ont participé dès potron-minet à l’émission de télé nationale « Good Morning Croatia », nous découvrons le Studentski Centar, une salle de spectacle installée comme son nom l’indique dans un centre pour étudiants avec diverses structures qui leur sont dédiées. Côté bénévoles, ça s’active et ça s’installe, côté technique, on peaufine les balances de ce qui sera la première des deux grandes soirées de concerts. Le temps de goûter aux spécialités locales et c’est bientôt parti pour sept heures de musique non stop …

On commence avec Never Too Late, une formation amateur dont nous avons croisé le batteur en milieu d’après midi et qui, dans un très bon Français puisqu’il a un temps vécu chez nous, nous a expliqué qu’il n’est jamais trop tard pour se mettre à jouer de la musique, preuve s’il en fallait avec ce groupe qui nous distillera ce soir les premiers accords sur fond de « Hoochie Coochie Man », « I’m Tore Dawn » et autres « Little Wing », signe que chacun des membres du quintet a de la culture mais aussi du talent puisque chacun d’entre eux ou presque chantera à son tour.

Trois petits quarts d’heure plus tar, on se retrouve en terrasse face au bar pour le premier des trois concerts du jour sur la scène acoustique et c’est Neven Duzevic qui s’y colle en duo pour trois reprises plutôt sympathiques dans lesquelles on retrouvera bien évidemment Robert Johnson dont on fête cette année et un peu partout dans le monde le centième anniversaire … Voilà une première heure qui se voit plutôt agréablement bouclée !

Retour dans la salle pour y découvrir The Downstrokes et son chanteur qui nous a accompagné une bonne partie de la journée mais aussi le guitariste virtuose Nebojsa Buhin, les deux complices commençant par deux titres acoustiques avant d’être rejoints par le reste du groupe et de nous servir un lot de compositions intelligemment installées entre blues et rock. Représentants de la Croatie au dernier International Blues Challenge de Memphis, The Downstrokes nous démontreront par l’exemple que leur musique a de quoi séduire et que l’association de tous ces brillants musiciens a de belles heures à vivre dans un très proche avenir !

Retour vers l’extérieur où les quatre Angels Of Blues ont réussi à faire le plein grâce non seulement au charme des jeunes femmes qui composent le groupe mais aussi à le beauté de leurs voix et à la sensualité de leurs notes. Un petit coup de « Sweet Child O Mine » pour mettre tout le monde en jambes, quelques changements de ton pour en arriver au bout du compte à une cover acoustique de Bon Jovi, « Living On A Prayer », histoire de rappeler que l’homme du New Jersey est passé par Zagreb il y a quelques jours seulement, et voilà une prestation 100 féminine fort joliment menée …

La foule se presse maintenant à l’intérieur de la salle pour y retrouver le Telefon Blues Band qui nous propose un premier titre en instrumental avant d’être rejoint par une grande gloire croate, le champion Ivica Kostelic qui a été tout récemment remporté la Coupe du Monde de ski alpin et qui pour l’occasion a troqué les gants et les bâtons pour une Les Paul et un micro et qui vient nous servir de fort belle manière tout ce que le blues compte de belles pièces, du country blues jusqu’au blues rock avec en prime et sur le final quelques grosses tartes à la crème dans le genre de « Dust My Broom » et autres « Got My Mojo Working » ! Sans la moindre prétention, arborant  short et baskets à la ville comme à la scène, le frontman nous emmènera vers le premier rappel de la journée avec un  excellent « I’m A Man » puis rejoindra le public presque incognito pour y goûter tout comme lui à la fin de la soirée …

Le dernier à prendre d’assaut la scène acoustique sera Jimmy Matesic et c’est seul et armé de ses guitares qu’il mettra un terme à la soirée dans cette partie du Studentski Centar en nous proposant lui aussi et pendant une demi-heure un bon blues ponctué d’un fort intéressant « Before You Accuse Me » dont on se rappellera un long moment. Pendant ce temps la salle s’active pour l’arrivée de la tête d’affiche du jour …

C’est un de ceux qui font que le festival est de stature International et ce n’est autre que Big Daddy Wilson qui vient s’installer sur son cajon et face à ses percussions avec pour accompagnants son bassiste et son guitariste, les deux musiciens complétant à merveille la voix chaude et rocailleuse de l’Américain installé aujourd’hui en Allemagne. Avec beaucoup d’humour et au moins autant de classe, ce grand bonhomme avec son chapeau vissé sur le crane va venir vous présenter tous ses blues, des worksongs aux boogies endiablés en passant par le blues urbain mais aussi le gospel et les spirituals. Croisant de temps à autres le Reverend Gary Davis mais aussi sur le final un épatant « Motherless Child », Big Daddy Wilson aura a cœur de mettre en valeur son tout nouvel album, « Thumb A Ride », mais aussi tout un répertoire à la fois riche, fort et coloré. Un rappel et quatre vingt dix minutes plus tard, la salle est sur les rotules et commence à se vider, et pourtant …

Pourtant ce sont Marine et Antoine, les Hobo Blues, qui vont venir mettre le feu à ce qu’il reste de public et qui vont lui donner l’envie de mijoter une heure de plus pour prendre quelques bières de plus et surtout une volée de notes comme ils savent si bien les distribuer. Quelques petits soucis de larsen compliqués à régler, des lights particulièrement mal disposé, rien ne parviendra à entacher le plaisir des Hobo Blues qui donnent sans compter, Marine passant de la guitare au washboard et Antoine jouant son dobro en arpèges ou encore en slide, parfois en s’accompagnant à l’harmonica, pour le plus grand plaisir d’une assistance non seulement convaincue mais aussi et surtout séduite qui apprécie comme il se doit le titre de John Lee Hooker qui a donné son nom au duo mais aussi des morceaux de son prochain album et quelques grands classiques revisités à la sauce Hobo Blues. De quoi finir la soirée en beauté sur un « Rollin’ & Tumblin’ » ?

Pas tout à fait puisque sur les coups de 2 heures 30 nous arrivera l’ultime groupe de la soirée, 44 Blues, avec son blues rock et ses grosses guitares qui finissent de mettre à mal nos tympans déjà quelque peu endoloris par tant de musique en si peu de temps … On regardera bien un moment la fosse devenue un véritable pit se bousculer au son agressif du combo mais de guerre lasse il faudra bien renoncer au grain rugueux de la SG signature Angus Young du guitariste pour aller prendre enfin un peu de repos. La journée a été longue mais celle de demain s’annonce elle aussi particulièrement chargée …

Samedi 11 juin 2011 :

La journée d’hier était historique puisque la Commission Européenne a donné son feu vert et a décidé que La Croatie serait en 2013 le 28ème pays membre de l’Union européenne. Zagreb se réveille donc ce samedi avec une nouvelle ambition que le pays avait déjà affichée en rejoignant dès sa création l’European Blues Union et l’histoire continue d’avancer pendant que nous cédons un moment à l’appel du tourisme en visitant la ville en compagnie du peintre Bozidar Milinovic et de Buna, chanteur harmoniciste du Ben Dover Band qui aura la difficile tache de refermer les portes de cette soirée en jouant au plus tôt sur les coups de 2 heures 30 du matin … Encore une longue journée en perspective puisque ce soir, les concerts commencent en plein air à 19 heures avec au programme du très gros calibre !

Très amateur en apparence, Otprilike Ovako se révèle très vite être une formation pleine de talent qui va venir nous servir son blues rock aux accents très psychédéliques et aux sonorités qui tirent parfois vers les seventies … Le devant de la scène est malheureusement désert mais on compte à l’ombre, tout au fond de l’espace dédié à ce début de journée, quelques vrais amateurs qui pour rien au monde n’auraient manqué le début de cette nouvelle journée du festival. Pour certains les traits sont déjà tirés mais le plaisir de découvrir des titres originaux comme « Monkey On A Lime » ou « Paradentoza Blues » et des covers comme « I Don’t Need No Doctor » est bien réel, d’autant que le quintet donne sans compter, même s’il n’est pas en mesure de recevoir un quelconque retour de la part de l’assistance bien trop lointaine …

La situation n’a guère changé pour le passage de Tomislav Goluban & LPFB trente minutes plus tard et si le quartet affiche une réelle volonté de donner un excellent concert entre boogie et blues, seuls les trains qui passent sur la voie ferrée à côté de la scène arrivent à regarder le chanteur et harmoniciste dans le blanc des yeux tant le public a besoin de chercher un peu d’ombre pour tenir le coup … Par chance le soleil déclinant laissera les fans de Goluban venir sur le devant de la scène pour le final et ces derniers pourront véritablement profiter de l’énergie d’un artiste bouillonnant et virtuose qui se produit ce soir avec deux claviers et une section rythmique mais sans guitare et avec à ses côtés la chanteuse de son Little Pigeon’s ForHill Blues qui viendra nous offrir entre autres sa propre relecture de « Dust My Broom » juste après que le frontman ne nous ait présenté à sa propre manière un titre du célèbre vibraphoniste croate Bosko Petrovic. Un grand moment de musique !

Formation autrichienne regroupant deux guitaristes et un pianiste, Gfrerer, Mally & Gasselsberger Trio vient bientôt nous proposer son blues roots empreint de beaucoup de classe et en même temps de beaucoup de ruralité, le son du résonateur se mariant plutôt bien à la guitare et aux claviers déposés par toutes petites grappes et avec le plus grand soin. Toujours aussi clairsemé, le public laisse craindre pour la suite de la soirée mais applaudit à tout rompre les trois musiciens qui vont nous épater en délivrant un set terriblement bien construit dans lequel on notera forcément « My Old Friend The Blues » mais aussi pour le final un époustouflant « Steady Rollin’ Man » qui finira de mettre tout le monde d’accord sur un trio qui a su jouer de fort belle manière avec le son et avec le public en lui offrant une heure de concert totalement irrésistible.

A dix minutes du début du concert de Charlie Musselwhite, la foule sort d’on ne sait où et vient remplir cette pelouse jusqu’alors trop peu garnie, signe qu’il y a bien un public blues à Zagreb et que la concurrence des nombreux autres concerts n’a pas échaudé les ardeurs des fondus du genre … On ne présente plus l’harmoniciste chanteur multi-awardisé et c’est avec un réel plaisir que l’on constate que l’artiste, accompagné de jeunes mais brillants musiciens, a toujours autant de fougue et de force quand il est question d’envoyer du gros son entre blues et blues rock. Souriant, Charlie Musselwhite n’y va pas à l’économie et se charge de remplir les quatre vingt dix minutes de son concert de plein de bonnes choses, anciennes mais aussi plus récentes comme ce « Sad And Beautiful World » issu de son nouvel album. Altruiste à ses heures, le frontman qui joue par moment au « Bad Boy » ne manquera jamais une occasion de mettre son guitariste et sa section rythmique en avant, lui laissant sans aucune hésitation le soin de briller au travers de soli en tous genres ou de longues parties instrumentales sur lesquelles il saura se faire discret mais bel et bien présent !

On a atteint là le sommet du festival et c’est en se repliant vers la salle toute proche qui accueillait hier soir les concerts que la suite va bientôt démarrer avec le Britannique Carl Reuter accompagné d’un blues band croate, The Harpoons. Impressionnante de qualité, cette création a su trouver l’essence même d’une musique qui mélange la délicatesse du blues et le gros son du rock et c’est une fois encore un très bon concert qui va venir mettre en avant la diversité du Zagreb International Blues Festival en proposant un concentré bien dense et bien homogène de guitares acoustiques et électriques mais aussi de claviers et d’harmonica pour le plus grand plaisir d’un public qui, s’il est pas mal retombé en nombre, n’en reste pas moins fait de connaisseurs avisés qui apprécient comme il se doit l’intensité du moment.

On retrouve une nouvelle fois la toute petite scène acoustique avec Acoustic Mojo qui va se charger en une demi-heure de faire passer son message à force d’une guitare et d’une basse mais aussi de standards soigneusement choisis comme « Everyday I Have The Blues », « Good Morning Little Schoolgirl » ou encore « I’m a King Bee » qui viendront enflammer la terrasse d’un bar qui ne désemplit pas et qui n’en finit plus de se montrer réceptive à la musique des deux jeunes artistes qui n’en sont pas à leur coup d’essai puisqu’ils ont déjà brillé lors d’un Croatian Blues Challenge dans une formule plus étoffée … De quoi s’en mettre plein les oreilles grâce à une formation qui sait panacher avec beaucoup d’intelligence la technique mais aussi le feeling !
 
Trois groupes restent encore à l’affiche mais la journée a une fois de plus été très longue et il est temps de rejoindre l’hôtel sans pour autant avoir renoncé à saluer une équipe d’organisation qui a su mettre les petits plats dans les grands pour que cette seconde édition soit une belle réussite. Si la foule du Zagreb International Blues Festival n’a rien de comparable avec ce qui se fait au même moment au Chicago Blues Festival ou chaque été dans les grands rassemblements de l’hexagone, au moins les Croatian Blues Forces ont elles le mérite de faire passer leur passion pour cette musique auprès de tous les grands médias croates et de faire évoluer les choses dans un pays où le blues résonne à chaque coin de rue, sur chaque scène ouverte où chacun le joue souvent sans même le savoir … La Croatie regorge de bons groupes de blues et n’a pas fini de nous surprendre par leur qualité lors des années à venir et c’est bien ce qui est le plus important. Une chose est certaine, nous reviendrons très vite pour ce petit festival qui a toutes les cartes en main pour rapidement devenir très grand !        
 
Fred Delforge – juin 2011