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FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL (QUEBEC) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 16 août 2010
 

FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL
PARC AHUNTSIC – MONTREAL (QUEBEC)
DU 11 AU 15 AOUT 2010

http://www.festiblues.com

Mardi 10 août 2010 : jour J-1

Le FestiBlues International de Montréal n’est sans doute pas la manifestation la plus importante de la métropole québécoise mais c’est assurément la seule à se dérouler en intégralité sur le gazon et là où les autres festivals majeurs se révèlent être des gros pourfendeurs de béton, ce rendez-vous du nord de l’île nous réserve chaque année son lot de verdure et d’écureuils mais aussi de musique puisque comme son nom l’indique, FestiBlues nous offre non seulement du blues mais aussi quelques très agréables styles dérivés …

Arrivés sur le Parc depuis dimanche, nous avons eu le plaisir de le voir prendre son nouveau visage au fil des heures et se tapisser de tentes et de praticables et en ce mardi soir, tout est déjà fin prêt sur les deux scènes pour accueillir les concerts dès demain ! Le temps est venu de lancer les festivités et c’est la Maison de la Culture Ahuntsic-Cartierville que les organisateurs ont une nouvelle fois choisi de présenter les diverses facettes de la programmation à la presse, aux officiels et aux partenaires. Démarrée en musique avec les Mountain Men qui nous offrent une rapide introduction, cette conférence de presse se place immédiatement sous le signe du blues !

Animée par Pierre Therrien, la soirée verra se succéder au micro Madame Christine St-Pierre, Ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Martin Laviolette, Président du Festival et quelques-unes des têtes d’affiche de cette 13ème Edition comme Antoine Gratton qui animera la soirée de samedi, Normand Brathwaite qui sera à l’honneur dès mercredi soir ou Martin Deschamps qui fêtera ses quarante ans dimanche en clôture du festival … Le temps de mettre l’accent sur le volet environnemental d’une organisation placée sous le signe du développement durable, de remercier les commanditaires et de faire une photo de famille et c’est une nouvelle fois les Mountain Men qui feront résonner dans la Maison de la Culture les extraits de leur excellent album « Spring Time Coming » mais aussi quelques standards du blues sous les yeux attentifs d’invités parmi lesquels on reconnaît entre autres Martin Fontaine, Guy Bélanger, Dawn Tyler Watson et Paul Deslauriers …

Voilà une édition qui se présente sous les meilleurs auspices, d’autant plus que le festival est ses artistes venus de France auront dès demain les honneurs des télévisions avec « Salut Bonjour ! » en direct sur TVA dès 6 heures du matin qui accueillera les Mountain Men et avec « Bon Baisers de France » qui recevra Nina Attal et Philippe Devin pour son émission du soir … Deux grosses audiences pour deux groupes pleins de mérite repérés conjointement par les FestiBlues et par Blues sur Seine dans le cadre de leurs échanges annuels qui auront permis à l’un et à l’autre de faire leurs premiers pas en terres nord-américaines !

Mercredi 11 août 2010 :

Réveil aux aurores pour rejoindre le Parc Ahuntsic où les Mountain Men participent à 6 heures à l’émission « Salut Bonjour ! » durant laquelle, après une brève entrevue, les Isérois accompagneront les auditeurs en musique vers les pauses publicitaires pour mieux les ramener ensuite vers leur blues acoustique de grande qualité … Relayés sur les coups de 7 heures 30 par Guy Bélanger et Martin Deschamps, Mat et Iano auront eu à cœur de mettre une très bonne ambiance sur le Parc en accompagnant le soleil dans sa longue ascension vers le zénith avec à la clef une chaleur qui promet d’être conséquente pour toute la journée ! Le public qui a découvert le duo ce matin en guettant la météo à la télévision aura à n’en point douter envie d’en découvrir plus dans la soirée pour le concert d’ouverture de FestiBlues !

Retour sur le parc en fin de matinée pour assister au soundcheck de Nina Attal qui participera ce soir au show de Normand Brathwaite et direction le cœur de la ville, à quelques mètres seulement du célèbre Pont Jacques Cartier, pour rejoindre le Studio 48 de Radio Canada où se déroule l’enregistrement de « Bons Baisers de France », une des émissions majeures du Québec qui accueille ce soir Nina et Philippe Devin accompagnés d’un backing band maison avec en prime une section de cuivres, élément particulièrement cher au groupe depuis l’enregistrement de son album « Urgency » … Un petit coup de « Sexy’N’Crazy » pour charmer les auditeurs de la belle province et nous voilà déjà de retour vers le Parc Ahuntsic pour le lancement officiel de la treizième édition du FestiBlues International de Montréal … Place à cinq jours de musique et de rencontres !
 
Une première soirée de FestiBlues, c’est toujours une fête et même si le parc met un peu de temps à se remplir, l’affluence sera au bout du compte pas loin du record pour un jour de semaine. Ce sont les Mountain Men qui sont chargés d’essuyer les plâtres et ils vont s’attacher à le faire de fort belle manière, en offrant au public québécois le meilleur de ce qu’ils savent faire, c’est à dire jouer une musique qui se promène dans toutes les strates du blues et qui se pimente de tout l’humour dont Mat et Iano sont pourvus. A grand renfort de leurs adaptations de « Rock Me Baby » ou de « When The Saints Go Marching In » mais aussi de leurs propres compositions, les deux complices emmèneront l’assistance au beau milieu de leur univers, l’invitant au passage à participer activement au show et lui offrant même en milieu de performance un excellent « Travailler c’est trop dur » fort apprécié en ces terres de francophonie. La guitare convulsive et la voix caverneuse de Mat ne cesseront de faire des bonds de cabris aux côtés des harmonicas de Iano pour finir par nous offrir un final d’enfer avec « Hellhole », un titre tout en slide et en saturations. L’entrée dans le vif du sujet de ce nouveau festival ne pouvait être meilleure !

Un rapide changement de plateau sur la scène Bonjour Québec et on accueille déjà le très médiatique Martin Fontaine, un habitué du FestiBlues mais aussi des scènes nationales et internationales puisqu’il a longtemps foulé les planches avec le show « Elvis Story » dans lequel il ne reprenait pas moins que le rôle du King ! Véritable performer, Martin viendra nous présenter en compagnie de ses Groovy Good Times où l’on trouve des cuivres mais aussi des chœurs un set plein de vie qui nous fera faire le grand tour du rhythm’n’blues au travers de tous les standards du genre ou presque. De « Let The Good Time Roll » à « Mustang Sally » en passant par « Heartbreak Hotel » ou encore « Hound Dog », on croisera dans une prestation pleine d’énergie l’ombre de tous ceux qui ont contribué à apporter leurs lettres de noblesse au blues et au rock’n’roll. Si la manière d’interpréter tous ces classiques dépasse un peu les limites strictes du blues, elle contribue aussi à réaffirmer toute la diversité de la programmation d’un festival qui s’adresse au grand public pour mieux lui faire découvrir un style musical trop souvent méconnu …

On change de scène pour rejoindre Loto Québec où nous attend le premier gros spectacle concept du FestiBlues, une prestation durant laquelle Normand Brathwaite va inviter ses amis mais aussi nombre de jeunes talents qu’il souhaite faire découvrir à un public majoritairement venu pour lui. On commence donc avec trois artistes qui nous sont chers puisque tous ont en commun le fait d’avoir été révélés par l’entremise de l’échange entre Blues sur Seine et FestiBlues ! Nina Attal et Philippe Devin, grands gagnants de l’édition 2009 du Tremplin Blues sur Seine, nous promènent ainsi en acoustique au travers de deux de leurs titres, « Sexy’n’Crazy » et « Hopeful », avant que les Mountain Men, lauréats en 2006 de ce même tremplin, ne nous offrent « She Shines » et « We Shall Overcome », les deux formations recueillant leur lot d’applaudissements et démontrant qu’elles font vraiment partie de l’avenir du blues.

Troisième et dernier invité de Normand Brathwaite pour cette mise en jambes de son show, Bernard Adamus va venir confirmer son statut d’étoile montante du blues québécois. Remarqué l’an dernier au même endroit puisqu’il avait remporté le concours Relève en Blues, acclamé en France en novembre à Blues sur Seine où il se produisait grâce au soutien financier de l’OFQJ, Adamus est devenu une véritable star sur ses terres et bénéficie aujourd’hui d’un véritable soutien populaire, le public n’hésitant pas à répondre présent à chacune de ses sorties. Avec trois titres dont l’excellent « Brun » qui a donné son nom au premier album de l’artiste et l’inénarrable « Rue Ontario », Bernard Adamus nous emmènera au cœur de son blues teinté de folk et de punk mais aussi de rap dans lequel les cuivres se mélangent à la grosse caisse et la contrebasse au dobro. Un grand moment que nous retrouverons dès le lendemain à la Maison de la Culture pour un show exceptionnel et gratuit !

Place maintenant au clou du spectacle qui n’est autre que Normand Brathwaite lui-même ! Accompagné de son groupe qu’il a baptisé Frankenstein en hommage à son amour des films d’horreur, celui qui cumule les talents d’animateur télé et de radio mais aussi de comédien, d’humoriste, de musicien et de chanteur va nous proposer un spectacle haut en couleurs et riche en surprises devant une assistance conquise dès les premières notes du long instrumental qui inaugure le set. Avec beaucoup d’humour, Normand Brathwaite nous explique ensuite rapidement que sa fille, Elisabeth Blouin Brathwaite, ne peut venir le rejoindre ce soir car elle était passagère du vol 344 d’Air France qui a été contraint de se poser en urgence à Goose Bay en raison d’un incident technique heureusement sans conséquence, si ce n’est celle de devoir séjourner deux jours au Labrador et de manquer son show à FestiBlues … C’est donc sa mère, Johanne Blouin, qui la remplacera au pied levé en interprétant après seulement très peu de préparation une cover de Tower Of Power, « What Is Hip ».

Une version très convenue de « Sweet Home Chicago » plus tard, c’est Bob Walsh qui prend place sur la grande scène du FestiBlues et qui, dans son rôle de Docteur es-blues québécois vient nous interpréter quelques pièces en solo comme « Je voudrais être noir » ou encore en duo avec Johanne Blouin sur « Everyday I Have The Blues » et avec Normand Brathwaite ou sur « Y’a un blues pour chaque peine » ! Habitué des musiques latines, Florence K s’invite ensuite sur le plateau et se lance dans quelques blues qui vont plutôt bien à son grain de voix, entrant même au passage dans le costume d’Etta James pour nous offrir un poignant « I’d Rather Go Blind » !

Brillante à la guitare lead depuis le début du spectacle, c’est maintenant Paule Magnan qui va s’installer sur le devant de la scène pour nous proposer deux titres en Français, le premier de sa composition à paraître sur son futur album et le second, surprenant dans le cadre d’un festival de blues puisque ce n’est autre que le musclé « Ca me vexe » d’une certaine Mademoiselle K ! Johanne Blouin revient une fois encore nous offrir des souvenirs empruntés à Stevie Wonder ou à Ray Charles et c’est devant un parterre bien dense que Normand Brathwaite nous offre un de ses tubes les plus fameux, « Les larmes de métal », avant de lancer un final où, tous ensemble, les artistes présents ce soir feront un clin d’œil à George Harrison en clôturant la soirée avec un énorme « While My Guitar Gently Weeps » qui signera l’ordre de quitter le Parc Ahuntsic.

La Maison de la Culture se réserve pour le grand show de Bernard Adamus demain soir et n’accueille aujourd’hui aucun spectacle, il est donc temps de prendre un peu de repos après une journée de près de vingt heures passée en compagnie des amis de FestiBlues et d’ailleurs …  

Jeudi 12 août 2010 :

Voilà encore une très belle journée qui se profile sur FestiBlues et c’est sous un soleil radieux que Montréal s’est réveillé ce matin, laissant espérer une affluence record pour une soirée exceptionnelle réunissant ce qui se fait de mieux au niveau du blues et de ses styles dérivés. On commence sur la scène Loto Québec alors que le soleil décline à peine avec King Melrose, le premier des trois finalistes du concours Relève en Blues qui va venir nous présenter son set très funky dans lequel des reprises prestigieuses comme « I Believe In Miracle » remise au goût du jour par Mika ou encore « Superstition » tutoient des compositions en Français chargées d’humour et parfois de second degré. Emmené par son frontman, le pianiste et chanteur Sébastien Côté qui joue monte par moment sur ses claviers, le band jouera sa carte pour tenter de se voir attribuer le rang de découverte de l’année de festival …

A peine quelques minutes pour traverser le parc et se rendre près de la scène Tourisme Québec que voilà déjà Arsen Shomakhov qui entame une prestation plutôt classique mais tellement efficace que l’on est très largement tenté de lui pardonner quelques covers parfois un peu téléphonées. Dans une configuration en trio, le groupe nous fera démarrer avec des blues parmi les plus classiques pour s’égarer petit à petit vers des genres proches comme le surf rock ou encore le blues world et nous prouvera toute sa capacité à partir de pièces convenues comme « I Know You Don’t Love Me » pour en arriver à un spectacle à la fois riche et dense dans lequel on ne s’ennuie pas une seconde ! Originaire de Russie mais vivant aujourd’hui au Canada, Arsen Shomakov ne manquera aucunement l’occasion de nous rappeler que le blues n’est pas l’apanage des formations étasuniennes et s’imposera de lui même comme une des très grosses révélations du genre. Une des très belles surprises du jour !

On connaissait Guy Bélanger pour l’avoir découvert à FestiBlues et pour l’avoir accueilli à Blues sur Seine mais c’est une fois encore une très grosse sensation que le chanteur et harmoniciste nous a procuré ce soir, démarrant son set par un « Before You Accuse Me » aux allures de starter très efficace pour se mettre en voix et enchainant sans aucune faiblesse dans la foulée avec des compositions à paraître sur son nouvel album dans moins d’une semaine. Virevoltant, bouillonnant de talent et de charisme, Guy nous fera faire le grand tour de son répertoire, cédant parfois le chant aux membres de son band et tout particulièrement à son complice Gilles Sioui dont la voix rappelle plus souvent qu’à son tour celle d’un certain Eric Clapton. Une adaptation d’un titre de Maceo Parker pour s’éloigner un peu du blues classique, quelques détours par le folk et par le world blues venu des origines indiennes de Gilles et voilà tout le Parc Ahuntsic qui cède sous le poids d’un artiste auquel il est inutile de vouloir résister tant sa musicalité est impressionnante !

Retour vers la scène Loto Québec où Plume Latraverse va bientôt donner un show qui a réussi à remplir le parc dans sa quasi-intégralité alors qu’au même Moment, Paul McCartney se produit au Centre Bell, en plein cœur de Montréal. Plume pour le profane, c’est un artiste délirant et un peu agaçant qui manie le verbe avec un talent tout particulier mais qui n’est pas en reste quand il est question de jouer le blues et le rock ! Accompagné de ses Mauvais Compagnons, le chanteur et guitariste va nous ramener plus de trente ans en arrière avec les excellents souvenirs de son album « All Dressed » sorti en 1978 et c’est une foule en délire qui reprendra avec lui ses plus grands succès dans lesquels il est question d’amour ou de la vie de tous les jours et souvent de sujets quelques peu grivois. Grand adepte des sacres, Plume y ira copieusement de ses ciboires, hosties et autres tabarnak, reprenant au passage « Le roi de la machette » et nous emmenant lentement mais sûrement vers un final durant lequel tout le monde reprendra en chœur les Cognac-niak-niak-niak de « Rideau » avec à la clef moult soli de guitares et au moins autant de grimaces de la part d’un artiste francophone parmi les plus réputés du Québec ! Au rayon des bonnes surprises de ce FestiBlues, on se souviendra sans le moindre doute que Plume y aura interprété des chansons comme « Bobépine » qu’il n’avait pas joué à Montréal depuis au moins une bonne quinzaine d’années …

Le temps de traverser la Rue Lajeunesse et nous voilà arrivés à la Maison de la Culture qui affiche archi-complet pour le concert de Bernard Adamus, la nouvelle idole de toute une jeunesse qui se reconnaît dans son attitude un peu junkie et dans ses chansons simples mais tellement efficaces ! Une foule en délire devant mais aussi dans la salle nous attend et c’est avec toujours le même dénuement que ce grand vainqueur du concours Relève en Blues 2009 nous jouera les titres de son album « Brun » mais aussi quelques nouveaux à paraître sur un nouvel opus que l’on attend avec impatience ! Débordant d’énergie et dégoulinant de bière, gorgé de grosse caisse et de trombone, de guitare et de banjo, éblouissant de naturel et de lucidité, le show de Bernard Adamus, un artiste qui se présente indiscutablement comme le nouveau poète urbain, n’en finira plus de nous réjouir en nous apportant une grosse dose d’adrénaline en cette fin de soirée qui aura été riche en sensations forte et en émotions !

La Maison de la Culture peine à se vider de ses spectateurs et déjà on se demande comment les journées à venir pourront être encore plus belles que celle que nous venons de vivre … L’heure est maintenant à un repos bien mérité pour être à même d’affronter une troisième journée de FestiBlues que l’on nous promet une fois encore chaude et ensoleillée …   

Vendredi 13 août :

Après une journée off passée dans la métropole à arpenter les rues du Vieux Montréal où à partir à la découverte du Parc du Mont Royal et des différents panoramas qu’il offre au visiteur sur la ville, il est temps de retraverser cette dernière du Sud au Nord en direction de la station de métro Henri Bourassa pour rejoindre la verdure accueillante du FestiBlues. Au menu du soir, blues, chlorophylle et développement durable ! Tout un programme tourné vers l’avenir …

A peine le temps de saluer les amis présents sur le site que nous voilà repartis avec le deuxième des trois finalistes du concours Relève en Blues, Patrick Lehman and the Dropbeat Kings, qui vont venir nous proposer une demi-heure durant leur propre vision du blues avec des accents soul et funky. Quatre musiciens regroupés autour d’influences diverses auront ainsi à cœur de nous proposer des pièces qui nous emmènent parfois vers des versants psychédéliques aux limites du lunaire et d’autres vers une soul des plus convenue ou enfin vers un seul et unique bon vieux blues, « Can’t See My Baby Blues », qui sera sans le moindre doute le meilleur moment d’une prestation appréciée par le public du Parc Ahuntsic.

Direction la scène Tourisme Québec où nous attendent nos compatriotes et néanmoins amis Awek, une des formations parmi les toutes meilleures de France et plus largement d’Europe, voire plus encore, qui sait s’appuyer autant sur son passé que sur un avenir qui se révèle chaque jour plus prometteur. Parti tambour battant sur un « Big Leg Woman », Bernard Sellam et consorts vont nous offrir le grand tour d’un répertoire riche et consistant dans lequel on croisera un clin d’œil à Jimmy Reed, « Hush », mais aussi des classiques parmi les classiques comme « Kiki » ou encore « I Can’t Get Enough » et enfin « Let’s Rock », deux titres sur lesquels Pierre, un guest saxophoniste, viendra apporter un peu de piment supplémentaire. Emmené par un harmonica tout en nuances et soutenu par une section rythmique solide, Awek réussira une fois de plus à convaincre une assistance encore maigrichonne mais déjà très motivée par ce qui sera ce soir un des derniers concerts de vrai blues sur le parc !

Sans doute moins blues que ses prédécesseurs mais tout aussi séduisant musicalement, c’est Steve Hill & The Majestiks qui s’installent très vite en lieu et place d’Awek et qui viennent inonder le Nord de Montréal de leur blues rock puissant et plein de jus ! A fond dans son affaire, Steve Hill nous offrira un set dans lequel il prend régulièrement la pose mais où il joue surtout avec beaucoup de talent et d’inspiration une musique riche et pleine de détails croustillants. Un regard appuyé vers Robert Johnson et un autre vers les Who dont le groupe reprendra « Won’t Get Fooled Again » et c’est derrière un guitariste hors pair et son band que le public montréalais se rassemblera comme un seul homme, sautant, bondissant et rugissant à l’unisson au gré des titres que le combo lui offrira en pâture avec un talent indiscutable ! Voilà un groupe qui fait plaisir à voir et qui peut se retrouver avec la même aisance devant un public très blues ou devant un autre bien plus rock voire même carrément metal …

Un petit intermède dédié aux remerciements aux sponsors et aux commanditaires accompagne le passage de la scène Tourisme Québec à la scène Loto Québec et après quelques danses et percussions, le parc, une nouvelle fois fort copieusement garni, tourne la tête vers le dernier spectacle de la soirée …

Auteur et compositeur mais aussi acteur et réalisateur, Dan Bigras est une de ces célébrités québécoises comme on en rencontre quelques unes chaque année à FestiBlues et c’est accompagné de « ses Blondes » comme le dit si bien le titre de ce spectacle concept qu’il va venir nous proposer une promenade au cœur de la variété nationale et internationale. On s’éloigne définitivement du blues avec une adaptation de « Il suffirait de presque rien » de Serge Reggiani qui met le feu aux poudres, aussitôt suivie du célébrissime « Minnie The Moocher » et d’un premier prêche servi par un chanteur et pianiste plein d’humour mais aussi très engagé qui nous offre même un poème dans lequel il se souvient de son soutien artistique aux troupes armées engagées à Sarajevo …

On dérape encore un peu plus avec un saut vers Era avant d’accueillir Marina Orsini qui prend le micro pour un titre de Florent Pagny, « Tu m’tueras », puis pour un second avant de céder sa place à Andrée Waters pour deux pièces de plus parmi lesquelles les habitués de la chanteuse reconnaitront un de ses tubes, « Dors Caroline ». Place ensuite à Annie Villeneuve qui nous propose elle aussi deux titres avant que Marie Elaine Thibert ne fasse un effet bœuf en se muant en Edith Piaf pour un très bel « Hymne à l’amour ». Si on plonge directement dans la grande variété depuis un moment, Dan Bigras n’en oubliera pas pour autant le fait qu’il a offert au public quelques hymnes et c’est en nous proposant de découvrir l’histoire revue et corrigée du « Petit chaperon rouge » qu’il comblera ses fans avant que sa choriste, Marie-Anne Mathieu, ne se lance tête baissée dans une reprise de « Lady Marmelade » aussi lascive que convaincante.        

Retour vers les contes pour enfants revus et corrigés à la mode Bigras avec cette fois le « Sacrement des Petits Cochons » qui aura le mérite de mettre sous pression un Parc Ahuntsic une fois encore bondé grâce à une interprétation commune à tous les participants du jour qui reviendront une dernière fois pour un rappel qui scellera la fin de la journée sur la pelouse la plus accueillante et la plus confortable de l’Ile de Montréal.

Une rapide traversée de la Rue Lajeunesse et nous voilà une nouvelle fois à la Maison de la Culture Ahuntsic Cartierville où nous attend une double prestation qui commencera bientôt avec le show d’Eric Frèrejacques et de ses Hoochie Coochie Men qui viendront nous conter sur fond de très bon blues quelques titres issus de leur dernier effort en date, « Radio Bullshit » ! Véloce et inspiré, l’harmoniciste et chanteur accompagné de sa bande de doux dingues nous emmèneront au plus loin d’un genre qu’ils maitrisent sur le bout des ongles, preuve s’il en fallait encore avec leur accessit obtenu au Tremplin Blues sur Seine en 2006. Devant un public nombreux mais un peu discret, les Niçois s’attireront le respect de nombre de personnes enchantées de vivre un très grand moment de bon blues !

Ils avaient eux aussi participé au Tremplin Blues sur Seine en 2006, voilà les Mountain Men qui succèdent aux Hoochie Coochie Men pour un des shows endiablés dont ils ont le secret. Mat à la guitare et Iano à l’harmonica vont une nouvelle fois doser intelligemment le blues et l’humour pour séduire une assistance qui malgré l’heure tardive reste attentive à une prestation où la voix est impeccable et où les notes qui l’accompagnent sont toujours travaillées dans le sens le plus juste. Les titres empruntés à « Spring Time Coming » ou au répertoire traditionnel feront une nouvelle fois mouche grâce au talent incontestable du duo mais aussi à sa mise en scène et à l’énergie phénoménale qu’il développe pour à chaque fois être encore un peu meilleur que la fois d’avant. Incontestablement, les groupes français présents cette année au FestiBlues auront à chaque fois mis le feu !  

La Maison de la Culture se vide à son tour et c’est un petit after qui s’organise spontanément, Mat et Iano invitant quelques amis musicien à venir les rejoindre pour une fin de soirée devant les techniciens et le staff du FestiBlues qui apprécient de pouvoir se poser un moment pour pouvoir à leur tour profiter un peu de l’événement … Sans eux, rien ne pourrait se faire alors il faut bien aussi que l’on sache les remercier à l’occasion …

Samedi 14 août :

Quatrième journée de ce treizième FestiBlues International de Montréal qui se voit encore et toujours marqué par une chaleur forte et humide au point qu’il ne faut pas faire trop d’efforts pour éviter de se retrouver trempé de sueur avec tous les aléas que cela entraine … A peine arrivés sur le parc que nous devons déjà rejoindre les tables du jury pour assister à la prestation du troisième et dernier participant au concours Relève en Blues, CAB, un duo arborant une guitare et une contrebasse auxquelles viennent se greffer un harmonica et une voix avec derrière tout ça un country blues plutôt intéressant et même parfois un petit côté stonien qui fait penser à des titres comme « As Tears Go By » … Efficace et séduisant, le combo qui peine quand même par moment à trouver ses marques jouera sa carte pour le résultat final du concours en proposant quelques belles pièces de blues et même une relecture plutôt réussie de « My Babe » ! Le jury dispose désormais de tous les éléments pour réfléchir avant de rendre son verdict dès demain !

On retrouve Nina Attal sur la scène Tourisme Québec pour son premier concert du jour devant un parterre déjà bien garni et on constate que les passages télévisés ont quelque peu porté leurs fruits. Avec un set des plus classiques et une énergie hors du commun, le band qui enchaine depuis quelques jours les évènements n’aura aucun mal à charmer l’assistance avec des titres comme « Sexy’n’Crazy ou « Hopeful ». Reparti dans sa configuration naturelle, même si les cuivres sont quand même absents, le Nina Attal Band saura convaincre les vrais amateurs de blues teinté de funk et de soul en leur proposant un set à la fois homogène et efficace en diable et si on sent bien que le style évolue beaucoup depuis le dernier Tremplin Blues sur Seine, on ne peut que constater que la phase de la professionnalisation n’est plus très loin pour une artiste qui est actuellement au sommet de son art.

Place maintenant à Diunna Greenleaf & Blue Mercy qui vont nous emmener très loin dans un blues classique au possible mais tellement efficace que c’est le Parc Ahuntsic dans son entier qui tapera du pied à l’unisson en assistant au show d’un quartet auquel rien ne manque, ni la prestance scénique d’une chanteuse à la voix dévastatrice, ni les soli de guitares d’un artificier de l’instrument, ni la solidité rythmique d’un tandem toujours bien en place. Des pièces calibrées au millimètre près, un passage du côté de chez Robert Johnson avec « If I Had Possession Of A Jugement Day » proposé de la part d’une sacrée bonne femme avec une sacrée voix, un bon vieux « Back Door Man » de derrière les fagots et un hommage spontané à John Lee Hooker pour couronner le tout finiront de faire de la prestation de la plantureuse chanteuse américaine une des toutes meilleures de cette édition 2010. Impressionnante de réalisme, cette grande dame du blues aura eu tout le loisir de charmer son monde !

C’est une nouvelle fois un spectacle concept que nous propose FestiBlues en demandant à Antoine Gratton de réunir quelques-uns des ses amis pour une création dans laquelle le rock se marie assez bien à la variété. Quelques pièces lancées sur le piano en moumoute rose nous amèneront rapidement vers le premier invité du jour, Sébastien Plante, qui nous servira d’entrée de jeu un « Johnny B Goode » plein de vigueur et qui descendra jusque dans le public avec sa guitare pour mieux lui apporter la vision d’une musique séculaire mais toujours aussi appréciée. Une pièce de plus et quelques délires d’Antoine Gratton plus tard, c’est au tour de Daniel Boucher de venir prendre place sur la scène Loto Québec pour nous y proposer quelques morceaux comme « I Am Evil » mais aussi des standards de son hôte du soir comme « A l’aide ! ».

Encore une transition pour inviter Marjo à rejoindre la scène pour y interpréter un blues aussi classique qu’efficace et c’est une nouvelle fois Daniel Boucher qui rejoint ses deux complices pour interpréter « Sans toi ni loi » avant de se laisser porter tranquillement vers la sortie jusqu’à un virulent « That’s Allright Mama » a faire se fissurer les amplis. Encore un rappel pour faire bonne mesure et c’en est déjà terminé d’un show qui, s’il a mobilisé beaucoup moins de monde que ceux des jours précédents, aura tenu absolument toutes ses promesses.

Direction la Maison de la Culture où nous attend Nina Attal pour un show dans la plus pure veine de ceux qu’elle donne habituellement, c’est à dire sexy et groovy à souhait avec à la clef une bonne dose de guitares et au moins autant de feeling. L’assistance, présente en nombre conséquent, succombe une fois encore au charme musical de la jeune parisienne et des ses complices, lui réservant l’accueil qu’elle mérite et l’ovationnant copieusement au terme d’un concert qui n’aura laissé personne sur sa faim. Pour sa dernière apparition de la semaine en terre québécoise, Nina Attal aura eu à cœur de mettre le paquet sur le jeu mais aussi sur les détails et à n’en point douter, c’est très vite qu’on la retrouvera ici dans d’autres salles de concerts et sur d’autres festivals …

Une rapide transition et c’est Christian Mallette et son Blues Band qui prennent place sur les planches de la Maison de la Culture, nous trimballant sans grand ménagement d’un bon blues bien carré à un rock brut de décoffrage sans oublier de faire des incursions un peu partout où la fusion peut se faire. Virtuose et charismatique, Christian Mallette multipliera les soli tout au long d’une fin de soirée épatante où l’on croisera entre autres des « That’s Allright Mama », des « Got My Mojo Working » ou des « Everyday I Have The Blues » joués avec autant de force que de foi. Pour les derniers spectateurs présents dans les lieux, ce ne sera que du bonheur jusqu’à l’extinction des feux qui n’arrivera ni sans un bon gros instrumental très démonstratif, ni sans un rappel aux allures de marathon qui nous conduire une fois encore vers « Johnny B Goode » mais aussi sur un solo de guitare digne des plus grands guitar heroes ! La salle explose une dernière fois et chacun regagne ses pénates pour un repos fort mérité, conscient d’avoir une fois encore passé une excellente soirée !

Dimanche 15 août :

Si le temps est menaçant depuis le matin, il semble définitivement convenu entre la météo et l’organisation que ce 15 août montréalais restera sec ! Alors forcément, on en profite, on se découvre et on se promène en attendant une soirée de clôture qui promet d’être belle avec une programmation parmi les plus intéressantes … Un dernier tour en haut de la colline pour admirer une fois encore le site quand il est désert, un peu le « moton » en se disant que ce soir c’est la dernière et qu’il faudra encore patienter jusqu’à novembre pour revoir les amis, et encore, pas tous … Alors on se concentre, on se dit que l’instant présent est la plus belle chose qui puisse nous être offerte et on attaque cette ultime soirée du FestiBlues 2010 avec un énorme sourire !

Blue Steel, il y a maintenant des années que l’on en croise le leader dans le parc et chez des amis communs mais jamais il ne nous avait jamais été donné de le voir se produire sur une scène digne de ce nom … C’est désormais chose faite puisque du haut de son fauteuil, Richard Chartrand et ses acolytes parmi lesquels on reconnaît le guitariste JD Slim vont ce soir nous inviter à un grand voyage au cœur du blues avec à la clef des adaptations de Stevie Ray Vaughan et ZZ Top et des escales techniques dans tous les bons mouillages d’Amérique du Nord comme le Texas, l’Alabama, la Georgie, le Delaware et la Californie et bien entendu le Québec qui sera mis à l’honneur sur le morceau final. De « Blue Jeans Blues » à « Boogie All Night Long » en passant par « Sweet Home Alabama », Blue Steel parviendra à partager avec le public son véritable et sincère amour du blues. A voir et à revoir sans ménagement !

Pour les avoir croisés à maintes et maintes reprises à Blues sur Seine où ils ont été très régulièrement programmés, nous attendions beaucoup de la prestation de Dawn Tyler Watson et Paul Deslauriers et une fois encore, force est de constater que le duo a été impérial ! Guitariste virtuose doublé d’un excellent chanteur, Paul Deslauriers est celui qui casse le miroir dans lequel la chanteuse aurait pu être tentée de se contempler et c’est avec une réelle complicité que les deux artistes nous présentent des pièces qui vont du blues au jazz et du jazz au rock avec toujours autant de maestria. Une adaptation en Français de « Ne me quitte pas », un peu de saxophone vocal pour finir d’en imposer à l’assistance et un final traditionnel où Led Zeppelin tutoie les Beatles et c’en sera bientôt terminé d’un concert où intensité aura rimé avec inventivité … Un dernier « Come Together » pour finir de convaincre le mélomane qui sommeille en chacun de nous et nous voilà presque arrivés à la fin d’une treizième addition qui aura respecté toutes les promesses que son programme laissait entrevoir !

On se retourne vers la scène Loto Québec où nous attend la remise des prix du Concours Relève en Blues et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, on remet de deuxième accessit à King Melrose et le premier à CAB alors que la victoire finale revient à Patrick Lehman and the Dropbeat Kings ! Côté jury Français, notre choix s’est porté sur CAB et c’est Arnaud Bel, Directeur de Blues sur Seine, accompagné de Thierry Tulasne de l'OFQJ qui se chargeront d’annoncer au duo qu’il viendra à Mantes la jolie en novembre prochain se produire dans le cadre du festival. Le Trophée FestiBlues récompensant un partenaire historique revient pour sa part au Directeur des Etablissement Simplex pour son soutien de longue date au festival !

A peine la remise des récompenses terminée que la pluie fait son apparition pour passer très rapidement de quelques gouttes à un déluge qui nous contraint de trouver refuge sous la tente de l’espace VIP … Pas de chance pour Martin Deschamps, un artiste que nous apprécions tout particulièrement pour son humour et sa joie de vivre, mais il nous sera impossible de photographier normalement la fête qu’il donnait ce soir pour son quarantième anniversaire, une fête qui s’annonçait pourtant très belle et dont on entend au loin les accords où l’on reconnaît « Georgia » mais aussi « Bella Ciao », l’hymne des partisans, ou encore « Little Wing », « Amazing Grace » ou « Le Roi de la Machette » … Nous manquons aussi la foule des invités de Martin parmi lesquels apparaîtront  Marco Calliari, Luce Dufault, Ricky Paquette, Nanette Workman ou encore Alain François et quelques autres … La météo impose parfois ses propres règles et le Parc Ahuntsic moins garni que les jours précédents ne gardera devant le héros du soir que quelques poignées de courageux spectateurs aux épaules mouillées et aux pieds dans l’eau ! Dommage …

Malgré ce final tronqué par les éléments, ce FestiBlues restera assurément un très bon moment qui aura été bien plus blues que les précédentes éditions. A l’heure de quitter le parc, on s’attache à saluer les quelques amis encore présents et on ne peut qu’avoir une pensée chaleureuse pour les « Fab Five » à l’origine de cette superbe manifestation, Martin & Martin, Gilles, Jacques et Georges, mais aussi pour toute une équipe qui a œuvré comme un seul homme pour que le 13ème FestiBlues international de Montréal soit le plus grand et le plus beau festival de blues sur pelouse de la région. Une dernière pensée amicalement émue pour Marie Sophie, Catherine, Jeff, Etienne et tous les autres … en espérant vivement les retrouver en 2011 !

Fred Delforge – août 2010