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BLUES SUR SEINE - 12ème EDITION pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 21 novembre 2010
 
BLUES SUR SEINE - 12ème EDITION
DU 5 AU 20 NOVEMBRE 2010
MANTES EN YVELINES ET SA REGION (78)

http://www.blues-sur-seine.com   

Pré-ouverture du Festival - Auditorium des Technodes - Guerville – 3 novembre

http://www.myspace.com/veronicasbergia

Comme chaque année, c’est dans l’auditorium des Technodes que débute la douzième édition de Blues-sur-Seine mais exceptionnellement, ce ne sont pas les VIP qui auront la primeur des douze mesures de l’année 2010 mais une foule hétéroclite dans laquelle se mélangent une partie du personnel de l’hôte du jour, les Ciments Calcia, et une partie des bénévoles du festival qui au cours des jours à venir auront fort à faire ! Un peu de détente avant le grand rush, qui ne se laisserait pas tenter par cette aubaine, surtout quand l’artiste du jour est le même que celle qui viendra demain soir délecter les officiels !

Un peu comme un clin d’œil à ce partenaire historique du festival dont le siège mondial est à Bergame, Italie, Veronica Sbergia est elle aussi de Bergame et c’est avec ses Red Wine Serenaders qu’elle se produira ce soir après que le film souvenir de l’édition précédente ait été projeté au public, un court métrage qui nous ramène forcément vers un cru que chacun aura une fois encore de surpasser cette année et qui permet de se souvenir de tous les bons moments passés ensemble sur les routes du blues depuis novembre 2009 … Un film qui est dédié comme il se doit à tous les artistes et à tous les bénévoles et tout particulièrement à un d’entre eux qui nous a prématurément et douloureusement quittés il y a peu de temps et dont le souvenir planera forcément sur les presque trois semaines à venir. On ne t’oublie pas Olive et chaque note, chaque rire, nous rappelle à chaque instant le meilleur de ton amitié !

Washboard autour du cou, jupe à rayures et chemisier rouge, Veronica Sbergia arrive en scène en compagnie de sa complice contrebassiste Alessandra Ceccala vêtue exactement comme elle et du guitariste Max De Bernardi … Très rapidement le trio se lance dans un melting pot de blues folk et de blues roots dans lequel la mandoline cède la place au résonateur et où le kazoo est souvent bien plus qu’en effet de style, les trois voix se complétant aussi admirablement que les instruments. Des interventions pleines d’humour et qui plus est dans la langue de Molière, des chansons dans lesquelles il est question de boisson mais aussi d’amour et forcément de tromperies, tout est orchestré pour que le public passe une bonne soirée et c’est une heure durant que la belle italienne et ses compagnons nous  emmèneront du côté des Mississippi Sheiks et de leur « Bootlegger Blues » mais aussi de Leadbelly avec « Out On The Western Plain » sans oublier de faire un clin d’œil détourné à Gainsbourg avec la version historique de « Vieille canaille », « I'll Be Glad When You're Dead You Rascal You », que le trio dédiera avec plein de malice à son Président du Conseil en installant Max De Bernardi au chant lead, un exercice auquel le guitariste s’essaiera un peu plus tard en reprenant seul un classique de Blind Blake …

Encore un « When It's Darkness On The Delta » proposé en trio et un unique rappel et déjà l’heure qui file rappelle au personnel des Technodes que la journée a été longue … Veronica Sbergia n’oublie pas de saluer la salle, de la remercier en lui confiant que lorsqu’elle était salariée, sa plus grande hâte était de quitter les lieux et de rentrer chez elle et qu’elle apprécie d’autant plus que les gens aient fait l’effort de rester, une démarche que personne ne regrettera puisque l’artiste se pliera ensuite de bonne grâce au jeu des dédicaces …

A deux jours du grand début de Blues-sur-Seine, toute l’équipe a d’ores et déjà pu prendre ses marques avec ce premier tour de chauffe ! La technique est au point, les permanents et bénévoles sont affûtés … Encore une répétition générale demain soir au même endroit et à la même heure et il ne restera plus qu’à attendre le jour J avec un programme des plus chargés ! Mais ça, nous en reparlerons plus tard …

Soirée de lancement – Auditorium  des Technodes – Guerville – 4 novembre

 

Blues-sur-Seine n’a pas encore véritablement débuté pour le grand public mais il plane déjà sur le Mantois comme un petit air de fête puisque le grand bal des officiels commence du côté de l’auditorium des Technodes avec ce soir un invité de marque supplémentaire, le Consul d’Italie en personne, Cesare Morbelli, qui a fait le déplacement pour honorer de sa présence une soirée de lancement placée sous le signe de son pays !

 

Une rapide allocution de Bruno Carré, Directeur Général des Ciments Calcia, pour souhaiter la bienvenue aux amis et partenaires du festival et on retrouve pour la seconde fois la superbe rétrospective vidéo de l’édition 2009 réalisée par Fred Di Noto qui résume au mieux dix huit jours de festival en seulement une dizaine de minutes … Vient ensuite une brève présentation des différents volets du festival assurée par ordre d’apparition par Alain Langlais, Président de l’association, Arnaud Bel, Directeur du Festival, Alain Robinet et François Dujardin, Vice Présidents de l’Association et enfin Jean Guillermo, le père créateur de Blues-sur-Seine qui, en bon responsable des relations extérieures saluera la présence dans la salle de Davide Grandi, représentant de l’excellent magasine transalpin Il Blues, de Jacques Noël, représentant du FestiBlues International de Montréal, de Michael Hawkeye Herman, artiste et éminent représentant de la Blues Foundation de Memphis dont il est un fervent et très légitime porte parole et enfin de Thomas Ruf, Manager du label allemand Ruf Records et, last but not least, Président de la jeune et dynamique Européen Blues Union !

 

On pensait en avoir terminé des discours et pourtant c’est avec beaucoup d’humour que Veronica Sbergia nous en fera un dernier pour plaisanter un moment avant de commencer son concert avec à ses côtés ses fameux Red Wine Serenaders. Si les tenues de scène ont changé, plus glamour pour les dames, plus chic pour Max De Bernardi, l’essence même du show de Veronica Sbergia reste la même avec encore et toujours ces échanges de micro qui laissent chacun des trois musiciens mettre au mieux en valeur des voix à la fois complices, complémentaires et surtout convaincantes avec en prime toujours cette même maestria quand il est question de faire sautiller, danser, bondir ou encore rugir les notes.

 

On en passe une deuxième fois par des standards comme « Rag Mama Rag » de Blind Boy Fuller et par des titres pleins de seconds degrés comme « I Wish I Could Shimmy Like My Sister Kate » mais ce soir, le trio de Bergame tire profit de la présence de ses amis musiciens dans la salle et c’est avec Michael Hawkeye Herman venu se chausser la guitare sur un titre de Memphis Minnie puis avec Alain Michel qui sort son harmonica sur « I Get The Blues When It Rains » que les Red Wine Serenaders termineront leur heure de concert avant de s’adjuger un rappel et d’aller en profiter pour jouer au beau milieu de la salle pour remercier le public de la standing ovation amplement méritée qu’il a bien voulu leur accorder …

 

Réunis dans le hall, les convives pourtant attendus du côté du buffet italien très astucieusement concocté par l’équipe commune de La Corniche de Rolleboise et du Moulin de Fourges, recueilleront tranquillement quelques autographes et échangeront encore quelques paroles amicales avec Veronica Sbergia et consorts puis c’est au son d’un fort sympathique duo de gondoliers installés avec guitares et mandolines sous le barnum qui accueille les invités pour les agapes que tout le monde savourera le risotto concocté avec talent mais aussi les salades, charcuteries, fromages et desserts du cru avec en prime un agréable assortiment de boissons qui ont plutôt bien traversé les Alpes …

 

Minuit n’est pas loin d’avoir sonné et déjà les amis de Blues-sur-Seine quittent le centre technique de Guerville qui n’est autre que l'un des deux centres de recherche du groupe Italcementi après une soirée entièrement dévolue aux saveurs et aux couleurs du blues transalpin …   

 

Nina Attal – Ana Popovic – Espace Louis Armand – Carrières-sous-Poissy – 5 novembre

 

http://www.ninaattal.com/
http://www.myspace.com/ninaattal
http://www.anapopovic.com/
http://www.myspace.com/anapopovic
 

Pour une première soirée de festival, Blues-sur-Seine a mis les petits plats dans les grands avec trois gros concerts en salles, difficile dès lors de faire un choix entre trois lieux de spectacles distants au total de plus de quarante kilomètres, c’est donc en se fixant à l’Espace Louis Armand de Carrières sous Poissy que nous allons goûter à l’ouverture du « In » avec une soirée exclusivement féminine puisque dans un peu plus d’une heure, c’est la superbe Ana Popovic qui succèdera à la non moins charmante Nina Attal … En avant donc pour une Ladies Night qui s’annonce torride !

Pour l’heure, c’est la jeune et talentueuse lauréate du Tremplin Blues-sur-Seine 2009 qui vient charmer un public conséquent en lui proposant un concert qui ne sera pas le plus facile de sa vie puisqu’elle connaîtra dès le tout début de son set de gros soucis d’amplification qui rendront son jeu au mieux chaotique, au pire totalement inaudible … Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Nina Attal se concentrera donc sur son superbe chant aux intonations très « black » et laissera à Philippe Devin le soin d’assurer la plupart des parties de guitare, un travail que le virtuose assurera de main de maître, comme à son habitude, et le show qui gagne en maturité au fur et à mesure que les concerts s’enchainent ne s’en ressentira absolument pas du côté de la salle où les soucis passeront pour la plupart inaperçus ! 

Soutenue par son big band où l’on retrouve Sylvain Fétis et Olivier Bridot aux cuivres mais aussi les brillants Thomas d’Arbigny à la basse, Julien Audigier à la batterie et Damien Cornélis aux claviers, la jeune chanteuse nous emmènera sans le moindre mal vers un répertoire où le blues et la soul se teintent d’une grosse touche de funk pour le plus grand plaisir d’un public qui appréciera à leur très juste valeur des titres au charme irrésistible comme « The Other Side Of The Pillow », « Respect Yourself », « Hopeful » ou « Output ». Au terme de la petite heure de très bonne musique proposée par les jeunes parisiens, c’est sans rappel que Nina Attal quittera la scène mais en pouvant toutefois se montrer satisfaite de sa prestation tant elle aura réussi à assurer le coup malgré la difficulté de la situation et son côté franchement déstabilisant pour une artiste d’à peine 18 ans qui fait pourtant déjà preuve d’une impressionnante maturité !

Un changement de plateau plus tard, c’est le backing band d’Ana Popovic qui va venir entamer seul un concert qui s’annonce explosif et c’est le bassiste néerlandais Ronald Jonker, le claviériste espagnol Michele Papadia et le batteur français Stéphane Avellaneda qui vont venir dérouler le tapis rouge pour la chanteuse et guitariste serbe au jeu et à la voix au moins aussi attractifs que sa plastique parfaite. Stratocaster en main, Ana rejoindra bientôt son groupe et dès lors le public n’aura plus d’yeux que pour elle, quand bien même son fou furieux de bassiste passera sa soirée à faire des bonds et à arpenter la scène dans tous les sens pour tenter d’attirer un seul petit regard … Pas facile de se mettre en valeur quand on évolue aux côtés d’une musicienne aussi captivante mais cette dernière lui laissera quand même après une quarantaine de minutes de concert le soin d’entretenir le feu avec un énorme solo durant lequel il s’amusera à reprendre des plans de Deep Purple ou encore de Queen avec un réel talent et beaucoup de charisme !

Fidèle à lui même, Stéphane Avellaneda jouera pour sa part les métronomes de manière impeccable, donnant sans compter et portant le set sur ses toms tandis qu’à ses côtés le B3 n’en finira plus d’apporter des touches sensuelles à un jeu résolument blues et indiscutablement rock qui sera marqué par des titres comme « Blues For M » ou encore par le « You Don’t Move Me No More » de Big Mama Thornton et bien évidemment par un épisode emprunté à un des mentors de la blonde guitariste, Stevie Ray Vaughan … Un petit passage plus jazzy le temps d’un titre pour mieux démontrer que la culture musicale de cette magnifique artiste qu’est Ana Popovic est particulièrement vaste et c’est sur un ultime solo, de batterie cette fois, que le groupe nous quittera pour mieux revenir pour un unique mais intense rappel qui finira de mettre tout le monde debout. Magnifique !

A l’heure de se quitter, on retrouvera Ana Popovic à l’entrée de la salle où, escortée par des cerbères quelque peu décérébrés et pour le coup fort moins avenants qu’elle, elle dédicacera ses plus récents ouvrage pour le plus grand bonheur d’un public qui n’est pas du tout décidé à aller se coucher. On ne peut donc que se féliciter que cette soirée initialement prévue un peu plus loin chez un partenaire bien trop frileux pour oser accueillir une artiste qu’il ne connaissait pas et un temps annulée ait quand même eu lieu grâce à une commune entrée dans le festival depuis 2009 qui pour sa part a choisi de tenir le pari et l’a en plus gagné ! L’audace et la bonne volonté se montrent parfois payantes …  

 

Jesse Dee – Rachel Plas – Salle Municipale – Bennecourt – 5 novembre (par Bruno Migliano)

 

http://www.myspace.com/jessedee
http://www.myspace.com/rachelleplas

 

Ce soir pour la presque première car il se trouve que nous avons plusieurs lieux de rencontre aujourd’hui dans le cadre de cette édition 2010, la soirée sera placée sous le signe de la Soul. La scène sera partagée par un chanteur guitariste venu de Boston, Jesse Dee, suivi de la jeune et talentueuse Rachel Plas.

Comme à son habitude la municipalité de Bennecourt à fait les choses bien. La salle est accueillante, le public arrive tranquillement et prend rapidement ses marques. Bennecourt n'est pas une énorme agglomération donc on ne va pas s'attendre à recevoir des milliers de spectateurs mais deux centaines de personnes, c'est très bien pour la soirée.
 
Le premier à jouer, Jesse Dee, était déjà venu cet été pour le festival Blues Passions de Cognac. Il est en train de tisser son réseau d'aficionados sur le sol français et il faut dire que le garçon est fort sympathique, c'est déjà une chose, mais en plus il a un énorme talent. Une voix soul comme on aime, puissante et pleine de chaleur … Pour Jesse Dee on aurait presque pu ne pas l'amplifier. Ajoutez à cela un jeu de guitare qui groove à merveille, Jesse Dee a la capacité de pouvoir jouer en formation ou seul et cette configuration lui va très bien aussi ! Au menu de son répertoire, les compositions de son dernier album et quelques nouveautés que l'on pourra découvrir au printemps prochain …

Entracte. Un adjoint à la mairie nous indique qu'il est temps d'aller se désaltérer et de profiter de ce moment pour faire ses emplettes en produits dérivés. Puis place à Rachel Plas et à son groupe composé de basse, batterie, guitare et claviers où Rachel complète la formation à l'harmonica et au chant. Rompue au blues, la jeune artiste maitrise aussi très bien la soul. La voix déjà bien assurée, le jeu d'harmonica qui n'en laisserait pas un insensible, Rachel démontre qu'elle a fait un grand pas dans la cour des grands. Pas timide pour un rond, elle n'hésite pas à venir sur le devant de la scène pour haranguer le public. Ses musiciens, aussi talentueux qu'elle, ont leur part de mérite grâce à des interventions bien maitrisées. Une bonne reprise du « Superstition » du Sieur Stevie Wonder nous confirmera qu'il y a de l'idée dans l'air et la soirée se terminera en jam avec Jesse Dee sur scène à l'invite de Rachel. Les deux seront énormes pour le plus grand plaisir du public qui a enfin délaissé les chaises pour venir s'encanailler au devant de la scène.

Pour finir, la commune offrira le verre de l'amitié ... Champagne! comme disait un certain Monsieur Jacques....
 

Formation « Construire un projet éducatif autour du blues » avec Michael Hawkeye Herman – Ecole Nationale de Musique – Mantes-la-Jolie – 6 novembre
 
http://www.hawkeyeherman.com/
http://www.myspace.com/hawkeyeherman

 

Début de journée trépidant à Blues-sur-Seine puisque Michael Hawkeye Herman nous accueille pour une de ses légendaires expérience de formation de formateurs, un travail qui le conduit sur les routes du monde depuis plus de trente années et qui lui a permis de prodiguer son savoir à quelques centaines de milliers d’enfants et à nombre de personnes qui comme lui peuvent maintenant expliquer le blues aux jeunes et donc aux moins jeunes …

Avec huit « stagiaires » parmi lesquels on remarque des musiciens bien connus de la scène blues nationale, l’assistance est idéale et le message passe instantanément, Hawkeye dirigeant la séance un peu à la manière d’un cours que ses disciples du jour prodigueront à leur tour plus tard, attrapant sa guitare ou son dobro pour appuyer chacune de ses explications d’une démonstration et rendant l’ensemble très fluide, très intéressant et surtout très clair ! Pour ce musicien qui a appris au contact des vieilles légendes du blues comme Son House, rien n’est plus important que le fait d’entretenir la flamme et de faire passer le message aux nouvelles générations, cette formation proposée pour la troisième année dans le Mantois se révélant être une aubaine pour ses participants puisque le soutien de l’ARIAM Ile de France permet de la rendre accessible à toutes les bourses et que son déroulement sur un week-end entier permet aux personnes salariées de pouvoir y assister ! Encore une très belle initiative à mettre en valeur pour les années à venir …

 

Roland Tchakounté – Le Chaplin – Mantes-la-Jolie – 6 novembre

 

http://www.roland-tchakounte.com/
http://www.myspace.com/rolandtchakounte

 

L’heure du thé n’a pas encore sonné que déjà le Chaplin nous tend les bras pour le premier grand concert de la journée et c’est aujourd’hui Roland Tchakounté qui s’y colle avec son blues qui tire un fabuleux trait d’union entre les racines africaines du genre et son développement américain arrivé de force suite à la traite des noirs et à l’esclavage … Un public a forte majorité ethnique originaire du quartier du Val Fourré est venu essentiellement pour les restitutions des cours d’harmonica et de chant donnés aux élèves des classes de Cours Moyen de l’Ecole Vilmorin par Sébastien Charlier d’une part et par Christophe Guest de l’autre, mais il n’est pas au bout de ses surprises !


Ce sont donc les apprentis musiciens qui offriront la première partie du spectacle avec d’une part les jeunes harmonicistes qui nous interprèteront trois titres bien variés, le « Lady Melody » de Tom Frager, une adaptation du « Blowin’ In The Wind » de Dylan et un traditionnel sénégalais, « Fatou You », un des ancêtres des worksong , avant que les apprentis chanteurs ne reprennent le flambeau avec quelques chansons dont une composition spéciale, « 12 Blues-sur-Seine », faite spécialement en l’honneur du festival et de sa douzième édition qui coïncide au plus juste avec les douze mesures du blues !

Le temps pour Roland Tchakounté de s’installer, et c’est très vite parti pour un set endiablé durant lequel le chantre du blues en Bamiléké va donner le meilleur de lui même épaulé par ses fidèles Mick Ravassat à la Les Paul Gold et Mathias Bernheim aux percussions ! Si l’assistance est traditionnellement dissipée, jeune public oblige, le courant passe très vite entre la scène et la salle qui scande à tue tête de vibrants « Tchakounté, Tchakounté, Tchakounté » et qui se met à taper du pied et des mains en chœur avec un artiste qui visiblement prend du plaisir à être là, même si ses pas l’ont déjà emmené dans des endroits bien plus prestigieux en terme de blues comme Montréal, Memphis ou même Chicago !

De son dernier ouvrage en date, « Blues Menessem », à son prédécesseur, « Aba Ngo », Roland nous fera rapidement faire le tour de toutes ses influences qui vont d’Ali Farka Touré jusqu’à James Brown et si une partie des jeunes regrettera un peu que celui qui pour eux fait figure de griot ne leur joue pas un morceau de Shakira, c’est le cœur en fête que tout le monde attendra jusque après la fin du spectacle pour avoir une poignée de main, un salut amical ou même un simple sourire de la part des musiciens … Pari réussi pour Blues-sur-Seine qui a eu l’idée de programmer un artiste d’origine africaine dans une des plus grandes communautés africaines d’Europe et qui a su fédérer le public, mais pari réussi également pour Roland Tchakounté qui aura réussi à emmener ceux qui ne s’attendaient pas forcément à entendre ce genre de musique en venant à son concert !

Le temps de remballer les guitares et de saluer les amis présents dans la salle et c’est vers d’autres horizons que les deux guitaristes s’envoleront puisqu’ils se produisaient à peine quelques minutes plus tard à une cinquantaine de kilomètres de là dans le cadre d’un show case donné à la Fnac de Parny II. Le festival n’a démarré que depuis quelques jours voire même seulement quelques heures et déjà la machine adopte un rythme plus que soutenu ...  

 

King Automatic – Electric Duo - CAC Georges Brassens – Mantes-la-Jolie – 6 novembre

 

http://www.myspace.com/lekingautomatic
http://www.myspace.com/electricduolmi

 

A peine le temps de vaquer à de menues occupations, de commencer à accueillir les premiers participants du Tremplin Blues-sur-Seine de demain et de se sustenter qu’il est déjà l’heure de rejoindre un partenaire historique du festival, le CAC Georges Brassens, pour y assister à un double concert qui comme souvent mettra en avant le blues par son côté le plus rock. La salle, convenablement garnie, accueille un public hétéroclite venu de différents horizons musicaux et jeunes et moins jeunes ont fait le déplacement pour découvrir ou redécouvrir deux artistes différents mais complémentaires.

C’est le one man band King Automatic qui lance les festivités et tout de suite on est séduit par ce musicien qui, rouflaquettes au vent, vient nous offrir a grand coup de batterie, guitare, clavier, harmonica et voix un assortiment musical qui va des ancêtres du blues jusqu’aux Ramones en passant par John Lee Hooker et qui n’hésite jamais à s’égarer du côté du rockabilly et surtout du rocksteady jamaicain pour mieux varier les plaisirs. Créant ses propres boucles au début de chaque morceau, ce nancéen se sample allègrement avant de laisser ensuite libre cours à toutes ses envies musicales qui se fondent en un joyeux bordel apparent mais qui font preuve en permanence d’un réel talent et d’une sincère et légitime envie de se démarquer du reste de la scène nationale. Deux jambes, deux bras et un cerveau ne sont pas de trop pour cet artiste épatant qui en plus les cordonne avec une maestria époustouflante !

Tout droit venu de la fin des années 70, le héros du soir n’est autre que Jack Bon, tout droit sorti d’une des formations pionnières du rock en France, Ganafoul, et associé dans le cadre de l’Electric Duo avec le batteur Eric Delbouys pour venir nous livrer dans leur plus simple appareil des titres que les deux complices puisent dans leur répertoire mais aussi au beau milieu des standards du rock et bien évidemment du blues … Une vieille Strat au son dévastateur plantée directement dans un Marshall, une batterie à peine complétée par un pad pour apporter quelques couleurs supplémentaires, une voix qui rappelle que le bonhomme a pas mal bourlingué sur les routes du rock et dans les bars du blues et une éternelle casquette vissée sur la tête, il n’en faut pas plus à Electric Duo pour déclencher un véritable incendie dans le café concert Luther Allison !

Le  public concentré ce soir vers l’arrière de la salle et pas loin du bar va finir par s’approcher tranquillement pour enfin se concentrer devant la scène et faire honneur comme il se doit à des artistes à qui rien ne manque et le jeu de guitare volubile de Jack Bon aussi intéressant sur des brûlots de pur rock que sur des blues plus posés tels que « Soul Of A Man » ou « Drunk Again » va très vite forcer le respect et susciter bien des envies … Capable de varier les plaisirs et de faire monter lentement mais sûrement l’intensité dans la salle, Electric Duo avancera tranquillement vers un « Bullfrog Blues » à hurler de plaisir mais aussi vers deux pièces toutes en slide jouées sur une guitare en plexiglas pour mieux nous quitter et enfin revenir pour un double rappel avec Jack en solo sur « You Gotta Move » puis en duo sur un étonnant « Pick A Ball Of Cotton » traditionnellement apprécié des amateurs de country mais offert ici dans un format on ne peut plus blues rock !

La journée de demain s’annonçant intense, c’est à regret que l’on délaissera les afters du CAC organisés autour de grosses jam sessions au Zebra pour aller recharger les batteries en vue de deux semaines de festival que l’on prédit déjà comme épuisantes …

 

Finale du Tremplin Blues-sur-Seine – CAC Georges Brassens – Mantes-la-Jolie – 7 novembre

 

http://www.blues-eaters.com/
http://www.ktb-blues.com/
http://www.myspace.com/lazybuddies
http://www.myspace.com/bobbyandsue
http://www.hoboblues.fr/
http://www.crippledfrogs.com/
http://www.yannlem.book.fr/

 

Grand messe annuelle réunissant pas moins de six formations, trois électriques mais aussi trois électro-acoustiques, le Tremplin National Blues-sur-Seine est la référence ultime en la matière et c’est traditionnellement le gratin des médias spécialisés qui se retrouve dès la fin de la matinée dans un CAC Georges Brassens des grands jours où, après de chaudes retrouvailles autour d’un buffet, le jury gagne la salle et y retrouve le public venu traditionnellement en nombre pour y découvrir les finalistes durant un concert marathon de plus de quatre heures.

Après une brève présentation de Jean Guillermo, c’est le Monsieur Loyal de cette grande journée, Mike Lécuyer, qui s’installe au micro et qui anime cette belle journée par sa bonne humeur mais aussi par ses présentations toujours très croustillantes et préparées avec le plus grand soin … Cinq petites minutes de soundcheck pour vérifier que tout va bien et c’est ensuite parti pour chaque groupe qui, dans un ordre décidé par le sort, va venir se produire pendant vingt cinq minutes d’un show souvent intense et toujours plein de bonnes choses.

Se succèderont donc aujourd’hui sur la superbe scène multimédia spécialement concoctée par les techniciens du CAC les Crippled Frogs venus de Valence, les Bretons de Lazy Buddies et leurs compatriotes douarnenistes Bobby & Sue puis, après une pause salutaire, les Blésois de Kevin Texas Band, le duo languedocien Hobo Blues et les Dunkerquois Blues Eaters, chacun de ces groupes ayant été sélectionné par un jury de seize membres issus des médias et de la scène blues nationale. L’avalanche de musique sera cette année encore pleine de belles révélations et de superbes confirmations et c’est très indécis que la trentaine de membres du jury rejoindra la salle des délibérations dès la dernière note du dernier concert …

Occupé pendant les délibérations par un mini concert Yann Lem, le récipiendaire de la toute première Bourse Paris Move, le public ne verra pas la grosse demi-heure de délibération passer puis c’est une fois encore Mike Lécuyer qui viendra animer la remise des diplômes mais aussi et pour la première fois de véritables trophées fabriqués avec un réel talent par les élèves de l’AFORP. Le cru 2010 du Tremplin National Blues-sur-Seine restera ainsi dans les mémoires puisque contrairement à l’an passé, il ne connaîtra pas de grand gagnant qui raflera la quasi-totalité des suffrages mais donnera des résultats très équilibrés et que, fait rare, chaque formation repartira au moins avec un des dix prix cette année !

Les récipiendaires sont :

 

Prix Blues sur Seine catégorie électrique : Hobo Blues
Prix Blues sur Seine catégorie électro-acoustique : Lazy Buddies
Prix Blues sur Seine «Club Mississippi» : Bobby & Sue

 

Prix spécial OFQJ-FestiBlues de Montréal : Bobby & Sue
Prix spécial Cahors Blues Festival : Hobo Blues
Prix spécial Cognac Blues Passions : Blues Eaters
Prix spécial Europa Jazz Festival du Mans : Lazy Buddies
Prix du Collectif des Radios Blues : Crippled Frogs
Prix Blues Magazine : Kevin Texas Band
Bourse Paris-move « Blues en français » : Yann Lem

 

La presse spécialisée s'associe au Tremplin en offrant aux finalistes un abonnement pour chacun des magazines suivants : ABS, BCR La revue, Blues & Co, Blues Magazine, Soulbag et X-Roads.

Au terme d’une cérémonie rapide mais toujours pleine d’émotion, c’est au Zébra, la toute nouvelle et troisième scène du CAC, que la traditionnelle jam sera lancée par notre ami Yann Lem avant que l’on retrouve sur scène et dans un ordre totalement improvisé tous les musiciens présents ce soir avec notamment l’harmoniciste Jim Zeller qui, à peine arrivé du Québec, a tenu à se joindre à une  fête qui nous emmènera jusque vers les douze coups de minuit, les techniciens prenant traditionnellement la relève et apportant après le départ des convives un cachet beaucoup plus rock !

 

Sous les étoiles … – France Inter – Paris 16ème – nuit du 8 au 9 novembre

 

http://www.jimzeller.com/
http://www.carltremblay.net/
http://www.ericmcfadden.com/ 

 

Petite escapade au menu de Blues-sur-Seine ce soir puisque la journée « off » nous permet d’accompagner deux artistes que nous apprécions tout particulièrement vers France Inter où ils participent à l’émission « Sous les étoiles … » de Serge Le Vaillant …

Amis de longue date, les harmonicistes québécois Jim Zeller et Carl Tremblay accompagnés de l’excellent guitariste Jean Millaire y feront entre autre la connaissance d’Eric McFadden avec qui le courant passera tellement bien qu’ils l’inviteront spontanément sur les coups de deux heures du matin à les rejoindre sur le dernier des cinq morceaux interprétés cette nuit en live dans le Studio 61 durant une émission détendue et conviviale où les auditeurs noctambules mais aussi les adeptes des podcasts auront fait plus amplement connaissance avec tout ce beau monde ! Si Eric McFadden n’est pas programmé cette année dans le festival francilien, nul doute qu’il y sera dans un avenir que l’on espère proche tant le phénomène qui se passe autour de son blues si personnel est captivant … 
 

 

Exposition BD Georges Van Linthout – Centre des Arts et Loisirs – Buchelay  – 9 novembre

 

http://www.bulles-de-mantes.asso.fr

 

C’est le Centre des Arts et Loisirs de Buchelay où se déroulera dans tout juste une semaine un concert d’Arthur Adams qui nous accueille ce soir pour le vernissage d’une exposition BD organisée par Bulles de Mantes, l’association sœur de Blues-sur-Seine puisque de nombreux bénévoles du blues sont également à d’autres heures « bédévoles » ! Accueillis par l’équipe de Philippe Guillaume, Président de l’Association, et par Paul Martinez, Maire de la commune, les passionnés de musique et de BD auront tout le loisir de découvrir sur les murs de la salle des originaux de Georges Van Linthout, lavis et crayonnés, provenant de ses deux ouvrages sur le blues, « Conquistador » paru aux éditions Casterman et « T.Bone Walker » paru aux éditions BD Music.

Malheureusement empêché, l’auteur qui n’était pas présent ce soir à Buchelay avait toutefois préparé une vingtaine de superbes petits lavis qui étaient collés dans les albums disponibles pour offrir aux amateurs de blues et de bande dessinée un souvenir qui deviendra très vite un véritable collector ! C’est traditionnellement autour du verre de l’amitié et d’un copieux buffet que se terminera ce vernissage qui s’est avéré être un véritable succès puisque le public avait répondu présent en nombre une fois encore pour ce clin d’œil fort amical fait chaque année par Bulles de Mantes à Blues-sur-Seine !

 

Michael Hawkeye Herman – Eglise – Saint-Martin-la-Garenne – 9 novembre

 

http://www.hawkeyeherman.com/
http://www.myspace.com/hawkeyeherman

 

A peine le temps de traverser la Seine un sandwich à la main que nous voilà déjà à l’heure dite à Saint-Martin-la-Garenne, charmant petit village qui retrouve cette année « son » concert de blues puisque l’an dernier était une étape de transition qui avait vu le spectacle se dérouler dans la commune voisine de Follainville en raison d’importants travaux de rénovation réalisés dans la superbe église de style roman datant du XIIème siècle … C’est un village encore sous le choc de la disparition récente et subite de son premier magistrat qui nous accueille ce soir et c’est à la mémoire de Monsieur Marcel Ferry que cette soirée sera dédiée par tous ceux qui furent ses administrés.

On connait la qualité du travail de Christophe Guest qui prodigue chaque année un enseignement musical aux enfants des communes partenaires de Blues-sur-Seine mais c’est une fois encore qu’il va réussir à nous surprendre puisque les jeunes de l’école communale de Saint-Martin-la-Garenne vont nous interpréter autour de sa guitare pas moins de onze titres en Français et en Anglais, onze pièces parmi lesquelles on retrouvera des standards comme « Pick A Ball Of Cotton », « Dust My Broom » ou encore un épatant « Motherless Child » accompagné au violon par une jeune élève mais également le tout nouvel hymne créé pour la douzième édition du festival, « 12 Blues-sur-Seine ». Surpris et conquis, les parents venus en nombre mais aussi les anonymes ne pourront que saluer les prouesses des jeunes qui ont accumulé tout ce savoir en seulement six heures passées en compagnie de Christophe, six heures il est vrai complétées par un véritable travail de fond de leurs enseignants.

Il a l’habitude lui aussi d’enseigner le blues aux jeunes et à leurs professeurs mais c’est également au grand public que Michael Hawkeye Herman va s’adresser ce soir durant un concert plein d’intensité pour lequel il demandera à Philippe Abiteboul, éminent membre de l’équipe de rédaction de France Inter, d’assurer la traduction des transitions qu’il fait entre chacun des morceaux pour en expliquer l’origine. La voix si caractéristique de ce grand homme de radio résonnera donc in situ ce soir pour le plus grand plaisir de tous ceux qui ont l’habitude de l’écouter mais beaucoup moins de le voir … 

Parti d’un chant d’esclaves interprété a capela, le chanteur et guitariste américain récipiendaire d’un Keeping The Blues Alive Award pour l’intégralité de son œuvre et pour son action dans les écoles va nous expliquer comme il l’a déjà fait à un demi million d’enfants d’où vient le blues mais également où il va, n’oubliant jamais comme il se doit de distraire et d’amuser en même temps qu’il instruit. Un instrumental de boogie woogie, une pièce de Robert Johnson étrangement réarrangée sur son introduction pour y intercaler un extrait de « La vie en rose », un vieux standard de Bessie Smith de 1923 pour lequel Hawkeye nous racontera comment il a appris la musique en recopiant dans le creux de sa main les partitions trouvées dans les magasins de musique lorsqu’il n’avait pas les moyens de se les offrir, un « Prodigal Son » bourré de détails, un passage par les worksongs et encore des dialogues musicaux entre l’artiste et l’assistance, ces fameux call and response si chers aux esclaves et à leur manière d’interpréter jadis le blues, finiront de nous emmener vers d’autres histoires et d’autres anecdotes avant d’en arriver à « St James Infirmary » qui était sensé marquer la fin du concert …

Devant l’accueil qui lui a été réservé, Michael Hawkeye Herman qui s’avouera ému et comblé nous réservera deux morceaux supplémentaires dont une version très proche de celle de Big Bill Broonzy de « Key To The Highway » et enfin un vieux titre de W.C. Handy que l’on considère traditionnellement comme étant le père du blues tandis que derrière lui on commence à préparer les verres pour le pot de l’amitié offert par la municipalité. Un dernier salut à Hawkeye et à sa charmante épouse Willite qui quitteront Blues-sur-Seine demain dès la première heure pour voler vers d’autres aventures et nous voilà déjà prêts à poursuivre une douzième édition qui nous réserve on en est certains de nouvelles bonnes surprises …

 

The Chicago Blues Machine feat. Grana Louise – Espace Corot – Rosny-sur-Seine – 10 novembre

 

http://www.granalouise.com/
http://www.myspace.com/vinolouden

 

Il y a des soirs où il faut faire des choix à Blues-sur-Seine et celui d’aujourd’hui est cornélien puisque se produisent simultanément dans le « In » Tété avec en première partie Hubert #06, Jim Zeller et Carl Tremblay dans leur dynamique « Face to Face » et enfin The Chicago Blues Machine avec en invitée spéciale Grana Louise dans un « Tribute à Koko Taylor » … C’est donc en passant prendre l’apéritif avec nos amis Québécois à Limay que nous débuterons la soirée avant de rejoindre Rosny-sur-Seine pour un concert qui s’annonce prometteur ! Un passage au Blues Café pour y rencontrer les amis et admirer la décoration faite en partie par l’expo photo de notre collègue Yann Charles et nous voilà à pied d’œuvre pour le grand rush du jour.

Arrivé à Rosny juste après le repas, nous avons la mauvaise surprise d’apprendre que le concert est commencé depuis un bon moment et qu’il n’en reste plus grand chose à voir en fait puisqu’en bons Américains qu’ils sont, les gens de la Chicago Blues Machine ont décidé de ne jouer qu’une heure. On découvre donc le chanteur et guitariste Vino Louden qui fait le set un œil sur la montre, l’autre sur la salle où il va régulièrement au contact avec les jeunes des écoles, et qui envoie à un public amorphe mais apparemment séduit tout ce que le blues compte de grosses tartes à la crème du genre « Rock Me Baby » sur fond de bouillie sonore beaucoup trop violente et de lights inexistants, le limiteur de la salle faisant régulièrement sauter les éclairages initialement prévus …

Grana Louise, assise en bord de scène et entourée de gosses ravis d’être si proches d’une star qui leur parle et les accueille à bras ouverts, a déjà chanté ses trois ou quatre titres et assure donc le service après vente jusqu’à ce que ses complices lui demandent de revenir pour prendre part à ultime « Boom Boom » sur lequel elle chantera malheureusement très peu et après avoir un temps patienté sur sa chaise que le reste du groupe nous serve un « Got My Mojo Working » en rappel, elle escaladera une fois de plus les quelques marches qui conduisent à la scène pour copieusement saluer une salle qui visiblement a passé une bonne soirée … On regrettera pour notre part le manque d’originalité et surtout le manque de motivation d’un groupe qui a fait le minimum syndical en nous livrant un Chicago Blues tout juste moyen et à peine digne de certains mauvais clubs de la Windy City. Dommage !

 

Jim Zeller & Carl Tremblay : Face To Face – Salle Municipale – Limay – 10 novembre        

 

http://www.jimzeller.com/
http://www.carltremblay.net/

 

S’il y a des artistes qui ne tempèrent jamais leurs ardeurs, c’est bien de ces deux là dont il est question et c’est une salle copieusement garnie qui accueille Jim Zeller et Carl Tremblay mais aussi leur compatriote et ami guitariste Jean Millaire et enfin une section rythmique diabolique où Thibault Chopin et Simon Boyer tiennent respectivement la basse et la batterie. On apprend que la restitution avec les enfants des écoles a été explosive grâce aux deux Québécois et on se souvient que dès l’apéritif et juste après que Jim Zeller nous ait servi son « Freight Train » ce dingue de Carl Tremblay avait débarqué sur scène et que tel un jack in the box il était déjà parti directement dans la salle à la rencontre des convives … La suite des événements promettait déjà d’être croustillante !

C’est une fois encore au beau milieu de la salle que l’on retrouve Carl, une salle qui après le repas organisé par l’association des rugbymen du cru a laissé entrer le public du concert et qui est désormais surchauffée par la somme d’énergie que le groupe a mis en œuvre ! De la sueur, des sourires sur les visages des artistes mais aussi sur celui d’un public qui danse … Les musiciens appelés à se produire lors de prochains concerts se sont joints spontanément à la fête et on croise aussi bien Matt Andersen que Tomislav Goluban dans cette salle devenue pour un temps le temple mondial du blues et qui n’en finit plus de prendre du plaisir au contact d’un groupe qui donne sans compter et qui visiblement est heureux d’être là ! Pour avoir vu Jim et Carl à maintes reprises au FestiBlues International de Montréal, nous n’en attendions pas moins d’eux et nous ne pouvons que nous féliciter d’avoir réussi à les faire venir à Blues-sur-Seine pour la première fois …

La présence de Tomislav Goluban est bien évidemment le prétexte rêvé pour ajouter encore un peu de piment à la sauce et c’est harmonica en bouche que le Croate se joindra aux deux phénomène sur un époustouflant « Everybody Needs Somebody To Love » avant que tout le monde ne parte après encore moult facéties et délires en tous genres vers un final d’anthologie où l’on retrouvera comme cela avait déjà été fait lundi sur France Inter un enchevêtrement de « That’s Allright Mama » et de « Mystery Train » du plus bel effet ! Limay plie mais ne romps pas et si les visages montrent un certain épuisement jusque dans le public, c’est encore vers le bar et vers les produits dérivés que les spectateurs se rendront pour saluer les héros du jour qui, non contents d’avoir apparemment tout donné, se produiront encore dans quelques instants au Cac Georges Brassens pour le traditionnel after donné au Zébra ! Vous avez dit infatigables ?

 

Hubert#06 – Tété – Salle du Bout du Monde – Epone – 10 novembre (par Bruno Migliano)

 

http://www.myspace.com/hubert06music
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http://www.myspace.com/tetetv

 

19h, il fait nuit noire, froid, il faut que je me mette en route pour le Bout du Monde, enfin c'est la salle qui s'appelle comme cela. Arrivé sur place c'est vrai que ça a l'air d'être le bout du monde … La salle est coincée dans une vague impasse et semble isolée. On se demande bien qui connait cette salle. A l'approche de l'heure fatidique le public s'amoncèle devant la porte et commence à entrer.

Ce soir, on attend quand même un peu de monde, surtout que l'un des artistes à se produire sur cette scène n'est autre que Tété, mais pour l'heure ce sont des petits bouts de choux accompagnés de leur prof de blues d'un jour qui vont nous faire l'agréable surprise de nous montrer leur talent au chant. En à peine six séances ils auront appris quelques mesures binaires, un exploit.

Un court intermède et voilà que notre lauréat du Prix Acoustique au Tremplin 2009 prend possession de la scène. Toujours le galure vissé sur la tête, Hubert et ses guitares nous prodiguent un blues bien roots. Tel un John Lee Hooker il martèle du pied le tempo, ou plutôt c'est son comparse Yarol Poupaud qui assure le tempo à la grosse caisse et qui dans le même temps fait également office de bassiste. Les deux seront rejoints ensuite par l'excellent harmoniciste Steve Verbeke qui viendra poser les petites notes bleues dont il a le secret. Fier et content d'être là, Hubert n'oubliera pas qu'il a marqué les esprits du jury avec un « Six Feet Under Ground », celui-là même qu'il nous restitue en live pour nous ce soir. Le blues rocker aura exécuté un show de grande classe pour le plaisir de tous et surtout pour les enfants.
 
La suite évidement, c'est le très attendu Tété. Pour ma part je ne l'avais jamais vu sur scène mais toujours entendu à la radio. Le décor est soigné, les lumières léchées. Le son un peu sourd à mon goût mais ... Pour le reste, Tété va nous dévoiler quelques nouveaux titres et bien sûr quelques-uns de ses tubes précédents. Lui aussi est très content d'être là ce soir et il nous le fait savoir prestement. Bien planté dans le décor blues du festival, c'est un Tété en verve qui s’offre à nous. Il ne cesse d'interpeler le public qui lui répond avec force et cette dynamique va constituer le fil rouge de la soirée. Un échange constant, les chansons reprises en chœur par tous, surtout la gent féminine, bah oui quoi ? Pourtant il est rock’n’roll le Tété, les gentils damoiseaux pourraient y mettre du leur quand même. D'ailleurs il n'hésite pas à se jeter dans la foule, enfin se jeter, plutôt descendre ... pour le plus grand bonheur de toutes et tous. Bref, nous n'avons pas vu le temps filer que déjà … Au revoir ? Non, obligé qu'il y est, un rappel, nous n'avons pas eu « A la faveur de ... ».

Ah quand même, il y aura au final trois rappels, ce qui est bien, je dirais même très bien, puis il est l'heure monseigneur de retourner à l'autre bout du monde en attendant une soirée qui s'annonce elle aussi très bien, très très bien !

 

CAB – Louisiana Red & Regal Blues Band – Le Colombier – Magnanville – 11 novembre

 

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C’est une soirée exceptionnelle qui nous attend au Colombier et le public l’a bien compris puisque la salle est archi comble et que les travées accueillent elles aussi des spectateurs venus pour ne pas manquer une miette de ce spectacle un peu particulier puisqu’il accueille d’une part CAB, le duo gagnant du Prix Blues-sur-Seine/OFQJ au Concours Relève en Blues du FestiBlues International de Montréal, et de l’autre une légende vivante du blues, Louisiana Red, accompagnée de son band norvégien. Autant dire que même les jeunes Québécois, Charles et Jonathan, sont impatients de découvrir ce grand Monsieur sur scène !

Pour l’heure, c’est CAB qui s’y colle avec beaucoup de volonté et surtout avec une belle énergie qui permet à son folk blues installé entre roots et modernisme de venir caresser l’oreille d’une assistance qui se laisse rapidement charmer par la contrebasse de Jonathan et par la guitare de Charles. Surfant sur la vague spontanément levée par cet accueil des plus enthousiastes, ces deux jeunes et sympathiques musiciens n’hésiteront pas à rapidement se lâcher et à donner le meilleur d’eux-mêmes pour offrir un show à l’intensité palpable et au charme certain et c’est en passant des compositions inspirées de leur quotidien comme « What My Baby Wants » à des reprises de grands standards tels que « My Babe » que CAB en arrivera au bout du compte un rappel carrément pas prévu puisque dès la fin du dernier morceau, les deux artistes avaient débranché leurs instruments et coupé les amplis. Une belle satisfaction pour nous qui étions allés les dénicher à FestiBlues mais aussi pour Jacques Noël, le représentant du festival québécois venu ce soir supporter ses poulains !

Un rapide entracte pour faire marcher le commerce et déjà le Regal Blues Band s’installe sur la scène du Colombier pour y démarrer un concert qui s’annonce plein de bonnes vibrations. Habitués du festival puisqu’ils s’y produisaient déjà l’an dernier sous leurs propres couleurs, des artistes comme Jolly Jumper à l’harmonica et Big Moe à la guitare mais aussi Doc Bekken au piano et Olav Gustafson à la batterie n’auront aucune difficulté à trouver leurs repères et ceux qui passent pour de sympathiques touristes quand on les croise dans les restaurants du festival deviendront très vite une fois installés sur les planches de véritables killers. Organisée avec la collaboration essentielle du Notodden Blues Festival, cette soirée prendra donc rapidement son véritable essor lors de l’arrivée de Louisiana Red, disciple de Muddy Waters et Lightnin’ Hopkins à la voix inimitable et au style très personnel !

Veste rouge sur le dos, Telecaster rouge sur les genoux, Louisiana Red qui porte on ne peut mieux son nom se laisse guider par Jolly Jumper qui joue ce soir les maîtres de cérémonie et qui épaule consciencieusement le blindman en lui annonçant les morceaux à jouer ou en lui changeant à l’occasion ses guitares quand il lui prend l’envie de se mettre à la slide … Si Louisiana Red a le geste un peu moins précis que dans sa jeunesse, il n’en garde pas moins un feeling imparable et un chant à faire fondre instantanément la banquise et c’est en nous faisant monter à son propre rythme en puissance qu’il nous offrira des « Alabama Train », des « King Bee », des « Hi-Heel Sneakers » et des « Dust My Broom » qui séduiront tous les anonymes mais aussi tous les musiciens qui ont fait le déplacement puisque l’on croise dans la salle Jim Zeller et Jean Millaire, Sophie Kay ou encore Magic Buck, chacun d’entre eux affichant un très large sourire et se régalant autant des grands coups de bottleneck des guitaristes que du jeu de piano très caractéristique qui remplace avantageusement la basse et bien évidemment de l’harmonica.

Encore un passage par « Back To The Black Bayou » mais aussi un rappel de trois titres dont deux sur lesquels Louisiana Red sera seul à la guitare acoustique et c’en sera déjà terminé d’une soirée de gala qui a tenu toutes ses promesses ! Une centaine de personnes, de privilégiés pourrait on presque dire, ont vécu ce soir un grand moment de convivialité et de musique offert par un artiste malheureusement trop rare qui, dès la fin de son concert, se dirigera vers le déambulatoire qui jouxte la salle et y saluera son public tout en lui dédicaçant ses albums … C’était assurément une des soirées à ne manquer sous aucun prétexte !

 

Master Class avec Music Maker Revue – Ecole Nationale de Musique – Mantes-la-Jolie – 12 novembre

 

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C’est un rendez-vous un peu particulier que les membres de la Music Maker Revue nous ont proposé en cette fin d’après midi puisque ce sont deux master class successives qui attendent les élèves de l’Ecole Nationale de Musique mais aussi quelques anonymes de passage venus goûter à la saveur toute particulière de ces vieux bluesmen dont la plupart appartiennent à l’histoire du genre … Pour l’anecdote, on rappellera que Tim Duffy, créateur de Music Maker Relief Foundation, a un jour été touché par la grâce du blues et qu’il a fait le vœu de venir en aide à tous ces musiciens parfois indigents en les enregistrant pour conserver leur savoir, en les envoyant sur les routes du monde pour prodiguer ce même savoir et surtout en assurant une aide médicale à ceux qui n’ont pas les moyens d’accéder aux soins !
 
Conduite par la chanteuse Pat Cohen, la séance commencera par quelques explications et par quelques démonstrations de ce qu’est le blues, tous les musiciens présents à ses côtés s’efforçant de démontrer à une assistance pour laquelle le blues est souvent considéré comme une musique triste et cafardeuse que le genre peut aussi bien être joyeux que triste, remuant ou beaucoup plus calme. Albert White à la guitare, Nashid-Abdul Khaaliq à la basse et Ardie Dean à la batterie vont donc nous inviter à un grand tour du blues au travers de titres comme « Got My Mojo Working » mais aussi de pas mal d’improvisations avant d’inviter leur complice Dr. Burt à expliquer par l’exemple ce qu’est le delta blues. Rejoints spontanément au piano par l’Honorable Jon C. Porter, membre de l’US Congress (ret), tout ce joli monde aura à cœur de donner le meilleur de lui-même pour enfin décider les spectateurs à prendre part à la fête …

Composée d’une douzaine d’élèves de l’ENM, l’assistance se fera un peu prier pour rejoindre les membres de la Music Maker Revue mais l’osmose se fera tellement bien au bout de quelques interventions que c’est au final tous ensemble avec pour seule aide la présence de Pat Cohen au chant que les spectateurs deviendront acteurs pour un superbe funky beat joué sous l’œil expert et réjoui des musiciens qui donneront leur avis et prodigueront même quelques petits conseils pour que le blues de chacun devienne encore plus séduisant à l’avenir ! Un très grand moment de convivialité et de partage comme on en vit à chaque fois avec les musiciens de Music Maker, des artistes qui savent d’où ils viennent et qui ne se prennent pas pour des stars …

 

Rhoda Scott & La Velle – Collégiale – Mantes-la-Jolie – 12 novembre 2010

 

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C’est une collégiale bondée qui nous ouvre grand les bras pour le concert de celle qui est la marraine du festival, la grande Rhoda Scott, l’organiste aux pieds nus accompagnée ce soir de la pianiste et chanteuse La Velle et du batteur Lucien Dobat mais aussi des nombreux membres des chorales du Mantois. Encore un grand moment du festival qui se prépare en on le sent bien dès l’entrée dans ce qui pour l’heure est devenu une gigantesque fourmilière où l’intensité est déjà palpable …

Religieusement installés devant l’autel, les édiles locaux assisteront tout comme le reste de l’assistance aux quelques premières mesures offerte par le trio et se régaleront de l’orgue Hammond de Rhoda Scott sur notamment un vibrant « Amazing Grace » avant que tous les choristes ne viennent compléter un tableau multicolore fort agréable à l’œil mais aussi, et c’est quand même bien là le but principal, à l’oreille ! Menés à la baguette par La Velle durant les master class préparatoires à cette grande création gospel soul, les chanteurs venus de divers horizons ont acquis une coordination impressionnante et c’est en ordre parfait qu’ils se produisent ce soir, accompagnant ces deux grandes dames dans un spectacle dirigé par la voix forte et colorée de La Velle, une artiste qui vit tellement les morceaux qu’elle interprète que ça se lit à chaque instant sur son visage !

C’est le poing en l’air que la chanteuse intime ses ordres à une chorale attentive et obéissante à qui elle indique d’un doigt ou de deux doigts le nombre de reprises qu’il reste avant la fin de chaque morceau et force est de constater que devant la force de conviction de La Velle, ses choristes sont bien obligés de faire attention à ce qu’elle leur dicte s’ils ne veulent pas risquer d’être croqués tous crus dès la fin du spectacle … Si l’ambiance semble donc quelque peu militaire, il fallait sans doute en passer par là pour que le spectacle soit réussi et c’est ainsi qu’il en a été pour le plus grand plaisir des spectateurs qui, debout de la nef au transept avant même la fin du concert, réussiront à obtenir un titre supplémentaire en rappel !

C’est une fin de spectacle un peu particulière qui sera réservée aux artistes qui puisque après avoir reçu les bouquets de fleurs traditionnellement réservés à ces grandes soirées, c’est Rhoda Scott qui se verra honorée par Michel Vialay, Maire de Mantes la Jolie, qui lui remettra la médaille de la ville pour toutes les actions qu’elle y a mené à bien depuis des années … Encore quelques échanges avec l’assistance et il sera temps pour les artistes d’aller se réchauffer autour d’un verre de vin chaud et pour le public de gagner le D’Estrées, bar voisin où la soirée continue !

 

CAB – Bar Le D'Estrées - Mantes la Jolie – 12 novembre

 

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C’est une arrière salle surchauffée qui accueille ce soir le jeune duo québécois CAB qui a en main toutes les conditions requises pour mettre le feu à la ville ! Une assistance nombreuse et motivée, une ambiance lentement entretenue à grandes rasades de boissons houblonnées, un accueil des plus sympathiques et la présence parmi les spectateurs de Matt Andersen, vainqueur à Memphis en février dernier de l’International Blues Challenge dans la catégorie solo/duo, de Melvin Smith, bassiste du Chicago Blues Machine qui accompagne Grana Louise, mais aussi de quelques autres artistes participant au festival et de nombre de musiciens locaux venus participer à cette opération Bars en Seine qui accueille chaque soir ou presque des concerts durant toute la durée de Blues-sur-Seine, permettant ainsi au public d’assister à un concert de qualité pour le prix d’une bière, d’un soda ou d’un café …

Débuté peu avant 23 heures, le premier set des jeunes vainqueurs du Prix Blues-sur-Seine / OFQJ au dernier FestiBlues International de Montréal jouera ce soir le jeu de la spontanéité et de la convivialité, les ambiances luxueuses proposées hier soir au Colombier cédant aujourd’hui la place à un répertoire plus axé sur la clientèle des bars et des cafés concerts pour le plus grand plaisir de ceux qui les découvriront sous une autre de leurs multiples facettes ! Tour à tous amusants, séduisants, convaincants ou tout simplement brillants, Charles à la guitare et Jonathan à la contrebasse gagneront ce soir encore quelques fans dans ce qui est le réel début de leur carrière internationale puisque c’est la première fois qu’ils se produisent en dehors de leurs terres québécoises … Une belle aventure pour de jeunes gens qui, a part s’être rendus à quelques reprises en touristes aux USA voisins, n’avaient jamais quitté le Canada. 

 

Dr. Burt & Ardie Dean – Médiathèque – Limay – 13 novembre  

 

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Que faire dans le Mantois quand le samedi après-midi s’annonce gris et pluvieux ? Un tour par le Blues Café où se retrouvent artistes et bénévoles autour d’un gobelet bouillant plein de ce breuvage noir qui brûle les doigts à une heure où l’apéro serait pourtant de rigueur … On y croise quelques bénévoles qui se prennent pour des rock stars et escaladent les flycases, on se prend une bonne dose de gras au restau du coin pour tenir au corps tout le reste de la journée et c’est parti pour le premier spectacle du jour du côté de Limay où la Médiathèque nous attend … 
 
Dr. Burt est sans doute un nom qui ne parle pas beaucoup au grand public et pourtant ce grand bonhomme au profil osseux et aux doigts démesurément longs est une des grandes figures du blues, une de celles qui n’ont été révélées aux yeux du monde qu’il y a un peu plus de trois ans, quand Music Maker Relief Fondation a fini par lui mettre la main dessus après maintes et maintes recherches puisque le personnage vivait pratiquement en ermite, reclus dans une simple masure de l’Alabama où son blues ne touchait que le cœur du mobilier et des rares ustensiles de cuisine qui peuplaient les lieux … Depuis, Dr. Burt est devenu une star en Australie et a parcouru le monde avec sa guitare, son chapeau et toujours le même pantalon trop court et rapiécé de partout ! Quand il entre dans une pièce, il salue tout le monde, se présente en toute simplicité, et si ses doigts souffrent un peu suite à de mauvaises rencontres faites à l’époque où la ségrégation était de mise, cela ne l’empêche jamais de venir vous serrer la main …

C’est en un superbe duo avec son ami et batteur Ardie Dean que Dr. Burt va nous proposer son blues une grande heure durant et c’est en nous promenant d’histoire en histoire que celui qui était en couverture de l’excellent « What Can An Old Man Do But Sing The Blues » publié chez Dixiefrog à l’été 2009 va nous faire le coup du Bo Diddley Beat mais aussi nous emmener au cœur du delta blues, celui de ses racines et de ses amours. Un coup de « It Hurts Me Too » pour rappeler que le blues est là pour véhiculer des émotions, qu’elles soient joyeuses ou tristes, quelques explications proposées par Ardie Dean mais aussi par l’Honorable Jon C. Porter, membre de l’US Congress (ret) et porte parole de Music Maker durant cette venue exceptionnelle en France et il sera bientôt temps d’inviter les musiciens présents pour un petit bout de jam …

Ce sont des musiciens déjà présents hier soir à l’Ecole Nationale de Musique qui viendront chausser la basse et la guitare et c’est en compagnie de Lou Demontis au chant que tout le monde s’embarquera dans un « Walking The Dog » des plus dispensables quand on sait que le temps passé à ça empiète d’autant celui consacré à écouter et à apprendre à connaître Dr. Burt. Fort heureusement, c’est le guitariste de la Music Maker Revue qui reprendra très rapidement la main et qui nous accompagnera vers la sortie de la Médiathèque avec un « Big Boss Man » des plus convaincants … Voilà une journée qui commence sur les chapeaux de roues et qui s’annonce palpitante pour ceux qui retrouveront la Music Maker Revue ce soir dans l’Auditorium de l’ENM ! 

Matt Andersen – Greg Zlap – Espace Maurice Béjart – Verneuil-sur-Seine – 13 novembre

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La route est longue pour rejoindre Verneuil-sur-Seine mais c’est toujours un double plaisir que celui de se rendre à l’Espace Maurice Béjart puisque les concerts y sont traditionnellement excellents d’une part et que l’accueil l’est au moins autant de l’autre ! Après avoir accueilli par le passé pas moins qu’Eric Bibb, Mighty Mo Rodgers, Bob Walsh, Beverly Jo Scott ou Hasna El Becharia mais aussi nombre de premières parties resplendissantes, la salle reçoit donc ce soir deux grands noms du blues, Matt Andersen, vainqueur de l’International Blues Challenge de Memphis en 2010, et Greg Zlap, harmoniciste de talent que l’on ne présente plus tant sa présence auprès des artistes reconnus de l’hexagone l’a mis sous le feu des projecteurs … Une grande et belle soirée en perspective puisque la salle affiche complet à quelques minutes du début des concerts !

Si la stature de Matt Andersen force naturellement le respect, son jeu de guitare plein de finesse mais aussi à l’occasion de hargne et sa voix puissante et délicatement éraillée en font naturellement tout autant. C’est à grand renfort de ses blues intelligemment teintés de folk ou de rock que ce Canadien du Nouveau Brunswick a décidé de charmer l’assistance et cette dernière va très vite plier sous le poids des notes de l’artiste qui, seul en scène, donne au moins autant qu’un big band tout entier ! La chevelure de cet imposant guitariste n’en finit plus de tournoyer autour de sa tête, un peu à la manière des guitar heroes d’antan, et c’est en proposant une musique qui n’est pas sans rappeler par moments celle du regretté Rory Gallagher avec en prime plein de petits détails amusants que Matt Andersen s’accordera une standing ovation des plus spontanées mais aussi un rappel qui finira de conquérir Verneuil dans son intégralité. Sacré bonhomme !

Si beaucoup ont renoncé à écrire son nom, personne n’a pensé un seul instant à se priver de la présence de Greg Szlapczynski tant le chanteur et harmoniciste se montre éblouissant à la scène et charmant à la ville ! Accompagné de ses fidèles Tristan Bres à la basse et Toma Milteau à la batterie mais aussi de deux nouveaux brillants musiciens à la guitare et aux claviers, Greg est un ancien de Blues-sur-Seine puisqu’il y a côtoyé les organisateurs et les bénévoles de façon intensive en donnant en son temps des cours d’harmonica à pas moins d’un millier d’élèves des écoles et si sa carrière musicale intense l’a conduit à transmettre ensuite le flambeau à son ami Sébastien Charlier, il n’en reste pas moins lié par le cœur à un festival qui lui a donné ses premiers émois dans un style musical dans lequel il fait aujourd’hui figure de référence, même si les harmonicistes de talent ne manquent pas en France …

Traversant allègrement son répertoire pendant la première partie de son spectacle, Greg Zlap qui se montre toujours très théâtral et très dynamique va lentement mais sûrement faire monter son show en puissance et après avoir expliqué preuve à l’appui que pour jouer de l’harmonica il suffisait de savoir respirer, c’est en nous soufflant à l’oreille le jingle de la 20th Century Fox que l’artiste va introniser les morceaux de son dernier album en date, « Road Movie(s) », reprenant pour commencer le bien connu « Ascenseur pour l’échafaud » pour mieux ensuite nous emmener vers « Bagdad Café » et glisser avec une infinie délicatesse vers « Soul Of A Man » … L’Espace Maurice Béjart est sous le charme et n’attend plus qu’un signe de la part d’un artiste qui va jouer avec la salle comme un chat avec une souris, lui demandant pour commencer de l’accompagner dans un blues en Polonais, sa langue maternelle, puis lui demandant de se lever et de se presser sur le devant de la scène pour un final qui nous réservera en point d’orgue l’excellent « Who’s Gonna Take My Damn Soul ».

Comblée, l’assistance en redemande et en grand seigneur, Greg Zlap va lui accorder un rappel un peu particulier puisqu’il accueillera à ses côtés Matt Andersen pour le superbe et psychédélique « Now I Am The Blues » avant de clore définitivement les débats d’un « Wedding Theme » composé il y a quelques années par son ami et pianiste Johan Dalgaard en l’honneur de son mariage … Verneuil lui offre en retour un tonnerre d’applaudissements et file très vite vers le sous sol de la salle et sa buvette où les artistes viendront bientôt dédicacer leurs albums respectifs ! L’heure a tourné et il faut déjà se résoudre à aller prendre un peu de repos avant d’aborder la dernière semaine d’un festival qui est cette année marqué par la très forte mobilisation du public …

Music Maker Revue – Ecole Nationale de Musique – Mantes-la-Jolie – 13 novembre

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Pendant ce temps, du côté de l’Ecole Nationale de Musique de Mantes-en-Yvelines se déroulait une représentation exceptionnelle de Music Maker Revue avec huit musiciens présents sur la scène à tour de rôle mais aussi parfois en commun puisque lors des temps forts du spectacle, ils seront tous ensemble à cohabiter dans le superbe amphithéâtre boisé à l’acoustique superbe !

De Pura Fé à Pat Cohen en passant par Albert White, Dr. Burt, Eddie Tigner, Alabama Slim, Nashid-Abdul Khaaliq et Ardie Dean, tous ces brillants représentants de l’héritage américain du blues emmèneront leur public dans une prestation en deux parties, la première retraçant l’histoire du genre et la seconde s’attachant pour sa part à en montrer son évolution dans un spectacle haut en couleurs et forcément riche en émotions … 

Hell’s Kitchen – Rodolphe Burger – Le Sax – Achères – 13 novembre (par Bruno Migliano)

http://www.myspace.com/hellskitchenblues
http://www.rodolpheburger.com/
http://www.myspace.com/rodolpheburger

Quelle activité en ce samedi 12 novembre ! Où fallait-il être ? Humm … Et bien moi j'avais choisi le côté blues énervé. Quelle est la différence entre un Hell's Kitchen et un Rodolphe Burger? A mon avis très peu, les deux formations ont su se démarquer d'un blues traditionnel en cherchant avant tout l’expérimentation.

Les premiers avec leur attirail de cuisine, ça c'est pour le matériel, et côté compositions la recherche du texte déjanté. Dommage que le chanteur guitariste Monney B. reste assit, le jeu de scène serait alors plus audacieux et se prêterait mieux au répertoire de ces fougueux garçons s’il se levait de temps à autres … Gageons qu'ils nous entendent.

A voir Rodolphe Burger, on se dit que là nous allons assister à un truc plutôt tranquille ... Que nenni ! Sur son tabouret de bar, la voix grave, posée et puissante l'homme dégage de fortes sensations. On croirait entendre un Lou Reed, un Gainsbourg ou un autre poète allumé du même genre. L'intensité monte, Rodolphe Burger délaisse le tabouret et tel un derviche tourneur en transe il nous entraîne plus profondément dans son univers, utilisant tous les artifices de la technologie nouvelle, associant tous les sons …

C'est là un blues rock nouveau que nous offrent Rodolphe Burger et ses deux compagnons, Julien Perraudeau à la  basse et aux claviers et Alberto Malo à la batterie. La salle du Sax ne s'y trompera pas et réservera une standing ovation au groupe, réclamant naturellement un rappel auquel elle aura droit.

Les douze coups de minuits ont retenti, il est l'heure de clore ce nouveau chapitre de Blues-sur-Seine.

Hell’s Kitchen – Emmaüs – Follainville-Dennemont – 14 novembre

http://www.myspace.com/hellskitchenblues 

Journée un peu plus calme à Blues-sur-Seine puisque après le grand rush de vendredi et samedi, c’est un dimanche presque paisible qui nous attend avec seulement deux concerts annoncés dans le « In » mais avec toutefois un gros morceau pas franchement blues mais très populaire puisque le phénomène ZAZ se produira en fin d’après-midi au CAC Georges Brassens … En attendant l’heure H, c’est le calme plat au Blues Café où bénévoles et artistes passent de temps à autre pour reprendre des forces autour d’une boisson chaude ou plus simplement pour consulter leur messagerie électronique et le temps filant à une vitesse folle, ils est bientôt l’heure de prendre la route pour Dennemont où les locaux d’Emmaüs nous attendent pour un concert au cachet toujours un peu particulier.  Compagnons et techniciens ont aujourd’hui mais la main à la pâte et c’est une salle configurée de manière un peu inhabituelle qui nous attend en ce milieu d’après-midi !

Après les traditionnelles restitutions des élèves des écoles Jules Ferry de Follainville et Ferdinand Buisson de Dennemont venus jouer de l’harmonica ou chanter après avoir été formés durant six séances hebdomadaires d’une heure pas Sébastien Charlier et Christophe Guest, c’est le sempiternel brouhaha des enfants qui prend place dans la salle des meubles avant que les watts ne retrouvent enfin leurs droits.

Habitués du festival, les Hell’s Kitchen ont une fois encore fait le voyage depuis Genève pour venir nous servir leur blues roots bien poisseux qui s’appuie sur la guitare et la voix de Monney B., sur la contrebasse de Ryser C. et sur les percussions artisanales de Taillefert C. ! Sorties tout droit des cuisines de l’enfer, les chansons du trio ont souvent le feu aux fesses et invitent tout naturellement à battre du pied, à taper des mains ou encore à se déhancher en rythme mais pour l’heure, c’est une assistance mollassonne qui réserve un accueil mitigé à un groupe qui ne démérite pas d’un poil et qui se donne à fond dans un set à la fois complet, précis et riche ! Insensibles à l’appel de titres comme « No Guts », « Flowers » et autres « Dance Machine » sur lesquels le tambour de machine à laver, la pelle à poussières, la poubelle ou la planche à laver font à chaque fois des étincelles, quelques malpolis retourneront prestement à leur sacro-sainte télévision mais ceux qui auront et la bonne idée de rester jusqu’au bout du concert ne le regretteront pas tant la musique des Hell’s Kitchen est un régal pour l’esprit, pour les yeux et pour les oreilles !

L’appel de l’autre gros concert de la journée se faisant pressant, c’est un peu avant la fin de la prestation des Suisses que nous quitterons les Compagnons d’Emmaüs pour rejoindre la Rue de Gassicourt où les alentours du CAC Georges Brassens grouillent avec une réelle intensité. Difficile de stationner dans les proches abords, d’autant que ZAZ a bloqué une bonne partie de l’accès à la salle avec son tour bus …

Mlle Sane – ZAZ – CAC Georges Brassens – Mantes la Jolie – 14 novembre 

http://www.mllesane.fr/
http://www.myspace.com/mademoisellesane
http://www.myspace.com/zazofficiel

Le concert de Mlle Sane est commencé depuis un moment quand nous arrivons dans la salle et le public venu en nombre semble apprécier à sa juste valeur une mise en jambes des plus séduisantes proposée par cette fort sensuelle chanteuse et par son complice guitariste Nicolas Trajan qui agrémente de ses notes de guitare des chansons dans lesquelles les textes sont forts et le verbe haut.

Gouailleuse et engagée, la jeune artiste du cru ne manque jamais une occasion de se faire remarquer par des paroles tranchées très proches de l’os et si certaines de ses chansons sont tirées de la plume d’Ivan Malherbe, c’est pour mieux mettre en valeur le travail colossal de ce poète urbain pour lequel le mot libertaire n’est jamais utilisé sans véritable raison. Une voix, une véritable présence sur scène et des chansons qui tiennent la route, c’est en terminant son set par un titre délicatement intitulé « Dans ton cul » que Mlle Sane recueillera les applaudissements nourris d’une salle à laquelle elle offrira pour la remercier un morceau un peu plus blues que les précédents en rappel. Une attention délicate !

Une dizaine de minutes d’entracte et l’affaire est dans le sac, on nous informe que les photos seront limitées aux trois premiers morceaux, et sans flash s’il vous plait … L’expression fait tellement cliché que l’on ne comprend toujours pas pourquoi personne n’a jamais pensée à appeler son album « Les trois premiers morceaux sans flash … » ! Apanage des grands, cette manière de procéder fait toujours sourire quand elle est utilisée par un artiste qui, il y  encore peu de temps, se produisait dans le métro mais on s’y plie de bonne grâce, d’autant plus que la pop folk un peu doucereuse de ZAZ fait quand même un peu tâche dans un festival originellement dédié au blues …

Et pourtant, elle ne manque pas de talent la chanteuse, ni de charme non plus d’ailleurs, sa voix délicatement cassée arriverait presque au passage à donner le change et à faire croire au chaland installé en face d’elle que le blues c’est ça ! Alors forcément, les chansons de son unique album certifié trois fois platine et ancré en haut des charts durant tout l’été feront naturellement leur petit effet sur un public d’amateurs bien au fait des l’actualité de l’artiste, d’autant que ces dernières sont servies avec des lights impeccables et un son précis et que le show largement rodé sur une tournée marathon ne se voit ponctué d’aucune erreur, même toute petite. C’est donc une salle séduite qui s’en ira en compagnie de ZAZ jusqu’au bout d’un concert dont « Je veux » sera forcément l’épitaphe pour le plus grand plaisir des consommateurs des radios périphériques …

Dix jours de festival ont forcément laissé des traces et à la veille d’un véritable jour off, on délaissera la salle avant la fin du concert pour aller astiquer un peu le matériel, faire du tri dans les premières images et goûter un temps au sommeil du juste puisque les cinq dernières soirées du festival s’annoncent elles aussi intenses … Comme on dit souvent, le meilleur est à venir !      

Arthur Adams – Salle Polyvalente – Buchelay  – 16 novembre

http://www.arthuradamsband.com/

Superbe soirée en perspective à Blues-sur-Seine puisque après un lundi traditionnellement « off », c’est Buchelay qui accueille ce soir une des grandes références du blues avec Arthur Adams, artiste de renom ayant écrit et composé pour B.B. King mais aussi pour Quincy Jones, Sam Cooke ou encore Albert King … En attendant la mise à feu de la navette spatiale Adams, c’est une fois encore Christophe Guest qui déballe guitares et djembés pour s’en venir faire chanter les élèves de l’Ecole Pierre Larousse devant des parents suréquipés en caméscopes et en appareils numériques high tech qui ne prendront pour certains conscience de l’intensité du moment que le lendemain en visionnant leur film ! Les touristes japonais n’ont désormais plus grand-chose à nous apprendre …    

Un dernier coup de peigne des techniciens sur le soundcheck et ce sont déjà les musiciens d’Arthus Adams qui s’installent sur la petite scène de la Salle Polyvalente pour venir nous proposer un impressionnant voyage au cœur du blues et du rhythm’n’blues ! La démarche hésitante, le guitariste et chanteur rejoint Lou Castro à la basse, Greg Brown à la batterie, Hense Powell aux claviers et Louis Thomas au saxophone et c’est tous les cinq qu’ils vont se lancer dans un set sans le moindre temps mort, chacun prenant tour à tour et régulièrement un solo pour laisser le temps au big boss de se désaltérer à grand renfort de café qu’on lui tient à disposition en permanence au bord de la scène !

La caféine a cela de bon qu’elle maintient Arthur Adams sous tension continue et c’est en multipliant les gimmicks mais aussi les riffs plus parfaits les uns que les autres que l’homme à la Gibson va nous offrir le grand tour d’un genre qu’il connait sur le bout des doigts et pour lequel il se montre aussi efficace de la main droite que de la gauche … Bien entendu, quelques irréductibles téléphages ont très rapidement quitté la salle après la démonstration des enfants mais ceux qui sont restés ne le regretteront pas puisque le quintet va nous servir comme sur un plateau un enchaînement nourri de titres parmi lesquels on reconnaîtra les fameux « Sittin' On The Dock of the Bay » et autres « What A Wonderful World » judicieusement placés au beau milieu du set pour maintenir l’assistance en éveil.

Une petite virée d’Arthur Adams dans la salle pour aller au contact des jeunes qui ont fait l’effort de convaincre leurs parents de rester pour la fin de la soirée, quelques mots malheureusement trop rarement échangés avec le public entre les titres et surtout un blues joué avec le cœur et les tripes, tout est réuni pour que Buchelay passe une très belle soirée et c’est à regret que nous quitterons les lieux un peu avant la fin du spectacle pour nous en aller vers l’ENM où nous attendent d’autres réjouissances …

Electricdiva – Ecole Nationale de Musique – Mantes-la-Jolie – 16 novembre

http://www.myspace.com/electricdiva 

Les professeurs et intervenants de l’ENM ont tout juste fini de présenter leur spectacle « Our Blues » quand nous pénétrons dans le grand vaisseau futuriste posé au bord de la voie ferrée et si les trains inspirent traditionnellement le blues, c’est ce soir des musiciens de jazz qui vont venir s’essayer à la pratique du rock et du blues au travers de compositions que l’on pourrait taxer de progressives tant elles évoquent parfois King Crimson ou encore Pink Floyd …

Deborah Benasouli est une chanteuse au timbre généreux et à la présence impressionnante et c’est en compagnie de ses complices Philippe Crab aux guitares, Alexandre Saada aux claviers et carcabous, Jean-Daniel Botta à la basse et Laurent Sériès à la batterie qu’elle nous livre aujourd’hui des compositions de l’excellent premier album éponyme d’Electricdiva qui fait le trait d’union en musique entre l’Afrique et l’Amérique avec des chansons qui rappellent les origines noires du genre et qui les emmènent vers leur évolution souvent métissée de blanc. Quelques arrangements originaux comme ce linge blanc déployé à l’occasion sur la batterie pour en atténuer le son, des percussions toujours très judicieuses, un petit passage au piano à queue pour varier les sonorités, Electricdiva ne laisse rien au hasard et ça s’entend à chaque instant ! 

Si on sent le très lourd bagage jazz des musiciens, ces derniers ont le mérite d’avoir su désacraliser la partition pour rendre leur musique vivante et libre tout en restant très technique et à défaut de se lancer dans une danse effrénée peu propice à ce genre de spectacles, le public dégustera avidement chaque note, chaque phrase d’un concert où les « Treasure » et autres « Where My Heart Lies » ne manqueront pas de résonner dans un auditorium luxueusement boisé à l’acoustique particulièrement fouillée. La lumière chaude et intimiste aidant, on en surprendra même quelques-uns à rêvasser les yeux dans le vague, signe que la prestation d’Electricdiva était à la hauteur de la très bonne réputation du groupe ! 

Juke Joint Pimps – Foyer des Jeunes Travailleurs – Mantes-la-Jolie – 17 novembre 

http://www.juke-joint-pimps.com/
http://www.myspace.com/jukejointpims

Cette soirée un peu particulière tombe un jour trop tôt pour fêter l’arrivée du Beaujolais Nouveau mais arrive à point nommé pour célébrer l’entrée du repas gastronomique français au patrimoine mondial de l’Unesco puisque Gilles et ses collègues cuisiniers du Foyer des Jeunes Travailleurs et du Quai 21, son Restaurant Inter Entreprises, ont une fois encore fait des merveilles pour ce traditionnel diner concert qui rassemble chaque année les fins gourmet, les amateurs de bon blues et les amis de Blues-sur-Seine !

Nous les avions découverts dans un autre festival qui mélange le blues et la gastronomie, le Rootsway Roots'n'Blues & Food Festival de Parme en plein cœur de l’Emilie Romagne, c’est aujourd’hui à Mantes-la-Jolie que les Juke Joint Pimps vont venir nous offrir leur blues très vaste dans lequel rien n’est mis sur la touche puisque du blues rural du delta au blues urbain de Chicago en passant par les bayous de Louisiane, le Texas, la Côte Ouest et même par les églises et leur gospel, l’homme orchestre Mighty Mike au chant, à l’harmonica et aux percussions et son complice guitariste T-Man vont faire le grand tour de toutes les facettes du genre.

Piqués aux vitamines, les Juke Joint Pimps sont de véritables piles électriques et ils le prouvent à chaque instant en livrant entre les plats une sorte de « trou normand » régénérateur qui aurait été concocté entre leur Allemagne natale et les sources de ces musiques noires-américaines qu’ils nous jouent ce soir. Muddy Waters entre le jarret de porc et le dessert, ça vous remonte un amateur de blues sans aucune contre indication médicale et ça se voit jusque devant la scène puisque quelques danseurs viennent même s’ébrouer entre les jeunes serveuses qui pour l’occasion deviennent équilibristes en débarrassant les assiettes ! 

Mighty Mike revêtira encore la robe traditionnelle pour nous interpréter le traditionnel « When The Saints Go Marching In », Patrick Hochedé, directeur des lieux, nous présentera François, un ancien pensionnaire du FJT entre 2004 et 2007 visiblement très ému de se produire « à la maison » qui nous proposera l’introduction en slam du spectacle Crossroad que l’on retrouvera une dernière fois samedi en début d’après-midi au Collectif 12 et c’est après encore quelques sets où surnagent en permanence la guitare slide et des standards comme « Walking By Myself » ou « Dust My Broom » que les Juke Joint Pimps nous accompagneront vers les douze coups de minuit qui signent la fin d’une soirée haute en couleurs ! 

Chicago Blues Festival – Centre Culturel Louis Jouvet – Bonnières-sur-Seine – 18 novembre

http://www.myspace.com/nickcharlesbass
http://www.myspace.com/williethetouch
http://www.alligator.com/artists/bio.cfm?ArtistID=017
http://www.vastijackson.com/
http://zorayoung.net/
http://www.midcoast.com/~bluesman/eddie_shaw.html

Traditionnellement depuis des années, la tournée du Chicago Blues Festival fait étape dans le Mantois et cette année encore, l’affiche de ce rassemblement all stars se révèle particulièrement prometteur ! Pour ceux qui ne connaissant pas le concept, ce n’est pas un groupe qui se déplace mais quelques individualités rassemblées pour l’occasion qui mettent en commun leur longue expérience du blues pour une sorte de jam session au charme tout particulier. Il souffle donc ce soir sur Bonnières comme un vent venu de l’Illinois  et le Centre Culturel Louis Jouvet, plein comme un œuf, affiche quelques degrés de plus qu’à l’accoutumée …

C’est conduit par le multi-instrumentiste Maurice John Vaughn que cette soirée va débuter, le chanteur arrivant guitare en main avec à ses côtés le bassiste Nick Charles, sideman attitré de Billy Branch, et le batteur Willie Hayes qui a longtemps accompagné Koko Taylor … Deux pièces en trio pour réchauffer encore un peu l’atmosphère et c’est très vite le diablotin Vasti Jackson qui va venir se joindre à l’équipage déjà en place, Vaughn conservant un temps la guitare pour laisser à « Vast-Eye » le temps de gérer les soucis techniques avec les siennes, des problèmes qui une fois résolus nous emmèneront vers deux titres de plus avec en prime un solo de guitare fédérateur qui met la salle dans le creux de la main du bluesman très joliment costumé et élégamment chapeauté.

La solide et plantureuse Zora Young se fraye bientôt un passage sur la belle scène et se pose sous les feux d’un light show sobre mais efficace pour nous en chanter quelques-unes de plus, rapidement rejointe par le saxophoniste de génie Eddie Shaw qui complète un cru 2010 du Chicago Blues Festival qui va encore nous emmener pour un moment dans ses belles notes tantôt délicates tantôt plus musclées avant de s’accorder une pause salutaire dévolue comme il se doit aux rafraîchissements mais aussi au commerce des albums de chacun et des produits dérivés en tous genres …

On l’avait remarqué au chant, à la guitare et aux claviers, c’est au saxophone que Maurice John Vaughn revient cette fois après une trentaine de minutes d’entracte pour lancer un second set qui s’annonce lui aussi bouillant puisque c’est très vite rejoint par Vasti Jackson que le quartet s’engage en terrain connu avec des pièces célèbres comme le « Superstition » de Stevie Wonder ou encore le fameux « Hey Joe » proposé dans une version hendrixienne à souhait que le guitar hero domine de la tête et des épaules avec en prime un solo à ranger parmi les tous meilleurs joués pendant cette douzième édition de Blues-sur-Seine !

Rejoints bientôt une fois de plus par Zora Young puis par Eddie Shaw, le Chicago Blues Festival jouera bientôt la carte de la simplicité mais aussi celle de la qualité en nous accompagnant pas très loin des douze mesures du clocher de l’église voisine à grand renfort de tubes du genre dont ils empruntent le nom et c’est sans couper à un « Sweet Home Chicago » plein d’entrain dont chacun prendra à tour de rôle un couplet ni à un « Got My Mojo Working » servi en rappel durant lequel Eddie Shaw nous gratifiera d’un long monologue des plus amusants que l’on en arrivera à une standing ovation des plus méritées tant ces pointures ont su faire preuve de talent mais aussi d’humilité. Un très grand Chicago Blues Festival vient de faire ce soir quelques centaines d’heureux !

Zoo – CAC Georges Brassens – Mantes la Jolie – 19 novembre

http://www.myspace.com/zootribute

En attendant la grande soirée de clôture de Blues sur Seine qui réunira demain pas moins de trois formations prestigieuses, le festival vide ses dernières cartouches avec ce soir trois concerts en salle et une prestation en bar … Avant de rejoindre le CAC Georges Brassens, nous passons par Carrières-sous-Poissy pour y régler rapidement des petits soucis d’intendance survenus à la dernière minute et nous y croisons les amis mais aussi bien entendu le toujours fidèle au poste NonoduBlues qui nous parlera très vite des prestations de Roland Tchakounté et d’Eric Bibb dans ces mêmes pages. L’envie de shooter un Espace Louis Armand qui affiche complet avec plus de quatre centaines de spectateurs et de faire un salut amical à Roland qui sur scène au moment de notre arrivée donne encore et toujours le meilleur de lui même avec ses complices Mick Ravassat et Mathias Bernheim est tellement forte qu’il est impossible d’y résister ! Dont acte …

Un rapide retour vers Mantes où le concert de Zoo est déjà commencé et où les cent vingt personnes installées dans la salle en prennent plein les yeux et surtout plein les oreilles avec ce groupe de légende spécialement reformé autour de quelques-uns de ses membres fondateurs et nous voilà en piste pour la fin de la soirée ! La salle est particulièrement surprenante avec d’un côté les vieux de la vieille un peu nostalgiques venus se reprendre un dose des vieux hymnes de la grande époque, de l’autre les curieux qui se demandent encore à quelle sauce ils vont être croqués et enfin au milieu une dizaine de jeunes adeptes qui entreront très vite dans une sorte de transe qui les conduira à danser toute la soirée aux rythmes des morceaux que Joël Daydé et Maria Popkiewicz leur chanteront avec une réelle force de conviction !

Avec son rock teinté de pop, de blues et de jazz, Zoo n’a aucun mal à retrouver l’énergie de ses heures de gloire, celles qui ont conduit les membres de l’époque à franchir le virage des sixties aux seventies avec pas moins de trois années intenses marquées par des tournées à répétition en France mais aussi en Angleterre … De nouveaux musiciens sont parfois venus remplacer certains des anciens mais c’est avec la même foi que ces nouveaux bardes vont nous interpréter une partie de l’histoire du rock progressif dans une configuration semblable à celle de la grande époque puisque l’on y trouve encore des cuivres mais aussi un violon, des chœurs et des percussions … Pour un peu on se croirait revenu quarante années en arrière !

Pendant plus de deux heures, Zoo va donc nous sortir le grand jeu avec quand même quelques petits blancs dans les transitions et quelques petits couacs dus à un manque évident de pratique live régulière mais avec tellement de plaisir et d’envie que les « Bouggy Zouggy », « Down In Memphis », « I Go Out Of My Mind » et autres « Captain » feront vibrer l’assistance à l’unisson jusqu’à ce que l’on en arrive à un « Spinning Wheel » qui fera planer sur la salle comme de petits airs empruntés à Woodstock … Pour un peu, avant la loi Evin, les volutes venues de la salle auraient été se mêler à celles des fumigènes de la scène avec en primes des odeurs étranges qui conféraient il y a bien longtemps des vertus hallucinogènes à ce titre des Blood, Sweat And Tears …

Un dernier passage par Léo Ferré avec une très intense « Solitude » et c’est en revenant pour un rappel double avec de nouvelles interprétations de « Captain » et de « Bouggy Zouggy » que Zoo tirera bientôt sa révérence en laissant dans le CAC Georges Brassens comme un très fort arrière goût de revenez-y ! Les mines réjouies en disent long sur une soirée qui n’était pas forcément la plus purement blues du festival mais qui a quand même su fédérer nombre de vieux bluesmen qui avaient forcément dans un coin de l’esprit une pensée émue pour le maître de l’orgue Hammond André Hervé qui a contribué aux grandes heures de Zoo et qui aimait venir retrouver ses amis de Blues-sur-Seine … So long !

Roland Tchakounté – Eric Bibb – Espace Louis Armand – Carrières-sous-Poissy – 19 novembre (par Bruno Migliano)

http://www.roland-tchakounte.com/
http://www.myspace.com/rolandtchakounte
http://www.ericbibb.com/

Vendredi soir se tenait dans la belle salle des fêtes de Carrières-sous-Poissy un magnifique concert de blues. Avant dernière soirée donc pour Blues-sur-Seine, et pour l'occasion la programmation avait bien fait les choses, d'autant que j'ai pu m'apercevoir que la salle était complète et que l'on refusait du monde, ce qui prouve que le blues n'est pas entièrement mort.

Il faut dire que les deux artistes qui se produisaient ont vraiment un sacré talent, à commencer par le bluesman camerounais Roland Tchakounté et son blues particulier, chanté dans sa langue maternelle, le Bamiléké. Un blues aux couleurs et aux sons de l'Afrique avec aux percussions Mathias Bernheim et ses chikas, djembés, etc. et enfin avec Mick Ravassat un guitariste bourré de talent au touché tout en finesse. Roland Tchakounté, tel un griot, va durant un gros set s'attacher à nous faire connaitre un peu mieux ce qu'est l'Afrique et donc son blues à lui au travers de chansons comme « Nouh Tsoum Noumam », « Africa », « Njuli », « Zuiktam » et bien d'autres encore. Roland s'en ira sur « Abango » et une standing ovation lui sera offerte pour ce voyage au cœur de l'Afrique.

Une pause pendant laquelle s'effectue le changement de plateau et nous revoilà plongés pour une autre heure de blues. Celui qui arrive sur scène dégage une aura puissante de tranquillité. Eric Bibb est un bluesman élégant, chapeau vissé sur la tête il nous regarde droit dans les yeux, franc, sincère … Cet artiste respire le blues tel qu'on l'aime, un blues traditionnel simple et efficace. Seul avec ses guitares et sa voix puissante et chaleureuse, Eric Bibb nous transporte dans son univers. Pour l'heure c'est le delta qui le captive.

Il sera rejoint sur scène par un harmoniciste qui l'accompagnera sur plusieurs titres, mais d'autres aussi viendront le rejoindre par centaines, non ils ne monteront pas sur scène car ce ne sont que les fans dans la salle viendront s'installer tout tranquillement sur « Needed Time ».  Le must sera un vrai chœur avec toute la salle qui sera conviée à « Open The Door Get On Board » …  Nouvelle standing ovation pleine de ferveur et d'acclamations pour cet homme charmant plein de charisme et pour ces instants passés hors du temps, le temps justement d'un concert de blues.

Mais la fête ne serait pas fête sans un bouquet final, et oui, le temps d'un morceau, les deux compères Eric Bibb et Roland Tchakounté se retrouveront sur scène pour le plus grand bonheur du public qui n'en croira ni ses yeux ni ses oreilles.

Tout le monde s'accordera à dire que cette soirée restera gravée dans les anales du festival ainsi que dans les murs dans la salle des fêtes de Carrières-sous-Poissy. A noter qu'en ouverture nous avions pu apprécier le travail de Christophe Guest et des enfants de la ville, là aussi un petit moment d'émotion de voir ces bout’chous chanter le blues !

Crossroad – Collectif 12 – Mantes la Jolie – 20 novembre

La dernière journée de Blues-sur-Seine a toujours une saveur toute particulière entre nostalgie et bonheur, d’une part parce que l’on sait qu’une histoire se termine et que l’on va croiser tous les amis et partenaires un peu moins souvent, de l’autre parce que la fatigue devenant de plus en plus intense, on apprécie l’idée de se poser un moment et de repenser à tous ces bons moments passés autour du blues après une dernière grande fête réunissant les bénévoles …

Alors forcément, on s’offre ce matin une petite visite chez nos amis de Tomahawk Musique du côté de la Rue Pierre Curie à Guerville pour y faire quelques emplettes et essayer quelques instruments dans cette caverne d’Ali Baba où l’on vous accueille avec le sourire et où l’on vous permet de trouver l’ampli, la guitare, les claviers ou la batterie de vos rêves ! Et même si traditionnellement ça n’arrête pas de défiler côté clientèle avec des heures de pointe qui font penser à l’Autouroute du Sud un jour de grand départ estival, il y a toujours un bon conseil à recevoir, un tuyau éclairé à obtenir de la part de ces pros expérimentés ou simplement un ami musicien à croiser au beau milieu de cette jungle instrumentale des plus denses et accueillantes …

Le temps de se restaurer et il faut déjà prendre la direction du Val Fourré pour s’arrêter du côté de la Friche André Malraux et du Collectif 12 pour enfin y découvrir Crossroad, la création spécialement réalisée aux côtés de nombre d’associations mantaises qui raconte en musique l’histoire du blues avec en toile de fond un Robert Johnson propulsé à l’époque du slam et du hip hop qui y retrouve pourtant ses véritables racines et ses fondamentaux !

Chanteurs, danseurs et figurants se retrouvent donc dans un grand melting pot moderne où il est question du blues et du jazz et si le tableau peut paraître un peu surprenant sur le papier, il est préparé avec tellement de soin et réalisé avec tellement de talent que petits et grands, amateurs de blues ou break dancers, adeptes des chapeaux ou porteurs de casquettes se retrouvent enfin derrière la même idée et la même dynamique qui consistent à dire que sans l’Afrique, sans l’Amérique et sans le blues, toutes les musiques actuelles auraient forcément une toute autre saveur. De l’esclavage à la liberté, de l’Ile de Gorée et des champs de coton jusqu’à Woodstock, du blues au rap, c’est toute un pan de l’histoire de la musique qui défile sous nos yeux grâce à des jeunes artistes motivés parmi lesquels on remarquera les Djs de Last Beatz Musik, le danseur Tino et le rappeur Abdel le Pragmatique réunis derrière la cause d’une création ambitieuse et haute en couleurs !

Slow Joe & The Ginger Accident – Robin McKelle – Boney Fields – Salle Jacques Brel – Mantes la Ville – 20 novembre

http://www.slow-joe.com/
http://www.robinmckelle.com/
http://www.boneyfields.com/

Nous voilà enfin devant ce bouquet final concocté par Blues-sur-Seine depuis presque une année entière dédiée à la programmation, à la conception et à l’organisation d’une douzième édition qui coïncidait avec les douze mesures du blues … et ce sont trois accords différents mais complémentaires qui vont en assurer le volet musical !

Le temps de flâner dans la salle où une association locale de femmes africaines a concocté un espace restauration, de prendre les derniers tickets pour la tombola dont le grand gagnant recevra ce soir un dobro ou simplement de saluer les amis venus en nombre et déjà la Salle Jacques Brel se remplit, certes pas tout à fait jusqu’à la jauge pour ce début de soirée inhabituel à 18 heures 30, mais tout s’arrangera très vite au fil de la soirée … Une cacophonie retentit au loin ! C’est la Fanfare de la Touffe qui en seulement une heure trente de formation a poussé jeunes et moins jeunes à chausser cors de chasse et trompettes, bugles et clarinettes, et à s’en aller déambuler dans les rues mais aussi au beau milieu de la salle sous les regards d’une assistance surprise mais également amusée et séduite … Bravo !

Il avait été la révélation des Transmusicales 2009, c’est ce soir à Blues-sur-Seine que Slow Joe vient se produire pour une première partie de soirée qui a le mérite de l’originalité. Petit bonhomme surprenant venu d’Inde où il a été découvert dans son rôle de crooner des rues par le guitariste Cédric de la Chapelle, Slow Joe a une voix unique et une attitude qui en fait une espèce de croisement entre Michaël Jackson et Charlie Chaplin avec une démarche tantôt hésitante tantôt assurée et surtout avec une prestance sur scène qui fait oublier son très récent passé de hobo …

Accompagné du Ginger Accident, Slow Joe va nous offrir une escapade dans une musique qui n’appartient qu’à lui, une sorte de mélange où sa voix se laisse rattraper par le blues et le rock de ses jeunes complices et surtout par une véritable joie d’être sur scène à proposer des créations originales teintées d’une part de psychédélisme et d’une autre de traditionalisme. Le public, encore un peu frileux, s’amusera plus des mimiques de cet artiste atypique qui salue à l’indienne entre les morceaux et qui plaisante en permanence avec la salle mais aussi avec ses musiciens que de sa musique peut-être un peu trop intimiste pour un lieu de spectacle de cette envergure … Mais si une chose réussira à mettre tout le monde d’accord, c’est bien cette interprétation a capella de « All Of Me » qui laissera à Slow Joe tout le loisir de démontrer son immense talent vocal et son sens très particulier du rythme.

Une heure vient de passer et déjà les techniciens s’affairent à installer le plateau pour Robin McKelle. On est face à du « lourd » et on s’efforce de nous le faire savoir en distribuant les consignes photos. Trois morceaux, pas de flash, et patati, et patata … Ridiculement caractéristique des managements français cette façon de faire, même si ça va donner à certains l’occasion de se désaltérer pendant que la chanteuse fera son show sous l’œil avisé et forcément compétent des téléphones portables qui permettront de retrouver tous ces beaux souvenirs dans quelques jours sur les réseaux sociaux au travers de vidéos hachées et de très piètre qualité ou de photos prises au vol dans des conditions souvent très moyennes.

C’est autour de son dernier album, « Mess Around », que la diva construira pour sa part un show bien cuivré qui parviendra à faire lever l’assistance grâce en partie à son usage parfait de la langue française et c’est sur des accents soul qu’elle retournera la salle durant une petite heure de concert malheureusement encore raccourcie par un long monologue promotionnel après justement « Mess Around » et par un interminable solo de batterie au début du long rappel de trois titres ! Dommage car c’est quand même quand ses musiciens jouent et qu’elle chante que Robin McKelle se montre sous son meilleur profil, ce qui fut fort heureusement le cas durant un concert particulièrement réussi et marqué qui plus est par un final épileptique où la seule petite faute de goût sera peut-être quand les souffleurs se prendront pour les Who et enverront valdinguer leurs pupitres d’un coup de pied pas franchement très gracieux, même s’il a l’air d’avoir longtemps été répété …

L’heure est venue de connaître le nom du grand gagnant du dobro offert par Tomahawk Musique et cette année le gagnant est une gagnante ! Une rapide allocution d’Alain Langlais, Président du Festival, venu remercier partenaires, professionnels, techniciens et bénévoles et c’en sera fini de la partie discours de ce cru 2010 de Blues-sur-Seine …

Un dernier coup de peigne au plateau, une lumière qui s’atténue pour feutrer l’ambiance et c’est cette fois Boney Fields qui va s’y coller avec à ces côté son Bone’s Project ! Du « lourd » encore, mais cette fois on ne se perd pas en détails inutiles et on fonce droit à l’essentiel avec un leader charismatique jamais avare ni de sa voix ni de sa trompette, une sorte de master of funk qui a joué avec tout le monde et qui y a appris non seulement à avoir de la classe mais aussi à rester humble …

Slow Joe ne s’y trompe d’ailleurs pas et c’est carrément en traversant la scène qu’il vient s’asseoir sur le côté, appréciant visiblement le show proposé par un Boney Fields explosif qui prend énormément mais qui donne au moins autant en distribuant de la lumière à ses musiciens au travers de petits exploits individuels qu’ils laissent entrevoir au beau milieu des morceaux. On se souviendra entre autres de ces accélérations du guitar hero Hervé Samb qui répond aux invectives du boss en accélérant à n’en plus finir pour en arriver au bout du compte à une rapidité que ne renierait pas un Satriani ou un Malmsteen, de ces soli pris par la charmante Nadège Dumas, compagne de Boney à la scène et à la ville qui illumine le groupe de son talent mais aussi de sa simple présence …

Un coup de « Got My Mojo Working » pour assurer la filiation du funk avec le blues, un énorme medley dédié aux classiques de James Brown, Godfather Of Soul et mentor du trompettiste, et encore un « Let The Good Time Roll » emmèneront le public mais aussi tous les bénévoles vers la fin annoncée d’un festival qui, en terme de fréquentation, aura été à la hauteur de tous nos espoirs.

Le temps de saluer les artistes venus dédicacer leurs albums dans le hall, de faire encore quelques emplettes au stand des produits dérivés et il sera bientôt l’heure de se retrouver un peu plus loin, dans le désormais célèbre Zebra du CAC Georges Brassens pour une sympathique fête de fin de soirée qui se terminera tard dans la nuit sur fond de charcutailles, de soupe à l’oignon, ce bière fraiche et de beaujolais nouveau …

Il ne manque que quelques instruments pour que la fête soit parfaite mais dans cet espace dédié au multimédia, ils seront remplacés par la diffusion des films des éditions précédentes du festival. La nuit sera courte, d’autant que la 562ème Foire aux Oignons rassemblera demain matin quelques-uns des amis de Blues-sur-Seine pour leur intronisation en grande pompe au rang de Chevalier de la très prisée Confrérie du Taste Oignons !

A l’heure de refermer cette douzième édition de Blues-sur-Seine, on ne pourra que remercier tous ceux sans qui ce festival n’aurait pas pu se dérouler dans de bonnes conditions … Tous les citer serait long et fastidieux mais ils se reconnaîtront forcément tous un peu dans cet épitaphe un peu bref d’un reportage un peu long : MERCI et BRAVO !    

Fred Delforge – novembre 2010