mardi, 13 juillet 2010
Tribal
(Proper Records – Harmonia Mundi – 2010)
Durée 65’48 – 16 Titres
http://www.drjohn.org
http://www.myspace.com/drjohnthenitetripper
 A l’approche de son soixante dixième anniversaire, ce chanteur, guitariste et pianiste originaire de Louisiane couronne cinq décennies de carrière par un nouvel album qui est sans le moindre doute le plus sale depuis « Gris Gris » qu’il avait publié en 1968, mettant en même temps fin à l’attente de ses fans qui n’avaient plus rien eu à se mettre dans le platine depuis « The City That Care Forgot », son dernier effort daté de 2008 qui lui avait valu un Grammy Award. Accompagné de son groupe, The Lower 911, dans lequel on remarque John Fohl aux guitares, David Barard à la basse, Kenneth Williams aux percussions et Herman ‘Roscoe’ Ernest III aux drums mais aussi à la production, Dr John a résumé peu ou prou toutes les influences marquantes de sa très riche et productive carrière. Tout un programme auquel il est difficile de résister, d’autant qu’aux côtés de l’artiste apparaissent des invités comme Derek Trucks, Allen Toussaint ou encore le regretté Bobby Charles, disparu au tout début de l’année …
« Tribal » est en quelque sorte un résumé et un nouvel aboutissement pour Dr John puisqu’en y mélangeant ses racines blues, rock, funk, vaudou ou encore soul, l’artiste parvient à décupler une nouvelle fois tout son capital charme auprès d’un public qui n’en démord pas de sa relation d’amour avec le musicien ! Aux couleurs et aux senteurs traditionnelles du bayou viennent se greffer des touches d’originalité carrément irrésistibles et si le côté créole de l’ouvrage est très présent de bout en bout, c’est en faisant appel à nombre d’autres influences que Dr John allume une à une toutes les petites étoiles appelées à briller dans le ciel de sa musique pleine de swing, de fun et de groove. Rejoint par un véritable chef indien qui apporte ses incantations au tittle track, Dr John trouve une juste place entre le sorcier, le griot et le médecin et en profite pour nous envoyer une jolie volée de titres dans laquelle on remarquera des titres à la fois mystiques et lucides comme « Feel Good Music », « Change Of Heart », « Only In Amerika » ou « A Place In The Sun » qui rappellent à chaque instant que si l’artiste est avant toute chose un formidable troubadour, il n’en est pas moins une des figures de proue et un porte-parole de toutes les populations victimes de l’ouragan Katrina et de la gestion très légère de la crise par l’administration Bush de l’époque. D’un chant parfois très saccadé qui le ferait presque passer pour du hip hop jusqu’au saxophone de Donald Harrison qui soutient quelques pistes en passant par ce déluge de soul et de funk omniprésent sur « Tribal », Dr John nous a sorti le grand jeu et assume son statut d’artiste polyvalent en venant jouer en Europe et même en France où il fera les belles heures du Nice Jazz Festival à la mi-juillet. Gageons que l’accueil qui lui sera réservé sera au moins aussi chaleureux que lors de ses passages à Cognac Blues Passions en 1999 ou à Jazz à Vienne en 2006 …
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