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EUROPEAN BLUES CHALLENGE 2011 à BERLIN (D) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 21 mars 2011
 

EUROPEAN BLUES CHALLENGE
KULTURBRAUEREI – BERLIN (Allemagne)
Les 18 & 19 MARS 2011

http://www.bluesyou.com

Combiner la tenue de leur assemblée générale annuelle et le premier European Blues Challenge, tel était le pari que s’étaient fixé les membres de la jeune European Blues Union qui avait tout de même réussi à fédérer pas moins de seize pays membres au moment de la clôture des inscriptions pour le concours. C’est la capitale allemande qui se faisait donc hôte de ce grand rendez-vous de l’Europe du Blues et si c’est un crachin tout germanique qui nous accueillait à l’arrivée à Tegel, le temps n’allait faire que s’améliorer tout au long du week-end …

Un petit détour presque obligatoire par la Porte de Brandebourg et quelques autres édifices berlinois et nous voilà déjà à la Kulturbrauerei, un lieu unique en son genre puisque c’est une ancienne brasserie reconvertie en complexe culturel qui sera le théâtre des festivités du week-end. Une salle comble nous ouvre les bras et il est facile de remarquer que si la bière n’est plus aujourd’hui brassée sur place, elle continue de couler à flot, du moins quand ce n’est pas la vodka que les jeunes femmes semblent préférer !

Un léger cafouillage dans le timing nous retarde d’une petite quinzaine de minutes et ce sont très vite les Suitcase Brothers qui vont venir ouvrir le bal du premier European Blues Challenge avec leur sympathique duo guitare et harmonica. Descendants naturels de Sonny Terry & Brownie McGhee dont ils reprennent à l’occasion certains titres, les Espagnols ne manqueront jamais une occasion de conjuguer humour et talent sur fond de bon blues acoustique. On démarre très fort !

On poursuit avec King Mo, le band néerlandais poussé par un guitariste un poil exubérant mais très brillant et par un orgue plutôt bien en place qui emmène le tout vers le haut avant de ponctuer le set par un « Ain’t Nobody’s Business » qui ne manquera pas de laisser quelques traces dans la Kulturbrauerei où le niveau sonore a instantanément remonté d’un cran.

Un changement de plateau rondement mené et c’est déjà Richie Arndt, le trio national allemand qui s’installe sur scène pour y défendre les couleurs du pays hôte. Rôdé comme un bon vieux combi VW, le groupe y ira de ses blues pleins de conviction durant la grosse vingtaine de minutes qui lui est impartie avant de céder une place déjà bien réchauffée à des successeurs qui ne devraient plus avoir qu’à alimenter le feu.

On reste dans la culture germanique avec le quartet Meena qui arrive d’Autriche et qui présente la particularité d’avoir une chanteuse et une section rythmique féminine tandis que le seul matou de l’histoire, le guitariste, a fort à faire pour alimenter en riffs toutes ces chattes de gouttière qui ronronnent de manière plutôt originale, pas toujours très blues mais en règle générale de façon assez inspirée.
 
On remonte vers le grand Nord avec le soliste danois Tim Lothar installé seul en scène avec pour seuls compagnons sa guitare et sa casquette, le musicien semblant avoir un peu de mal à entrer ce soir dans son set et à faire passer les nombreuses émotions qu’il a traditionnellement en lui, se contentant pour l’occasion de travailler sur ses nuances de fort belle manière mais sans le petit supplément d’âme qui aurait réussi à lui permettre de livrer une très belle prestation.

Direction la Finlande maintenant avec Micke & Lefty feat. Chef, un trio limite rockabilly qui brille par ses tenues vestimentaires et qui pousse les détails jusqu’aux chaussures et aux chaussettes pour mieux agrémenter une musique où la basse acoustique et le résonateur trouvent leurs expressions les plus naturelles. Parfois aux limites du hors sujet, le groupe connaitra pourtant un grand succès auprès d’un public très ouvert et surtout réactif au sens de la fête que le groupe connaît sur le bout des doigts.

C’est le boogie woogie qui est ensuite à l’honneur avec le trio polonais Boogie Boys dans lequel on remarque deux pianistes et un batteur. Beaucoup d’énergie sur fond de chemises Vichy et après une grosse partie de set dédiée aux compos, c’est en adaptant « Great Balls Of Fire » à leur propre sauce que les deux pianistes s’attacheront à faire le show en se lançant dans une démonstration de piano à quatre mains avec en prime l’option acrobatique que ces très jeunes gens, sans doutes des gymnastes à l’origine, pourront éventuellement un jour présenter aux épreuves du Baccalauréat !


Tomislav Goluban mettra ce soir un terme à cette première salve de concurrents et c’est rejoint à deux reprises par une chanteuse blonde à forte poitrine (mais si tu joues de la musique, ça m’intéresse aussi !) que l’harmoniciste croate nous accompagnera vers la fin de la soirée en nous emmenant dans un jeu très lucide mais en faisant des choix parfois un peu osés comme quand il laissera à sa complice du soir le soin de chanter un « Dust My Broom » revu et corrigé à la sauce Betty Boop …

On ne saurait se quitter en si bon chemin et ce sont les lauréats allemands de l’International Blues Challenge 2011 dans la catégorie solo / duo, Schroeter & Breitfelder,  qui vont se charger de donner le coup de grâce à la soirée, non sans avoir été présentés par Jay Sieleman en personne et avoir laissé leur show tourner à la jam pour emmener tout le monde vers les coups de deux heures du matin. La nuit promettant d’être courte, c’est l’hôtel qui nous ouvrira pour sa part les bras !
 
Le rendez vous du samedi matin est fixé à 10 heures et c’est toute la journée que l’European Blues Union se réunira pour fixer les buts et les moyens de développer cette Europe du Blues, prenant déjà des décisions importantes pour l’avenir et s’attachant à trouver les énergies nécessaires à un réel développement de cette musique qui a réussi à réunir les acteurs majeurs du genre sur le vieux continent.

Le temps de se détendre un peu et c’est une fois encore la Kulturbrauerei qui nous accueille pour la seconde moitié de cet European Blues Challenge, premier du nom, qui débutera ce soir à l’heure et en fanfare avec les Suisses de Bluecerne qui à force de cuivres et de claviers ne manqueront pas de proposer un bon Chicago blues qui déménage avec à l’intérieur de vrais morceaux de guitar hero. La soirée ne pouvait mieux commencer !

On continue avec Howlin’ Bill, une valeur sûre belge venue d’Anvers qui va nous emmener très loin et en quartet sur fond de l’harmonica d’un charismatique frontman à qui on ne la fait pas. Bien connu sur la scène internationale, le groupe élèvera le niveau d’un cran et ne manquera pas de faire une grosse impression auprès d’un public très réceptif à une prestation de très haut vol comme on aimerait en voir plus souvent !

Choix surprenant de la part de l’Italie qui compte nombre de bons bluesmen et qui nous a envoyé un duo atypique puisque Davide Lipari et son complice batteur vont essayer de nous faire pénétrer dans leur délire fusionnel où Jimi Hendrix rencontrerait non pas un projet drum&bass mais bel et bien un essai de drum&guitare qui ne manque certes pas d’intérêt mais qui pêche un peu par manque de charisme et de conviction, Davide très statique sur sa chaise ne daignant se lever que pour un plan guitar hero quelque peu inattendu au beau milieu de son set.

La seconde soirée a atteint son rythme de croisière et ce sont les Français d’Awek qui vont désormais de charger d’entretenir la poussée de cette fusée EBC qui a fort bien décollé. Emmenés par leur frontman qui comme le reste du groupe affiche une forme olympique, les Toulousains ne vont avoir qu’à dérouler le tapis rouge de leur talent dans une Kulturbrauerei qui se laisse secouer par des coups de boutoirs répétés et qui succombe définitivement à « Kiki », le titre qui fait automatiquement monter la température de quelques degrés quand il arrive dans une salle, aussi bouillante soit elle déjà ! Séduisant, convaincant, Awek qui avait déjà fait forte sensation à Memphis le mois dernier n’a pas manqué de renouveler son opération charme à Berlin !

C’est la Suède qui prend ensuite place sur scène avec Emil & The Ecstatics pour une prestation en quartet tout ce qu’il y a de plus honorable, même si on ne sort que très peu de l’ordinaire avec un blues comme on en voit souvent au niveau international. Un petit plan Hendrix de la part du guitariste qui perd sa sangle en jouant avec l’instrument derrière la tête finira de convaincre tout le monde qu’il vaut mieux maîtriser pleinement ses gimmicks avant de les essayer sur scène, surtout lors d’un concours, et c’est fort d’une prestation très honorable que le combo nordique retournera dans la zone réservée aux artistes.

La Lettonie avait elle aussi envoyé ses représentants à Berlin et force est de constater que le Latvian Blues Band s’en est sorti avec bien plus que les honneurs grâce à un show cuivré à souhait et carré jusque dans ses moindres détails, le combo qui ne manque jamais d’humour se lançant de temps à autres dans des délires toujours très appréciés et terminant même son set au son d’un « That’s Allright Mama » dans une version balte fort intéressante. Un grand moment de musique !

Retour vers le grand nord avec le trio norvégien Vidar Busk & His True Believers qui viendra mettre un maximum de décibels dans une salle qui n’en demandait pas tant et qui jusqu’alors avait affiché un volume des plus corrects. Contrebasse, tatouages et rouflaquettes, on entre en plein rockabilly avec quelques bonnes idées malheureusement trop diluées par un frontman un peu égocentrique qui en fait des tonnes là où seulement quelques kilos suffiraient. A revoir dans un concert de rock ou de psychobilly où le groupe aurait plus eu sa place …       

Les Anglais de 24 Pesos sont appelés à clôturer la longue liste des candidats à ce premier European Blues Challenge et c’est sur fond d’un orgue Hammond beaucoup trop fort que le quartet va finir d’user les derniers tympans qui avaient supporté la prestation de leurs prédécesseurs. Riches de compositions un peu rock et parfois originalement teintées de hip hop, le combo va nous proposer des titres qui font parfois un peu penser aux Red Hot Chili Peppers et si là n’était pas la mission qui leur avait été demandée, il n’en restera pas moins que dans le genre ils assurent !

L’heure est venue pour le jury de délibérer et c’est le Big Daddy Wilson Trio qui va se charger de nous aider à passer le temps durant une petite demi heure de très bon blues particulièrement varié, le chanteur et percussionniste et ses deux complices guitaristes nous faisant passer du blues classique jusqu’au blues africain sans oublier d’en passer par un prêche emprunté au Reverend Gary Davis. Un peu de weissenborn, du cajon rien ne manque à une prestation marquée par la voix chaude et riche d’un artiste particulièrement intéressant !

Le temps pour Ronny Salewski, le monsieur loyal des deux soirées, mais aussi pour Tom Ruf de revenir sur scène et il est l’heure de désigner le grand gagnant et son premier accesseur, le second prix revenant à au quartet autrichien Meena tandis que les annales de l’European Blues Challenge retiendront que c’est le Belge Howlin’ Bill qui en a été le premier grand vainqueur ! Un peu de blues valant mieux que de longs discours, le groupe se lancera donc dans une nouvelle prestation avant que cette première grand-messe de l’Euro Blues ne se termine comme il se doit en jam avec la plupart des groupes présents dans la salle …

Devant la belle réussite de cette première édition, les membres de l’European Blues Union avaient d’ores et déjà décidé que l’opération serait renouvelée à la même période et au même endroit en 2012. De quoi se réjouir à l’idée de retrouver la capitale allemande dans un an ! Merci et encore bravo à nos hôtes pour un week-end en tous points riche et inoubliable qui a respecté la règle édictée par la Blues Foundation : « Keeping The Blues Alive » !

Fred Delforge – mars 2011