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BOUBACAR TRAORE pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 15 janvier 2011
 

Mali Denhou
(Lusafrica – 2010) 
Durée 58’44 – 11 Titres

http://www.myspace.com/boubacartraoreofficiel

Ce Malien presque septuagénaire est un des griots les plus célèbres de son pays mais c’est en dents de scie qu’il aura vécu sa carrière, passant régulièrement des années fastes aux autres plus sombres et s’adonnant à toutes sortes de petits et de grands métiers dont celui de paysan auquel il est resté fidèle puisque Boubacar Traoré élève encore ses bêtes et qu’il cultive son potager quand il rentre au pays après ses tournées … Avant même Ali Farka Touré, celui que l’on surnomme affectueusement Kar Kar a été un précurseur dans le fait de mélanger les traditions mandingues avec les guitares électriques et c’est à la manière d’un Elvis Presley national qu’il était considéré par ses compatriotes auxquels il a offert à l’époque des titres mémorables comme « Mali Twist » ou encore « Kayeba ». Tombé en disgrâce après le coup d’état de novembre 1968, le chanteur et guitariste ne sera redécouvert que près de vingt ans plus tard, juste avant que sa femme ne meure en couches et qu’il s’exile en France pour y faire vivre ses six enfants en travaillant dans le bâtiment. Repéré par un producteur anglais, il retrouve en 1990 la voie d’un succès qui ne sera dès lors plus jamais remis en question …

Sept albums enregistrés depuis la renaissance sous ce nouveau jour de Boubacar Traoré auront conduit le public français mais aussi international à apprécier l’artiste pour sa maturité, pour son aboutissement musical qui est aujourd’hui et plus que jamais total. Enregistré non loin de Bamako, « Mali Denhou » ne se démarque pas ou peu des précédents efforts du griot et c’est en compagnie de ceux qui l’accompagnent aujourd’hui à la scène, Madieye Niang à la calebasse et Vincent Bucher à l’harmonica, que Kar Kar nous offre une fois encore son blues africain, celui de ses racines mais aussi celui de son vécu à la fois lourd et intense. La voix qui tremble un peu par moments traduit la force de mots qui restent impossibles à traduire pour l’Européen moyen mais qui véhiculent à leur manière des émotions que l’on finit par partager avec un artiste qui vit sa musique bien plus qu’il ne la joue. Envoûté par les percussions délicates et accueillantes, l’auditeur se laisse très vite complètement envelopper par une guitare et une voix pleines de nuances mais aussi par un harmonica qui fait de perpétuels voyages entre les racines africaines du blues et son évolution américaine, aidant par la même occasion le néophyte à trouver ses propres marques dans des morceaux aux détails toujours très précis comme « M’Badehou », « Minuit », « Djougouya Niagnini » ou encore « Mali Tchebaou ». Avec une ingéniosité digne d’un Robert Johnson ou d’un Muddy Waters, Boubacar Traoré écrit une fois encore une page importante de l’histoire des musiques noires … Tout simplement indispensable !