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LONG'I'ROCK FESTIVAL (SUISSE) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 15 mai 2010
 

LONG’I’ROCK
LONGIROD – CANTON DE VAUD (SUISSE)
Du 13 au 15 mai 2010

http://www.longirock.ch/

Perdue dans la campagne vaudoise, le petite commune de Longirod qui culmine à près de 900 mètres d’altitude et qui compte moins de quatre centaines d’habitants s’est lancé un sacré pari, organiser un festival capable d’accueillir sur trois jours près de quarante cinq milliers de spectateurs ! Un festival qui n’a certes pas la vocation de durer dans le temps, un « one shot » comme on dit, mais qui a mis les petits plats dans les grands au niveau de la programmation pour que la fête soit réussie. Skunk Anansie le jeudi, Trust le vendredi, Scorpions le samedi, voilà trois têtes d’affiche qui sont bien décidées à ne pas laisser nos voisins helvétiques souffrir du froid humide qui inonde la région depuis déjà quelques jours ! Cela méritait bien de nous faire braver le nuage de cendre venu d’Islande pour faire un rapide aller-retour en avion et assister aux deux dernières journées …

vendredi 14 mai 2010 :

http://www.myspace.com/katatonia
http://www.myspace.com/archenemy
http://www.myspace.com/officialensiferum
http://www.myspace.com/downnola
http://www.myspace.com/soulfly
http://www.trust.tm.fr

Nous étions prévenus, c’est un terrain quelque peu détrempé qui accueille les festivaliers et les quelques milliers de spectateurs qui sont passés hier d’une scène à l’autre pour assister à la douzaine de concerts du jour n’ont sans doute pas arrangé les choses ! Peu importe, le taureau de l’affiche garde le moral au beau fixe et c’est les pieds mouillés mais l’esprit serein qu’il s’apprête à attaquer une deuxième journée de festivités toujours très rock’n’roll … Prise dans la tourmente, la « Scène Suisse » accueille les groupes en devenir tandis que les deux scènes majeures reçoivent à tour de rôle une programmation des plus extrêmes !

Les photographes se bousculent déjà pour aller assister au set de Katatonia qui marque l’ouverture des hostilités ! Les Suédois vont rapidement mettre à mal le public de la moyenne scène qui, les pieds quelques peu humides, va succomber à leur dark metal des plus gothiques à grand renfort de guitares saturées et de voix poussées jusque dans leurs derniers retranchements. Les longues crinières blondes tournoient au gré du headbanging qui s’installe en force, Long’I’Rock sera metal ou ne sera pas !

On change de scène pour aller retrouver Arch Enemy qui s’installe sous le grand chapiteau et tout de suite les choses deviennent sérieuses. La fosse photo plus large, le public un peu plus nombreux pour faire honneur au second combo suédois du jour, les frères Amott ne vont pas avoir beaucoup de mal à emmener Angela Gossow jusque vers des sommets à force guitares aiguisées comme des tronçonneuses ! Frêle et fragile en apparence, la chanteuse qui se montre redoutable de puissance va très rapidement mettre tout le monde à sa botte à force de hurlements rauques et de gesticulations, le tout flanqué des backdrops empruntés au dernier album en date du combo, « The Root Of All Evil ».

Pas le moindre temps mort, c’est Ensiferum qui nous invite à retourner vers la moins grande des deux scènes principales et c’est encore du metal nordique qui attend un public qui se prête avec un certain plaisir à l’exercice ! Les Finlandais qui arborent leur traditionnel maquillage viking ne vont pas avoir besoin de beaucoup de temps pour réussir à toucher le cœur d’une foule d’aficionados et c’est un chapiteau vociférant au rythme du quintet qui va suivre un à un tous les breaks et toutes les montées en puissance d’une formation qui n’hésite jamais à varier les plaisirs pour mieux se faire apprécier !

C’est cette fois vers la Louisiane que l’on se dirige, délaissant les sonorités nordiques pour non pas aller se plonger dans le blues mais pour au contraire retrouver le metal sudiste de Down et ses riffs puissants. Emmené par un Phil Anselmo des grands soirs, le combo all stars dans lequel on retrouve autant de membres de Pantera que de Crowbar avec en prime un super Pepper Keenan à la guitare va aller piocher au plus profond de son répertoire pour apporter au public helvétique la preuve par l’exemple que c’est à l’heure actuelle une des références ultimes du genre non seulement en terme de puissance mais aussi de charisme. Voilà un groupe qui se fait plaisir et qui se plait à le montrer !

On retrouve les Trust qui arrivent sur le site du festival et on file très vite vers la moyenne scène pour assister au set de Soulfly, le combo fondé par Max Cavalera après son départ de Sepultura dans la seconde moitié des nineties … Un drapeau brésilien accroché sur les amplis, un autre peint sur la guitare du leader, ces monstres sacrés d’un metal des plus ouvert à la culture traditionnelle du pays d’origine de son fondateur vont s’attacher à faire attendre au public vaudois la sortie imminente de leur prochain effort en lui proposant une set list des plus séduisante ! Puissant et efficace, le combo qui s’apprête à se produire dans toute l’Europe jusqu’en août a d’ores et déjà trouvé ses repères et c’est en le prouvant ce soir qu’il a souhaité le faire savoir à un public qui ne manquera pas de faire passer le message. L’été sera Soulfly ou ne sera pas !

Trust en tête d’affiche d’un festival majeur étranger, il y a un moment que l’on n’avait pas vu ça et c’est prêt à relever le défi que le quintet emmené par Bernie Bonvoisin va s’attacher à rappeler qu’il n’a rien perdu de sa superbe après plus de trente ans de carrière. Deux guitares pleines de force et de finesse, une basse qui rugit et une batterie qui explose, il ne faut pas grand chose de plus à un Trust des grands soirs qui s’en va piocher au fond de son vieux répertoire pour satisfaire les quelques milliers de spectateurs qui ont répondu présent à son invitation … Parti bille en tête sur « Marche ou crève », le groupe ne va plus laisser retomber l’intensité tout au long d’un set de près de deux heures dans lequel les spectateurs de Long’I’Rock plongeront sans aucune retenue !

En alternant ses plus anciens morceaux comme « Darquier », « Certitude, solitude » et « Monsieur Comédie » avec d’autres plus récents comme « La Morsure », « Toujours parmi nous » ou « Chaude est la foule », Trust parvient à captiver l’attention d’une assistance venue en grande partie pour voir ce que le mythe est devenu et force est de constater qu’elle ne sera pas déçue par un Bernie qui harangue sans trop en faire et par un Nono toujours aussi habile quand il est question de tirer des soli ! Vivi comme  à son habitude envoie des riffs taillés au millimètre près et fait le show au même titre qu’un Farid qui n’en finit plus d’amuser la galerie avec un jeu aussi efficace visuellement que musicalement.

C’est ce soir le premier concert de Trust depuis l’été dernier mais on sent que les automatismes sont déjà revenus et c’est en faisant quelques allusions aux vieux potes d’AC/DC que le quintet enfonce encore un peu plus le clou, balançant le riff de « Back In Black » pour mieux allumer le public et lui offrant « Ton dernier acte » avec toujours la même émotion trente ans après la disparition tragique de Bon Scott. Un retour vers « Europe et Haines » avec « On lèche, on lâche, on lynche » mais aussi « Le temps efface tout » et Bernie, non sans avoir brièvement présenté les musiciens, fait l’impasse sur « L’Elite » et s’en retourne backstage avec ses petits camarades de jeu !

Le rappel est conséquent avec « Le Mitard » en amuse gueule et « Préfabriqués » en plat de résistance mais ce que tout le monde attend, c’est le dessert, une sucrerie que Nono commence à faire chauffer mais que Bernie garde encore un peu en cuisine, chambrant au passage le public qui à son goût ne répond pas assez … « Antisocial », le titre est lancé et chacun s’attache à ce qu’il soit puissant, convaincant, explosif ! Long’I’Rock exulte, rugit une dernière fois, et Trust quitte la scène sans savoir qu’il n’est pas au bout de ses surprises …

De retour dans les loges surchauffées, on retrouve Mehdi et l’équipe de XIII Bis Records qui ont choisi ce soir pour remettre à Trust son DVD d’or qui couronne quinze milliers d’exemplaires vendus de la dernière sortie en date, le double live de l’Olympia et du Rockpalast ! L’occasion idéale de faire sauter quelques bouchons et de partager quelques moments de convivialité avec le groupe mais aussi avec les organisateurs du festival visiblement enchantés d’avoir pu inscrire ce petit bonus dans les mémoires de cette seconde soirée. La route vers Genève est encore longue et même si nous avons fait l’impasse sur Fatal Smile qui jouait les digestifs sur la moyenne scène, il n’est pas loin de quatre heures du matin quand nous retrouvons enfin notre hôtel grâce à Sonia, notre pilote du jour …         

Samedi 15 mai 2010

http://www.myspace.com/groupecafebertrand
http://www.myspace.com/nadasurf
http://www.myspace.com/kschoicefan
http://www.myspace.com/blackrebelmotorcycleclub
http://www.myspace.com/juliettelewis
http://www.myspace.com/gogolbordello
http://www.the-scorpions.com/

De retour sur le Festival après une courte nuit, c’est le froid qui nous accueille à bras ouvert mais la bonne humeur continue de régner côté presse, côté artistes et surtout côté public ! L’avantage d’être perdu dans la montagne, c’est que l’on y croise presque autant de vaches que de festivaliers, les premières contraignant parfois les seconds à céder le passage pendant les changements de champs …

Trêve de plaisanterie, Café Bertrand nous attend de pied ferme et le temps de saluer Walther qui fignole ses balances, nous allons commencer cette dernière journée avec une trentaine de minutes de retard. Café Bertrand nouvelle formule nous reçoit sur la moyenne scène et va avoir la lourde tâche de chauffer un public qui grelotte depuis un moment au pied du chapiteau ! Exit l’ancienne équipe, enter la nouvelle section rythmique des frères Quintero et la guitare d’Alain qui vont mettre du baume au cœur à un frontman toujours aussi bondissant et charismatique qui cette fois encore ne rechignera pas à la tâche quand il sera question de servir un bon gros rock comme on l’aime. A l’heure de préparer son nouvel album, Café Bertrand nous invitera à un retour vers les précédents pour le plus grand plaisir des ses fans qui sont venus en nombre !  

Après « L’art délicat du rock’n’roll », on reste sur la moyenne scène pour accueillir Nada Surf qui vient offrir une bonne dose de son rock alternatif à un public conquis d’avance ! Il faut dire que le trio formé à New York  il y a une petite vingtaine d’années a en magasin une sacrée cargaison d’hymnes capables de séduire même les plus exigeants et qu’il ne se prive pas d’en faire le tour durant une heure de show à la fois dense et raffinée. Un Matthew séducteur à la guitare et au chant soutenu par Daniel à la guitare et Ira aux drums, voilà de quoi faire craquer un parterre où les demoiselles sont forcément légion !

Premier concert du jour sur une grande scène qui s’apprête ce soir à accueillir Scorpions et qui se voit déjà passablement encombrée par le matériel du combo germanique … Ce sont les Belges de K’s Choice qui s’y collent et qui à deux voix et trois guitares vont réchauffer l’atmosphère glaciale de Long’I’Rock. Reformé en 2009, le combo se laisse aller à reprendre goût à la scène et c’est avec un nouvel album en poche que ceux que l’on connaissait auparavant sous le nom de The Choice s’attachent à laisser filer leurs hymnes devant une assistance qui se serre pour mieux se réchauffer et qui commence petit à petit à pogoter pour achever le travail. Le rock alternatif avec lequel on a commencé la journée n’en finit plus de couler à flot sur le festival vaudois …  

On retourne vers la moyenne scène avec les Black Rebel Motorcycle Club où le gros son devrait reprendre ses droits d’entrée de jeu avec des Californiens chauffés à blanc qui vont mettre le feu à un public qui a besoin de vitamines pour supporter l’approche de la nuit et la nouvelle baisse des températures qui l’accompagnera fatalement, même si depuis le début de l’après midi on frôle la correctionnelle côté météo ! Tout en nuances, le rock du trio va monter crescendo et même si une grosse partie des festivaliers, et dieu sait si l’affluence atteint des records ce soir, est partie essayer de se restaurer en attendant le concert de Juliette Lewis, ceux qui auront su braver la faim au risque de ne plus rien trouver ensuite pour se sustenter se souviendront d’une prestation très enlevée de la bande conduite par Peter Hayes à la guitare et au chant, Robert Turner à la basse et Leah Shapiro à la batterie …

La tension monte d’un cran à Long’I’Rock avec l’arrivée de Juliette Lewis sur la grande scène et le premier très gros morceau de la soirée attire une nuée humaine sous le grand chapiteau de huit mille places qui a bien du mal à contenir tout ce monde parmi lequel on remarque déjà les fans de Scorpions qui squattent les premiers rangs. Actrice reconvertie dans la chanson, l’Américaine n’hésite jamais à se mettre en valeur avec un micro mais aussi en s’asseyant derrière la batterie et c’est en distillant une bonne grosse dose de rock’n’roll que cette artiste complète à la philosophie parfois un peu douteuse va mettre le feu à une assistance définitivement conquise non seulement par son charme mais aussi par sa voix ! Accompagnée entre autres d’une bassiste au moins aussi charmante qu’elle, Juliette Lewis surprendra jusqu’à ceux qui passaient par là par hasard sans savoir ce qui les attendait … On appelle ça le talent !

Grosse sensation ensuite sur la moyenne scène avec Gogol Bordello qui ne va pas faire mentir la réputation qui précède le groupe et en particulier celle de son leader, le très bouillonnant Eugene Hütz qui n’en finit plus d’enchaîner les bonds, les cascades et les facéties avec d’un côté une guitare et de l’autre un micro, voire même parfois avec une bouteille de vin ! Punk et slave à la fois, cette formation dans laquelle on sent l’héritage de La Mano Negra mais aussi des Clash n’arrête jamais de bouger et met chacune de ses chansons en valeur à grand renfort d’un accordéon et d’un violon mais aussi de percussions et d’une chorégraphie tellement bien orchestrée qu’elle finit pas paraître improvisée ! Le public répond présent comme un seul homme et la sécurité a fort à faire avec les slameurs qui se retrouvent régulièrement propulsés dans la fosse au grand dam des photographes qui sont bien obligés de composer avec. Reste que le show des New Yorkais est pour l’instant un des plus explosifs de la journée et que les fans de Gogol Bordello sont aux anges de retrouver leurs chouchous dans de telles conditions. On le serait à moins !

La foule se presse sous le grand chapiteau à tel point que la sécurité n’en finit plus d’évacuer les spectateurs victimes de malaises tellement ils sont compressés entre eux … L’intensité a une nouvelle fois monté d’un cran et Scorpions qui avance tranquillement vers une retraite méritée après plus de quatre décennies de bons et loyaux services pour la cause du rock a fait l’unanimité ! Drapeaux suisses, drapeaux français, banderoles en tous genres et costumes plus ou moins inspirés de Klaus Meine, rien ne manque dans les premiers rangs pour ce qui s’annonce d’ores et déjà comme une grande communion entre un groupe et son public …

Du haut de leurs soixante et quelques balais, les créateurs de Scorpions vous contemplent et si rien ou presque n’a changé musicalement, on sent que le groupe est toujours content d’être là à dynamiser les foules. Rudolf Schenker et sa légendaire Flying V ne manquent pas de faire le spectacle tout en prenant la pose, Matthias Jabs en fait à chaque instant des kilos, perché sur son estrade James Kottak domine le groupe et le public tandis que discret dans son coin, Pawel Maciwoda passe pour le calme de service, une fausse idée très vite démentie par son jeu de basse carrément entraînant … Reste à mettre un lutin bondissant derrière le micro et à le faire jouer au yoyo avec le pied en le tendant régulièrement vers la foule et vous obtenez là un groupe de rock qui va enchaîner les hymnes l’un après l’autre, un peu comme on enfile des perles, en commençant par un puissant « Sting In The Tail » qui a donné son nom au récent opus des Allemands.

Scorpions, c’est de l’artillerie lourde, une horde de huns qui avale des kilomètres en posant ses conditions mais qui donne le change, n’hésitant pas à mouiller la chemise là où d’autres seraient tentés de jouer la facilité et jouant l’un après l’autres les « Rock You Like A Hurricane », « Bad Boys Running Wild » et autres « Love At First Sting » qui appartiennent forcément à la légende d’un groupe qui a contribué à sa manière au démantèlement du rideau de fer ! Long’I’Rock ne s’y trompe pas et acclame Scorpions comme il se doit, les fans n’en finissant plus de trouver le concert génial tandis que les curieux marquent quand même une légère surprise pour ce qui est du tempo étonnement ralenti alors que le son est pour sa part resté toujours aussi puissant … Autant de commentaires qui poussent à redire encore et toujours que Scorpions, que l’on aime ou non, on respecte forcément !

Long’I’Rock ferme maintenant ses portes avec un grand feu d’artifice et si la question qui est sur toutes les lèvres est : « restera t’il véritablement un One Shot », à l’heure de commencer à faire le bilan de la manifestation, les organisateurs peuvent déjà se féliciter d’avoir réussi à mener à bien ce défi colossal qu’ils s’étaient eux même imposés ! Il est temps de reprendre une dernière fois la navette pour rejoindre l’hôtel et, chemin faisant, on ne peut que remercier une équipe de bénévoles qui a donné le meilleur d’elle même pour que tout se passe bien, trouvant toujours le petit arrangement pour que personne ne se plaigne quand il était possible de nous faciliter les choses … Encore un grand merci à tous nos interlocuteurs, nos amis d’un week-end qui ont fait en sorte que Long’I’Rock soit une très belle réussite !

Fred Delforge – mai 2010