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GILLES SERVAT à MANTES LA JOLIE (78) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 11 octobre 2010
 

LES Z’EMBRUNS D’COMPTOIR – GILLES SERVAT
CAC GEORGES BRASSENS – MANTES LA JOLIE (78)
Le 10 octobre 2010

http://www.zembruns.com/
http://gilleservat.unblog.fr/
http://www.cacgeorgesbrassens.com/

C’est une drôle d’idée d’inviter des gens à venir s’enfermer dans une salle obscure un dimanche après-midi alors que dehors le temps est exceptionnellement beau pour un mois d’octobre ! C’est pourtant le pari qu’avait fait le CAC Georges Brassens de Mantes la Jolie en conviant deux groupes à se produire dans sa grande salle, les locaux des Z’Embruns d’Comptoir pour commencer et le fameux Gilles Servat en guise de plat de résistance … Joué à guichets fermés, le concert du jour s’annonçait déjà sur le papier comme une grande réussite mais la suite nous réservait quelques belles surprises.

A peine quelques minutes de retard sur le timing officiel et déjà les Z’Embruns débarquent sur scène pour un premier titre interprété a-capela par Patrick, le meneur de cette bande de joyeux drilles adepte des chants de marins … Parti de Groix, le collectif vas nous emmener vers les mers du sud à grand renfort de guitares et de banjos, d’accordéons, de violons et de violoncelles mais aussi de voix et c’est en passant par « Zanzibar » pour mieux remonter ensuite voir « Les enfants de Bretagne » ou « Les gars de Senneville » que les Z’Embruns varieront les intonations, se faisant tour à tour gais, tristes, pleins d’espoirs ou au contraire totalement résignés.

Encore des anecdotes savoureuses comme pour « Le tableau de nœuds » ou « La devinette de mon Grand Père » et bien entendu de très grands moments d’émotions avec « Marie-Jeanne Gabrielle » finiront de mettre en condition un public venu pour une bonne moitié voir la seconde partie de cet après-midi dédié à la Bretagne et à la Mer mais qui ne manquera pourtant pas de se montrer réactif aux invectives de ce groupe fait en partie de vieux loups de mer et en partie de marins d’eau douce mais réuni autour des mêmes passions pour le grand large et pour la fête …

Une quinzaine de minutes d’entracte pour permettre aux Z’Embruns de plier bagages et c’est un plateau totalement différent qui s’offre au public. Finie la débauche de pieds de micros qui faisaient figure de mats sur le navire des Mantais, place à la sobriété d’un piano et d’une guitare et au visage buriné de Gilles Servat qui se présente en duo avec à ses côtés le pianiste Philippe Turbin. Droit dans ses bottes, le chantre de toute une génération voire même de plusieurs va venir nous proposer le grand tour d’un répertoire bien dense en commençant par un gros mensonge qu’il confesse sans sourciller, « Je dors en Bretagne ce soir » … Conquise dès les premiers accords, la salle pardonnera tout à son mentor, les petites erreurs dans les riffs de guitare comme les petits oublis au niveau des textes, et si Gilles Servat invite les photographes amateurs à bien vouloir éviter de flasher à tout va, il n’en reste pas moins charmeur avec les objectifs des autres, ceux qui s’efforcent de ne pas lui en mettre plein la vue … 

On part faire un tour un peu plus loin avec « La maison d’Irlande » ou encore avec cette adaptation de « The Wild Rover » devenu sous la plume acerbe de Gilles Servat « Le cul cousu d’or », on navigue entre humour noir et seconds degrés du côté d’un naufrage dramatique, « Erika », on part retrouver une très lointaine « Hirondelle », on fait un clin d’œil au chanteur acadien Roland Gauvain avec « Je pense à toi, je pense aux tiens » et on monte tranquillement du côté de la contestation avec « Le nain charmant », toute ressemblance avec une élection de mai 2007 et des déclarations d’amour faites en toute intimité à Disneyland quelques temps plus tard étant bien évidemment totalement volontaires et qui plus est entièrement assumées !

On vient de retrouver le Gilles Servat que l’on aime, la plume aiguisée et la guitare convaincante, et c’est sur ce terrain glissant mais ô combien attirant qu’il nous entraîne puisqu’il nous livre cette fois « Hiérarchies » puis sa propre adaptation du « Roi des cons » de Brassens, une version où les hommes et femmes politiques contemporains trouvent leur place naturelle et où l’humour taille des costards à tous les clans, sans restriction de couleur ! La salle exulte et elle n’a pas fini de le faire puisque voilà enfin « La blanche hermine » que tout le monde attendait en secret … Une moitié chantée par Gilles Servat, la seconde reprise par l’assistance, voilà une version originale qui aura tout le loisir de réveiller les derniers endormis et d’offrir au duo sa première standing ovation du jour !

Pas le temps de quitter la scène, Gilles Servat se prête de bon gré aux exigences du public et Philippe Turbin s’en va fouiller dans ses bagages à la recherche de la partition des « Quais de Dublin » que la salle lui réclame … Un piano et une voix, Mantes profite de l’instant et en redemande tant et si fort que les deux artistes persistent dans cette formule pour une chanson en langue bretonne, « Me Zo Gannet », avant que le Breton ne rechausse sa guitare pour prendre « La Route de Kemper » en nous précisant en guise d’épitaphe qu’il ne part pas sans nous avec « Je vous emporte » … Nouvelle salve d’applaudissements, nouvelle feinte de sortie, le CAC Georges Brassens ne peut se résoudre à laisser partir aussi vite un artiste qu’il apprécie ! C’est donc en se livrant à un exercice un peu particulier que Gilles Servat prendra finalement congé de son public, faisant débrancher les micros et le piano et se lançant dans une adaptation totalement unplugged de « O Sole Mio » qui nous démontrera que le chanteur, du haut de ses cinquante années de carrière, a toujours autant de coffre et de voix !

Encore une standing ovation et déjà les deux hommes quittent la scène après quand même une centaine de minutes d’un concert sans le moindre temps mort … La nuit n’est pas encore totalement tombée, c’est l’avantage des concerts donnés en milieu d’après-midi, et que ce soit dans la salle ou encore au bar, les fans attendent en compagnie des Z’Embruns d’Comptoir que la star du jour vienne dédicacer ses albums et serrer quelques mains … L’occasion rêvée de rentrer chez soi avec des mélodies mais aussi des souvenirs pleins la tête ! C’est tout le charme du live et c’est pour cela que des salles activistes se battent au quotidien.

Fred Delforge – octobre 2010