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ROLAND TCHAKOUNTE au SUNSET (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 05 juin 2010
 

ROLAND TCHAKOUNTE
LE SUNSET – PARIS (75)
Le 4 juin 2010

http://www.roland-tchakounte.com/
http://www.myspace.com/rolandtchakounte

Roland Tchakounté au Sunset pour trois soirs … Faut il y voir un nouveau virage dans sa carrière ? Une orientation plus jazz et plus détachée du bon vieux blues que l’artiste nous joue depuis ses débuts ? Ceux qui ont écouté « Blues Menessen », son dernier album en date qui sort officiellement ce soir, en sont pour leur part déjà convaincu, si Roland Tchakounté vient d’enregistrer son ouvrage le plus éloigné du blues stricto sensu, jamais un de ses albums n’avait paradoxalement sonné aussi blues et ce n’est pas pour déplaire à tous ses vieux amis et fans mais aussi à un nouveau public, plus métissé, plus jeune peut-être aussi, et même parfois plus world !
 
La Rue des Lombards affiche ses airs des grands soirs et il faut patienter un long moment devant le Sunset pour décrocher le sésame qui va bien, celui qui permet de descendre à la cave s’installer dans la fraîcheur de la clim qui change un peu de la chaleur de la rue … Roland, Mick et Matthias, croisés un instant plus tôt devant la salle, ne tardent pas à s’installer, il est à peine plus de 20 heures et on embarque pour un show qui va forcément être direct, timing serré oblige ! Alors forcément, on attaque par les nouveaux titres et on constate très vite que le blues en Bamiléké fait toujours autant recette auprès du public …

Toujours aussi posé, Roland Tchakounté a encore gagné en intensité dans son jeu et c’est avec son visage qu’il appuie la force de ses paroles, expliquant peu ses chansons mais adoptant des mimiques qui en disent souvent long, surtout quand son regard semble se fâcher ou au contraire que son sourire illumine littéralement la salle. Debout à ses côtés, Mick Ravassat n’en finit plus de briller à la slide, nous assénant même quelques long soli qui forcent le respect tant ils sont aboutis et denses ! L’omniprésent Matthias Bernheim baigne le tout de ses percussions très soignées et c’est délicatement mais fermement que Roland Tchakounté nous emmène dans un répertoire entièrement remanié où l’on trouve rapidement ses marques.

La salle conquise se met très vite à vivre pleinement le show du Franco-camerounais et de son trio de choc et c’est un plaisir supplémentaire que celui de voir arriver sur scène la saxophoniste japonaise Chika Asamoto venue spécialement d’Indonésie pour apporter son charme et sa sensualité aux trois premiers concerts parisiens de la nouvelle ère « Blues Menessen ». Le Sunset, pourtant rompu à l’exercice du jazz, se met à résonner des notes du sax soprano de cette artiste pleine de finesse et c’est un Mick Ravassat insupportable de talent qui répond avec au moins autant de classe à une artiste à la fois brillante et pleine de feeling qui transfigure la musique de Roland Tchakounté et qui l’emmène encore un peu plus loin, vers les sphères d’un jazz blues world que l’on n’aurait même pas imaginé il y a encore quelques années …

Soixante quinze minutes viennent de s’écouler et à l’heure de quitter la salle, on se dit que l’on vient de vivre une fois encore un très grand moment de musique en compagnie de Roland Tchakounté, un set plein de charme, plein de talent, plein de diversité, à l’image de ceux qui l’ont donné puisque les trois puis quatre musiciens présents sur les planches viennent de divers horizons et appartiennent à diverses cultures, n’ont pas forcément le même bagage technique ni les mêmes influences artistiques mais contribuent à leur manière à rapprocher les continents et les genres et à faire du monde ce qu’il devrait être naturellement : un endroit où l’on se parle et où l’on avance main dans la main. Ce soir, les quatre réunis ont joué avec une foi sans commune mesure le blues du nègre (« Blues Menessen ») et pourtant seul un d’entre eux était noir et originaire d’Afrique … Merci à eux pour cette belle et grande leçon de musique et d’humanisme !

Fred Delforge – juin 2010