EMMANUEL TUGNY & THE LADY GUAIBA’S SWING BAND
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Ecrit par Fred Delforge |
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samedi, 20 novembre 2010 EmilyandIwe (Villa Mariana – Socadisc – 2010) Durée 61’42 – 31 Titres
http://www.myspace.com/tugny
Il appartient au genre très particulier des gens qui ne dorment que très peu et c’est forcément en faisant bon usage du temps supplémentaire qu’il lui reste qu’Emmanuel Tugny s’attache à créer de la musique et à enregistrer des albums qui collent au mieux à son caractère hyperactif. Un ouvrage avec le groupe Molypop puis un autre sorti sous son propre nom nous avaient déjà quelque peu familiarisé avec l’univers étrange de ce personnage atypique qui, en plus d’être diplomate en poste au Brésil et bientôt en Russie et d’avoir publié quelques livres, est un créateur des plus prolixes dans le domaine musical. Accompagné du Lady Guaiba’s Swing Band, l’artiste nous livre aujourd’hui « EmilyandIwe », un ouvrage majoritairement anglophone décliné en trois chapitres pour un total de trente et une pistes ! Un album marqué par la présence fantôme d’Emily Dickinson, poète décalée et totalement inconnue de son vivant dont les œuvres les plus étranges sont aujourd’hui reprises par Emmanuel Tugny.
Trois chapitres donc, « The Awakening », « Emily’s Songs » et enfin « The Ride », se partagent ces trois dizaines de pistes plus une, et c’est une fois encore avec des voix formidables comme celles d’Olivier Mellano, de John Greaves, d’Yves Simon, de Graziella de Michele ou de Rachid Boudjedra qu’Emmanuel Tugny nous fait plonger la tête la première dans un océan à la fois trouble et tumultueux dans lequel il a fait prendre place pour faire bonne figure à des emprunts faits à Leonard Cohen et à John Cale mais où il a également intercalé des standards comme « Cry Me A River » ou « My Funny Valentine ». Les instrumentations partagées entre urgence et soin tout particulier laissent entrevoir des horizons dont on ne soupçonnait souvent même pas l’existence et de la joie la plus intense à la mélancolie la plus profonde, « EmilyandIwe » offre un voyage particulièrement improbable capable d’être en même temps fabuleusement égocentrique tout en s’ouvrant avec beaucoup d’ingéniosité vers les autres dès lors que l’artiste considère qu’ils peuvent par leur présence rendre son œuvre encore plus passionnante et faire rejaillir du même coup l’attention sur elle … et donc sur lui ! Trois parties, trois séries d’ambiances qui n’ont pas forcément de rapport entre elles au début de l’histoire mais qui réunies avec tellement de soin finissent par donner à l’ouvrage un cachet unique en son genre. Un album étrange pour des gens curieux qui l’apprécieront sans le moindre doute !
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