lundi, 08 novembre 2010
Contradictions
(Autoproduction – 2010)
Durée 46’13 – 10 Titres
http://www.kiss-my-frogs.com
http://www.myspace.com/kissmyfrogs
 Elle a été touchée par la grâce dès le premier concert auquel elle a assisté, il faut reconnaître que c’est BB King qui était alors installé face à elle sur la scène, depuis ce temps Margot Cassila n’a eu de cesse de peaufiner sa culture très vaste pour tout ce qui concerne les musiques noires américaines … L’influence notoire de la Motown emmènera la chanteuse vers les planches et c’est en ouvrant pour ses idoles, de Bobby Womack à Rufus Thomas, qu’elle finira par se retrouver sur la scène de Bercy en première partie de Kool & The Gang. Nous étions alors en 1989 et Margot s’installait bientôt à Londres avant de se disperser musicalement et de goûter au dub, au punk et surtout de créer son propre atelier de chant. Une voix noire dans un corps blanc, c’est ce qui finira de donner envie à la diva de former Kiss My Frogs avec à ses côtés Fabrice Alombert aux guitares, Rémi Auclair à la contrebasse et Frederick Rimbert à la batterie, puis de s’engager dans un premier effort qui va de Paris à Londres en faisant escale à Memphis mais aussi autour de la Méditerranée … Un album fait de nombre de « Contradictions », mais c’est justement là tout son intérêt !
Se laisser transporter du reggae au funk en se perdant de temps à autres vers le rock, la soul, le jazz ou encore les folklores égyptiens et bosniaques, il n’y a rien de tel pour goûter pleinement à toute la diversité de la musique de Kiss My Frogs, un quartet qui se fait tour à tour félin, sensuel ou sexy en diable et qui nous fait traverser toutes les couleurs qui ont fait un jour partie la culture de sa créatrice. Des parties de guitares toujours très fines émaillent chacune des pièces de « Contradictions » et c’est en parfaite harmonie que l’on emprunte allègrement les chemins de traverse, n’hésitant jamais à se mouiller les pieds dans les hautes herbes d’un beat un peu plus funky que de raison ou à se baigner entièrement dans un groove tellement accueillant que l’on finirait presque par s’y noyer. En une dizaine de titres seulement, Kiss My Frogs parvient à proposer un album complet où la langue d’Aretha Franklin employée pour les magnifiques « Walking On Thin Ice », « All Along The Roadside » ou « Claws And Wings » cède parfois sa place, que ce soit au Français quand la chanteuse emprunte des rimes à Madeleine Chapsal pour imaginer « Merci l’amour » ou encore à celle de l’âme quand elle se laisse aller à un poignant « Gondže Ružo » inspiré d’un traditionnel de l’Est. Un grand coup de cœur personnel pour le très éthéré « Whisky Sour » n’enlèvera forcément rien à un ouvrage plein de méandres musicaux au fil desquels il faut prendre soin de ne jamais manquer le moindre détail, la moindre subtilité … Un véritable road movie comme on les aime, un de ceux qui rappellent forcément Kerouac à un moment ou à un autre !
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