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BILL DERAIME pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
mardi, 27 avril 2010
 

Brailleur de fond
(Dixiefrog – Harmonia Mundi – 2010) 
Durée 58’53 + 59’22 – 14 + 12 Titres

http://www.billderaime.com
http://www.brailleurdefond.fr
http://www.myspace.com/billderaime
http://www.bluesweb.com

Se retourner sur le passé est un exercice auquel Bill Deraime se livre de manière plutôt régulière depuis maintenant quelques années, non pas parce que cette icône du blues en Français est à cours d’inspiration, les nouveaux titres proposés en guise de bonus se montrant au moins aussi réjouissants que les plus anciens, mais plutôt semble t’il parce qu’il considère que les versions originales enregistrées quelques décennies auparavant affichent aujourd’hui un très fort arrière-goût d’inachevé, pour ne pas dire de bâclé. Enfant de la rue par choix plus que par nature, adepte des substances euphorisantes lorsqu’il traînait ses guitares avec ses potes hippies, gueule cassée mais toujours lucide, Bill a connu les squats mais aussi le show business, apprenant à jouer et à aimer le blues en écoutant Big Bill Broonzy et le Reverend Gary Davis et commençant à le faire en compagnie de JJ Milteau et Alain Giroux mais aussi de Dick Annegarn. Un premier album puis un second, les deux avec Mauro Serri déjà installé aux guitares, amèneront le bonhomme vers le succès dès le début des eighties, un succès hélicoïdal qui lui permettra de se faire remarquer par Johnny Hallyday et de donner des concerts à longueur d’années, trop sans doute puisque les sirènes des labels le pousseront à chercher à chaque fois le hit sans lui laisser le temps de fouiller autour … Plombés par la crise du disque, les labels disparaîtront un à un tandis que de son côté, Bill Deraime continuera à composer, à écrire et même à enregistrer, souvent dans l’ombre mais c’est bien connu, c’est quand on a touché le fond que l’on peut trouver l’impulsion nécessaire pour remonter … 

« Brailleur de fond » aurait pu être le best of de plus, voire même carrément le best of de trop, mais c’était sans compter sur la lucidité d’un artiste carrément bien secondé qui a su choisir soigneusement dans les relectures et les réinterprétations qu’il a faites de ses meilleurs titres durant ces dix dernières années et surtout qui a su les compiler pour en faire un album à la fois original et actuel, un album qui sonne enfin comme Bill Deraime aurait aimé que les pièces originales le fassent il y a vingt, trente voire même presque quarante ans ! Peux de nouveautés mais quatre inédits quand même, deux covers réarrangées du Reverend Gary Davis, la fameuse adaptation gauloise du « Sittin’ On The Dock Of The Bay », la seule à avoir été agréée par Steve Cropper en personne avant de devenir « Assis sur le bord de la route », un coup de « Babylone tu déconnes » histoire de ne pas renier les fondamentaux et encore et toujours cette voix méticuleusement cassée, ces harmonies fouillées où l’on retrouve ce bon Mauro à la guitare virevoltante mais aussi nombre de vieux potes, de Matt Fromont, Vincent Bucher et Bako Mikaelian aux harmonicas à Johnny Ferracci, Noël Assolo et David Hadjadj aux basses en passant par Franck Barde, Philippe Draï et Stéphane Pijeat à la batterie et même par des cuivres où l’on remarque Davyd Johnson, Nadège Dumas et, last but not least, un superbe Boney Fields qui pose sa trompette avec élégance dans le toucher de toms si ingénieux de Larry Crockett, rien ne pêche ni par excès de confiance ni par excès de zèle dans un double ouvrage à la fois dense et partagé entre les prises studio et le live, un exercice dans lequel la saveur de titres comme « Je m’sentais mal », « Entre deux eaux » et « Un dernier Blues » se voit encore un peu mieux mise en avant. Une grosse dizaine de minutes de vidéo pour compléter le tout, un vrai gros livret regroupant sur quarante pages nombre de notes personnelles de Bill Deraime, un superbe digipack pour contenir le tout, comment ne pas se sentir totalement comblé par ce superbe « Brailleur de fond » ?