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BLUES AU 13 : AMAR SUNDY, ROLAND TCHAKOUNTE pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
vendredi, 15 avril 2011
 

BLUES AU 13
AMAR SUNDY – ROLAND TCHAKOUNTE
THEATRE 13 – PARIS (75)
Le 14 avril 2011

http://www.amarsundy.com/
http://www.roland-tchakounte.com/
http://www.theatre13.com/

Implanter un festival de blues métissé dans Paris, c’est le défi que s’est imposé le Théâtre 13, un ilot d’activistes planté en plein cœur du 13ème arrondissement, non loin de la Butte au Cailles, et force est de constater que l’organisation arrive à le relever puisque ce troisième des six grands concerts proposés affiche si ce n’est complet, tout au moins un taux de remplissage bien plus qu’honorable pour un soir de semaine. Début des festivités à 19 heures 30, deux groupes que très grande qualité venus de deux parties différentes de l’Afrique, il n’en fallait pas plus pour qu’un public nombreux et motivé décide de venir passer une bonne soirée !

L’artiste chargé d’ouvrir le bal est quelqu’un que nous apprécions tout particulièrement et qui ne manque jamais de mettre une ambiance toute personnelle lorsqu’il se produit et c’est ce soir en acoustique et en trio qu’Amar Sundy va venir se produire, laissant immédiatement s’installer la culture du Sahara sur une salle qui n’en demandait pas plus. Le jeu riche et précis du guitariste séduit très vite et ses compagnons de la section rythmique ne manquent pas d’accompagner comme il se doit un musicien bien décidé à dérouler la longue liste de ses standards.

Toujours prêt à amuser l’assistance d’un bon mot ou d’une anecdote, Amar n’en reste pas moins très concentré sur son set et c’est en nous réchauffant le corps et le cœur qu’il nous propose tout ce qu’il a su retenir de la culture sahraouie non seulement dans sa richesse mais aussi dans sa diversité. On en passe ainsi par des titres pleins de profondeur comme « Ouhalache » ou « Najma » avec un réel bonheur et sans jamais la moindre lassitude, le trio s’attachant à apporter le piment nécessaire pour que le plat proposé se montre consistant et surtout savoureux à souhait.

S’il est indéniablement un des porte-paroles du blues du désert dans l’hexagone, Amar Sundy n’en reste pas moins un bluesman tout court et c’est en mélangeant ses diverses influences artistiques qu’il en passera encore par un « Camel Shuffle » pour finir de nous emmener au terme d’une très agréable et très vivante heure de musique chargée d’intensité et d’émotion. Le temps de rejoindre les amis dans le hall et de se désaltérer un peu est arrivé et à voir le regard comblé du public, on comprend immédiatement qu’il s’est passé quelque chose !

Il est à peine plus de 21 heures quand Roland Tchakounté entre seul en scène, le crane brillant et le costume bien ajusté, la Takamine autour du cou et le pas décidé des artistes qui savent qu’ils vont nous en mettre plein la tête, plein les yeux et plein les oreilles ! C’est donc par un nouveau titre et en solo qu’il commence son concert, une chanson en Bamiléké comme toujours, mais dans laquelle on entend de façon récurrente le mot « Smile » qui lui donnera son nom et son ton … On sait désormais à quoi s’attendre pour le reste de la soirée !

Il est loin le Roland Tchakounté un brin timide qui se cachait derrière ses lunettes noires et sa casquette, c’est aujourd’hui un artiste engagé et virulent qui s’adresse à nous pendant que ses complices le rejoignent, insistant sur l’évènement qui marquent l’Afrique en cette période mouvementée et rappelant que la vraie Afrique, ce n’est pas celle des guerres et des déchirements mais bien celle qu’il va nous offrir de partager avec lui ce soir. Matthias Bernheim attaque délicatement ses percussions, Mick Ravassat caresse sa Les Paul et voilà le trio parti dans un set marqué par les morceaux forts issus de tous les albums de Roland Tchakounté, les « Aban’Go », « Waka » et autres « Blues Menessen » trouvant une place naturelle dans un concert dédié à toutes les couleurs du blues mais aussi de l’Afrique.

S’il est devenu un artiste en colère, Roland la laisse toujours éclater avec le sourire, n’hésitant pas à dénoncer avec sa voix convaincante mais prêchant en même temps de sa voix délicate pour un monde où blancs et noirs parviendraient à se respecter et à s’entendre, un peu comme les gens le font ce soir dans la salle … Mick Ravassat, impressionnant de talent et de réalisme, ne manque pas une occasion de pousser ses cordes dans leurs derniers retranchements et après un blues du Mississippi interprété tout en slide et dans la langue maternelle de Roland Tchakounté, c’est vers une standing ovation et vers un rappel plus que mérité que le groupe s’en va, profitant de l’occasion pour nous offrir un inédit supplémentaire et pour nous faire une fois encore la preuve de son immense talent !

Bien décidé à profiter de l’artiste jusqu’au bout, le public se presse devant le guichet où ses albums sont en vente et c’est un musicien chaleureux et amical qui répond à toutes les demandes d’autographes et de photos, saluant ses fans et ne manquant jamais d’avoir une parole aimable et sincère pour ceux qui le félicitent et le remercient … Une heure plus tard, le Théâtre 13 est à peine vidé de ses spectateurs et déjà il est temps pour nous d’affronter les rues de la capitale où les travaux succèdent aux travaux. C’est beau une ville la nuit comme disait Bohringer … C’est beau certes, mais ça grouille de vie !

Fred Delforge – avril 2011