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CHICAGO BLUES FESTIVAL 2010 (3/4) pdf print E-mail
Ecrit par Jocelyn Richez  
vendredi, 30 juillet 2010
 

CHICAGO BLUES FESTIVAL
CHICAGO - (ILLINOIS)
Du 11 au 13 juin 2010

http://www.chicagobluesfestival.org
http://www.route-du-blues.net

Retour vers le précédent épisode

La deuxième journée du festival se présente mal, la pluie tombe sur Chicago et je rappelle que le festival est en plein air. Si les scènes sont couvertes, il n'y a pas vraiment d'abris pour le public à par les grands arbres du parc. Le public est donc logiquement clairsemé pour le premier concert et les spectateurs se protègent généralement avec un poncho vendu sur place.

Ramblin' Rose : voilà une chanteuse / harmoniciste locale que j'avais découverte les années précédentes et qui m'avait fait bonne impression. J'attendais sa prestation avec beaucoup d'impatience et je fus déçu. Déjà, elle a eu la malchance de se produire pendant une grosse averse devant un public forcément clairsemé. Elle fut desservie par un groupe borderline qui ne la mettait pas en valeur et surtout j'ai regretté qu'un chanteur hors sujet lui ait squatté la scène trop longtemps. Dommage car cette Ramblin' Rose a du potentiel, c'est une bonne chanteuse à revoir dans un contexte plus favorable.

Jarekus Singleton & Keeshea Pratt : il s'agit là d'un jeune groupe venu du Mississippi. Jarekus Singleton est un chanteur / guitariste doué et prometteur qui pratique un blues moderne assez funky. J'ai moins aimé la jeune chanteuse Keeshea Pratt à la voix aigüe, limite criarde, plus à son aise sur un répertoire soul où elle fait preuve de nuances.

Torenzo Cannon : vous l'avez peut être découvert dans le premier volume du reportage « La Route du Blues » passé récemment sur France 5. J'ai raté l'essentiel de son concert qui était paraît il de bonne facture avec notamment de bons blues lents à la Albert King mais j'ai assisté au final que j'ai trouvé très dérangeant. Voulant rendre hommage à Jimi Hendrix, il a joué un medley qu'il a terminé en descendant devant la scène et surtout devant un groupe de photographes accrédités. Là, contre toute attente, il a détruit sa guitare, la balançant violemment contre le sol en la tenant par le manche et s'acharnant dessus tel un forcené ! A une époque où on se mobilise pour venir en aide aux musiciens de la Nouvelle Orléans pour leur payer des instruments qu'ils ont perdu suite à l'ouragan Katerina, où on fait des quêtes sur internet pour pouvoir payer un clavier à Eddie Tigner qui s'est fait voler le sien, alors qu'on est en pleine période de crise et que Chicago est particulièrement touché, notamment la communauté noire, je trouve ce geste vraiment déplacé et dérangeant.

Bobby Dixon : il s'agit d'un des fils du légendaire Willie Dixon, il est un honnête pianiste / chanteur mais n'a de toute évidence pas le talent de son père. Sa frappe au piano est certes un peu lourde et son chant n'est pas exceptionnel mais les occasions de voir cette figure de la scène blues de Chicago ne sont pas nombreuses, alors, il faut en profiter d'autant qu'il pratique un blues traditionnel pas désagréable à attendre où bien sûr les titres de papa sont privilégiés.

Nora Jean Wallace (ex-Bruso) : j'étais resté sur ma faim lors de sa récente prestation au Beautiful Swamp Blues de Calais où elle n'avait chanté que deux titres. Mais cette fois, rien à voir, elle a fait preuve de beaucoup de générosité, se donnant vraiment à fond. Cette chanteuse à la voix surpuissante est vraiment impressionnante lorsqu'elle pousse la voix comme elle l'a fait sur la scène "Front Porch" en ce samedi après midi. Toujours aussi élégante, elle a réussi à charmer le public.

Sugar Blue & Rico Mac Farland : Sugar Blue est un virtuose de l'harmonica et il le fait savoir, chaque morceau est un prétexte pour se lancer dans de longs soli assez démonstratifs, et Rico Mac Farland soutient la comparaison à la guitare. Cela donne un concert spectaculaire et de très haut niveau. En fin de set, Sugar Blue a interprété "Miss You", le morceau des Rolling Stones dont il tenait l'harmonica sur l'enregistrement original.

Bill "Howlin' Mad" Perry et Alphonso Sanders : j'avais eu l'occasion de voir Bill "Howlin' Mad" Perry en octobre dernier au Ground Zero à Clarksdale et j'avais été très déçu par sa médiocre prestation et par la faiblesse du groupe qui l'accompagnait. Depuis, son association avec Alphonso Sanders est fructueuse, elle lui a notamment valu une deuxième place en janvier à l'International Blues Challenge dans la catégorie solo / duo. Bill "Howlin' Mad" Perry possède une bonne voix grave, un jeu de guitare sans fioriture et une forme d'élégance nonchalante. Excellente surprise !

Sonny Rhodes : ce fut pour moi LE concert de la journée, superbe, tout en délicatesse, la grande classe. Le vétéran californien était accompagné par un groupe top niveau, parfaitement en place et au service de son leader. Sonny Rhodes ne porte plus son fameux turban (depuis le 11 septembre 2001) qu'il a remplacé par chapeau. Même diminué physiquement, il reste incisif à la lap steel guitar et garde une prestance énorme. Sa voix a perdu en puissance mais elle a conservé son grain caractéristique et est plus émouvante que jamais. J'insiste, ce fut pour moi le concert le plus marquant de la journée.

Andre Williams : il s'est permis de faire un doigt d'honneur au public juste au moment où j'arrivais devant la scène. Ca commençait fort ! Néanmoins, il était vêtu d'un superbe costume trois pièces blanc du plus bel effet et entouré d'une formation très étoffée comprenant des cuivres et des danseuses en tenue légère. Il parle plus qu'il ne chante, il ne fait clairement pas dans la dentelle et semble se régaler à jouer les grand pères indignes, c'est visiblement un petit jeu délibéré mais il faut avouer que l'ensemble sonne plutôt bien et sa voix de baryton est assez envoûtante. Et pour l'anecdote, c'est pendant ce concert que j'ai aperçu Tré backstage vêtu d'un improbable costume jaune canari.

Bob Corritore et Bob Riedy + Sam Lay et Mark Wydra : encore un excellent concert pour les amateurs de Chicago blues traditionnel comme moi avec cette formation sans doute inédite. Comme d'habitude, Bob Corritore a su s'entourer de cadors. Et ils prenaient tous visiblement beaucoup de plaisir à jouer ensemble, un plaisir forcément contagieux. C'est Sam Lay qui chantait et il est vraiment excellent dans ce contexte. J'apprécie le jeu de guitare très fin de Mark Wydra que j'avais découvert en 1996 au New Morning alors qu'il était guitariste d'Eddy Clearwater. Et puis, les occasions d'écouter Bob Riedy sont maintenant rares, il faut vraiment savourer. Et s'il y en avait un qui savourait, c'était bien Bob Corritore toujours formidable à l'harmo et très à l'aise dans ce rôle de chef d'orchestre. Dommage que ce concert se soit joué sous une pluie battante. D'un point de vue visuel, j'ai été frappé par les tenues bleu / blanc / rouge de Sam Lay / Bob Corritore / Mark Wydra, ce n'était sans doute pas en l'honneur de l'équipe de France de football entrée timidement dans la Coupe du Monde.

Johnny Rawls et Destiny Rawls : Johnny Rawls est une personnalité majeure du chitlin' circuit, un chanteur / guitariste au style soul / blues qui tourne énormément. Là encore, beaucoup de classe pour ce musicien qui a enregistré sur le label JSP ! Depuis quelques années, il tourne avec sa fille Destiny qui est chanteuse. Ce n'est certes pas ma chanteuse préférée mais l'ensemble est vraiment agréable à écouter.

Peaches Staten : le concert a été retardé à cause de la pluie. Elle s'est présentée accompagnée de la même formation qu'en novembre 2009 à Blues sur Seine et au Méridien, avec notamment Mike Wheeler (guitare) et Larry Williams (basse), une formation avec laquelle elle a enregistré en mai 2010 un cd live au Legend's. Peaches Staten a donc logiquement interprété essentiellement les morceaux de ce tout nouveau CD avec beaucoup d'enthousiasme et de conviction. Elle est radieuse pour ce concert essentiellement "Chicago blues" où sa voix délicieusement râpeuse a fait merveille. Elle a pris son frottoir en fin de concert pour faire danser le public sur des rythmes zydeco. Au final, elle a invité Rob Blaine, un guitariste local qui a des faux airs de Popa Chubby et qui a un jeu puissant et spectaculaire. Il a su faire monter la tension pour un final réussi.
 
En cette fin de journée, je décide de faire l'impasse sur la grande scène, la Petrillo (y étaient programmés Nelly "Tiger" Travis, Bobby Parker et "Chicago Blues, A Living History" avec Billy Boy Arnold, Billy Branch, John Primer, Lurrie Bell et Carlos Johnson) et je vais faire un tour du côté de la scène juke joint où se déroule la jam. En chemin, je croise Tommy McCracken qui m'annonce qu'il vient justement de chanter à la jam. Je l'ai donc raté, quel dommage …

Néanmoins, à mon arrivée devant la scène, je découvre avec satisfaction que Floyd Wilson et Robert Pasenko sont sur scène. Ca me donne une petite idée de ce que j'ai raté jeudi, souvenez vous, la jam au Catcher's Inn …
 
Pour cette soirée, la plus belle affiche sur Chicago était sans aucun doute celle concoctée au Reggie's par Cadillac Zack qui réunissait Jimmy Dawkins, Bobby Parker, Rockin' Johnny, Ardella Williams, Smiley Tillman, Emmet Henning, Charles Hayes. C'était la troisième année consécutive que Cadillac Zack réunissait ainsi un plateau prestigieux le samedi du festival au Reggie's. J'y étais allé en 2008 et j'en ai gardé un souvenir mitigé d'une salle assez petite complètement bondée, où on ne pouvait pas circuler et où la plupart des spectateurs ne voyaient pas ce qui se passait sur la scène. Pourtant l'affiche était exceptionnelle et les concerts de qualité. Bref, nous décidons finalement de ne pas y aller et nous faisons un choix plus "local". Nous mettons cette fois le cap vers le South Side, plus précisément sur le Lee's Unleaded Blues Club. Le nouveau site internet du club indique que Walter Scott est programmé tous les samedis. Walter Scott est une figure du South Side, un guitariste sobre, surtout au niveau du jeu de scène, mais qui ne manque ni de classe ni de bon goût, encore un musicien injustement méconnu. La bonne surprise, c'est que je retrouve en entrant dans le club Mz Peachez, une de mes chanteuses préférées sur Chicago. C'est elle qui est en vedette ce soir accompagnée par l'excellent orchestre de Walter Scott. Si je n'étais pas au courant que Mz Peachez serait là, je venais quand même avec une petite idée derrière la tête, avec l'espoir qu'elle soit là (sachant qu'elle avait chanté en 2009 sur la scène principale du Chicago Blues Festival justement en invitée de Walter Scott). Mon intuition s'est donc vérifiée. Tant mieux ! L'éclairage est excellent car le concert est filmé (un DVD serait il en préparation ? rêvons un peu…) Je précise que le Lee's Unleaded a changé de patron, l'ancien policier à la retraite a laissé sa place à une femme moins bavarde que lui. Je remarque aussi une affiche à droite de la scène qui rend hommage à Alvin Short "Al Guitar", le guitariste de Johnny Drummer décédé en 2009 qui jouait régulièrement au Lee's Unleaded. Un autre musicien local nous manque, Manuel Arrington qu'on avait l'habitude de voir dans tous les clubs du ghetto.

Mais revenons à Mz Peachez qui a réalisé une grosse performance, c'est une chanteuse à voix dans le style Koko Taylor, qui a un potentiel énorme et qui continue de progresser année après année. Je sais qu'elle avait un projet avec le label autrichien Wolf qui n'a visiblement pas abouti. Elle ne devrait plus tarder à graver un CD et à venir en Europe. Comme toujours au Lee's Unleaded, il y a une grosse ambiance et beaucoup de musiciens dans la salle. La soirée s'est donc logiquement terminée en bœuf, avec des performances remarquables de Tre' (dans le même costume jaune que l'après midi) et Lady Kat (avec une nouvelle coiffure). Sherman Moody Thomas (sans sa cape ni sa couronne) a aussi chanté quelques titres. Excellente soirée dans une ambiance conviviale et festive. Le Lee's Unleaded reste mon club préféré à Chicago.

A suivre ... [ICI]