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MIKKEY DEE - MOTÖRHEAD pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
jeudi, 02 décembre 2010
 

INTERVIEW MIKKEY DEE – MOTÖRHEAD

http://www.imotorhead.com/

Remerciements : Olivier Garnier & Roger Weissier (Replica Records), EMI, Alexx ‘Motörhead’ Schroll.

Motörhead n’est pas seulement l’un des meilleurs groupes de l’histoire du rock. Il n’est pas seulement celui qui joue le plus fort,  le plus dur, ou le plus méchant … Motörhead, c’est avant tout un style de vie. C’est la raison pour laquelle Motörhead a choisi ce moment précis, certainement un des plus tendus dans l’histoire du monde, pour faire une déclaration forte et particulièrement rock’n’roll sous la forme d’un album agressif : « The Wörld Is Yours », disponible le 10 décembre prochain sur son propre label et distribué par EMI.
Mikkey Dee, le batteur du groupe, était de passage à Paris. Zicazic l'a rencontré dans le cadre d’une conférence de presse pour qu'il nous parle un peu de l'album mais surtout de son rôle dans le groupe.

Mikkey, qu’en est-il du nouvel album de Motörhead, « The Wörld Is Yours » ? Comment avez-vous été amenés à l’écrire ?

Il faut tout d’abord savoir un truc, on ne voulait pas faire de nouvel album. On n’était pas prêts, on savait qu’on devait en faire un nouveau mais on avait clairement d’autres chats à fouetter, alors on a s’est dit « Fuck that » et on a continué à faire nos trucs. Notre manager est venu nous parler : « Les mecs, vous ne voulez pas essayer quand même ? ». Du coup, on s’est tous retrouvés à L.A., et là, l’inspiration est venue d’un seul coup, sans trop savoir comment ! Nous ne devions y rester qu’une semaine mais finalement nous avons prolongé notre séjour d’une autre semaine tellement tout venait facilement. Pour moi, il n’a jamais été aussi facile d’écrire un album, et je dirais que « The Wörld Is Yours » est un excellent album de rock n’roll, sans concession, un retour aux sources, tu vois ? Il est tout-à-fait dans la lignée des 3 albums précédents (« Inferno », « Kiss Of Death » et « Motörizer »).

Quelles sont vos relations avec votre producteur Cameron Webb et qu’a-t-il apporté au groupe ?

Cameron a commencé à travailler avec nous sur l’album « Inferno ». Lorsque nous avons décidé de travailler avec lui, nous l’avons prévenu : « Cameron, il y a une règle que tu dois respecter avec Motörhead : il ne faudra jamais que tu sois intimidé par nous, et que tu restes toujours sur tes positions. Parce que, de toute évidence, Lemmy t’insultera, je te lancerai mes baguettes dans la tronche et Phil (Campbell) quittera certainement le studio à plusieurs reprises quoi qu’il advienne. Mais, malgré tout ça, il faut que tu sois franc avec nous ! » Et c’est ce qu’il a toujours fait … Il dit les choses telles qu’elles sont, je me souviens avoir effectué une ligne de batterie dont j’étais super fier à la fin, mais Cameron m’a regardé et a dit « Mikkey, je croyais que tu étais un bon batteur…) (rires)

Avez-vous prévu quelque chose de spécial pour le 35ème anniversaire de Motörhead ?

Ben, le 35ème anniversaire est déjà passé, donc on se disait qu’on pourrait plutôt célébrer le 36ème ! (rires). Non, nous ne sommes pas trop chiffres, contrairement à certains groupes qui aiment bien célébrer les dix ans, vingt ans, etc. de tel ou tel évènement. Ceci étant, je peux tout de même vous dire que nous avons prévu de sortir une box-set avec des DVD. Je ne peux pas vraiment en dire plus, mais ça sera un bel objet avec des surprises vraiment cool.

Et pour le 65ème anniversaire de Lemmy ? (le 24 décembre 2010)

Mmmmh … Peut-être le jeter dans la rivière ? (rires)

Le terme « death » et l’imagerie de la mort ont été très présents tout au long des derniers albums ? Rassurez-nous, Motörhead ne va pas disparaître ?

Motörhead continuera d’exister tant que les 3 facteurs suivants seront réunis : que nous soyons en bonne santé, que nous prenions toujours du plaisir à jouer et à tourner et que le public se déplace encore à nos concerts, alors si c’est le cas, on pourra continuer encore dix ans et plus. Si l’un d’entre nous décide que ça ne l’éclate plus de tourner et de jouer, alors pourquoi continuer ? Ça ne m’est encore jamais arrivé mais si pour X raisons je me réveille un matin en n’ayant plus la motivation et le plaisir, il sera donc temps d’arrêter. C’est ce qui est arrivé à Würzel en 1995, il n’avait juste plus envie … (Würzel a été guitariste de Motörhead de 1984 à 1995).

Un des titres du nouvel album, « Brotherhood Of Man », a tout du classique heavy metal ! Comment est-il né ?

Oui, le riff fait un peu penser à celui d’« Orgasmatron » hein ? Ben, en une après midi, c’était fait : on l’a fait tourner tous les trois, Lemmy a écrit les paroles en dix minutes, ça coulait vraiment de source. A mon avis il sonne comme du vieux Motörhead mais avec un petit côté plus moderne également. C’est ça le truc avec Motörhead, nous avons un son vraiment propre mais il faut également qu’on sente une sorte de seconde jeunesse dans les nouveaux albums.

On a récemment pu voir Lemmy entonner une version acoustique et bluesy de « Ace Of Spades » dans une pub vantant les mérites d’une bière française ! Lemmy ne boirait donc plus de whisky ?

Haha ! D’ailleurs, je voudrais dire qu’ils m’ont coupé au montage, on ne voir que mon genou ! Au début, on était sceptiques devant cette idée d’« Ace of Spades » en acoustique, mais au final ça l’a vraiment fait ! C’est une pub vraiment chouette à mon avis !
 
Et le film sur Lemmy ? (« Lemmy - The Movie » , sorti début 2010)

C’est un film bien cool, avec l’image d’un Lemmy drôle et sarcastique tel que je le connais. Cela dit, je trouve qu’il n’y a pas assez de captures live.

La vie de musicien ne vous empêche t’elle pas d’avoir une vie stable ?

Au contraire, pour moi elle me permet de rester stable. C’est plus évident de planifier les moments pour soi-même lorsque l’on connaît son planning de tournée à l’avance. Nous savons précisément quand nous serons sur les routes et quand cela s’arrêtera. Il est donc plus facile de savoir quand se consacrer au reste.

Quels sont les festivals Européens qui vous ont le plus marqué ?

Il y en a tellement … Je citerais entres autres les festivals Sonisphere, le Rock Am Ring, le Hellfest en France qui est génial, Rock in Rio (en Espagne, au Portugal et il se pourrait que nous le fassions en 2011 justement à Rio), il y a énormément d’excellents festivals heavy-metal en Scandinavie (Finlande, Norvège …)

Est-il possible que l’on puisse un jour voir Motörhead dans de petites salles ?

Ce n’est pas que nous ne voudrions pas mais les conditions sont rarement réunies pour que ce soit optimal : il fait une chaleur improbable sur scène, la place pour le matériel est restreinte….

Et un show unplugged ?

Unplugged ? « Undrugged », plutôt … (rires). Je n’ai rien contre l’acoustique, on a longtemps joué « Whorehouse blues » sur scène où je prenais la guitare acoustique. C’était sympa, mais je n’appréciais pas plus que ça. Çà ne retranscrit pas la véritable énergie de Motörhead à mon avis.

Quelles sont tes principales influences en tant que batteur ?

Ma première idole était Ian Paice (Deep Purple). J’adore aussi Brian Downey (Thin Lizzy), Steve Smith (Journey), Cozy Powell, Neil Peart (Rush). Grâce à Ian Paice, étant tout jeune, j’ai découvert Buddy Rich, et on entend beaucoup de Buddy dans le jeu de Ian … Aujourd’hui, il y a tellement de jeunes batteurs que j’adore et qui sont excellent! J’aimerais aussi citer Vinnie Colaiuta, Simon Phillips, et Scott Rockenfield (Queensryche) qui m’impressionnent énormément. Je suis très ouvert musicalement, j’écoute de tout : fusion, soul, salsa, blues, jazz … J’étais dans un big band quand j’étais plus jeune, j’adorais jouer Duke Ellington ! Je suis resté très éclectique dans mes goûts musicaux.

Avec le recul, quel regard as-tu sur ta carrière en tant que batteur, et penses-tu avoir changé Motörhead d’une façon ou d’une autre ?

J’ai joué dans trois groupes importants, King Diamond, puis Dokken et enfin Motörhead. Je suis content que les choses soient arrivées dans cet ordre pour les raisons suivantes : King Diamond étaient de bons amis, je me suis bien éclaté avec eux et cela m’a permis de me faire un nom. Avec Dokken, je devais jouer de façon plus technique, en mettre littéralement partout, et il y a eu des moments où je me sentais comme une merde (rires) mais cela m’a permis d’acquérir une technique importante. Lorsque Motörhead m’a contacté, je savais que j’étais prêt, mon cœur appartenait au rock, c’était exactement le genre de musique que j’avais envie de faire à ce moment là. Quant à changer le groupe … j’avais deux options lorsque je suis arrivé dans ce groupe, soit devenir un second Philty ’Animal’ Taylor, soit être Mikkey Dee. J’ai choisi la seconde option. Je sais que nos jeux sont très différents. Motörhead a donc sans doute changé à mon arrivée, mais pas petits paliers. Ils sont toujours restés eux-mêmes. Je ne saurais donc pas véritablement dire en quoi j’ai changé le groupe, mais tout ce que je sais, c’est que j’étais prêt, vraiment prêt, à être un membre à part entière de Motörhead lorsque l’occasion s’est présentée. Je trouve que le groupe s’est bonifié avec le temps, que les albums sont de mieux en mieux. Par exemple, les jeunes apprécient les vieux albums, mais leurs préférés sont les récents. Ce n’est pas rare qu’un gosse vienne nous dire « Ha, mon père a « Ace Of Spades », mais moi mon préféré c’est « Inferno »  (rires) ». Une chose dont je suis également très fier, c’est que notre public a tous les âges, on peut voir des ados au premier rang aux côtés de vieux fans hardcore. Lorsque je vois certains groupes qui existent depuis aussi longtemps que nous, leur public a 45, 50 ans ou plus … Motörhead a réussi le tour de force de rassembler trois générations !!!

Propos recueillis par Yann Charles (29 novembre 2010) – traduction Alexx Schroll