jeudi, 04 mars 2010 LES NUITS DE L’ALLIGATOR LA MAROQUINERIE / LA BOULE NOIRE – PARIS (75) Du 22 au 27 février 2010
http://www.lesnuitsdelalligator.com
Retrouvez les photos de Bruno Migliano sur http://www.myspace.com/nonodublues Retrouvez toutes les photos de Yann Charles sur http://www.myspace.com/isayann
Remerciements : Isabelle Béranger (Bipscom), Alexandre (La Maroquinerie),
Ca c’est fait ! La cinquième édition des Nuits de l’Alligator vient de s’achever. Une semaine de concerts intenses à raison de trois groupes par soir sans compter les invités surprise. La diversité des groupes fait que ce festival était d’une très grande richesse musicale. La racine du festival étant le blues, nous allons dire que nous avons eu droit à un renouveau du genre entre la fusion, le jazz, la soul, le rock, l’alternatif et évidement le blues … appelons ça le BLUES ALTERNATIF.
22 février 2010 – La Maroquinerie :
http://www.myspace.com/hellskitchenblues http://www.myspace.com/legroupemustang http://www.myspace.com/boblog111
Le premier jour, place aux Hell’s Kitchen, ces Suisses n’ont rien à envier aux bluesmen. Eux, leur came c’est le blues revisité à leur manière. Un parterre de quincailles, tambour de machine à laver réutilisée en boite à musique, fouet de cuisine en guise de balais à caisse claire ou louche en bois comme baguette, tout est bon pourvu que le son y soit. Dégageant une énergie du diable, ces redoutables cuistots nous ont concoctés un plat de rêve à déguster entre copains.
 Le premier album du trio clermontois Mustang s’appelle A 71, comme l’autoroute qui traverse l’Auvergne. En la remontant, on tomberait sur la Route 66 ou l’Highway 61. En français dans le texte, les fougueux Mustang traduisent l’énergie du rock’n’roll originel ou de la scène new-yorkaise des années 60/70. Façon cousins français de Jon Spencer.
 Dans la foulée, l’interstellaire Bob Log III catapulté dans le firmament du blues cosmique n’est toujours pas revenu à sa base. Téléphone connecté en permanence sur la fréquence déjantée, le Log III crache son dump de notes dans les airs de La Maroquinerie qui s’est transformée pour un soir en salle de contrôle. Ce soir là, entre la cuisine du diable et le voyage cosmique, il fallait avoir son titre de transport en poche car la navette affichait complet.

23 février 2010 – La Maroquinerie :
http://www.myspace.com/honkeyfinger http://www.myspace.com/theagitatormusic http://www.myspace.com/findlovenow http://www.myspace.com/vieuxfarkatoure
Anglais et néanmoins barbu, l’inquiétant Honkeyfinger fait la guitare, la batterie, l’harmonica et le chant à lui tout seul. Guitare hachée et suraigüe, incursions dans le psychédélisme, beat de hip-hop rétroactif. Il a trouvé sa musique dans le berceau du blues, mais bercée trop près du mur.
 On annonce une révélation. Affolement dans les téléphones mobiles, les textos tombent de toute part. Complet, plus de pass photo accordés. Ah bon ? Et pourtant, il aurait été dommage de repartir sans avoir eu le temps de s’impressionner une pellicule. Pour commencer deux English, The Agitator, une formation bizarroïde avec un batteur et un chanteur, mais quelle puissance dans la voix et quelle complicité entre ces deux là. En fermant les yeux, on peut s’imaginer dans le fin fond du Mississipi en plein milieu des champs de coton à entendre les incantations des travailleurs. Merveilleux !
 Venu d’Israël, l’Iroquois n’est pas un indien comme les autres. Doté d’une voix hautement perchée mais rocailleuse à souhait avec un rien de Janis Joplin ou de Robert Plant, Asaf Avidan c’est de la bombe. La musique orientée blues rock est un délice à écouter. Le choix des compositions aussi est très bon, des mélodies douces et calmes contrebalancent la force brutale de ce blues typé Led Zeppelin. Par ailleurs, on remarquera une violoncelliste apportant une touche classique qui s’accommode bien avec la voix lyrique du chanteur Asaf Avidan. Si vous entendez ce nom, courrez vite voir et entendre ce groupe absolument incroyable.
 Derrière eux le même soir, un tout autre genre avec Vieux Farka Touré. Une composition blues malienne. Le fils d’Ali Farka Touré, lui, chante le funk. Une musique toute en couleurs au son africain qui rappelle que le blues a pris ses racines sur le continent noir.

24 février 2010 – La Maroquinerie (par Yann Charles) :
http://www.myspace.com/triggerfingertheshooters http://www.myspace.com/radiomoscow http://www.myspace.com/jameschanceeuropetour
Les soirées se suivent et se ressemblent à La Maroquinerie. Non pas dans la monotonie, bien au contraire, mais plutôt grâce à la diversité de la programmation du festival et aussi parce que le public répond présent. Et ce soir encore, c'est dans une salle pleine que nous allons découvrir trois nouveaux groupes.
Les premiers à venir sont belges, anversois, pour être plus précis. Les Triggerfinger et leur rock complètement inclassable. Punk ? Rock ? Blues alternatif ? Punk blues ? Bref vraiment inclassable ! Le trio nous envoie en pleine figure un rock brut, puissant, totalement décalé, voire déjanté, mais terriblement efficace. Costume cravate pour les trois compères pour continuer le décalage. Du son saturé dans les guitares et un batteur qui martèle véritablement ses fûts, un bassiste au physique de troisième ligne … Un des très grands moments de ce festival à coup sûr !

Le second groupe utilise une formule certes éculée de bon vieux heavy rock, blues rock à la mode Hendryxienne ou Led Zep, mais superbement interprétée par ce jeune band, Radio Moscow. Comme leur nom ne l'indique pas, ce sont de jeunes Américains, cheveux longs, style 70’s, pas de têtes apparentes, qui nous replongent quarante ans en arrière. Terriblement efficace, Parker Griggs nous envoie en pleine figure quelques riffs et soli énormes et finalement on se dit qu'il est bien doué avec une Strato dans les mains. Les jeunes générations présentes bougent et s'extasient devant ce trio et mine de rien, sans aucune prétention ni même sans affirmer avoir découvert le Graal, Radio Moscow est un groupe vraiment intéressant. Même si les générations passées auront une impression de déjà-vu et entendu.

Et pour conclure cette soirée, on plonge dans un autre univers, totalement différent, totalement décalé aussi, avec James Chance & Les Contorsions. Funky, jazz, free jazz, fusion, soul, disco … James Chance, dans un superbe costume blanc très stylé, nous offre une grande diversité de sonorités. Tantôt au saxophone, tantôt aux claviers, dansant tel un James Brown, épaulé par des musiciens d'expérience, il a donné à La Maroquinerie une ambiance très fun et fort sympathique même, s'il faut bien le reconnaître, quelques petites longueurs sur certains morceaux n'ont pas forcément fait l'unanimité dans le public.

Au final, entre diversité et originalité, c'est tout à fait ravi que nous avons regagné les rues froides et pluvieuses de Paris. Et demain est un autre jour …
25 février 2010 – La Boule Noire :
http://www.myspace.com/danieljeanrenaud http://www.myspace.com/tonymarlowsguitarparty
Changement de salle et changement de style. Toujours le blues en fil conducteur ? Là on s’oriente au rock … Rockabilly plus exactement ! Pour l’heure, La Boule Noire revêt ses habits des années 60. Le public est venu nombreux pour accueillir le génial et fougueux Daniel Jeanrenaud, un ex et aussi co-fondateur des Kingsnakes. Son contrebassiste avec une main dans le plâtre va donner tout ce qu’il a dans le ventre, il ira jusqu’à grimper sur sa vieille demoiselle. Pendant ce temps Daniel Jeanrenaud n’est pas en reste.
 Ensuite, Tony Marlow, calme en apparence, allumera les derniers cylindres du Chevrolet Boule « 8 » Noire. Gretsch en main, à fond sur la route du rockab, plus rien ne l’arrête ! Avec une set list bien ficelée, il nous présentera quelques unes de ses dernières compos.

26 février 2010 – La Maroquinerie :
http://www.myspace.com/iswhatsince1997 http://www.myspace.com/thedustaphonics
Retour à la Maroquinerie. Deux formations explosives. La première avec Iswhat?! Pour l’heure, on démarre en free jazz, bascule à gauche en soul, demi-tour droite direction funk. Et puis hop, hip-hop, beat box … Vous avez suivi ? Non ? Tant pis, il fallait venir.
 The Dustaphonics, tout aussi barré que le précédent avec en plus un brin sexy. La chanteuse court-vêtue nous rappelle un peu les tenues de Tina Turner. Elle a le look mais aussi la voix et l’énergie. Sur scène c’est délicieux, je veux dire … la musique. Ouais, parce que ça joue quand même du tonnerre !

27 février 2010 – La Maroquinerie :
http://www.myspace.com/shekeepsbees http://www.myspace.com/misterturnercody http://www.myspace.com/cclluueess
La gardienne des abeilles ne nous mettra pas le bourdon. She Keeps Bees, c’est un gars et une fille. Non, je vous rassure, ils ne nous ont pas fait le remake de la série merdique de la télé ! Par contre c’est bel et bien du rock crasseux du Mississipi, elle à la guitare et au chant, lui à la batterie. On sent qu’elle est un peu perdue, elle cherche ses médiators, perd sa boucle d’oreille, ah la la, les filles … Enfin ils sont là, et pour notre plus grand bonheur. Trop court leur prestation, dommage !
 Turner Cody et Herman Dune, un autre style. Folk rock, déjanté, intense. Le public, venu en masse, connait bien ces deux là. C’est limite si ça ne pogote pas …
 Et pour finir, The Clues, un groupe canadien. On dirait Radiohead, ou autre, et puis pourquoi pas Nirvana, méfiez vous de ces gars là, ça démarre au quart de tour. A essayer de suivre …

Bruno Migliano – mars 2010
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