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COGNAC BLUES PASSIONS 2010 (16) pdf print E-mail
Ecrit par Bruno Migliano  
mardi, 17 août 2010
 

COGNAC BLUES PASSIONS 2010
PARC FRANCOIS 1er – COGNAC (16)
Du 27 juillet au 1er août 2010

http://www.bluespassions.com/

Retrouvez toutes les photos d'Elodie Fargeaudoux sur http://www.liveandco.net/
Retrouvez toutes les photos de Bruno Migliano sur http://www.myspace.com/nonodublues

Les soirées au Blues des Ange sont évoquées [ICI]

Remerciements à toutes l’équipe du Cognac Blues Passions, un spécial à Michel ROLLAND, Fanny RATIE, Elodie FARGEAUDOUX, David BAERST (Route 66), David BASCUNANA (Peppermint Blues) et tous ceux que j’aurais oublié, et bien sûr à tous les artistes.

Mardi 27 juillet
Le concert d'ouverture à Jarnac a affiché complet en raison de la présence d'un Xavier Rudd au top (et pourtant la Marie Jeanne n'était pas fournie). Un John Butler Trio très en forme, le tout introduit par un ukulélé hendrixien ... Jake Shimabukuro

Jake Shimabukuro, originaire d’Hawaï a pratiqué toute sa jeunesse le ukulélé, pour d’autres ce serait la guitare, non, lui c’est le ukulélé. Normal donc qu’après tant d’années de pratique il soit devenu un virtuose de l’instrument reprenant des standards des Beatles ou d’autres célébrités. Cet artiste est vraiment impressionnant, son univers ne s’arrête pas à un genre et il est aussi à l’aise sur du blues, du jazz ou du classique. Prenant la scène à son compte, agressif, adoptant des positions digne d’un guitar hero de hard rock, son show transcendera le public. Le ukulélé entre les mains, le gars nous transmet une véritable émotion quand il s’agit de jouer finement un « Piano Forte » par exemple, le titre de son dernier album. Jake Shimabukuro, à voir et écouter absolument.

Xavier Rudd est d’un tout autre genre. Une panoplie de didgeridoos, guitares, harmonicas… Ce type est un multi instrumentaliste ! Sa signature ? Un musique universelle, du blues, du folk/rock, du reggae, des rythmes afro … On pourrait presque faire un comparatif facile tant par moment cela s’approche d’un Johny Clegg. Xavier Rudd se présente ce soir avec son groupe Izintaba, une solide section basse-batterie-percussions avec laquelle il a sorti son dernier album, « Hoonyum Sun ».

Le prochain artiste à prendre la scène est John Butler Trio. Est-il encore nécessaire de présenter John Butler, lui et son « Zebra » qui ont fait tant danser sur les pelouses dégarnies … Cet australien qui a cartonné dans les charts avec un autoproduit est depuis devenu une vraie coqueluche des jeunes et des moins jeunes. Une musique résolument endiablée, des beats afro /rock … Sur scène comme en dehors, ce type mène sa barque avec beaucoup de charisme et d’autorité. Dans son dernier album, « April Uprising », John Butler Trio emprunte une direction un peu plus rock …

Mercredi 28 juillet
La journée avait débuté avec « La Mince Pastèque et ses Travailleurs »  pour le plaisir de nos yeux de Nikon (et oui Elo aussi a un Nikon ... je me sens moins seul maintenant) et de nos oreilles. Watermelon Slim & The Workers  nous accueillent donc sur la scène Eden Blues, il est 11h30 et la journée s’annonce belle et ensoleillée, la musique va couler à flot. 

Watermelon Slim and the Workers nous en reparlerons plus tard. Oui Watermelon a été pour moi l’une des locomotives du festival. Avant cela petit détour par le château. 14h30 début d'après-midi, nous avions rendez-vous au Château Otard, magnifique lieu, salle voutée envoutante, accueillant un gros par terre d'aficionados de blues acoustique pour en l'occurrence un Joe Louis Walker accompagné de Murali Coryell (guitare en mains tous les deux). Un groove splendide qu'on aimerait revoir plus souvent. Joe Louis Walker dans ce type de configuration est tout bonnement excellent !

Retour sur le site du parc François Premier, 16h45, une voix retentit, pas n'importe laquelle, c'est celle de Mike Mattison, le chanteur du groupe de Dereck Trucks. Par ailleurs, un Trucks peut en cacher un autre puisqu'à la batterie on retrouve Duane, le petit frère. Que dire de Mike Mattison, qu'il a tout simplement une voix de soul incroyable, ça "cool" fraichement par dessus l'Eden Blues. Dans la foulée, une autre merveille venue tout droit des fjords norvégiens Thorbjorn Risager. Là aussi celui là est une bonne révélation. Un rhythm'n'blues de feu ! Ce nordiste n'est pas en reste. Grosse formation, cuivre, etc. Une musique résolument swinguante. Le parterre de l’Eden Blues ne s’y trompe, il ne fallait pas rater ce type que l’on reverra, ça c’est certain. Puis nous arrivons au plat de résistance, ah non c'est le dessert avec en premier un slameur, Gil Scott Heron. Un poète, un écrivain, un musicien, un homme pacifique orienté vers le monde et ses habitants. Des chants parlés, pas toujours faciles à décrypter, mais bon il faut ce qu'il faut, l'homme est un modèle et il est respecté de tous.

La cerise sur le gâteau, Seal ! Toutes les mamies et jeunes filles n'ont d'yeux que pour lui. Les mains se tendent pour espérer un effleurement. Les plus chanceuses auront un baiser. C'est qu'il est impressionnant le Seal, un monstre, un gaillard à l'allure d'un boxeur poids lourd. Et pourtant, quelle aisance, tant au déhanchement que dans la voix, sur des reprises de James Brown, d’Otis Reading, de Tina, etc. Malgré la pluie qui commence à tomber, personne n'ose partir, comme s’il était imprudent de s'absenter car le colosse n'a pas fini de nous surprendre. Il ira prendre son bain de minuit dans les bras de cette chère gent féminine, "mon dieu, je l'ai touché ...", on en pleurerait presque … de rire ! Je sais ce n'est pas bien de se moquer des gens … Bruno, voyons ! Force est de constater qu’artistiquement ça a de la gueule, le groupe tout d'abord, si le mot perfection n'existait pas Seal l'aurait très certainement inventé. Une section musicale de rêve, guitare, cuivres, batterie, chœurs, tout est carré, ça tourne rond, pas de bémol, même les gars de son service d'ordre suivent la partition ... (voir épisode cité plus haut, crawl dans la foule …). Quand je dis que tout est parfait, Seal parle aussi un bon français et ce n'est pas un illuminé dans la foule qui viendra le troubler. Imperturbable, il saura se défaire de ce type chiant qui a eu envie pendant trente secondes de se retrouver Calife à la place du Calife ... L'heure fatidique de fin arrive, mais avec lui le mot fin ne signifie pas grand chose car il n’est pas avare de rappels ! Les fans repartiront le cœur léger, des images et des paroles plein la tête, et avec beaucoup d'émotion.

Et si on allait aux Blues des Anges pour finir une bonne soirée, là nous attendent les Flyin' Saucers, mais là, la parole sera bientôt à Elo ...
Un peu plus tard dans la nuit, un p'tit coup d'œil à la montre à quartz, « Oh mon dieu ! Il est déjà 4h du mat ... vite allons nous mettre au lit, car la journée de demain promet d'être aussi longue ... »

Jeudi  29 juillet
Oh punaise, la nuit fut courte. Nous commençons à prendre nos habitudes, petit tour au château Otard. C’est Groove au Château avec Monsieur Travis Haddix. Honnêtement, je n’ai pas été emballé. En formation réduite car la scène est petite, Travis sera accompagné de son bassiste et de son pianiste. Ce dernier sera faux tout du long, jamais en ligne, un son pitoyable digne d’un  synthé qu’on achète en grande distribution à Noël. Travis essayera bien d’assurer le show avec quelques frasques mais non, ce n’est pas du tout ce qu’on attentait d’un tel bluesman et on se dit qu’il sera mieux demain sur la scène Eden Blues.
 
Retour sur le site justement. La scène Eden Blues accueille des p’tits jeunes venus de Belgique, The Dallas Explosion. Les lionceaux en veulent. Sur le coup je me dis qu’on est au festival Rock en Stock, mais non, nous sommes à Cognac. Cela dit rock, blues rock, hein … Les gamins ont une telle énergie que le lead guitar-chant en pète son falzar. Ca c’est du rock dans tous ses états. Place à Joe Louis Walker avec cette fois ci tout le band. Je n’ai pas retrouvé la même sensibilité qu’au château, normal vous me direz, mais quand même. De plus il nous a resservi exactement la même set list, alors là, je trouve cela vraiment dommage !

En attendant la grande dame, nous allons nous régaler de grillardons … Vous ne connaissez pas ? Du pain avec des rillettes de fois gras de canard … Comment ? Des rillons !!! Ah oui ok, des grillardons ! Bref une fois avalé avec un bon verre de … retour dans la fosse pour quelques photos de la Diva. Comment ! Une chanson ! C’est tout ? Pfff !! autant vous dire que ce n’était pas le meilleur moment de la journée. Début de soirée, lumière contre jour. Que dire sinon de Barbara Hendricks. Une diva venu chanter de blues, certes elle a un superbe organe vocal mais voyons, pour moi ça ne le fait pas vraiment. Dans un répertoire jazz, oui elle a toute sa place et son talent est indéniable, mais dans le blues … Humm et ne parlons pas des musiciens qui sont d’excellent musiciens mais j’ai juste trouvé que ça manquait de feeling.

Nous arrivons au terme de cette journée de jeudi. Ah si vous avez été comme moi, que vous avez fait votre communion et que vous deviez aller à la messe le dimanche matin (même avec des potes) vous taper le prêche du curé de la paroisse, quelle corvée ! Bien figurez-vous que ce soir là j’y serais bien retourné moi, mais avec The Victory Travelers. Quel show, quelle générosité, que d’amour ! Il faut bien se remettre dans le contexte, nous sommes dans un festival de blues et là nous avons une formation de gospel … Ca ne vous fait rien, choqué ? Non ? C’est bien là toute la magie de ce festival de blues, oui quand je dis que certain sont résolument rock ou afro ou jazz, et alors ? Quand c’est beau et que nous en ressentons de l’émotion, pas de problème. Donc pourquoi pas une formation de gospel. Comme ça fait du bien de voir les gens heureux, bras en l’air, dansant. Toutes ces générations sur scène, l’ancien imperturbable se tenant en arrière quand vient son tour, le vieux est déchainé chantant à tue-tête, faisant des claquettes et pas n’importe comment, non tout ce qui a de plus sérieux. On aura du mal à se séparer, rappel et rappel, les jeunes courant dans tous les sens sur scène, ne voulant pas la quitter, même l’ancien. On en redemande, on en reveut … Oui, assurément le clou de la journée !

Et retour au Blues des Anges où Elo nous attend …

Vendredi 30 juillet
De plus en plus dur, mais une chose est sûre, il faut être à l’heure au Château car aujourd’hui, c’est Johnnie Bassett qui officie. Tout d’abord il faut pouvoir entrer. La place est chère, j’entends par là que la salle n’est pas grande et que tout le monde ne pourra y prendre place. Je fais donc parti de ces heureux élus. J’en suis très reconnaissant à mon hôte car le moment était divin. Entouré de son batteur/percu, de son saxophoniste et de son guitariste, nous avons eu le privilège de nous régaler de ses notes divines. Un toucher admirable, un jeu remarquable, tout en finesse, accompagné des ses autres musiciens qui eux aussi se sont mis au niveau de Johnnie Bassett. Il nous a démontré tout son talent dans tous les genres et styles, jazzy, blues, funky, c’est merveilleux !

C’est plein d’émotion que je retourne retrouver le reste de l’équipe. Là aussi l’émotion sera au rendez-vous. Jesse Dee est attendu sur la scène Eden Blues. Ce gars natif de Boston, je l’avais rencontré sur Paris lors de son passage au Sunset pour la présentation de son dernier album. C’est un garçon très attachant, gentil, calme, répondant présent à toutes les sollicitations. Et quand vient l’heure de monter sur scène il devient un monstre musical. Son univers, un rhythm’n’blues fougueux mélangeant finesse et brutalité. Une voix chaleureuse et pleine de force. De la soul à l’état pur. Jesse Dee pour moi, c’est aussi La bonne surprise du festival.

Retour face à la scène Blues Paradise. Amadou & Myriam viennent remplacer au pied levé The Revelations & Tre Williams. N’ayant que très peu suivi leur concert mais écouté de loin, je dois dire que je ne suis pas super fan. Come back de Travis Haddix sur la scène Blues Paradise, cette fois ci en big band ! Tous habillés de gilets à paillettes bleus, c’est le trompettiste qui se charge de faire les annonces et de jouer le chef d’orchestre. Une introduction interminable avec des invraisemblables jeux de scènes hollywoodiens et quand enfin le maitre arrive, on retourne sa veste, si, si ! Tout ne devient pas limpide pour autant. On se demande qui dirige l’orchestre, le second guitariste prend toute la place, et ce satané piano, et ce trompettiste … brrr !

Allons voir du côté du Blues des Anges, là ça joue … A toi Elo !

Samedi 31 juillet
Comme j’avais eu le privilège  de voire Johnnie Bassett la veille au Château, c’est Elo qui suivra aujourd’hui la performance des Victory Travelers dans ce même Château, pendant ce temps moi je faisais la sieste en écoutant Jef Lee Johnson sur la scène Eden Blues. Un répertoire hommage à Dylan dans une version hendrixienne. Sur cette même scène un peu plus tard, on retrouvera Johnnie Bassett pour le plus grand plaisir de tous. Nous aurions dû avoir la chanteuse nigérienne Layori, malheureusement la pauvre a du annuler son concert. La cause, Layori attend un heureux évènement qui pour l’heure n’est pas facile à gérer pour elle.

Il a donc fallu trouver un groupe qui ait la capacité de remplacer le charme de Layori, humm, pas facile. Et celui qui s’y colle n’est autre que Watermelon Slim et ses Workers. Quand je dis que cet homme fut l’une des perles du festival, on ne s’y trompe pas. Devant les quatre milliers d’aficionados d’Eli « Paperboy » Reed, Watermelon Slim édenté avec sa voix tronquée et son français pas trop mauvais a captivé le public. Il n’en finissait plus de nous abreuver d’anecdotes, d’histoires vécues de « camionné » car il faut tout même présenter le bonhomme. Ce vétéran du Viet Nam, Watermelon Slim comme son nom l’indique ou plutôt son surnom, a ramassé des pastèques, a fait toutes sortes de métiers dont routier. Il en a sorti un album qui est très bien par ailleurs. Je disais donc que Watermelon Slim avait mis le feu sur cette scène du Blues Paradise, allant même à passer un coup de fil à Muddy Waters au paradis des bluesmen. La note a dû être salée vu le temps passé au téléphone et à voir la tête du régisseur de scène piaffant pour le faire stopper.

Pensez donc Eli Paperboy Reed en attente dans les coulisses, impensable. Watermelon Slim finit par balancer quelques vielles chaussettes histoire de faire de la place dans sa valise pour ramener sa bouteille de X.O de Cognac. N’en finissant plus de remercier le public, le staff, les musiciens, il laissa enfin la place au très attendu Eli « Paperboy » Reed.

Eli « Paperboy » Reed, c’est le prodige de la soul et du rhythm’n’blues. Le gars encore jeune n’a pas froid aux yeux et sait déjà mettre la barre très haute. Il a derrière lui le band qui va bien, à lui de faire le reste. Et question guitare et chant, on ne va pas lui faire. Une présence scénique déjà bien en place, une gueule d’ange, la voix, les mélodies, le charisme, tout y est pour faire craquer le cœur de ces demoiselles et même des plus âgées. Oui le type est généreux, et il n’aime pas que l’on vienne perturber son show ou voir même importuner son public alors toi avec ton gros appareil tu dégages derrière, allez plus loin, voilà, il a aussi de l’autorité. Quand je dis qu’il est généreux nous aurons droit à un rappel de folie avec tenez vous bien les Victory Travelers, ouais rien que ça. Si Watermelon Slim avait mis la barre très haute pour cette soirée,  Eli « Paperboy » Reed a recollé au score et c’était tant mieux pour nous. Sacré soirée !! 

Bon alors on fait quoi maintenant ? Blues des Anges ?... C’est la dernière !

Dimanche 1 août
C’est journée gratos et comme par hasard journée gratos = pluie et orage … Il l’a fait exprès l’autre en haut … 14h00 et toujours de la pluie pour accueillir les lauréats du Prix Cognac Blues Passions sur la scène Eden Blues. Les Honeymen assureront quand même devant un bon parterre. 16h45, Jef Lee Johnson ne se démonte pas sur la scène Eden Blues, il pleut toujours et pas facile de trouver un coin au sec. Il y aura tout de même un peu de monde pour l’écouter, respect !

Et voici le moment tant attendu, il est l’heure pour les précédents lauréats de gravir la grande scène du Blues Paradise. Les Mountain Men descendent de leurs montagnes, ils ne sont pas venus pour rien. Les deux, Iano et Mat, ont quelque peu changé, pas dans leur comportement mais dans leur tenue. C’est en costard cravate qu’ils se présentent face au public. Pour Iano, toujours pas de pompes ! Ca leur va plutôt bien et ça n’enlève rien à leur talent. Ils sont toujours aussi cabotins, la verve bien en place. Le show aussi est bien en place, bien rythmé. Ils n’ont que très peu de temps alors on présente au public le dernier album et quelques vieux titres, enfin un « She Shines ». Une nouvelle fois le public aura été séduit par ces deux là qu’on aime revoir. Derrière eux interviendront Nora Noor et ses sexy choristes, elle-même un brin sexy. Et pour clore cette semaine incroyable, Tony Allen et son beat non moins incroyable, maitre du tempo, du funk et du  jazz. Malgré la pluie qui s’était abattu l’après midi le public a répondu présent pour cette dernière soirée.

Voilà une nouvelle page du festival qui se tourne, gageons que l’an prochain l’édition sera aussi belle. Encore un grand bravo à Michel Rolland et à son staff qui ont encore brillé et œuvré de fort belle manière.

Bruno Migliano – août 2010

Les soirées au Blues des Ange sont évoquées [ICI]