Accueil du portail Zicazic.com


Zicazic on Twitter. Zicazic on Facebook.

Flux RSS ZICAZINE

Qu'est-ce que c'est ?




Accueil arrow Concerts arrow BLUES SUR SEINE - 11ème EDITION

> MENU
 Accueil
 ----------------
 Chroniques CD's
 Concerts
 Interviews
 Dossiers
 ----------------

BLUES SUR SEINE - 11ème EDITION pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 29 novembre 2009
 

BLUES SUR SEINE - 11ème EDITION
DU 13 AU 28 NOVEMBRE 2009
MANTES EN YVELINES ET SA REGION (78)

http://www.blues-sur-seine.com  

Soirée de Lancement - Auditorium des Technodes - Guerville - 12 novembre

http://www.myspace.com/spoonfulofblues

On imagine difficilement le plaisir que ressentent chaque année les personnes conviées à l’avant première de Blues-sur-Seine qui se donne traditionnellement dans le superbe auditorium mis à la disposition du festival par les Ciments Calcia … Plus qu’un concert, généralement de qualité, plus qu’un cocktail qui rassemble élus locaux, partenaires et autres VIP, c’est avant toute chose le signal fort de retrouvailles avec tous les amis de la communauté blues venue de tout l’hexagone mais aussi de bien plus loin puisque l’on y compte cette année encore des représentants du FestiBlues International de Montréal (Québec), du Rootsway Roots’n’Blues & Food Festival de Parme (Italie) et du Notodden Blues Festival (Norvège) … La 10ème édition nous avait réservé l’élection de Barrack Obama en quasi-direct de cette soirée inaugurale, que nous réservera cette nouvelle cuvée du festival ?


Après s’être remémoré le cru 2008 au travers d’un film qui l’aura emmené sur les lieux majeurs de Blues-sur-Seine mais aussi chez les divers partenaires étrangers du festival et avoir savouré les témoignages de Mighty Mo’ Rodgers, Gaye Adegbalola et Martin Laviolette, le public privilégié de ce soir dans lequel on compte en invités de luxe Rokia Traoré, Marraine de cette onzième édition, et Keith B Brown, en passera encore par les discours non pas des politiques cette année mais bel et bien des organisateurs du Festival, son Président Alain Langlais en tête. Une fois passé le tour des deux vice-Présidents, Alain Robinet et François Dujardin, et du nouveau Directeur du Festival, Arnaud Bel, c’est Jean Guillermo qui se chargera de faire la transition en évoquant la création de l’European Blues Alliance et en invitant un de ses membres fondateurs, Jostein Forsberg, à le rejoindre sur scène non pas pour un discours de plus mais tout simplement pour le concert du soir …


Leader de Spoonful Of Blues, quartet norvégien originaire de Notodden, Jostein Forsberg est non seulement un activiste du genre musical qu’il représente mais en prime un brillant chanteur et harmoniciste qui donne sans compter une fois qu’il est installé sur une scène. Tel un troll bravant le public et allant parfois se frotter à lui jusqu’au beau milieu de la salle, ce sympathique personnage à la chevelure feu et au T-shirt représentant un vieux combi VW va nous proposer le grand tour de ses blues, démarrant de manière très délicate avec un superbe « You Gotta Move » et s’offrant ensuite quelques allusions aux grands noms qu’ont été Robert Johnson ou encore Muddy Waters. Distillant son bon blues à la fois lent et lourd, Spoonful Of Blues va s’efforcer de nous séduire avec le jeu de guitare du fort sympathique Morten Omlid et avec l’harmonica trois étoiles et la voix solide de Jostein Forsberg, les deux entertainer fabuleusement complices s’appuyant sur une section rythmique emmenée par Jens Haugen à la basse et Eskil Aasland à la batterie.


Changeant de temps à autres de tempo, le quartet nous fera encore passer par un hommage à John Lee Hooker puis s’offrira une escapade très Gallagherienne en adaptant à la mode des pays Nordiques un « Who Do You Love » que Bo Diddley aurait sans doute apprécié, petite faute de placement en cours de route incluse. Un léger détour par le Texas pour un « Honky Tonk Blues » aux forts accents de « La Grange » et un ultime « Bullfrog Blues » servi en rappel qui nous rapproche une fois encore de feu Rory Gallagher mais aussi de Canned Heat et c’en sera fini d’une bonne heure d’un concert fort agréable qui aura réussi à mettre le public en appétit ! Ca tombe à point nommé, le buffet est annoncé dans le barnum qui jouxte le hall d’accueil de nos hôtes du soir … Champagne et verrines finiront de mettre tout le monde d’accord sur un onzième Blues-sur-Seine qui prendra réellement son envol public dès demain soir. Seize jours de pur bonheur peuvent maintenant démarrer !

Bernard Adamus / Peter Nathanson – Salle Municipale – Bennecourt – 13 novembre

http://www.bernardadamus.com
http://www.myspace.com/badamus
http://www.myspace.com/peternathanson

Comment mieux démarrer véritablement cette nouvelle mouture de Blues-sur-Seine qu’avec des amis ? C’est donc après avoir dîné non loin la délégation italienne de Rootsway que nous partons pour Bennecourt avec la délégation québécoise de FestiBlues pour aller assister à un premier concert proposé par celui que nous avions l’un et l’autre plébiscité en août dernier lors de son passage au Concours Relève en Blues / Marché Central, Bernard Adamus, arrivé il y a quelques jours déjà grâce à la manne financière de l’Office Franco Québécois pour la Jeunesse qui finance son voyage en France !


Charmés par sa prestation dans le Parc Ahuntsic, nous tenions à retrouver ce grand bonhomme au look un peu roots et à l’accent chantant, un artiste qui derrière sa désinvolture cache un véritable professionnalisme et qui ne s’en laisse pas conter puisqu’il a remporté peu ou prou tout ce qui pouvait se gagner chez nos cousins, s’adjugeant à seulement quelques semaines de son arrivée chez nous le très couru Prix de la Chanson Echo de la Socan, l’équivalent québécois de notre Sacem … Parti dans une ambiance très feutrée, le concert va progressivement s’éloigner de son côté intimiste grâce à un Bernard Adamus qui cherche l’échange avec le public, se montrant toujours prêt à expliquer ce qu’il chante et laissant monter en puissance le régime avec un mélange de chansons tendres et de chansons festives sur fond d’accent qui charme.


On y reconnaît en gros toutes les pièces de son excellent album, « Brun », notamment les superbes « Cauchemar de course », « Le Cimetière » ou « La question à 100 piasses » et on partage avec ce combo où l’on compte aux côtés du chanteur et guitariste non seulement un banjo, un trombone et une batterie des plus rudimentaires mais également une choriste qui apporte une couleur encore un peu plus chaude à un ensemble qui ne manque pas de séduire une assistance un peu figée mais convaincue pas des « tounes » de country blues folk ! Un unique rappel en solo sur « Acapulco » et c’en sera fini d’une très bonne heure de musique dont l’originalité est loin d’être le seul intérêt. Il manquait juste quand même l’interprétation magistrale de « La foule » que Bernard Adamus avait inséré sur son album et qui aurait peut-être ce soir réussi à faire se lever la salle …


Pendant que Bennecourt se désaltère, le grand ballet des techniciens se charge de changer de plateau, un ouvrage rondement mené dans un mélange de sérieux et de bonne humeur caractéristique à une équipe qui se connaît bien et qui s’apprécie ! C’est d’ailleurs l’occasion de saluer un travail de qualité puisque cette première soirée du « In » nous réservait un son soigné, ni trop fort ni trop faible, et enfin des lumières quasiment idéales non seulement pour le plaisir du public mais aussi pour la qualité des photos … Un grand merci à eux !


On retrouve maintenant un des très grands guitaristes que Blues-sur-Seine a déjà invité il y a bien longtemps, en 2002, et c’est d’autant plus un plaisir que Peter Nathanson, en plus d’être un artiste des plus talentueux à la scène, est un personnage particulièrement sympathique à la ville ! Débarqué en trio sur la très belle scène de Bennecourt pour l’ultime date de sa tournée « Urban Blues » qui lui aura permis d’épuiser l’intégralité de son stock d’albums, Peter va nous sortir le grand jeu pendant une grosse heure d’un concert qui nous conduira au beau milieu des ses compositions mais aussi de reprises parmi lesquelles on remarquera le « Woke Up Screaming » de Bobby Blue Bland ou encore une adaptation très personnelle et très enlevée d’un « Walking Blues » emprunté à Robert Johnson. La voix riche, le jeu de guitare flamboyant, il ne manque rien à Peter Nathanson, pas même le petit sticker de l’émission Sweet Home Chicago de notre ami Marc Loison qui trône fièrement sur le corps de la Strat …


Si Peter Nathanson est en harmonie parfaite avec sa section rythmique où l’on remarque Jean-Philippe Roux à la basse et Fritz Patole aux drums et qu’il ne manque jamais de la mettre en avant, il est également brillant en solo avec en tout et pour tout une guitare acoustique, un exercice auquel il s’essaiera très prochainement sur un album acoustique à paraître en janvier prochain et qu’il nous présente ce soir au travers de trois titres dont une version pleine de sensualité d’un « Whiter Shade Of Pale » qu’il dédie aux hippies repentis et aux fans de Procol Harum qui se trouvent dans la salle. Revenu en trio électrique sur une cover de Bob Dylan, « Tonight I’ll Be Staying Here With You », le Peter Nathanson Band finira tranquillement le travail si bien démarré en nous conduisant vers un rappel de deux titres où l’on comptera un vibrant « Stay With Me Baby » et un non moins enflammé « She’s Got A Way ». Bennecourt se lève enfin, mais un peu tard, pour acclamer comme il se doit le deuxième héros du soir !


Pendant que les deux artistes se prêtent de bonne grâce à l’exercice des poignées de mains et autres dédicaces, l’équipe bénévole de Blues-sur-Seine s’affaire au rangement du bar et des produits dérivés et s’en va, tout comme nous, prendre un repos bien mérité en prévision d’un week-end chargé mais aussi de deux semaines de festival qui se présentent à eux …

Keith B Brown – Cosec – Les Mureaux – 13 novembre (par Bruno Migliano)

http://www.kbrownblue.net
http://www.myspace.com/manuducloux
http://www.myspace.com/sebcharlier

Vendredi 13 jour de chance ? Lucky signifie « qui a de la chance, veinard, heureux ». Ca c’est la traduction Google. La traduction réelle est plutôt « pas de pot, galère, introuvable ». C’est bien dommage car beaucoup attendaient de Lucky Peterson le remplacement au pied levé de Calvin Russel qui a du déclarer forfait pour cause de santé. Bon, maintenant c’est du passé on n’y reviendra plus.


Heureusement, le vendredi 13 nous réserve quand même de belles surprises. Notez plutôt. Keith B Brown et son trio qui devaient juste faire une première partie ont en fait assuré le show. Et quel show ! D’abord il me faut présenter Keith B Brown. Il est de ces guitaristes qui sont un  peu timides, calmes, tranquilles, avec large sourire et qui ne demande rien à personne. Accompagné hier soir de Sébastien Charlier à l’harmonica et de Manu Ducloux à la basse, cet artiste va enthousiasmer le public. Avec son français approximatif, rappelons que Keith B Brown américain d’origine vit en France, il va ponctuer son set de quelques paroles frenchy par-ci par-là.


Il commence son show seul, guitare en main, le jeu est d’une finesse inouïe, la voix puissante et claire, pas besoin de forcer, d’ailleurs il se tient à bonne distance du micro. Au bout du troisième titre il sera rejoint par Sébastien Charlier, un super harmoniciste, très talentueux. Si en France nous avons d’illustres harmonicistes, il faut absolument y inclure celui-ci tant sa façon de jouer est agréable et pleine de diversité. Puis c’est autour de Manu Ducloux de venir compléter ce trio. Manu Ducloux est lui aussi un musicien talentueux qui partage la scène avec des artistes comme Erick Bamy par exemple, c’est dire son talent.  Réservé comme ses deux compères, il n’en reste pas moins que les trois sur scène s’amusent et rigolent franchement et bien évidemment, ça plait au public !


La set liste est varié et bien rythmée. Les compositions sont très belles, sensibles comme ce titre « Emeline » ou le musicien met tout son cœur et son âme. Keith B Brown a capela, une beauté ! Alors, nous avons eu une superbe soirée, on ne regrette pas cette défection de Lucky Peterson, peut importe la raison.  Nous, nous avons juste eu  raison d’applaudir ce magnifique trio.

Nina Van Horn – Le Chaplin – Mantes la Jolie – 14 novembre 2009

http://www.ninavanhorn.com
http://www.myspace.com/ninavanhorncom

C’est un rendez-vous qui revêt pour nous un caractère un peu particulier que nous propose cet après-midi Nina Van Horn puisqu’en amont de son concert donné en l’honneur des grandes dames du blues au Chaplin, ce sont les élèves de l’Ecole Jean-Jacques Rousseau qui sont invités à restituer les fruits de l’enseignement qui leur a été prodigué durant six semaines ! Particulier à deux titres donc puisque l’un des enseignants qui s’occupe de ces classes est lui-même bénévole à Blues sur Seine mais aussi parce que cet établissement scolaire a accueilli votre serviteur il y a bien des années … C’est donc avec une pointe de nostalgie que nous écoutons ces jeunes interpréter un recueil de chansons travaillées en compagnie de Christophe Guest, l’intervenant formateur en charge de ce travail périscolaire ! L’occasion idéale de constater tous les efforts d’apprentissage faits autour des langues anglaises et française mais aussi de la chorégraphie et même de l’écriture puisque cette quarantaine d’élèves issue des Cours Moyens s’est offerte une adaptation très locale du célèbre « Téléfon » de Nino Ferrer !


Le temps pour les jeunes de regagner leur place et de brancher les amplis et c’est déjà Nina Van Horn qui s’y colle ! Le groupe démarre en solo et le blond Marten Ingle, la basse rivée autour du cou, annonce l’arrivée de cette grande artiste, cette véritable Sister du Blues qu’est Nina Van Horn ! Le temps de traverser « Down In The Alley » et on s’embarque déjà dans le grand tour des blues d’avant guerre en compagnie d’une Nina documentaliste qui ne fait jamais l’économie d’une explication, d’un prêche destiné à un public jeune et moins jeune à qui elle rappelle les valeurs de la fraternité, de l’amour et de la tolérance mais aussi qu’elle met en garde contre les méfaits de l’alcool et des drogues. On en passe par les registres à la fois différents et complémentaires d’artistes comme Victoria Spivey, Ma Rainey, Memphis Minnie ou Bessie Smith et par de véritables chefs d’œuvres comme « Dope Head Blues », « Got Don’t Like It » ou encore « Strange Fruits » que Mar Todani à la guitare, Fabien Saussaye aux claviers et Julien Audigier à la batterie portent avec tout le talent qu’on leur connaît !


Dans ce quartier sensible qu’est le Val Fourré, Nina n’hésite pas à parler racisme, à parler drogue, à parler sexe même, invitant toutes les confessions à se fendre de la même prière sur le « This Train » de Sister Rosetta Tharpe, une prière dans laquelle l’artiste demande à ceux qui veulent voyager en sa compagnie dans ce train d’être propres à l’extérieur mais aussi à l’intérieur d’eux-mêmes !  Le message passe, et plutôt bien d’ailleurs car contrairement à certaines années où les jeunes plutôt turbulents quittaient la salle de leur plein gré ou contraints et forcés par leurs enseignants, les élèves écoutent et mieux encore, participent au spectacle, poussant des cris en chœur avec Nina, levant les mains, chantant, dansant même sur le final … De mémoire de spectateur, jamais Blues-sur-Seine ne nous avait réservé une telle communion entre un artiste et les élèves venus restituer en ouverture de son spectacle ! L’émotion est à son comble du côté de l’organisation et on sent bien que des pelotes sont en train de se tricoter au plus profond de gorges qui se serrent de plus en plus fort …


Au lieu de se quitter sur un bête rappel, Nina Van Horn et les enseignants ont décidé de nous offrir une surprise, mais quelle surprise puisque la diva invite les jeunes à se lever et à venir l’aider à « balayer la salle », ce que ces derniers effectuent de bon gré en la rejoignant sur scène et en se mettant à interpréter en sa compagnie un dernier titre, « Dust My Broom » ! Difficile de résister à une telle chaleur humaine et si tout le monde se lève pour immortaliser l’instant, chacun sait aussi qu’il est en train de vivre un des très grands moments de Blues-sur-Seine, un de ceux que l’on ne reverra peut-être jamais, ou du moins jamais avec autant de spontanéité et de naturel ! A l’heure de quitter le Chaplin, on peut être certain d’une chose, si nos artistes ont du talent, nos jeunes n’en ont pas moins et grâce à des enseignants militants, motivés et combatifs, il est encore possible de créer de très belles choses et ce même dans les quartiers les plus défavorisés, ceux où les mots bonjour et merci ne font pas toujours parti du quotidien. Pour tout cela, c’est nous qui vous remercions !  

 

A L’Ouest / Bjorn Berge – CAC Georges Brassens – Mantes la Jolie – 14 novembre

http://www.myspace.com/alouestleband
http://www.bjorn-berge.com/
http://www.myspace.com/bjornberge

Alors que Blues-sur-Seine étrenne le premier des trois samedis que comptera sa onzième édition, l’équipe d’organisation a mis les petits plats dans les grands puisque ce sont pas moins de trois grands concerts du « In » qui seront proposés simultanément avec Wes Mackey et Peaches Staten à Carrières-sous-Poissy, Antoine Holler et James Hunter à Aubergenville et enfin A L’Ouest et Bjorn Berge au CAC Georges Brassens de Mantes-la-Jolie. La proximité et surtout l’approche du gros morceau du dimanche qu’est le Tremplin National Blues-sur-Seine nous conduira à choisir ce dernier concert qui s’annonce chaud compte tenu de l’affiche proposée !


Avant d’entrer dans le vif du sujet, ce sont les régionaux de A L’Ouest qui vont venir nous distiller un gros blues rock des familles qui en appelle à la langue de Paul Personne, un de leurs grands potes, pour commencer à faire monter la température dans la salle. Le public, nombreux, ne manque pas de réagir à l’invitation d’un trio au son parfois un peu brouillon qui nous dépose sans crier gare un lot de « Même si ça dérange », « Rien n’a changé » ou « Une seule vie » et qui évoque plus souvent qu’à sont tour la route, un thème cher au genre dans lequel ils creusent lentement mais sûrement leur trou. Portés par la frappe de Brice Allanic, Anthony Bellanger à la guitare et au chant et Nicolas Bellanger à la basse useront de la quarantaine de minutes qui leur est dévolue pour tenter de gagner quelques fans de plus dans un lieu où ils n’en manquent déjà pas !


Il fait partie de ces artistes qui ont séduit Blues-sur-Seine une première fois et qui y sont très naturellement conviés une seconde et même si Bjorn Berge s’est quelque peu assagi sur le plan humain et sur le plan musical depuis 2005, sa voix chaude et rocailleuse nourrie au froid norvégien et son jeu de guitare digne des bucherons du Grand Nord a de quoi mettre le public sur les genoux ! A deux heures d’avoir fini de consommer le temps qui lui était imparti en tant que disque de la semaine sur Zicazic, c’est tout naturellement un premier extrait de « Fretwork » qui résonne dans un CAC Georges Brassens plongé dans une semi-pénombre qui le rend encore plus intimiste ! Visiblement heureux d’être là, le Viking nous intime l’ordre de surveiller l’état de propreté de sa tombe à la manière de Blind Lemon Jefferson puis retourne à son propre répertoire, invitant les spectateurs à s’asseoir par terre pour tenter de donner un cachet hippie au concert du jour … Et ça fonctionne !


Dans le domaine des élucubrations, Bjorn Berge en connait un rayon et de masturbations guitaristiques à six ou à douze cordes en cours de guitares prodigués dans un style proche de la célèbre collection « Pour les Nuls », le colosse se promène de Son House jusqu’à un « Traveling Song » qui nous laisse entendre que ça sent bon l’écurie et que le concert touche à sa fin. Un petit détour par « Stringmachine », une traversée dans les clous orchestrée sur un énorme « Zebra » et voilà déjà Bjorn Berge qui nous quitte après pas moins de quatre vingt dix minutes de concert ! Un unique rappel décliné en deux temps avec pour commencer le délicat « Paris » qui n’est que prétexte à l’envoi du boulet de canon « Ace Of Spades » et nous voilà avec derrière nous un concert qui a tenu toutes ses promesses ou presque. Si les jeunes rockers à clous et à patches sont quelque peu restés sur leur faim en dehors de la cover de Motörhead que nous a envoyé le maitre es-picking, les représentantes de la gent féminine semblent pour leur part avoir été conquises par ce revirement de situation ! Le sous-titre de la soirée aurait pu être : « Bjorn Berge, how to dismantle ... an audience ! »

Antoine Holler / James Hunter – La Nacelle – Aubergenville – 14 novembre (par François Berton)

http://www.antoineholler.com
http://www.myspace.com/antoineholler
http://www.jameshuntermusic.com
http://www.myspace.com/jameshuntermusic

Samedi soir, à La Nacelle d’Aubergenville Antoine Holler précède James Hunter : Antoine cultive son allure juvénile et légèrement décalée, partageant des malheurs avec le son et des bonheurs avec ses musiciens et entrainant le public conquis dans son sillage créatif. Le très british Rhythm’n Blues de James Hunter, solidement structuré a plu, rappelant à un public qui pouvait s’en souvenir qu’un beau timbre de voix et des instruments maniés parfois avec humour mais toujours d’une somptueuse solidité donne du plaisir à une salle qui, bien sur, ne voulait pas le voir partir.


Ses deux  saxophones  et son pianiste utilisaient leurs corps autant que leurs instruments pour un balancement presque chorégraphique. Le batteur, solide accompagnateur, le clavier et la contrebasse ont su briller seul et faire attendre quand il le fallait.


De la mesure, de l’unité, du solide.

Wes Mackey / Peaches Staten – Espace Louis Armand – Carrières-sous-Poissy – 14 novembre (par Jocelyn Richez)

http://www.wesmackey.com
http://www.myspace.com/peachesstaten

La salle de l'Espace Louis Armand à Carrières sous Poissy était copieusement remplie pour le double concert de Wes Mackey puis Peaches Staten, une affiche alléchante pour les fans de blues.


C'est le vétéran Wes Mackey (guitare et chant) qui assura la première partie dans une formule trio inhabituelle, avec un batteur, Simon "Shuffle" Boyer et un harmoniciste, Vincent Bucher, mais pas de bassiste. Il propose un blues traditionnel que qualifierais de "blues à l'ancienne" assez intimiste, interprétant un répertoire original et personnel avec conviction. J'ai apprécié la performance du virtuose Vincent Bucher qui a amené de la couleur et de la fantaisie à ce concert.


C'est ensuite un "all star band" en provenance de Chicago qui a pris place sur scène, emmené par Mike Wheeler (surtout connu en France en tant que guitariste de Big James & Chicago Playboys) qui a chanté quelques titres avant l'arrivée de la vedette de la soirée, Peaches Staten. C'est une chanteuse à la voix rauque et rappeuse, extrêmement dynamique. Elle présenta un concert en deux parties distinctes, la première, la plus longue, fut logiquement consacrée au Chicago blues (elle avait vraiment le groupe pour le faire) et la seconde fut résolument louisianaise, Peachen Staten sortant alors le frottoir. Le morceau qui a servi de pivot entre ces deux phases du concert fut une très longue reprise (je n'ai pas chronométré mais elle a dû durer au moins 20 minutes) de « I Rather Go Blind », un monument qui fut popularisé par les plus grandes comme Etta James et Koko Taylor. Elle en a profité pour faire se lever les femmes du public tenant alors des propos pour le moins surprenants et même déroutants, sans doute en rapport avec des événements récents dans sa vie personnelle.


La fin du concert fut très animée, Peaches Staten ayant réussi non seulement à faire chanter une bonne partie du public mais aussi à les faire se lever pour danser, ah les rythmes louisianais, ça donne des fourmis dans les jambes ! Elle en a profité pour faire monter successivement sur scène deux spectateurs, plus précisément une spectatrice puis un spectateur, et pour leur faire jouer du frottoir. Et ils s'en sont bien tiré ! Il y avait alors une véritable ambiance de fête.


Au rappel, elle a chanté "Can't You See", un classique de rock sudiste (et oui !) qui figure sur son dernier CD et qui est une reprise de Toy Caldwell des Marshall Tucker Band, un titre un peu surprenant dans son répertoire.

Tremplin Blues-sur-Seine – CAC Georges Brassens – Mantes la Jolie – 15 novembre

http://www.myspace.com/tfjass
http://www.myspace.com/theswingincarpets
http://www.myspace.com/pantruchepoulette
http://www.myspace.com/ninaattal
http://www.myspace.com/hubert06music
http://www.yellow-dogs.fr

Le tremplin Blues-sur-Seine fait partie des évènements indissociables de la vie du festival puisque outre le fait de désigner les deux premiers artistes programmés pour la prochaine édition, il met généralement en lumière quelques formations que le grand public mais aussi les spécialistes ne connaissent pas forcément encore ! Réunis pour cette grande journée dès le midi, les membres du jury mais aussi les groupes finalistes choisis parmi soixante cinq candidats ont eu le loisir de fêter des retrouvailles pour les premiers, de faire connaissance pour les autres, avant que notre ami Mike Lécuyer ne déclare la grande finale ouverte juste après 14 heures !


Réduit à six groupes cette année, le Tremplin se jouera donc à guichets fermés dans un CAC Georges Brassens des grands jours et c’est à TF Jass que reviendra la lourde tache d’essuyer les plâtres, un travail que le trio réalisera avec un certain talent, réarrangeant à sa propre manière les vieux titres de Jimi Hendrix ou d’Albert King pour le plus grand bonheur de l’assistance. Une vingtaine de minutes plus tard, ce sont les Swingin’ Carpets qui déposeront leur swing saupoudré de contrebasse et rehaussé de saxophone dans l’escarcelle d’un jury qui visiblement apprécie la prestation du combo. A peine le temps de saluer les amis présents dans la salle mais aussi les lauréats des précédentes éditions qu’il faut déjà y retourner pour apprécier la prestation aux couleurs vintage et chatoyantes de Pantruche Poulette & The Pikle Pikers qui, emmenée par une chanteuse singulièrement attachante, n’en finira plus de charmer une assistance qui relève déjà la très grande qualité mais aussi toute la diversité des groupes présents. Jurés et spectateurs s’accorderont alors une pause salutaire d’une quinzaine de minutes …


C’est Nina Attal qui nous ramènera dans le vif du sujet avec une prestation particulièrement enlevée proposée du haut de ses à peine dix huit ans ! On sent que la demoiselle qui a su s’entourer du gratin musical de la scène parisienne a très rapidement trouvé sa voie et elle le prouve à grand renfort d’une guitare délicieuse mais aussi d’une voix faite pour le rock, le blues et la soul ! Hubert #06 lui emboite très rapidement le pas pour remettre la salle à l’heure de l’acoustique et c’est lui aussi avec un réel talent qu’il séduit une assistance dont les yeux sont rivés sur sa chemise rouge et sur son chapeau et dont les oreilles sont charmées par un son délicieusement fin. Dernière formation à mettre le feu aux planches, ce sont les Yellow Dogs qui viendront plier le premier volet musical de cette finale avec leur bon blues et leur boogie made in Grenoble ! L’heure est à présent aux délibérations …


Il ne faudra pas longtemps au jury pour se mettre d’accord sur le nom des lauréats des prix électriques et électro-acoustiques de cette année et pendant que Bernard Adamus fait patienter le public et que la brocante musicale organisée par nos amis de Tomahawk Musique se termine, la quarantaine de représentants des médias spécialisés s’affaire à fignoler la remise des diplômes à venir ! Littéralement ovationnée et définitivement plébiscitée, Nina Attal visiblement très émue recevra la quasi-totalité des prix et ne laissera à ses co-finalistes que quelques miettes d’un gâteau ma foi fort copieux ! L’heure était ensuite à la jam et ce sont les amis musiciens et techniciens qui nous emmèneront jusque tard dans la nuit à grands coups de blues mais aussi de rock … De l’avis de tous, cette nouvelle cuvée du Tremplin Blues-sur-Seine était véritablement un grand cru !


Résultats du Tremplin de cette 11ème édition :

Prix BSS catégorie électro acoustique : Hubert #06
Prix BSS catégorie électrique : Nina Attal
Prix spécial 'Club Mississippi' : TF Jass
Prix spécial OFQJ-FestiBlues Montréal : Nina Attal
Prix spécial Cahors Blues Festival : Nina Attal
Prix spécial Cognac Blues Passion : Pantruche Poulette & The Pikle Pikers
Prix spécial Europa Jazz Festival du Mans : Nina Attal
Prix Coup de Cœur Collectif des Radios Blues : Nina Attal
Prix Blues Magazine: Swingin' Carpets       

Henrik Freischlader / Egidio Juke Ingala – Salle Polyvalente – Buchelay – 17 novembre

http://www.henrik-freischlader.de
http://www.myspace.com/henrikfreischlader
http://www.egidioingala.com
http://www.myspace.com/egidioingalaband

Inscrit dans une démarche de développement et de reconnaissance des talents européens, Blues-sur-Seine a programmé ce soir à Buchelay des représentant allemands et italiens et non des moindres puisque Henrik Freischlader et Egidio Juke Ingala sont des artistes particulièrement respectés et reconnus l’un et l’autre dans leur pays !


En attendant que les premières notes ne résonnent du côté des groupes professionnels, ce sont les élèves de l’école Pierre Larousse qui viennent nous présenter le fruit d’un travail effectué six heures durant avec Christophe Guest et qui nous délivrent quelques moments de bonheur avec une interprétation enlevée de « Diamond Joe » mais aussi d’un « Téléfon » très local, même s’il est un peu moins exotique que celui proposé au Val Fourré quelques jours plus tôt … Devant des parents conquis par le talent de leurs têtes blondes, élèves et professeurs parviendront à séduire également les membres du Henrik Freischlader Band mais aussi Timothy Betts, le guitariste du Red Hot Louisiana Band de CJ Chenier qui n’en manque pas une miette !


On entre rapidement dans le vif du sujet avec un guitariste germanique des plus inspirés qui ne manque jamais de cultiver une certaine ressemblance avec Eric Clapton dont il a non seulement la voix très colorée mais aussi la sensualité du jeu. Accompagné de Theofilos Fotiadis à la basse, Hardy Fischotter à la batterie et Moritz Fuhrhop au B3, Henrik Freischlader va partir d’entrée de jeu saluer une « Pretty Woman » très engageante puis va s’efforcer de flirter avec un blues fin et subtil en alternant des passages musclés et des improvisations délicates malheureusement perturbées par l’indifférence et par une forme d’impolitesse des enfants qui crient et jouent littéralement devant la scène sous les yeux de leurs parents eux aussi indifférents ! On est malheureusement très loin du respect que le jeune public du Chaplin a montré il y a seulement quelque jour pour Nina Van Horn, signe peut-être que le savoir-vivre n’est pas forcément l’apanage des villages dits « aisés » … Michèle, manager de Bernard Adamus, tentera bien de venir calmer les élèves avec beaucoup de tact mais en vain, c’est un Henrik Freischlader réduit qui plus est à jouer sur cinq cordes qui mettra un terme à sa petite heure de concert en allant revisiter l’œuvre de Keb’Mo !


Tranquillement installés à un premier rang libéré par des parents déserteurs qui ont profité de l’entracte pour s’en aller coucher les enfants et enfin se repaitre avidement de la fin de la dernière série télévisée du moment, Bob Corritore et Tomcat Courtney assistent aux derniers préparatifs d’Egidio Juke Ingala qui peaufine les réglages de son ampli guitare dans lequel il plante sans le moindre ménagement ses harmonicas, signe que le son de cette seconde partie de soirée risque d’être violent … La salle, jusqu’alors bondée, se limite désormais à un remplissage plus que correct qui laisse augurer un concert bien plus agréable pour tout le monde !


Démarrer à tombeaux ouverts, voilà le pari qu’ont fait nos quatre artistes transalpins et c’est sous le poids rythmique de la contrebasse de Lucio Villani et de la batterie de Gio Rossi qu’Alberto Colombo va tirer les premières notes de sa superbe ES335, offrant une raison valable à Maître Egidio de lancer les premières salves d’un harmonica gouleyant à souhait qui va nous agresser mais aussi nous séduire une heure durant. Fait de swing, de jump, de blues et de rock, le set des Italiens est bourré de feeling et si Buchelay semble encore un peu endormi, cela n’entache en rien la prestation de quatre artistes qui donnent sans compter et qui le font avec tellement de plaisir que l’on remarque quand même dans le fond de la salle des spectateurs qui se mettent à danser ! Séduit, Egidio Juke Ingala n’hésitera pas à quitter la scène à plusieurs reprises pour aller leur offrir quelques lampées d’harmonica à la sauce unplugged …


Quand on est harmoniciste et que l’on a Bob Corritore à son concert, la tentation est évidemment très forte de laisser partir tout cela à la jam et après nous avoir offert une petite heure de son propre répertoire, Egidio invitera son collègue d’Arizona mais aussi le Texan Tomcat Courtney, aujourd’hui exilé en Californie, à le rejoindre sur un premier morceau puis à se lancer en compagnie de son band dans un « Hoochie Coochie Man » à vous hérisser jusqu’au plus court des poils ! Reparti seul sur un « Blue Light » instrumental, le guitariste Alberto Colombo sera rapidement rejoint par le boss pour un final toujours aussi endiablé qui le conduira encore dans la salle jusqu’à ce qu’une cover de Sonny Boy Williamson ne vienne clôturer la soirée en beauté juste avant que minuit sonne …          


Le temps d’apercevoir Steve Marriner, un autre brillant harmoniciste fraîchement débarqué du Canada, et de saluer Catherine Jobin, jeune et attachante Directrice du FestiBlues International de Montréal qui nous quitte ce soir pour s’en retourner à ses occupations, et il faut déjà se résoudre à abandonner une salle conquise qui résonne encore des belles notes qui nous ont été offertes aujourd’hui par des artistes au talent et au charisme XXL. La route de Blues-sur-Seine ne fait que commencer et à n’en point douter, nous vivrons encore de formidables moments ensemble …      

Jolly Jumper, Big Moe & Dr. Bekken - Eglise - Mézy sur Seine - 17 novembre 2009 (par Bruno Migliano)

http://www.jollyjumperandbigmoe.com
http://www.myspace.com/jollyjumperbigmoe
http://www.myspace.com/drbekken

Ce soir en l’église de Mézy se tenait non pas un concert de gospel mais plutôt de bon vieux blues façon delta. C’est le patron de la paroisse qui nous a accueillis très chaleureusement et qui en passant nous a rappelé que nous étions dans la maison de tous mais n’a pas manqué non plus de nous rappeler les heures syndicales d’ouverture. Ca c’est fait, Hallelujah !!

 
Avant la prestation de nos amis du grand Nord, il y eut une très belle perf de petits écoliers qui ont suivi six heures durant un enseignement musical et avec harmonica. C’est notre ami Sébastien Charlier qui pour le coup avait assuré cette prise en main. Accompagné d’un joueur de trombone dont j’ai oublié le nom, les gamins ne se sont pas dégonflés devant ce public très attentif. Surtout quand il fut question de la reprise de « Beat It » du dernier héro mort au chant d’honneur.


Les flash crépitèrent et les p’tits blueswomen et bluesmen quittèrent l’avant scène pour rejoindre leurs parents et accueillir les gaillards du grand Nord. Jolly Jumper et Big Moe nous ont fait remarquer que même là haut près du cercle polaire, le blues du delta avait réussi à emprunter le Gulf Stream pour déverser ses flots de notes bleues. C’est donc guitare en main, dobro ou mandoline pour Jolly Jumper et harmo en bouche pour Big Moe que les deux compères s’exécutèrent dans des revivals traditionnels. Vint ensuite les rejoindre Dr Bekken.


Sorti de la sacristie, Dr Bekken a l’allure du gardien des lieux. Question Boogie Woogie, il n’a pas son pareil, pas besoin d’invectiver la foule, les enfants sont là pour marquer le tempo en frappant dans leurs petites mimines. Le trio aura réussi une jolie performance dans cette vieille église datant du 13éme siècle dont l’acoustique est difficilement maitrisable. Quoiqu’il en soit nous avons encore passé une agréable soirée et d’autres sont encore à venir !

Jean-Pierre Vimont – Foyer des Jeunes Travailleurs – Mantes la Jolie – 18 novembre :

http://jeanpierrevimont.free.fr/
http://www.myspace.com/jeanpierrevimont

Rendez-vous traditionnel autour d’une des très bonnes tables de la région mantaise, ce diner concert au Foyer des Jeunes Travailleurs rassemble élus et officiels mais aussi grand public, bénévoles et amis de Blues-sur-Seine qui ne manqueraient pour rien au monde cette communion toujours très soigneusement orchestrée entre notes bleues et fines gourmandises ! Dans une salle du Restaurant Inter Entreprise des grands soirs où l’on se bouscule pour passer entre les tables, une poignée de jeunes du FJT va s’efforcer de faire passer les plats concoctés par Gilles à des convives séduits autant par les petits prix pratiqués que par le choix toujours très subtil des mets et la sélection soignée des vins !


L’apéritif servi et la première allocution de Patrick Hochedé digérée, Jean-Pierre Vimont s’installe face au « Quai 21 » et commence à nous servir son blues et son rock en trio, sa guitare se voyant rejointe par la basse d’Alain Bouhlal et par la batterie de Jean-Luc Deshayes et commençant à nous emmener vers un répertoire dans lequel on trouve les morceaux de toutes les idoles de ce Parisien, des grands noms comme Peter Green, Carlos Santana ou bien évidemment Jimi Hendrix. Le jeu très fin, même si le son est par moment un peu fort, va venir interrompre les conversations autour des tables durant tout un premier set en attendant que l’entrée ne soit servie …


Quelques douceurs plus tard, c’est partagée entre le foot pour certains et la musique pour d’autres que la soirée va reprendre, Jean-Pierre Vimont n’ayant pas à batailler autant que ses camarades footeux pour remporter une partie qu’il joue pour sa part à la régulière, traversant dans les clous avec toujours un choix soigné de morceaux qu’il présente généralement avec un mélange d’humour et de savoir qui charme les tables les plus proches du quai, les autres se voyant quelques peu pénalisées dans la conversation par les embruns et surtout par les montées et les descentes perpétuelles de la marée humaine qui s’interpose entre le trio et eux … Le principal reste quand même la musique et de ce côté là, il faut reconnaître que l’on n’a aucune difficulté à l’entendre !


Après un dessert et deux rappels durant lesquels on retrouvera entre autres une « Black Magic Woman » rendue célèbre par Carlos Santana mais elle aussi sortie de l’esprit de Peter Green puis un dernier titre emprunté à un certain Bruce Willis qui est aussi bluesman à ses heures, c’en sera définitivement fini d’une soirée comme toujours pleine de convivialité et fort agréable pour tout le monde ! Retour des concerts en salles dès demain soir …       

Marc-André Leger / Dago Red – Le Colombier – Magnanville – 19 novembre 09

http://www.marcandreleger.com
http://www.myspace.com/marcandrelegermusic
http://www.dagored.it
http://www.myspace.com/dagoredblues

Petit écrin architectural posé en plein cœur de Magnanville, Le Colombier séduit chaque année le public de Blues-sur-Seine qui y découvre en règle générale une sélection d’artiste choisie pour sa musicalité et sa délicatesse … Le crû 2009 dévoilé au public sera bien plus attractif que le Beaujolais Nouveau sorti le jour même puisque ce sont des arômes venus du Canada et d’Italie qu’il nous propose de partager avec deux groupes qui ne vont avoir aucun mal à convaincre les trop rares spectateurs qui ont fait l’effort de se déplacer.


Vainqueur du Tremplin Blues-sur-Seine en 2008 dans la catégorie électro-acoustique, le dreadlocké et piercé Marc-André Leger n’en finit plus de surprendre par le grain très râpeux de son jeu de dobro et par la richesse d’une voix qui colle parfaitement à un blues qu’il joue au plus proche des racines, se retournant très régulièrement vers les sources du genre et notamment vers Robert Johnson qu’il revisitera à au moins trois reprises ou encore vers Leadbelly avec « Out Of The Western Plain » et Sonny Boy Williamson, premier du nom, dont il réarrangera le mythique « Good Morning Little Schoolgirl ». Charismatique au possible, ce transfuge du Nouveau Brunswick acadien émigré dans les Alpes parviendra très rapidement à établir le dialogue avec une salle qui répond comme un seul homme à ses invitations, qu’elles soient à taper du pied, à claquer des doigts ou même à offrir quelques chœurs à un final où le « Crossroads Blues » se laisse rattraper par un très agréable « Last Fair Deal Gone Down » pour finir de nous faire passer une toute petite heure de réel bonheur.


Du bonheur, il y en aura encore beaucoup avec Dago Red, formation transalpine que nous avions découvert pour notre plus grand plaisir à Cognac en 2006 et qui se voit enfin invitée à fouler les planches d’un des autres plus grands festivals de l’hexagone ! Au quintet habituel emmené par Giuseppe Mascitelli est venu s’ajouter la chanteuse Paola Ceroli, une choriste capable à la demande de tenir la voix lead, et c’est un véritable combo à géométrie variable qui va venir nous proposer une sélection finement choisie de titres puisée entre ses propres titres et des grands classiques du blues et du folk dans lesquels il est souvent question des femmes, de l’amour, de la passion …


Passant des mains du frontman à celles de Marco Pellegrini qui, outre le fait d’être un harmoniciste très délicat est également un chanteur très réjouissant, la guitare de Dago Red n’en finira plus de se fondre à celle de Nicola Palanza pour mieux se laisser porter par une étrange mais séduisante rythmique où la contrebasse d’Angelo Tracanna et le cajon de Fausto Troilo forment un ménage des plus harmonieux. La lumière tamisée et les fauteuils moelleux du Colombier siéent à merveille à l’océan de sensualité que nous dévoilent des Italiens qui ponctuent généralement leurs morceaux de quelques mots ou phrases dans notre langue et qui élargissent la palette des couleurs donnée à leur musique par l’action combinée de trois voix très riches mais aussi et surtout par des arrangements d’une finesse inouïe. Du « My Babe » qui l’ouvrira jusqu’au « Boom Boom » qui laissera le rideau retomber dessus, la prestation de Dago Red nous fera traverser en quatre vingt dix minutes un répertoire des plus variés dans lequel on remarquera bien entendu des œuvres comme « I Got To Find My Baby » ou encore « Kind Hearted Woman » et « I’m A Steady Rollin’ Man », Robert Johnson étant définitivement à l’honneur ce soir !


La raison doit parfois l’emporter sur la passion et c’est avec regret que nous déclinons l’invitation d’Henrik Freischlader qui se produit ce soir au D’Estrées pour aller satisfaire à quelques obligations, notamment en matière de repos, chose qui n’est pas totalement superflue à l’approche d’un week-end particulièrement chargé qui arrive qui plus est après une huitaine déjà bien chargée … 

Barry McCabe – Espace Corot – Rosny sur Seine – 19 novembre (par Bruno Migliano)

http://barrymccabe.com
http://barrymccabe.free.fr
http://www.myspace.com/barrymccabe

C’est dans un centre de vaccination relooké que nos docteurs en Blues sont venus nous piquouser leur antidote contre la tristesse. Les p’tits infirmiers tout de blanc vêtus accompagnés de leur infirmier en chef ont ouvert l’opération. Quelques beat binaire bien travaillés, la voix déjà bien assurée, c’est bien ils apprennent vite ! Dans la salle d’attente les patients écoutaient bien sagement. Sur une reprise de Gaston au « Téléfon » (Nino Ferrer) ils cédèrent bientôt la place au Docteur.


Barry McCabe est Irlandais, juste comme ça au passage, et s’entoure d’une bonne formation composée de l’harmoniciste Sébastien Kleine, du bassiste Nico Heilijers et du batteur Ronald Oor, ce dernier accompagnant David Gogo quand il est en tournée européenne. Les mains sur la guitare, Barry nous a offert un set très rythmé. La couleur blues, il la maîtrise à la perfection le Barry, c’est aussi un grand fan de rock et il ne pourra s’empêcher de s’écarter un temps du sentier bleu nous interprétant un « Bye Bye Jonhnny Be Good » à lui.


Ce ne sont pas les enfants qui vont s’en plaindre ! Attroupés sur le devant de la scène, ils vont mettre une ambiance de feu. Il y aura bien quelques parents qui essaieront de récupérer leurs chérubins mais rien n'y fera. Bien au contraire, des parents viendront même les rejoindre sur un « Shake Your Money Maker ». La fête avec les enfants sera à son comble quand Barry McCabe les fera monter sur scène pour le final. Barry aura réussi à faire oublier pour un temps la grippe A.


C’est tout naturellement qu’on finira au poste de soin pour goûter au sérum de l’année et pendant ce temps Barry McCabe signera T-shirts, CD’s, photos, etc. La nuit a du être très longue car notre ami Steve Marriner et son band Monkey Junk venus en spectateur sont repartis avec Barry faire une jam au Vieux Briscard, un bar de Mantes la Ville ou se rejoignent régulièrement les zicos …

Dédicace Pablo Garcia Callejo – La Réserve – Mantes la Ville – 20 novembre

http://www.bulles-de-mantes.asso.fr

A seulement quelques heures d’entrer dans le vif du sujet du second grand week-end de Blues-sur-Seine, c’est un autre festival ami de l’agglomération mantaise, Bulles de Mantes, qui nous réunit dans un des lieux de culture les plus impressionnants de la région, la librairie La Réserve, véritable dédale parsemé de livres mais aussi de disques duquel il est traditionnellement difficile de repartir les mains vides tant le choix est important et l’attraction forte !


Installé à une table avec à ses côtés l’intégrale de « Bluesman », le dessinateur espagnol Pablo Garcia Callejo qui s’est déplacé tout spécialement de León, capitale de la province de la région autonome de Castille et León, dédicace ses œuvres et ne manque pas d’adresser à chacun un petit mot sympathique en même temps qu’il se fend à son intention d’un dessin original … Un must pour les collectionneurs mais aussi pour les simples amateurs de blues qui ont fait eux aussi le déplacement ! 


Expliquer le travail de cet artiste, c’est Bulles de Mantes qui le fait le mieux : « Bluesman » du dessinateur Callejo et du scénariste Vollmar, va vous embarquer dans le sud profond des Etats-Unis, à l’aube de la « Grande dépression » de 1929. Vous allez découvrir et vibrer au « son » de Lem Taylor (guitariste) et Avery « Ironwood » Malcott (pianiste) en tournée. Ils tentent de survivre dans une période où les difficultés économiques semblent insurmontables mais également dans un monde où la couleur noire est proscrite ! Un récit, dans la veine des « Raisins de la colère » de Steinbeck, un dessin efficace qui sait si bien traduire la peine d’une vie de souffrance mais également la joie de se réfugier dans la musique blues.

Bob Walsh – Ecole Nationale de Musique – Mantes la Jolie – 20 novembre

http://www.audio-occasion.qc.ca/musique/bob.html

Bob Walsh est une légende vivante au Québec où il anime la scène nationale avec un réel talent depuis plus de trente ans ! Accompagné de son band all stars, il doit ce soir participer à un exercice qui lui est devenu cher au fil des années en donnant un concert conjointement avec quarante élèves mais aussi professeurs de l’Ecole Nationale de Musique de Mantes en Yvelines. Mais en attendant cette restitution exceptionnelle, c’est à un concert de pur blues auquel il va se livrer dans un auditorium fidèle à sa réputation qui nous offre non seulement un son riche mais aussi des lumières chaudes …


Le Québécois est plein d’humour et c’est en en usant qu’il succède à Jean Guillermo qui vient de faire un rapide tour d’horizon de sa carrière mais aussi d’une onzième édition qui a encore une grosse semaine à vivre ! Accordant sa guitare tout en plaisantant, il détend l’atmosphère et désacralise le lieu avant de se lancer dans une rapide présentation de ses musiciens et de livrer une première note qui en dit déjà très long sur la suite … Bob Walsh est un artiste, un artisan du son, un monstre sacré qui sait s’entourer des meilleurs, Jean-Fernand Girard au piano et aux arrangements, Jean Cyr à la basse et à la contrebasse, Bernard ‘Bingo’ Deslauriers à la batterie et Guy Bélanger aux harmonicas qui vont l’accompagner ce soir dans un set ponctué de quelques « Stormy Monday », « Ain’t No Sunshine When She’s Gone » et « I’m A Bluesman ». Du plaisir à l’état brut !


Si le jeu de guitare de Bob Walsh force le respect, sa voix n’en est pas moins une des grandes références du blues et c’est aux côtés d’un Guy Bélanger qui sautille et se déplace de long en large sur la scène qu’il nous offre un début de concert époustouflant, déclenchant des tonnerres d’applaudissements entre chacun des morceaux qu’il interprète et invitant chacun des spectateurs présent dans la salle à le suivre dans un exercice qui peut paraître simple sur le papier mais qui en réalité demande beaucoup de talent : jouer le blues et le faire avec tout son cœur !


Désolé de devoir quitter les lieux avant le concert en compagnie de l’Orchestre de l’ENM, il nous faut pourtant nous résoudre à rejoindre la Collégiale voisine où Davell Crawford ne nous a pas attendu pour commencer son concert devant une assistance étonnamment clairsemée. Une dizaine de minutes de marche dans les rues de Mantes la Jolie et nous y voilà rendus …

Davell Crawford – La Collégiale – Mantes la Jolie – 20 novembre

http://www.davellcrawford.com
http://www.myspace.com/musicdavellcrawford
http://www.myspace.com/musiccraigadams

Arrivé sur place au beau milieu du concert, la surprise n’est pas très grande de se retrouver projeté une année en arrière avec Craig Adams confortablement installé aux ivoires ! En effet, pour avoir dîné non loin de lui à la cantine du festival, la présence de ce beau bébé de 300 livres qui certes nous réjouit, ne parvient plus à nous étonner … Le plus déconcertant, c’est de ne pas voir Davell Crawford à ses côtés pour l’interprétation pleine de talent d’un « Down By The Riverside » des grands soirs ! Renseignement pris auprès des amis de la technique, le Prince de New Orleans vient de s’absenter il y a quelques minutes, sans doute pour se rafraîchir après un début de spectacle mené tambour battant …


Il revient en effet rapidement et s’il semble un peu perturbé, manquant au passage la petite marche devant la scène et se rattrapant in-extremis, il n’en reste pas moins un très grand artiste très professionnel qui se lance dans une série d’improvisations, la première tournant autour du sempiternel « Amazing Grace » durant un gros quart d’heure, la suivante s’apparentant plus à un bon vieux medley où le rock et le jazz s’invitent à la même table puisque l’on y reconnaît des passages du « I Wanna Know What Love Is » de Foreigner et du « Don’t Know Why » de Norah Jones. La voix bien en place, que ce soit en solo ou sur des formidables prêches partagés avec Craig Adams, Davell Crawford qui prend place aux claviers quand son invité s’installe à l’orgue Hammond sait s’appuyer de façon très ingénieuse sur un groupe où les choristes sont aussi importants que la section rythmique qui pose des fondations solides où il est confortable se trouver ses marques. Le public, malheureusement trop peu nombreux, apprécie comme il se doit une prestation très dynamique et en redemande même à la fin !


Avant de nous offrir un dernier sermon dans lequel il rend hommage à l’état qui l’a vu naître, la Louisiane, Davell Crawford tiendra à remercier chacun de ceux qui ont aidé sa ville de New Orleans en apportant une aide financière, en envoyant des messages de réconfort ou simplement en priant pour des sinistrés honteusement privés du soutien de leur pays après le passage de l’ouragan dévastateur Katrina. Une ville, véritable berceau d’une partie de la civilisation mondiale, qui sans les efforts des privés du monde entier pour contribuer aux réparations, aurait pu carrément être rayée de la carte des Etats Unis sans le moindre battement de cil de l’administration Bush ! 


La Collégiale se vide tranquillement et les derniers badauds se saluent sur le parvis, se félicitant de faire partie de ceux qui ont bravé les problèmes de parking d’autant plus récurrents qu’un arrêté municipal interdit le stationnement dans le quartier depuis plus de 24 heures en prévision de la « Foire aux Oignons », 561ème du nom, qui se tiendra … dimanche ! Il y aurait presque de quoi verser une larme pour les résidents …

Monkey Junk / Bob Corritore & Dave Riley feat. Tomcat Courtney – Le Sax – Achères – 20 novembre (par Jocelyn Richez)

http://www.myspace.com/monkeyjunkottawa
http://www.bobcorritore.com
http://www.myspace.com/bobcorritore

Blues-sur-Seine nous a vraiment gâtés pour cette soirée au Sax à Achères, une salle avec une tribune en arc de cercle vraiment adaptée à ce genre de concerts. Les amateurs de blues se sont vraiment régalé de la première à la dernière seconde d'une soirée qui est passée à la vitesse de l'éclair. Je n'ai pas vu le temps passer, assistant d'abord à la prestation de Monkey Junk (peut on vraiment parler de première partie ?), je me suis ensuite délecté des prestations de Tomcat Courtney en solo, du duo Tomcat Courtney / Bob Corritore, du duo Dave Riley / Bob Corritore (rejoints dans un deuxième temps par la rythmique Dave Riley Jr à la basse et Steve Mariner à la batterie) puis un final avec Tomcat Courtney / Dave Riley / Bob Corritore et la rythmique, bref, un véritable festival dans le festival.

 
Monkey Junk qui a ouvert la soirée est une véritable découverte. Ce trio nous vient du Canada et a obtenu la troisième place cette année à l’International Blues Challenge à Memphis, une référence. Bien emmené par un leader chanteur multi-instrumentiste (guitare, harmonica, piano, batterie) vraiment talentueux, Steve Mariner, Monkey Junk est un groupe à maturité qui propose une musique profondément ancrée dans le blues avec beaucoup de variété au niveau des morceaux, des tempos et de l'instrumentation ce qui évite toute lassitude pour le public. Si leur répertoire est essentiellement fait de compositions du groupe, il s'agit de blues traditionnel qui va à l'essentiel sans démonstration inutile, joué avec énergie et surtout un enthousiasme débordant. La voix de Steve Mariner fait inévitablement penser à celle du regretté Sean Costello. Le groupe ne comprend pas de bassiste mais Steve Mariner a précisé qu'il utilisait une guitare baryton (personnellement, je ne savais pas que ça existait), un instrument qui se situe entre la guitare et la basse. En plus Steve Mariner maîtrise bien la langue française (avec un accent canadien qui ne manque pas de charme), ce qui lui permet de nouer un véritable contact avec le public. Belle révélation que ces Monkey Junk ! (et sympas en plus)
 

La deuxième partie est présentée par Bob Corritore en personne, très à l'aise dans ce rôle en bon animateur de radio qu'il est. Tomcat Courtney monte sur scène dans un magnifique costume en peau de serpent pour un set en solo avant d'être rejoint par Bob Corritore à l'harmonica. Remarquons que Tomcat fait la rythmique en tapant du pied sur une planche en bois. Il a interprété une grande partie de son dernier CD « Downsville blues » (« Cook my breakfast », « Disaster blues », « Bottle it up and go », « Shake it up baby »). A 80 ans passés, c'était sa première tournée en France et il était en grande forme. Sa voix est intacte, son timbre est magnifique alliant puissance et souplesse. C'est un grand songwriter, ses titres sont de véritables tranches de vie, parfois anecdotiques, parfois poignantes comme le « Disaster Blues » au sujet de l'ouragan Katrina qui dévasta la Louisiane. Il est l'un des derniers représentant de ce Texas country blues, je le place au niveau d'un Lightnin' Hopkins. 
 

Dave Riley est lui aussi un grand chanteur / songwriter. Il est devenu un familier des festivals de blues français et je le revois toujours avec énormément de plaisir. Il a interprété quelques-uns des titres de son dernier CD avec Bob Corritore, « Lucky to be living », dont le titre éponyme. Dave Riley et Bob Corritore nous ont servi un blues sans compromis, une musique à la fois simple, rustique, terriblement efficace et surtout bourrée de feeling bien servie par la voix légèrement rocailleuse de Dave Riley. L'accompagnement à l'harmonica de Bob Corritore fut parfait pour donner plus de relief et de fantaisie aux titres joués. Le final avec les trois vedettes du soir plus la rythmique (Dave Riley Jr et Steve Mariner) fut un grand moment que le public a savouré.


Le public a également beaucoup apprécié la disponibilité et la simplicité des musiciens qui sont restés longuement à dédicacer des CD mais aussi à discuter et se faire prendre en photo avec leurs fans. 

Bernard Adamus – Hospice St Charles – Rosny sur Seine – 21 novembre

http://www.bernardadamus.com
http://www.myspace.com/badamus

Dans le cadre de l’hommage rendu à Boris Vian durant un mois tout entier, la ville de Rosny sur Seine a fait le choix d’inviter un autre grand poète, Bernard Adamus, actuellement en tournée dans le Mantois après avoir remporté la bourse de l’OFQJ lors du dernier concours Relève en Blues / Marché Central du FestiBlues International de Montréal … Commencé devant une grosse trentaine de spectateurs, le show de cet ovni blues québécois ne va cesser de monter crescendo au fil des minutes qui s’écoulent !


Bernard Adamus, c’est un talent d’écriture et un franc parler qui le poussent à proférer des paroles souvent justes sur des musiques toujours roots, des paroles que les locaux ne comprennent pas forcément toutes mais dont ils goûtent avec un certain régal l’accent chaud et coloré. Se produisant aujourd’hui en quartet et sans son tromboniste, le Montréalais de la Rue Ontario nous emmène dans son délire plein de bon sens, dans des élucubrations qui évoquent un « Cauchemar de course » et qui nous emmènent « For The Road » sans pour cela oublier de remercier des amis comme notamment Jean, le bénévole qui les transporte sur les routes du Mantois depuis une grosse semaine … Banjo, dobro, guitare, percussions sommaires, voix féminines et masculines, rien ne manque pour que la recette ait du corps ! 


Un détour par « La foule » que le public qui grossit lui aussi au fil du temps reprend en chœur et nous voilà embarqués dans des standards d’Adamus comme « Brun » ou « La question à 100 piasses » avant d’en passer par quelques tounes dans la langue de T-Bone Walker dont notamment un « Stormy Monday » bien senti … Un dernier arrêt par « Le cimetière » et on termine a-capela par un hommage à la « Rue Ontario », l’artère mal famée de Montréal ou Bernard Adamus a passé une partie de sa jeunesse. Le public se lève, conquis, et se rue sur les derniers disques que Bernard ne ramènera pas au Québec, signe que son passage dans l’hexagone aura rencontré le succès qu’il méritait !

Crossroad – CAC Georges Brassens – Mantes la Jolie – 21 novembre

La jeunesse mantaise regorge de talent et de bonne volonté et quand il a été question de se livrer à l’exercice peu évident de créer un concept original pour la onzième édition de Blues-sur-Seine, c’est le collectif Last Beatz Musik réunissant des DJ’s locaux mais aussi le danseur Tino et le rappeur Abdel le Pragmatique qui ont pris les choses en main en collaboration avec la Direction Jeunesse de Mantes la Jolie.


Suivant l’histoire d’un jeune homme parti à la recherche des origines du blues après avoir croisé un vieux bluesman dans Paris, Crossroad emmène le public au travers de différents tableaux des worksong et des champs de coton jusqu’aux villes modernes et au hip hop, traversant en musique et en danse des sphères où dominent tour à tour le blues, le jazz, la soul puis enfin le rap. En se rapprochant quelque peu de l’histoire de Robert Johnson qu’ils évoquent d’ailleurs dans leurs slams et dans leurs flows, les artistes et créateurs ont une fois encore fait preuve que leur musique portait des valeurs fortes et que des sujets plus ou moins lointains comme l’esclavage qu’ils reprennent avec force dans un de leurs tableaux peuvent aussi faire partie de leurs préoccupations. Une véritable leçon de tolérance et d’ouverture offerte à tous dans un CAC Georges Brassens copieusement garni !

Blues Power Band / Bob Walsh – Espace Maurice Béjart – Verneuil sur Seine – 21 novembre

http://www.bluespower-band.com
http://www.myspace.com/bluespowerband
http://www.audio-occasion.qc.ca/musique/bob.html

L’Espace Maurice Béjart nous réserve chaque année un des concerts les plus agréables de Blues sur Seine grâce à la qualité de son acoustique et au confort des ses fauteuils mais aussi grâce à une programmation soignée qui tient compte des qualités intrinsèques du lieu et de la demande toute particulière d’un public généralement attentif et connaisseur ! On y retrouve donc ce soir deux grands noms du blues, les Français de Blues Power Band pour commencer et le Québécois Bob Walsh pour poursuivre dans la bonne humeur.


Si le timing est plutôt restreint pour les Beep’s, cela ne va pas les empêcher d’emmener leur public à la recherche de « Zee » qui, comme tous le savent déjà, à disparu au tout début d’une tournée appelée à devenir non seulement mondiale mais aussi par la force des choses, interplanétaire. Le son se cale rapidement, les lights s’adaptent à la situation et on part très vite sous l’impulsion de Bannish vers un « Shoot Shoot Don’t Talk » qui donne le ton puis vers diverses contrées où ladite « Zee » pourrait se trouver ! Soutenu par une rythmique précise, Papygratteux va tirer des soli toujours aussi inouïs de sa Gibson pendant que Paco chaussé Fender le soutient des riffs précis dont il a le secret … Aux claviers, Damien Cornelis inonde le tout de ses notes suaves et c’est vers des « Fortune », « Marsquake » et « Below » que Blues Power Band entraîne Verneuil, se faisant ovationner par un public sous le charme qui appréciera autant les compositions du groupe que la reprise d’Albert Collins, « Cold Cold Feeling », que le sextet nous servira avant le dessert. Un ultime « Back In Town » pour sceller le retour de « Zee » au bercail et celui des Beep’s dans les loges et c’en sera fini d’un concert trop bref qui, au grand dam d’un public qui en redemande, devra se passer de rappel …


Un rapide entracte pour s’offrir un rafraichissement, un souvenir à l’effigie du festival ou encore un disque de Blues Power Band et c’est déjà reparti avec Bob Walsh ! Véritable figure de proue du blues québécois, l’artiste et son groupe entreront sur scène en faisant une sorte de Haka digne des rugbymen néo-zélandais et après avoir passé un dernier coup de peigne à sa guitare et lancé quelques plaisanteries à un public qui de demande encore si c’est du lard ou du cochon, c’est au volant d’une « Brand New Cadillac » que Bob nous conduira sur les routes nord-américaines du blues. Accompagné par le gratin de la scène internationale, Bob Walsh sait qu’il peut s’appuyer sur une équipe non seulement solide mais aussi et surtout soudée et c’est un véritable plaisir que de constater cette osmose qui pousse chacun à donner le meilleur de lui-même sous l’impulsion du pianiste et chef d’orchestre Jean-Fernand Girard mais aussi du virevoltant harmoniciste Guy Bélanger qui passerait presque pour le punk du groupe s’il n’avait pas autant de classe tant il passe son temps à bondir sur scène tout en inondant la salle de grandes goulées de son instrument. Si le set de Bob Walsh est plutôt classique et fait la part belle aux covers de grands standards, sa voix nous permet de faire un merveilleux voyage au milieu des « Ain’t No Sunshine When She’s Gone », « What A Wonderful World » et autres « Summertime ».


Verneuil sur Seine de délecte véritablement d’une prestation toute en nuances et en délicatesse et si les plaisanteries de Bob Walsh ne tombent pas toujours au moment le plus opportun, au moins ont elles la bonne idée de nous aider à redescendre sur terre entre deux morceaux, un voyage retour souvent nécessaire tant le Québécois parvient à nous emmener très haut dans les strates du blues à l’aller ! Encore quelques titres comme le génial « I’m A Bluesman » ou le non moins éblouissant « The Thrill Is Gone », un solo de batterie des plus enlevés proposé par l’inénarrable ‘Bingo’ Deslauriers ou une démonstration de virtuosité offerte par un Jean Cyr passé un temps à la contrebasse et les douze coups de minuit ne tarderont plus à retentir, invitant l’Espace Maurice Béjart à un double rappel où Bob, visiblement très ému par l’accueil qui lui a été réservé durant tout le festival, nous offrira un superbe « Je voudrais être noir » emprunté à Nino Ferrer et un brûlant « You Are So Beautiful » dont il modifiera à plusieurs reprises les paroles pour remplacer « To Me » par « Mantes la Jolie ». Verneuil se lève, ovationne Bob Walsh et le regarde traverser la salle pour aller donner quelques dédicaces … Sacré bonhomme !


Un dernier passage par le sous-sol pour saluer les amis, bénévoles et musiciens, et pour présenter les uns aux autres puisque à n’en point douter, le band de Bob Walsh a au moins autant apprécié la prestation de Blues Power Band que ces derniers ont aimé le set de leurs aînés. Verneuil sur Seine est consciente d’avoir vécu un très grand moment de bon blues et les mines réjouies de spectateurs qui tardent à quitter les lieux en sont la meilleure preuve ! Mais la suite de Blues-sur-Seine nous réserve encore une grosse semaine de musique et il faut bien se résoudre à aller se reposer un peu …

CJ Chenier & The Red Hot Louisiana Band – Salle Municipale – Limay – 21 novembre (par Bruno Migliano)

http://www.myspace.com/cjchenier

Alors que certains étaient à la recherche de Zee, moi j’avais trouvé du Zy...deco dans la Salle Municipale de Limay. Pour l’occasion la salle s’était transformée en cabaret. Un diner spectacle qu’il ne fallait rater sous aucun prétexte !


Le fils du célèbre maitre du Zydeco était présent ce soir là et nul doute que le rejeton a été à la bonne école. Avec sa formation composée d’un guitariste, d’une basse, d’une batterie et de l’inévitable planche à laver, le fils du roi Zydeco, sous la chaleur brûlante des spot-light durant deux sets de presque une heure, va mouiller la chemise et mettre le feu dans la salle.


Parti à cent à l’heure sur un rythme infernal, le quintet ne va pas laisser indifférent le public qui comptait déguster tranquillement son repas servi à la lueur des bougies. Ambiance sympathique, festive, le fiston descendra dans la salle à la rencontre des festoyeurs. Les plats à peine avalés, on digère en se trémoussant autour des tables. C’est l’heure pour Michael Vowell de donner une leçon de washboard à ces dames. Euh. !?. Pourquoi les dames ?  Il n’y a pas que  les dames qui lavent le linge … Bon, la dame en question se débrouille plutôt bien avec la planche, avouons-le !


Retour sur scène, quelques soucis avec l’éclairage, ça s’en va et ça revient … CJ Chenier et son groupe ne s’en laissent pas perturber et continuent à nous distiller quelques variantes de boogie woogie à la façon Zydeco. Il y aura un gros rappel et toujours ce rythme du Sud qui n’en finit pas d’emmener les têtes loin vers l’Ouest. Un couple m’avouera qu’il a bien l’intention de partir l’année prochaine en vacances du côté de la Louisiane. Fin du show, CJ Chenier se prête au jeu des photos é dédicaces. Le couple en question finira par prendre rendez-vous avec CJ pour le mois d’août, voilà qui est fait …


 
V-Blue Ltd – Emmaüs – Follainville Dennemont – 22 novembre

http://www.v-blue.de

Un concert à la communauté Emmaüs de Follainville Dennemont est une expérience dont on ne ressort jamais véritablement indemne … Il y aura bien entendu pour certains le seul souvenir de la boue collée aux chaussures ou du froid récurent qui règne dans la salle des meubles mais ce ne sont somme toute que de petits aléas bien maigres par rapport à tout ce qu’il y a de positif à y trouver pour les groupes mais aussi pour le public ! C’est donc dans un joli capharnaüm de meubles et d’objets hétéroclites qu’une foule non moins composite de près de deux centaines d’individus se retrouvait à l’heure de la sieste dominicale, bravant la tempête qui menaçait l’Ouest de la France et délaissant un temps Drucker pour aller écouter … du Blues ! On croit rêver …


Le charme allait pourtant très rapidement retomber car à peine les restitutions des élèves des Ecoles Jules Ferry et Ferdinand Buisson venus chanter pour les uns en compagnie de Christophe Guest, jouer de l’harmonica pour les autres aux côtés de Sébastien Charlier, les premiers déserteurs pointaient leur nez du côté de la sortie pour retrouver leurs sacro-saintes obligations télévisées … Fort heureusement, certains, plus polis ou simplement plus enclins à la découverte, n’allaient pas manquer de rester ne serait-ce qu’un petit moment pour se régaler de la prestation des Allemands de V-Blue Ltd.


Combo survitaminé venu de Schleswig, au Nord de l’Allemagne, V-Blue Ltd n’a pas son pareil pour réchauffer une salle et c’est en tombant rapidement la veste que les trois musiciens, le guitariste et chanteur Thomas Reichardt en tête, vont venir mettre un bâton de dynamite au beau milieu d’un public qui, hormis les jeunes enfants qui font les pitres devant la scène, est encore un peu figé. Revisitant les standards du blues, du rock et du rockabilly, le trio va nous emmener du côté d’un « Hoochie Coochie Man » revu et corrigé à la sauce jump et surf mais aussi vers un énorme « That’s Allright Mama » ou encore un « Stray Cat Strut » porté au plus juste par une contrebasse sur laquelle Ronald T. Carius joue parfois les chevaliers et par une batterie digne d’un métronome propulsée par le dandy Hans C. Christiansen.


Quatre vingt dix minutes durant, V-Blue Ltd va nous proposer un lot de musique bien consistante et surtout très revigorante que les fidèles du blues et de la culture auront apprécié à sa juste valeur. Une ultime « Black Betty » proposée a-capela pour mieux entamer un rappel conclu par un « Bye Bye Blues » qui donnera l’occasion à Thomas Reichardt d’aller serrer les mains de tous les spectateurs une à une en se demandant pourquoi ce genre d’endroit n’existe pas en Allemagne et c’en sera fini d’un après-midi agréable pour tout le monde ! Le temps de saluer les compagnons d’Emmaüs qui s’affairent déjà à tout remettre en ordre et nous voilà déjà à pied d’œuvre pour une suite qui ne manquera pas elle non plus de mettre en avant le rôle social de Blues-sur-Seine …

CJ Chenier & The Red Hot Louisiana Band – Hôtel Social Saint-Yves – Mantes la Jolie – 22 novembre

http://www.myspace.com/cjchenier

Il y a déjà quelques jours que l’on remarque sa carrure d’athlète dans le Mantois et c’est ce soir à l’Hôtel Social Saint-Yves que le fils de l’accordéoniste Clifton Chenier va aller prêcher la bonne parole d’un Zydeco qui est un peu une affaire de famille. Centre d’hébergement et de réinsertion sociale, l’endroit accueille une population qui connaît la détresse et qui apprécie à sa juste valeur un cadeau de cette qualité offert par un groupe de musiciens plein de talent mais aussi par une équipe d’organisation pour qui ce genre de concerts compte bien plus que les concerts du soir donnés devant des spectateurs qui ne mesurent pas toujours leur chance.


Installé à l’arrière du bâtiment, le chapiteau qui accueille le Red Hot Louisiana Band ne tarde pas à résonner au son de l’harmonica de CJ Chenier mais aussi du washboard de Michael Vowell qui confèrent à la musique du combo son caractère festif et son côté New Orleans des plus attirants. Il ne faudra pas grand chose de plus qu’un « Zydzco Boogaloo » très épicé et un « Baby Please Don’t Go » pur jus de fruit pour mettre le public dans le bain de jouvence de cette formation parmi les plus fameuses du genre et c’est devant des mines réjouies, rassurées presque, que le quintet continuera sur sa lancée pour un bon moment que nous déserterons avant la fin, la fatigue de dix jours de festival se faisant de plus en plus pressante …


La journée qui a été longue nous a offert notre lot de rencontres passionnantes et enrichissantes mais elle ne nous fera toutefois pas oublier Carol Ann Croft, chanteuse du groupe Acoustic Soul Factory qui avait remporté le Prix Europa Jazz Festival au Tremplin Blues-sur-Seine en 2008 et qui nous a quitté la nuit dernière de ce qu’il est convenu d’appeler les suites d’une longue maladie. C’est vers sa famille et ses amis qu’iront nos pensées en cette fin de soirée à dominante festive qui nous rappelle qu’en bonne artiste qu’elle était, Carol Ann aurait souhaité que le spectacle continue quoi qu’il advienne …

Loreney N’ The Sugar Strings – La Passerelle – Rosny sur Seine – 24 novembre

http://www.myspace.com/sugarstrings

Si le programme de cette dernière semaine de Blues-sur-Seine n’est pas aussi chargé que celui de la précédente, au moins l’organisation a t’elle eu la bonne idée de garder quelques groupes de tout premier choix pour charmer non seulement les connaisseurs mais aussi des néophytes qui découvrent, comme par exemple ce soir, Loreney N’ The Sugar Strings à La Passerelle, joli petit écrin de culture posé sur les bords de la Nationale 13 en plein cœur de Rosny sur Seine …


Loreney, c’est avant tout une voix riche et séduisante installée dans un petit bout de femme taillée au millimètre près pour chanter le blues, le jazz et la soul ! Une guitare maniée délicatement par Jean-Jacques Cigolini, une contrebasse délicatement agitée par Stéphane Barral, les drums de Thierry Guignard pour secouer un peu le tout et voilà Loreney qui nous emmène en plein swing pour un début de prestation plein de classe et de saveur … La Passerelle qui affiche quasiment complet apprécie à juste titre la rencontre de toutes les couleurs musicales contenues dans le catalogue des Tourangeaux, un répertoire où les standards flirtent souvent avec de vieux titres oubliés, et c’est un bien joli tour que Blues-sur-Seine a joué là à une salle qui reçoit le Festival pour la première fois et qui, à n’en point douter, peut être pleinement satisfaite de ce coup d’essai qui se révèle être un coup de maître …


Il faut bien se résoudre à partir avant la fin du spectacle si nous voulons pouvoir assister à l’autre concert du soir qui se déroule à une dizaine de kilomètres de là … Un rapide passage par la campagne et nous voilà très vite rendus à Senneville où la fête bat son plein depuis une bonne heure déjà !

Checkers Gospel Choir – Salle des Fêtes de Senneville – Guerville – 24 novembre

http://www.checkersgospel.com
http://www.myspace.com/checkersgospel

Souvent marquée par un public difficile qui vient assister aux restitutions des enfants avant de filer à l’Anglaise, la soirée de Senneville ne brille généralement pas par l’accueil réservé aux groupes et il aura fallu ce soir tout le talent du Checkers Gospel Choir pour couper court à cette fâcheuse réputation, fait d’autant plus surprenant que le groupe avait en concurrence directe le football qui, même sans enjeu, peut mettre à mal la mieux huilée des organisations … Reconnaissons toutefois que le fait de jouer quasiment à domicile aidait quand même un peu les Checkers à relever le défi !


Si l’ambiance reste quand même très caractéristique des blagues Carambar et des cours de récré avec une nuée d’enfants qui s’agite un peu dans tous les sens, la Salle des Fêtes affiche toutefois une bonne ambiance qui pousse les spectateurs à se lever un peu de leur chaise et à se trémousser d’abord très discrètement puis de plus en plus au gré des morceaux. Ayant compris que pour que le concert se passe bien, il fallait canaliser la fougue des plus jeunes et en tirer profit, c’est en s’amusant avec les enfants et en les faisant participer au show que les solistes successifs vont remporter la partie, le premier d’entre eux les convaincants de son statut de « Soldier » tandis que la suivante s’efforcera de les attendrir d’un « Sometimes I Feel Like A Motherless Child » …


Regroupées l’instant d’après sur la scène aux côtés d’un groupe qui s’en tire avec bien plus que les honneurs, les jeunes pousses de l’Ecole du Centre mais aussi leurs parents garderont sans le moindre doute longtemps en tête cette rencontre qui était pour beaucoup la première avec cette musique souvent dénigrée qu’est le blues … Le gospel contribue en général à rassembler le public, les Checkers qui jouent aussi pas mal de rhythm’n’blues n’auront pas manquer de nous le rappeler en se montrant ce soir sous leur meilleur jour !

Our Blues – Ecole Nationale de Musique – Mantes la Jolie – 25 novembre

http://www.enm-mantes.fr

C’est une invitation un peu particulière qu’ont lancé les professeurs de l’Ecole Nationale de Musique de Mantes en Yvelines ce soir puisqu’ils nous invitent à découvrir « leur blues » et si peu de spectateurs ont répondu présent à ce concept original, une cinquantaine de mélomanes se presse tout de même dans un auditorium toujours aussi confortable et accueillant !


Une brève allocution d’Alain Langlais pour rappeler la philosophie du festival et annoncer les derniers concerts à venir, une présentation succincte mais précise de Benoît de Mesmay qui nous informe du déroulement du spectacle à venir et c’est déjà au tour de Julien Dupont à la basse et Anne Mispelter à la harpe de venir nous chuchoter un « Little Wing » au creux de l’oreille … Abraham Mansfaroll prend place derrière le plexiglas qui atténue le son de sa batterie et après un second morceau en trio, ce sont Geoffroy de Masure au trombone, Benoit de Mesmay au piano et les deux chanteuses Laura Littardi et Christelle Dobat qui nous proposent un « Summertime » jazzy à souhait et surtout plein de finesse et de sensualité !


Le ton est donné, le blues de l’ENM est rempli de classe et c’est les yeux plus ou moins distraitement dirigés vers la partition que chacun y va d’un blues élargi qui s’ouvre en prime un minimum à l’improvisation … On est certes plus près de Michael Jackson, de Stevie Wonder, d’Al Jarreau et d’Aretha Franklin que de Muddy Waters, de Son House et de Robert Johnson mais la version que nous donnent ces musiciens avertis de « leur blues » tient plutôt bien la distance, chacun s’efforçant de se mettre en valeur en même temps qu’il sert le morceau qu’il interprète comme quand par exemple Geoffroy de Masure laisse partir son trombone dans une intro à rallonges mais pourtant bien pensée d’un « Doctor Feelgood » des plus enrichissants !


Propice à la détente et à la méditation, cette première heure de concert ne nous en fera pas oublier qu’à quelques centaines de mètres de là et dans un registre totalement différent se produisent nos amis québécois Gilles Sioui et Guy Bélanger … Un rapide sprint dans les rues de Mantes et nous serons bientôt en leur compagnie alors que ces derniers reprennent leur souffle devant un Flip Bar plein comme un œuf !

Guy Bélanger & Gilles Sioui – Le Flip Bar – Mantes la Jolie – 25 novembre

http://www.myspace.com/guybelanger
http://www.myspace.com/gillessioui

Mon premier est l’harmoniciste de Bob Walsh et de Céline Dion, mon second est le guitariste et chanteur porte-parole de la nation Huron-Wendat et les deux réunis forment un duo tellement attachant que Blues-sur-Seine a renouvelé l’expérience de leur programmation conjointe un an seulement après leur premier passage sur le festival dans un endroit un peu excentré puisqu’ils se produisaient en 2008 au Sax, à Achères.


En attendant de les retrouver demain soir à Epône sur la même scène que les Desktops, on prend un premier acompte de la musique de Guy Bélanger et Gilles Sioui dans une ambiance plus attachée à la qualité et à la fraîcheur de la bière qu’à celle d’une musique pourtant elle aussi très dense et particulièrement enivrante. La fournaise ambiante pousse quelque peu le chaland à la consommation pour le plus grand plaisir d’un barman au demeurant fort sympathique qui tire la pression avec la même dextérité que Gilles gratte ses cordes, la clientèle pleine d’une joie de vivre très communicative s’attachant pour sa part à siffler les pintes au même rythme que Guy souffle ses notes … Bien décidés à ne pas céder à la pression, c’est après quelques morceaux seulement que nous abandonnerons les lieux, déjà pressés d’être rendus à demain pour pouvoir nous régaler de la musique de ce tandem particulièrement sympathique !

Guy Bélanger & Gilles Sioui / Desktops – Salle du Bout du Monde – Epône – 26 novembre

http://www.myspace.com/guybelanger
http://www.myspace.com/gillessioui
http://www.myspace.com/desktops

Privée de Salle Municipale depuis 2007, lorsque la bêtise de quelques jeunes désœuvrés avait réduit en cendres le bâtiment qui accueillait entre autres le traditionnel concert annuel de Blues-sur-Seine, la commune de Mézières a fait appel à sa voisine d’Epône pour nous accueillir hors de ses murs, à la Salle du Bout du Monde … Si l’endroit porte plutôt bien son nom puisqu’on l’atteint après être sorti non seulement des limites apparentes du village mais aussi après avoir traversé un petit bout de campagne, au moins a t’il la bonne idée d’être facile à localiser grâce à une signalétique qui dépasse de loin tout ce que les salles de la République proposent habituellement ! Le public a certes répondu présent dans des proportions moindres que celles des capacités du lieu mais au moins Epône et Mézières n’ont pas à rougir devant un déficit de fréquentation récurrent dans les salles de spectacle cette année …


On débute la soirée avec un duo qui aurait tout aussi bien pu en être la tête d’affiche tant la prestation qu’il va donner est impressionnante de qualité ! Guy Bélanger et Gilles Sioui sont non seulement de véritables artistes qui figurent parmi les meilleurs de la scène québécoise et internationale mais ce sont également des personnages aux valeurs humaines très fortes qui n’ont pas manqué durant le repas de nous faire part de leurs sentiments à l’égard du concert qu’ils donnaient l’après-midi même pour des personnes en grande difficulté mentale … C’est donc un groupe soudé et ému qui va venir réchauffer l’assistance de son florilège de titres emprunté à JJ Cale, à Calvin Russell et à d’autres grands songwriters, un groupe qui tient le public en haleine grâce à une voix pleine de finesse et à une association dans laquelle le velouté de la guitare est au moins aussi important que la versatilité des harmonicas.


Si Gilles Sioui est plutôt discret en dehors des morceaux qu’il chante, à peine dédiera t’il un titre à son petit frère qui nous observe de là haut, Guy Bélanger, radieux et visiblement enchanté d’être une fois encore sur les planches de Blues-sur-Seine, n’en finit plus de remercier l’organisation pour son accueil et le public pour sa générosité, invitant ce dernier à venir lui rendre visite chez lui, au Québec, mais remarquant qu’ici, il se sent un peu comme chez lui tant la chaleur humaine offerte par ses hôtes est forte. Une quarantaine de minutes ne suffira malheureusement pas à nous rassasier de la musique pleine de sensualité des deux artistes qui nous auront livrés au passage un « Call The Doctor » d’une telle musicalité que c’est vers le stand où se vendent les disques de Guy mais aussi les produits dérivés du festival que le public va littéralement se ruer à l’entracte, rejoint rapidement par un artiste charismatique au possible qui salue, échange quelques phrases et dédicace à n’en plus finir …


Un tribute à la Motown, l’idée est plutôt ingénieuse en ce cinquantième anniversaire du label de Detroit qui a popularisé la soul et qui l’a conduite vers le public au travers d’artistes comme Diana Ross et The Supremes, The Four Tops, Smokey Robinson, Marvin Gaye, Stevie Wonder, The Temptations mais aussi Michael Jackson. Quand le projet est en prime porté par le gratin de la scène nationale avec entre autres Laurent Cokelaere à la basse, Jean-Do Sallaberry aux guitares ou encore Slim Batteux et Johan Dalgaard aux ivoires, même si ce dernier est absent ce soir pour cause de tournée en compagnie d’un certain Johnny Halliday, et que les voix qui le soutiennent appartiennent à Caroline Devismes, Maria Popkiewicz et Luc Bertin, il y a fort à parier que la soirée soit une grande réussite … Et elle le sera  puisque c’est un grand tour du catalogue des sixties et des seventies que nous proposeront les Desktops ce soir !


Aucune faute de placement, aucune faute de goût, pas la moindre petite imperfection dans les arrangements et dans la réalisation du spectacle, c’est véritablement un groupe soudé, performant et fier d’être sur scène qui s’offre à une assistance très rapidement conquise. On part rapidement du côté de chez les Temptations avec « The Way You Do The Things You Do » puis vers Martha & the Vandellas avec « Nowhere To Run » et enfin vers Shorty Long avec un « Devil With The Blue Dress On » sur lequel Slim Batteux assure le chant lead et on s’attarde du côté d’une véritable icône, Marvin Gaye, dont les Desktops reprendront le « How Sweet It Is To Be Loved By You » mais auquel ils rendront un vibrant hommage dans un medley de ses plus célèbres titres durant plus d’une quinzaine de minutes … Les cuivres n’en finissent plus de ponctuer des phrasés irréprochables et la salle nage indiscutablement en plein bonheur !


Encore un dernier virage pour aller rendre visite au « Shake And Fingerpop » de Jr. Walker et faire timidement danser quelques spectateurs dans l’assistance et il faudra bientôt se résoudre à rendre à Detroit ce qui appartient à la Motown, Epône et Mézières devant définitivement se contenter du souvenir d’un concert qui, après un unique rappel, nous aura conduit à moins d’une petite demi-heure des douze coups de minuit. Public, élus locaux, artistes et bénévoles affichent tous le même sourire, celui qui raccompagne traditionnellement les gens vers la sortie quand la soirée a été bonne … Un tel concert ne méritait-il pas que l’on aille jusqu’au Bout du Monde pour ne rien en manquer ?

Chicago Blues Festival – Centre Culturel Louis Jouvet – Bonnières-sur-Seine – 26 novembre (par Bruno Migliano)

http://www.myspace.com/greggwright
http://www.myspace.com/zacharmon
http://www.diunna.com

Il y a des jumelages de villes qui peuvent être atypique. Prenez Chicago une grande ville américaine au bord d’un grand lac et Bonnières-sur-Seine,  petite ville au bout des Yvelines, au bord de la Seine et à la frontière de la Normandie. Et bien ces deux villes que rien ne pourrait rapprocher ont déjà une belle histoire à raconter. Comme à chaque édition du festival Blues Sur Seine, c’est Bonnières qui accueille le Chicago Blues Festival. Je prends toujours plaisir à venir dans ce lieu. La salle Louis Jouvet nous réserve chaque année de belles surprises. Cette année, le grand Zac Harmon partagera la scène avec Gregg Wright et la talentueuse Diunna Greenleaf. La base rythmique sera composée de Cédric Goodman à la batterie, Cory « Buthel » Burns à la basse et aux claviers Corey Lacey.


C’est l’ami Zac Harmon qui ouvrira le bal, nous distillant un son de guitare bien « Chicagolien » avec des envolées bien taillées que l’artiste lui-même joue tout en nuances. Rejoint un peu plus  tard par un corsaire portant guitare à  gauche, les deux hommes vont croiser le bois, de guitare bien sur. Gregg Wright a pour sa part un jeu de guitare rappelant le regretté SRV. « G’on Wit’ Cha Bad Self », un shuffle bien léché qui ne déplait pas.  Le gars assure franchement, dommage qu’il ne se soit pas mis plus en avant, peut-être intimidé par la salle qui affiche archi-complet. Vint ensuite Diunna Greenleaf rendant en premier lieu un fervent hommage à Koko Taylor récemment partie rejoindre ses pairs au firmament du blues. Nul doute que là haut ça doit jamer à donf.


Quoiqu’il en soit pour l’heure, Diunna va tout d’abord s’adresser aux femmes ici présente en nombre ce soir. Et comme vous le savez tous, jeudi dernier était la journée contre la violence faite aux femmes.  Un titre qui tombe si j’ose dire à poing heu…? non à point ! « Backdoorman », tout le monde sait de quoi on parle quand il est question d’un Backdoorman ?? Bref Diunna s’adressera à nous hommes cupides, enfin pour certains … heu  pas moi ! Même Zac sera pris à partie … mais que nenni il n’en est pas un ! Diunna n’a pas son pareil pour invectiver la salle et n’hésitera pas aider par un homme oui, oui, un homme, qui l’aidera à descendre de scène pour aller s’imprégner du feeling de la salle. Une grande dame cette Diunna, avec sa voix puissante nul besoin du micro et heureusement car celui-ci fait défaut à maintes reprises. On apprendra plus tard qu’en fait c’était la « voix » de la console qui faisait des siennes.


Une pause, le temps de se rafraichir et d’échanger avec quelques quidams dans la salle et le deuxième set reprend. Intimiste, le trio, Zac, Diunna et Gregg, assis nous offriront trois morceaux agrémentés de jokes, ambiance cabaret club. La suite, tout aussi intense que le premier set, nous conduira très tard bien après les douze coups de minuit. Bonnières rejoindra ainsi le fuseau horaire de Chicago. Là-bas les clubs commencent à s’échauffer, on doit commencer à faire les soundchecks. Ici à Bonnières, c’est notre Chicago à nous. Encore une belle édition, pourvu qu’ça dure….
 

Cisco Herzhaft – Eglise Saint Martin – Follainville-Dennemont – 27 novembre

Après les dindes exterminées en masse hier pour Thanksgiving, c’est aux moutons que l’on réservait un triste sort en cette journée d’Aïd El Kebir et pour couronner le tout, c’est ce soir la maison de dieu qui accueillait la musique du diable … Signe quand même que les traditions arrivent se perdent, et nous n’en sommes qu’au début ! Trêve de plaisanterie, l’Eglise de Follainville-Dennemont accueillait ce soir le traditionnel concert donné habituellement chez sa voisine de St Martin La Garenne fermée temporairement pour cause de travaux et c’est du même coup d’un siècle tout entier que Blues-sur-Seine se voyait rajeuni, l’hôte du jour qui est soit dit en passant lui aussi dédié à St Martin datant du XIème alors son voisin est du XIIème … Par chance si l’on peut dire, c’est juste l’acoustique qui s’en ressentira !


On commence avec les traditionnelles restitutions données par les enfants des écoles de St Martin La Garenne et de Sandrancourt qui seront accompagnés par leurs professeurs bien entendu mais aussi par Christophe Guest pour les uns venus chanter et par Sébastien Charlier pour les autres qui, en plus de la voix, joueront de l’harmonica. Entre Nino Ferrer, Ayo et Michael Jackson, on trouvera même de la place pour quelques incantations indiennes qui nous rappellent que la culture du blues est très vaste. Remerciés par les professeurs, les intervenants auront ce soir encore de bonnes raisons d’être satisfaits des six semaines de travail menées avec les enfants !


On reste dans l’histoire du blues ou plus exactement des blues avec Cisco Herzhaft et si c’est son grand frère Gérard qui a signé « La Grande Encyclopédie du Blues », le quatrième enfant de la famille n’en est pas moins un connaisseur dans le domaine, un expert qui ajoute la voix et la guitare au savoir et qui aux côtés du contrebassiste Bernard Brimeur va ce soir nous emmener jusque très loin dans le monde des notes bleues. A tout seigneur tout honneur, c’est à John Lee Hooker dont il a été l’accompagnateur que Cisco laisse le soin de démarrer la soirée en lui empruntant un « Boom Boom » connu de tous qui plonge instantanément le public dans le bain … Une première anecdote sur Leadbelly et sa surprenante grâce par le Gouverneur de Louisiane qui lui permettra de quitter les geôles du Texas et c’est « Good Morning Blues » qui nous ramène vers Paris avec un « Fontainebleau Rag » précédé d’une longue explication sur les origines de la guitare ragtime. L’église écoute attentivement, presque religieusement serait on tenté de dire …


A la recherche des sources du blues, on remontera bientôt vers une double adaptation d’une chanson d’origine irlandaise présentée d’abord dans sa version irish folk sous le nom de « Dry Whisky » puis dans sa version remaniée à la mode Cherokee qui devient du même coup un incantatoire « Indian Whisky Blues » dont les paroles n’ont pas changé d’un mot ! Le public mesure la valeur des explications de Cisco Herzhaft mais aussi la qualité de ses notes et le suit comme un seul homme du côté de la « Highway 61 » où il évoque encore Mississippi Fred McDowell puis vers des standards comme « C.C. Rider » ou « Baby Please Don’t Go ». Cisco a compris que pour tenir une salle en haleine, il fallait l’alimenter de façon régulière, et s’il y va de ses sons de guitare, de ses slides au résonateur et de son footstomping pendant que la contrebasse de Bernard Brimeur claque autant qu’elle sonne, se faisant parfois autant percussion qu’instrument à cordes, il n’hésite pas également à jouer de beaucoup d’humour et nous présente le plus vieux ragtime du monde qui selon lui est français, lançant dans la foulée une version épatante d’une « Marseillaise » qui, interprétée dans une église, a un petit goût de sacrilège qui n’est pas pour déplaire à une assistance qui tape allègrement dans ses mains !


La fin du concert approche mais nous ne saurions nous quitter sans prendre encore un peu de Cisco avec sa version personnelle de « Sweet Home Chicago » mais aussi avec son « Cooking The Boogie » qui nous emmènera ensuite vers d’autres variantes du blues avec le folk de « Freight Train » mais aussi vers un très antique country blues et même vers un non moins antédiluvien negro spiritual … Une dernière histoire de voitures qui nous rappelle que Cisco Herzhaft est un rambler, ces nomades qui parcourent l’année entière les routes du blues, et c’est sur les accords de « Ce n’est qu’un au-revoir » que le duo prendra congé non sans avoir proposé au public de rentrer chez lui avec, pourquoi pas, un petit souvenir musical du concert. Indiscutablement, c’était la soirée de ce 11ème Blues-sur-Seine à ne manquer sous aucun prétexte, une soirée proposée par un artiste plein d’humilité et de savoir qui n’a comme seul désir que celui de le partager avec les gens …

Rolling Dominos / Rokia Traoré – Forum Armand Peugeot – Poissy – 27 novembre (par Mike Lécuyer)

http://www.myspace.com/rollingdominos
http://www.rokiatraore.net
http://www.myspace.com/rokiatraore

Cette année la soirée traditionnelle au Forum Peugeot de Poissy se déroulait sous le signe de l’éclectisme puisque les Rolling Dominos revisitaient les chansons de Fats Domino et la Nouvelle-Orléans et Rokia Traoré, la marraine du festival, nous emmenait au Mali.


La composition des Dominos est assez originale puisque l’on y trouve un pianiste, un batteur, Didier Marty le leader au chant et au saxophone … et un joueur d’un instrument improbable nommé le sousaphone. Beau succès avec les titres de Fats Domino comme le célébrissime « Bluesberry Hill », « I’m Walking », etc., une pensée pour les sinistrés de Katrina et un final enthousiasmant qui les voit traverser la salle comme au bon vieux temps des Brass Band (orchestres de rue) de New-Orleans en nous faisant chanter « When The Saints Go Marchin’ In »…


Après un court entracte et une longue introduction où elle les problèmes d’immigration et d’indépendance du Mali, Rokia Traoré, tout de blanc vêtue, nous embarque lentement mais surement dans un voyage musical qui va nous  mener jusqu’aux rives du Mali et ses rythmes envoûtants, qui ne l’oublions pas est un des berceaux supposés du blues. Le concert n’est pas sans rappeler celui de Salif Keita (à la salle Jacques Brel il y a quelques années) c’est à dire que les musiciens installent une sorte de transe qui ne fait que monter jusqu’au rappel (énorme) de trente minutes où chacun des musiciens a pu se mettre en valeur par un solo du plus bel effet et surtout où Rokia puis sa choriste nous ont fait une démonstration de danse africaine sensuelle (le mot est faible) qui laissa la salle pantois et béate d’admiration ! Assurément l’un des plus beaux concerts dans cette salle depuis qu’elle est associée à Blues sur Seine.

Guy Bélanger & Gilles Sioui – Médiathèque – Limay – 28 novembre

http://www.myspace.com/guybelanger
http://www.myspace.com/gillessioui

Une assistance conséquente faite de jeunes et de moins jeunes attend le duo chouchou de cette onzième édition de Blues-sur-Seine dans la section jeunesse de la Médiathèque de Limay repeinte aux couleurs du blues pour l’occasion et c’est une atmosphère québécoise qui plane sur cette dernière journée de festival. C’est donc le cœur empreint de la joie du travail bien fait puisque tous leurs concerts ont été jusque là une franche réussite que Guy Bélanger et Gilles Sioui vont appréhender sur les coups de 15 heures leur dernier spectacle …


Quelques très jeunes enfants assis sur des coussins au premier rang, les parents et adultes massés juste derrière eux, c’est une foule hétéroclite qui va goûter une dernière fois à ces blues que nous chante le représentant de la nation Huron-Wendat tandis que son complice les souffle dans ses harmonicas. On en passe sans grande surprise pour y avoir déjà goûté à plusieurs reprises mais avec toujours autant de plaisir par des « Big Boss Men », des « Hold On » et des « Call The Doctor » qui nous rappellent à quel point le duo est virtuose et après quelques plaisanteries de Guy Bélanger, on en arrive à un pic de sensualité où Gilles Sioui enchante l’assistance de sa voix délicate avec « Ain’t No Sunshine » ou « Dock Of The Bay » mais aussi avec un de ses titres personnels dans lequel il nous rappelle qu’il est juste un « Gipsy Man ». Limay, conquise bat la mesure en cadence avec ses invités qui n’en finissent plus de remercier qui de droit dans l’organisation …


A l’approche de la fin du festival, on assiste aux dernières embrassades entre des artistes et des bénévoles entre qui le courant est indiscutablement passé, chacun s’apprêtant à regagner ses pénates après une dernière soirée que l’on prédit déjà comme très chaude !  

Big Dez / Arno – Salle Jacques Brel – Mantes la Ville – 28 novembre

http://www.bigdez.com
http://www.myspace.com/bigdezbluesband
http://www.arno.be
http://www.myspace.com/arnomusic

Pour cette dernière soirée de Blues-sur-Seine, l’ultime gros morceau du festival s’annonçait prometteur avec d’une part une salle copieusement garnie et de l’autre une affiche des plus attractives avec pour commencer Big Dez, le groupe ayant représenté les couleurs de l’organisateur au dernier International Blues Challenge de Memphis puis enfin Arno, vétéran de la scène flamande passé jadis du blues au punk puis de punk au rock et aussi un peu à la chanson teintée de houblon voire carrément même à la variété. Croisés l’un et l’autre en début de soirée, les deux frontmen du jour affichaient une mine détendue et sereine, signe que tout était au mieux dans le meilleur des mondes et si du côté du management d’Arno les consignes les plus hallucinantes tombaient de temps à autres du côté des loges, elles prêtaient plus à sourire qu’autre chose … Arrivé à l’âge où l’on n’ose plus espérer prendre sa retraite de notre côté de la frontière belge, on est quand même en droit de se la raconter un minimum quand on a un passé aussi chargé que celui d’Arno !


C’est Big Dez qui va ce soir essuyer les plâtres avec un set malheureusement raccourci à la dernière minute mais toujours aussi consistant, un set de première partie de la star du soir qui doit tenir compte d’un timing précis mais qui laisse à la bande à Phil Fernandez tout de même une quarantaine de minutes pour emmener l’assistance dans un monde où les sons sentent bon le Texas et où le jeu est riche, jeune et moderne ! La rythmique costaude conduite par Lamine Guerfi à la basse et Stéphane Miñana aux drums transporte le groupe vers des sommets pleins des notes bleues que déposent à leur gré une triplette de luxe où Bala Pradal joue les chefs d’orchestre du haut de ses claviers et où Rodolphe Dumont à la guitare et Marc Schaeller à l’harmonica font bien plus que seconder un Big Dez impressionnant non seulement dans son jeu de guitare mais aussi dans sa voix fédératrice et puissante.


Le blues de l’hexagone a trouvé une de ses plus puissantes locomotives et c’est à grands coups de « You Can Smile », de « Night After Night » et de « Bad News » que Big Dez qui joue la carte de la qualité mais aussi de la spontanéité va réussir à gagner le rappel qu’il méritait. Un rappel en forme de « One Way Ticket » qui ne parviendra pas à faire oublier que le son ce soir était un poil trop fort et qui ramènera le sextet en un aller simple vers sa loge avant qu’il ne s’en vienne dans le hall dédicacer ses albums pour le plus grand plaisir de spectateurs emballés par une prestation des plus captivantes ! A l’heure qu’il est, on peut décemment considérer que le blues a fini de résonner sur ce 11ème Blues-sur-Seine …


L’entracte terminé, c’est une Salle Jacques Brel sous haute protection qui va assister à un concert d’Arno qui visiblement comblera le public d’aise. Enfin celui qui comptait rester assis puisque la sécurité bloque sur ordre du management toute forme de déplacement non seulement des professionnels mais aussi des spectateurs qui aimeraient bien eux aussi prendre part à la fête en s’approchant de la scène et pourquoi pas en dansant devant … Pendant ce temps, Arno tel un Capitaine Haddock qu’on aurait amputé de sa casquette balance son pied de micro de gauche à droite et crache dedans quelque chose qui ressemble à « Mademoiselle » ! Ca fonctionne au quart de tour, Mantes la Ville se tortille de l’intérieur, le cul bien vissé sur son siège, et s’en prend quelques autres du même tonneau ou plutôt du même fût de bière … La voix devenue de plus en plus rauque au fur à mesure que son répertoire devenait de moins en moins rock, Arno est fidèle à lui-même, il grogne ses mots dans un micro, joue un peu la provoc et fait son job, même s’il s’en défendra ce soir en chantant « No Job » …


Trois morceaux plus tard, on nous rappelle vertement que Monsieur Hintjens n’a plus besoin de promo et qu’il serait de bon ton de ranger ses appareils photo sur-le-champ … Paraphrasant Chuck Berry, nous lui adressons donc un vibrant « Bye Bye Johnny » et regagnons le hall où la dernière vision que nous aurons d’Arno sera un stand de merchandising bien copieux et plein de T-shirts décorés de bons mots, à l’image d’un artiste qui affiche énormément d’humour mais qui n’aura pas la classe d’un Johnny Clegg, d’un Jacques Higelin ou des Yardbirds qui eux étaient venus saluer le public et partager avec lui quelques moments de convivialité après le concert. Au loin les dernières notes d’un « Putain putain » sous Prozac nous rappellent qu’elles étaient chouettes jadis « Les filles du bord de mer » !


L’heure est venue de refermer ce 11ème Blues-sur-Seine en pensant déjà au prochain … Au CAC Georges Brassens qui accueillait en début de soirée les Américains de Left Lane Cruiser et de Black Diamond Heavies pour deux concerts qu’on nous décrit comme puissants et éblouissants, on retrouve une dernière fois toute l’équipe d’organisation mais aussi les bénévoles et les amis proches du festival et après avoir partagé le verre de l’amitié et la soupe à l’oignon qui va bien avec, on se salue une dernière fois en se disant que c’était là encore une très belle cuvée de Blues-sur-Seine ! Une programmation éclectique, un accueil chaleureux, une équipe pointue, rien n’aura manqué grâce aux efforts de ceux qu’il serait fastidieux de tous citer mais qui se reconnaitront forcément tant nous avons passé de bons moments ensemble durant ces seize jours plus un … La grande dispersion est ordonnée, chacun repart vers Bordeaux, Nantes, Paris ou encore Montréal mais rendez-vous est déjà pris pour le 5 novembre 2010, jour du coup d’envoi officiel de la 12ème Edition de Blues-sur-Seine !

Fred Delforge – novembre 2009

Epilogue (par Bruno Migliano)

La vraie fin est là ! La délivrance. Après des mois et des semaines de dur labeur, de galères s’il y en eurent mais aussi de bons moments, voici enfin le point final. L’after, l’instant immédiat, juste après les dernières notes du dernier concert. Tout le monde se retrouve dans le p’tit café du CAC Georges Brassens. On se presse un verre à la main autour du buffet bien garni ou un bol rempli de soupe dans une main, l’autre qui plonge allègrement dans le gruyère, les croutons et la mixture est parfaite à avaler. On discute de tout et de rien. On se chamaille, on rigole, on parle quand même un peu boulot, des bons moments passés mais aussi des moins bons. Fort heureusement ils n’en eut pas beaucoup, un peut-être tout au plus. L’heure n’est pas encore au bilan, il viendra, c’est sûr. Pour l’instant c’est le bonheur présent que l’on savoure. La musique n’est plus la même, du disco, hé oui les vieux tromblons ont toujours la côte dans les fins soirées et afters, je n’ai pas entendu le « Alexandrie » du Claude mais c’est tout comme. Le principal est de faire la fête. Certains sont un peu éteints, les yeux en capote de fiacre. Ces braves gens lancent un au revoir et prennent la direction des bras de Morphée, surtout que le boulot n’est pas terminé pour autant il y a encore des artistes à conduire à l’aéroport tôt le matin. Quatre plombes du mat’ mais pas de « Gare du Nord », Mister Mike n’a pu rester jusque là pour nous gratifier de son tube. Il est quand même temps de rentrer pour recharger les batteries. Fin du Festival, deux semaines de bonheur, vivement l’année prochaine. En attendant il reste un album photos et des images plein la tête …