samedi, 21 novembre 2009
The beginning of the Music Maker story
(Dixiefrog – Harmonia Mundi – 2009)
Durée 77’37 – 21 Titres + DVD 75’ environ
http://www.bluesweb.com
http://www.musicmaker.org
http://www.myspace.com/guitargabriel
 C’est indiscutablement grâce à Guitar Gabriel que Tim Duffy a eu la possibilité de créer Music Maker Relief Foundation et le label qui va avec et c’est très légitimement que ce dernier lui rend un hommage des plus vibrants au travers de cet album qui regorge d’archives personnelles pour la plupart inédites et qui se voit complété par un film retraçant dix neuf années d’activisme et de dévotion d’une poignée de personnes qui ont permis à quelques vieux bluesmen injustement méconnus de jouir enfin de leurs heures de gloire, même si elles ont été trop brèves pour certains d’entre eux. La rencontre entre les deux hommes aura lieu en 1991 alors que le très excentrique Guitar Gabriel était dans un état de santé tellement précaire que nombre de ceux qui l’avaient connu le tenaient pour mort et alors même que les plus avisés étaient persuadés que ce dernier ne ferait rien pour aider Tim Duffy, il lui offrit son aide en échange de sa promesse de veiller à ce qu’il soit enterré avec sa guitare, une promesse qu’il aura fallu cinq années pour que celui qui l’avait formulée l’accomplisse, mais que de bons moments ces deux là auront passé ensemble durant ce temps …
Enregistrée entre 1991 et 1994, cette superbe volée de compositions entrecoupée de quelques standards du blues nous montre à quel point Guitar Gabriel était un artiste au talent indiscutable, un fin guitariste bien évidemment, mais doublé également par le plus délicieux des chanteurs. Accompagné parfois de Tim Duffy en personne aux guitares, cette véritable icône du blues de Caroline du Nord y va aussi bien en solo qu’accompagné d’un piano, d’un harmonica ou d’une guitare de ses titres toujours pleins de charme et de spontanéité, des blues bourrés de nuances dans lesquels il est question bien évidemment des femmes, des plaisirs charnels qu’elles apportent aux hommes et des douleurs sentimentales qu’elles engendrent parfois … Arrivé au crépuscule de son existence, Guitar Gabriel a donné sans compter durant ces quelques années où il a pu se produire un peu plus loin que son drink house de quartier et ces témoignages de sa formidable capacité à jouer une musique pleine de couleur et de sensualité sonnent comme autant de messages adressés à un public qui s’est repu de toutes ces prestations durant lesquelles l’artiste a joué ses « She Been Gone Too Long », « I Got The Right To Cry Sometimes », « You Got To Watch Yourself » et autres « Okalaka Blues ». Mais plus que la mémoire de sa propre œuvre, c’est la possibilité de faire perdurer celle de grands artistes comme Adolphus Bell, Essie Mae Brooks, Beverly ‘Guitar’ Watkins, Captain Luke, Macavine Hayes et tant d’autres que l’on doit à la générosité de Guitar Gabriel et au relais admirablement réalisé par Music Maker. On retrouve tous ces vieux bluesmen trop longtemps oubliés tout au long de ce documentaire et on se laisse aller à se souvenir de ceux que l’on a eu la chance de croiser sur nos festivals nationaux ou à imaginer ceux qui n’ont pas eu le temps ou la santé pour y venir … Que celui qui n’a pas le frisson en écoutant cet album et en regardant ce film soit immédiatement transformé en pierre !
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