vendredi, 16 avril 2010
Organic
(Baladins Tours Productions – XIII Bis Records – 2010)
Durée 57’41 – 15 Titres
http://www.trust.tm.fr
http://www.13bis.com/
 Bernie Bonvoisin, on ne présente plus l'artiste ou plutôt si, il faut présenter l'homme aux générations les plus jeunes. Artiste dans l'âme, écrivain avant tout, cinéaste avec trois films réalisés, Bernie est d'abord connu pour être le gouailleur du groupe mythique Trust. Il nous livre ici un album, « Organic », sous son nom, où ses textes percutants sont mis en lumière par la musique d'Iso Diop.
Iso Diop me direz-vous, n'est pas un inconnu pour qui a suivi la dernière mouture de Trust. Pour cet opus, Bernie s'est effectivement entouré de la famille Trust, outre Iso aux guitares / basses / claviers, on retrouve aux fûts pour certains titres Hervé Koster et Farid Medjane, le reste des percussions étant assurées par les machines d'Iso. C'est Ferhat Imakhoukhene qui produit l'album. Manu Guiot est venu officier sur un titre. « Organic » est certes un album solo, mais c'est avant-tout une affaire de potes qui ont eu envie de dire des choses, de les mettre en musique et de nous les livrer dans un CD soigné.
On retrouve tout le cœur de Bernie dans les quinze titres d'« Organic ». Les textes sont léchés déclinant les thèmes qu'affectionne sieur Bonvoisin, « qui suis-je ? », « que sont les autres ? », « dénonçons leurs bassesses et médiocrités », ...
Quelques-uns des titres constituent des éléments forts de cet album, dans lesquels on trouvera « I Am What I Am » qui ouvre l'album avec force et des rythmiques orientalisantes, « M. l'Prince » qui dispense une énergie rock, « Etre et avoir », un titre fort par son texte, tout comme « Le contraire de ce que j'imagine », morceau à mi-chemin entre rock et folk avec une structure forte rehaussée de la frappe de Farid Medjane. Mais il y a aussi un ventre-mou qui mériterait plus de peps dans la production, « Résigné », « Vol de misère » ou « Spiritualité » sont dans ce lot peu persuasif. Plus intéressant, un socle folk se dessine avec « Horizontalité de chair », « Le contraire de ce que j'imagine », « Gazoline » ou « Goût de sang » qui devraient permettre d'asseoir un set entièrement unplugged. Et puis « Chacun sa haine » avec Casey qui cosigne ce titre, mais l'ensemble n'est pas forcément convainquant avec une tonalité assez linéaire. On retiendra également le titre de clôture, « Les uns, les autres », à la rythmique moderne, un titre qui pourrait permettre à Bernie de toucher des publics plus jeunes et moins tournés vers ses prestations traditionnelles.
A noter qu'à l'instar des derniers albums de Trust, dans une facétie textuelle, Bernie reprend des éléments phrases de ses anciens textes, unifiant ainsi son oeuvre. Coté musique Iso Diop a fait un remarquable travail d'homme orchestre, s'attelant à tous les instruments hors percussions. En revanche on pourrait contester les choix faits au mixage qui affaiblissent par moment la dynamique des titres en laissant notamment la rythmique en arrière-plan.
Au final « Organic » est un album d'auteur/compositeur d'un style inclassable où les textes peuvent être le premier attrait flattant la cognition mais qui vaut également par les réalisations d'Iso titillant la perception, si l'on est prêt à dépasser les codes du rock auquel la majorité du public habituel de BERNIE est attaché.
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