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NINA VAN HORN au FESTIVAL "SUR LA VOIE DU BLUES" (78) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 30 janvier 2010
 

NINA VAN HORN – MIKE LECUYER
FESTIVAL « SUR LA VOIE DU BLUES »
SALLE GODBERT – VELIZY VILLACOUBLAY (78)
Le 29 janvier 2010

http://www.ninavanhorn.com/
http://www.myspace.com/ninavanhorncom
http://www.mike.bluesfr.net/
http://www.myspace.com/mikelecuyer

C’est une pluie battante et un froid cinglant qui nous accueillent ce soir à Vélizy-Villacoublay pour la dernière soirée de « Sur la Voie du Blues », un tout jeune festival qui aura déjà connu pas mal d’expériences en cette première année puisque après avoir organisé une master class avec Patrick Verbeke et donné une représentation jeune public avec ce même artiste, après avoir organisé une jam session et quelques concerts, c’est le casse-tête de l’annulation de dernière minute de Phil Bonin cloué au lit que les organisateurs devront résoudre dans l’urgence, une solution de repli fort honorable étant toutefois trouvée rapidement grâce à Mike Lécuyer qui acceptera de monter une formation en moins d’une heure et d’assurer en lieu et place la prestation de son ami Phil au pied levé ! Ouvrir pour Nina Van Horn au soir de la clôture d’un jeune festival, qui aurait pu refuser une telle invitation ?

On retrouve donc l’ami Lécuyer dans la Salle Godbert, juste en face de L’Onde qui accueille pour sa part ce soir une pièce de Théâtre puis une soirée jazz … Qui a dit que ça ne bougeait pas au niveau culture dans les Yvelines ? Ambiance détendue garantie avec Mike qui rassure ses Bouilleurs de Blues du soir, Gilles et Tony, respectivement harmoniciste et guitariste de Bring Back The Blues, et qui concocte en leur compagnie une set list en révisant rapidement les grilles d’accords … Le public arrive tranquillement et c’est une petite centaine de personnes qui, après avoir reçu la bonne parole de prévention des forces de l’ordre sur le thème de la sécurité routière, ira s’installer face à la scène pour un début de concert sur une chanson diabolique, « Pas d’nom » !

On est tout de suite entré dans le vif du sujet, Mike Lécuyer va jouer sur les bons mots de ses chansons et sur les belles notes de son groupe et c’est toujours en trio qu’il nous emmènera vers « Montparnasse / Montréal » pour y prendre « Des vacances » non sans avoie salué l’âme de « Bo Diddley » qui nous surveille de tout là haut depuis le 2 juin 2008 … Un troisième Bring Back The Blues vient rejoindre la scène et c’est confortablement installé à la batterie que Thierry donnera le tempo sur « Une tonne de blues » avant de hausser le ton et de réclamer vertement mais légitimement une « Augmentation Blues » … Non mais des fois ! Et comme Mike Lécuyer sait si bien s’attirer la sympathie des autres musiciens qu’il fréquente régulièrement sur La Chaine Du Blues, sur W3BluesRadio ou dans les concerts, ce sont Marten Ingle et Fabien Saussaye qui viendront le rejoindre pour nous interpréter les deux derniers morceaux du soir, le célébrissime « Gare du Nord à 7 plombes du mat’ blues » et un ultime « Jusqu’au plafond » qui finira de séduire une salle réactive au blues en Français !

Un rapide changement de plateau nous conduit vers une grande dame du blues qui vient ce soir nous raconter l’histoire de ses « Sisters », celles qu’elle a si bien évoquées avec moult détails parfois croustillants dans son album mais aussi dans son livre « Hell Of A Woman ! » … Son chapeau et sa dégaine bien rock’n’roll que le public aperçoit sur le coin de la scène attirent l’œil et lui laissent augurer d’un concert plein de la richesse que Nina a dans le cœur et ce sont bientôt ses musiciens qui viennent démarrer en instrumental avant que Marten ne la présente et ne l’invite à les rejoindre. Un vent de blues souffle sur Vélizy et Nina Van Horn va se charger de lui donner de la vigueur mais aussi de l’effet en proposant une cette list qui fait la part belle à ces sacrées bonnes femmes qui l’ont précédée mais aussi à quelques pièces tirées de son précédent album, « From Huntsville To Jordan ». De Bessie Smith à Ma Rainey en passant entre autres par Sister Rosetta Tharpe, Victoria Spivey et Memphis Minnie, Nina va nous entrainer dans ces histoires dont elle a le secret, des histoires de sexe, de drogue et d’alcool jamais graveleuses, ou si peu, qui donnent à chaque fois de superbes chansons comme « Down In The Alley », « Prove It On Me » ou « I’ll Keep Sitting On It » que la chanteuse s’approprie entièrement pour mieux les vivre là où elle aurait pu se contenter de les interpréter.

La voix perchée au plus haut et l’accent soigneusement travaillé, Nina Van Horn va encore nous emmener vers « See See Rider » avant de véritablement durcir le ton sur un « Dope Head Blues » qui donnera à Mar Todani l’occasion de nous claquer un superbe solo de guitare en pleine face ! Chassez le naturel, il revient au galop, et c’est un rock pour lequel il montre les plus belles aptitudes que l’artificier nippon s’attache à faire monter en puissance … On calme ensuite un peu le jeu avec « God Don’t Like It » puis c’est une chanson qui lui a été offerte par son bassiste, Marten Ingle, que Nina interprètera, « Everiday », un titre dans lequel il raconte la passion de la chanteuse pour ce qu’elle appelle ses blues. Simon ‘‘Shuffle’’ Boyer installé derrière ses toms laisse sa frappe fine et classieuse saupoudrer le tout et c’est vers un « Muddy Water Blues » que l’on part faire un tour avant de retourner à grandes enjambées vers les égéries du blues et leurs biographies respectives pour en passer par « This Train » mais aussi par le vibrant « Strange Fruits » qui n’en finit plus de donner des frissons ! Plus léger, c’est « Me And My Gin » qui offrira à Fabien Saussaye un duo piano / voix avec Nina avant que l’on en passe encore par une « Dirty TB Blues » et que l’on quitte ces sacrées grandes dames du blues pour mettre les hommes à l’honneur avec « He’s My Man », tatouages à l’appui !

Après avoir survolté la soirée, Nina Van Horn méritait bien quelques rappels et c’est en revenant une première fois avec « Goodbye New Orleans » composé en compagnie de Neal Black autant en hommage aux populations sinistrées par l’Ouragan Katrina que pour insister sur la gestion honteuse de la catastrophe par l’administration Bush qu’elle tentera de prendre congé, se voyant très vite rappelée vers la scène une dernière fois par une assistance conquise qui recevra en prime un « Bayou Love Child », les deux dernières pièces se voyant encore un peu plus relevées par un Mar Todani devenu subitement explosif qui s’en ira même jouer au fin fond de la salle, nous gratifiant au passage d’une acrobatie heureusement bien maîtrisée … Vélizy se relève difficilement, mis KO par un show mémorable comme Nina Van Horn sait si bien les proposer ! Une dernière invitation à surveiller son taux d’alcoolémie, c’est amusant comme c’est mieux ressenti dans une salle que sur le bord d’une route, et chacun s’en ira gratter son pare-brise avant de pouvoir prendre une route qui sera dans quelques heures recouverte par la neige … « Sur la Voie du Blues » tire sa révérence mais on parle déjà de la prochaine édition, c’est plutôt bon signe non ?

Fred Delforge – janvier 2010