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DIRTMUSIC pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 17 avril 2010
 

BKO
(Glitterhouse – Ant Distribution – 2010) 
Durée 49’29 – 10 Titres + DVD 

http://www.myspace.com/dirtmusicband

Trois vieux routiers de la scène internationale que rien ne semblait prédestiner à former un jour un groupe en commun se sont contre toute attente croisés, ont tissé une véritable amitié et ont fini par décider de créer Dirtmusic, un projet pour le moins original … Chris Eckman, songwriter et fondateur de The Walkabouts, Chris Brokaw, accompagnateur de combos comme The Lemonheads, et enfin l’Australien Hugo Race, leader de True Spirit, ont ainsi choisi de s’adonner à une expérience des plus attachantes puisque après s’être essayé à un premier effort électrique éponyme, Dirtmusic qui venait de sceller la naissance officielle du trio est passé à autre chose et s’est engagé vers la musique acoustique d’obédience africaine. Marqué par les sonorités venues des Touaregs et par la génération Tinariwen, Chris Eckman qui a entre temps rencontré Tamikrest a commencé à poser les premières bases de « BKO » dans le désert et c’est spontanément rejoint dans son idée par Hugo Race et Chris Brokaw que l’album est réellement né, du moins dans l’esprit d’un groupe qui aura pris le temps d’approfondir le sujet pour mieux réussir son ouvrage …

C’est en travaillant sur deux projets d’albums complémentaires que Tamikrest et Dirtmusic ont avancé main dans la main, et ce nouvel effort du trio s’en ressent forcément puisque c’est une âme non pas américaine mais fabuleusement détachée de toute idée de frontière qui y évolue pour donner au bout du compte un ouvrage plus africain que le plus africain d’entre tous et en même temps fabuleusement blues grâce à des sonorités à la fois roots et acoustiques. « BKO », qui a été baptisé ainsi en référence aux tags des bagages qui voyagent à destination de l’aéroport international de Bamako, se veut bien plus que l’album aux colorations maliennes de Dirtmusic, c’est véritablement l’ouvrage malien jusque dans son essence d’un combo qui a travaillé en étroite collaboration avec Tamikrest bien entendu, mais aussi avec des artistes comme Lobi Traore. Recueil de compositions des uns et des autres mais aussi du fruit de diverses collaborations, « BKO » nous prouve par l’exemple que le blues d’Afrique est bel et bien le père du blues d’Amérique mais nous démontre également que ces deux musiques intimement liées n’ont pas de couleur d’appartenance et que si les descendants des esclaves d’antan ont leur légitimité dans les blues de Chicago ou du Mississippi, les descendants de ceux qui les ont jadis asservis ont aujourd’hui le recul nécessaire pour pouvoir retourner jusqu’aux racines mêmes du genre en toute humilité et en toute sincérité. Séduisant par ses « Black Gravity », « Desert Wind », « Unkknowable » ou « Collisions », « BKO » trouve un petit supplément d’âme dans ses bonus vidéos pleins des couleurs et des saveurs de l’Afrique et c’est en complétant le DVD par quatre titres où l’on reconnaît le traditionnel « Ain’t No Grave » réarrangé et interprété en compagnie de Lobi Traore à la guitare mais aussi un emprunt au Reverend Gary Davis, « The Angel’s Message To Me », enregistré au détour d’une session spontanée sous la tente qui réunissait Tamikrest et Dirtmusic, que le groupe signe là un double effort fort réussi. Livré dans un superbe digipack au charme à la fois visuel et tactile, « BKO » est plus qu’un simple album de musique, c’est la preuve que les instruments et les voix peuvent contribuer à ce que chacun communique avec celui qui ne lui ressemble pas, que ce soit par la couleur ou par la culture … A consommer sans modération !