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BLACK&WHITE pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
mardi, 19 octobre 2010
 

Recorded in the fields by Art Rosenbaum
(Dixiefrog – Harmonia Mundi – 2010) 
Durée 60’42 –  24 Titres

http://www.bluesweb.com

Si des personnages comme Art Rosenbaum n’existaient pas, c’est la mémoire même du blues qui serait en voie d’extinction puisque ce Professeur d’Art de l’Université de Georgie à la retraite qui est non seulement spécialiste des musiques traditionnelles mais également écrivain, peintre, joueur de banjo et de violon a consacré pas moins de cinquante années de son existence à aller collecter et collectionner les interprétations des artistes anonymes dont regorge le Sud des Etats Unis ! Dans sa recherche permanente de la pièce rare et authentique, Art Rosenbaum a pu constater que ces terres, berceau de la ségrégation et du racisme, avaient réussi à faire abstraction des barrières entre les Blancs et les Noirs dans un seul et unique domaine, la musique, un art où chacun a influencé l’autre et où les deux parvenaient à l’occasion à se réunir comme sur l’artwork de cet ouvrage qui résume en vingt quatre morceaux les deux coffrets « The Art Of Field Recordings » souvent comparés à la fameuse « Anthology Of American Folk Music » et récompensés en 2008 par le Grammy Award du meilleur enregistrement historique. Un véritable monument érigé un peu à la manière d’un « O’ Brother » créé en l’honneur des musiques séculaires d’une Amérique qui aurait enfin accepté son métissage !

Du blues, de la musique folk, du gospel, des worksongs, c’est en piochant dans le meilleur et dans le plus insolite de toutes les musiques populaires que « Black&White » nous dévoile une œuvre qui sent bon le Sud profond et qui laisse entrevoir au gré des pistes les champs de coton, les voies ferrées en construction, les églises, les juke joints et autres drink houses qui ont vu grandir cet art qui se veut le reflet de tout un peuple et de tout un pan de l’histoire du Nouveau Monde. Les chaînes des esclaves laissent place au banjo, à la guitare, à l’accordéon ou encore au violon et c’est au travers de tous ces anonymes qui usent de leurs voix éraillées pour faire passer un message, une émotion ou simplement un cri d’espoir que l’on se laisse aller à faire le grand voyage dans les sonorités, dans les états mais aussi dans le temps puisque les morceaux présentés durant cette heure de musique ont été enregistrés entre le début des sixties et le début de ce troisième millénaire dans divers lieux de l’Iowa, de l’Indiana, de Caroline du Nord ou bien entendu de Georgie par ceux qui dans l’ombre des grandes figures du genre ont jeté les bases de la musique populaire américaine d’aujourd’hui. Pas d’effets spéciaux, pas d’overdubs et pas de re-recordings, Art Rosenbaum a juste laissé tourner les bandes et les artistes ont fait le reste, vivant pour certains les uniques instants de gloire qui font qu’aujourd’hui leur nom appartient pour l’éternité à l’histoire des musiques noires et blanches de l’Amérique … Un album à conserver précieusement aux côtés de tous ceux initiés par Music Maker et à écouter le plus régulièrement possible pour se souvenir chaque jour que la musique a évolué grâce à l’attention que les gens d’une communauté ont portée à la musique des autres. Plus que Noir ou Blanc, c’est la rencontre des deux couleurs qui fait évoluer l’art mais aussi les hommes qui le font …