samedi, 26 mars 2011 Sutures (Rock Paradise – Rue Stendhal – 2011) Durée 58’54 – 14 Titres
http://www.myspace.com/francomannara
Il est connu pour être le metteur en son du Spoke Orchestra mais c’est aussi la deuxième fois qu’il se pose de l’autre côté du micro pour enregistrer un album solo et c’est en appréhendant à sa propre manière l’art peu évident de la chanson française que Franco Mannara nous installe en salle de « Sutures », histoire d’y cicatriser toutes les plaies laissées dans la bande lors des multiples collaborations qui ont émaillé ce nouvel effort. Issu du rock, l’artiste est devenu architecte des sons et a longtemps joué les Dj la nuit dans des boites parisiennes avant de mettre en boite en 2002 « La shadow stratégie », un premier album solo où poésie, rock et electro se télescopaient. Touché à la même époque par le slam qui commençait à poindre dans l’hexagone, Franco Mannara rencontrera D’ de Kabal, Félix J et Abd el Haq qui l’accompagneront dans l’aventure du Spoke Orchestra et en attendant un troisième ouvrage du collectif annoncé pour la fin de l’année, c’est en solo et en compagnie de quelques amis qu’il y va de cette rondelle personnelle hautement séduisante …
Réunir sur « Sutures » pas moins que son complice D’ de Kabal mais aussi Serge Tessot-Gay, Garance Clavel ou encore Marc Sens, il fallait s’en donner les moyens et surtout parvenir à tirer le meilleur de tous ces featurings pour en arriver à une œuvre presque insaisissable et pourtant si évidente, une création qui fait parfois penser de manière très originale à la rencontre impromptue d’influences majeures telles que celles de Serge Gainsbourg, d’Alain Bashung et de CharlElie Couture. Des instrumentations très originalement dépouillées avec une grande majorité d’acoustique, un poil d’harmonica qui rehausse parfois le tout, une très légère et discrète touche d’electro de temps à autres et surtout des voix qui viennent se greffer à cette autre vision de la chanson, Franco Mannara a su trouver le très juste équilibre pour amener sa musique vers un univers qui lui est propre, un monde plein d’un mélange d’utopie et de réalisme où la délicatesse se pare de sensualité et où la sensualité se traduit par des morceaux étonnamment installés entre force et délicatesse qui adoptent pour nom « Je te hais », « Ma colère » et « Fantômes » mais aussi parfois « Ray-ban », « Persistence rétiniène » ou encore « A ciel ouvert » … Un véritable coup de maître de la part d’un artiste insaisissable qui s’attache toujours à se placer là où on ne l’attend pas … C’est aussi ce qui fait son charme et son talent !
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