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RENDEZ-VOUS DE L'ERDRE 2009 à NANTES (44) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 29 août 2009
 

LES RENDEZ-VOUS DE L’ERDRE
NANTES (44)
Du 28 au 30 août 2009

http://www.rendezvouserdre.com/

vendredi 28 août 2009 :

Ce qui épate le plus quand on arrive aux Rendez-vous de l’Erdre, c’est l’immensité du site et surtout la foule qui se promène dans la bonne ville de Nantes … Et encore ce n’est rien me signale le fort sympathique bénévole qui m’accompagne de la gare TGV jusqu’à mon hôtel, l’an dernier, ce sont 150.000 personnes qui ont pris part à la fête, le vendredi n’étant qu’une première soirée un peu calme ! Ca promet pour la suite …

Un rapide passage par la chambre pour y poser les sacs et il est déjà temps de gagner les bords de la rivière où l’on comprend mieux pourquoi le sous-titre du festival est « Jazz et belle plaisance ». Un village regroupe les associations régionales et locales, des stands alimentaires plus ou moins originaux émaillent les rues mais aussi l’Ile de Versailles, diverses scènes dont certaines flottent carrément comme la Scène Nautique Ceineray où le chaland pourra ce soir assister au show de Magma se répartissent au bord de l’onde, quelques bateaux sont à quai, les canoës s’ébrouent sur l’eau entre deux cygnes … On baigne bien entre musique et nautisme ! On retrouve les responsables du Tremplin Blues et le reste du jury et il est déjà temps d’un premier briefing plutôt sympathique puisqu’il se passe au restaurant du festival devant un plateau bien garni et une bouteille de Faugères ! On a déjà démarré des festivals de moins belle manière …

Trêve de plaisanterie, l’heure est grave et c’est avec quelques minutes de retard que le premier des candidats du week-end va venir investir les planches de la Scène Blues ! Joshua Blue nous arrive d’Angleterre et affiche d’entrée de jeu une très belle cohésion, un petit côté très professionnel serait on presque tenté de dire … Lancée par la section rythmique et par le guitariste Stefanos Tsourelis, l’intro n’empiètera pas trop sur le timing dédié à ce premier concurrent et c’est très vite que le charismatique frontman Cliff Campbell chaussera sa Gibson et attrapera son micro pour lancer un « Hoochie Coochie Man » à double effet, le premier étant sans doute de fédérer l’assistance déjà nombreuse et le second de mettre le groupe en jambe dans de bonnes conditions tout en le rassurant.

Ca fonctionne plutôt bien et à force de mettre de la soul et même un peu de funk dans son Chicago Blues, Joshua Blue qui s’appuie en outre sur une paire de guitares bien en place et sur une voix des plus attachantes va parvenir à emmener le flot des spectateurs vers des rivages lointains, ceux de « Caldonia » par exemple qui est l’occasion pour le bassiste Jovan Radujko de se lancer dans un très belle démonstration avec un passage slapé à faire frémir les disciples de Larry Graham et de Marcus Miller ! Encore un détour par « Ain’t Nobody’s Business » et il sera temps d’en finir d’une quarantaine de minutes fort agréables avec une version déjantée de « Hey Joe » qui démontre à ceux qui en doutaient encore que Joshua Blue est capable de varier les ambiances et donc par la même occasion les plaisirs …

Le changement de plateau nous permet de retrouver nos amis de Cotton Belly’s, lauréats du Tremplin Blues sur Seine en 2007 mais également de ceux de Jazz à Vannes et des Rendez-vous de l’Erdre en 2008, ce qui explique d’ailleurs leur présence ce soir … Devenu quintet, le combo emmené par l’inénarrable chanteur et harmoniciste Yann ‘Willywood’ Malek nous réserve cette fois encore une bonne surprise puisque c’est un son certes plus électrique mais aussi et surtout plus étoffé qui nous attend tout au long d’une prestation où se succèderont traditionnellement les compositions et des reprises choisies de Big Bill Broonzy ou encore de Sonny Boy Williamson. L’heure est aux réjouissances et c’est sur un « Lazy Owl » qu’elles commencent, le band aux deux guitaristes très complémentaires, Jérôme ‘Skippy Benson’ Perraut et Michel ‘Mambo Slim’ Descamps, n’en finissant plus de laisser parler le talent mais aussi le feeling pour que l’harmonica puisse donner le meilleur de lui-même.

On retrouve avec un certain amusement des titres déjà interprétés une heure auparavant par Joshua Blue comme « Ain’t Nobody’s Business » ou « Hoochie Coochie Man » mais le public, de plus en plus chaud et nombreux malgré l’air qui s’est singulièrement rafraîchi, n’en a cure et participe comme un seul homme, accompagnant Yann dans ses délires les plus fous et se laissant porter par la section rythmique des Cotton Belly’s où Christophe ‘Owen Brown’ Etienne aux basses et Romain Pamart à la batterie ne déméritent jamais. Un show de ces Parisiens ne serait pas parfait s’il ne faisait pas une incursion vers le rock avec « That’s Allright Mama » et une autre vers le gospel avec « Down By The Riverside » et « When The Saints Go Marching In » mais c’est avant toute chose les « Cup Song » ou encore la superbe « Cotton Jig » que l’on s’efforcera de retenir puisqu’elles donnent aux Cotton Belly’s le loisir de briller avec leurs propres créations !

Un long « Got My Mojo Working » en rappel avec en toile de fond l’heure qui tourne sur la pendule de cuisine qui orne la scène et un ultime medley pour finir de mettre la Scène Blues en vrille et c’en est déjà fini de cette première soirée qui a tenu toutes ses promesses ! Les Cotton Belly’s s’en vont dédicacer quelques disques, il est temps pour nous de longer les rives de l’Erdre en espérant pouvoir attraper quelques clichés de Magma, mais rien à faire, la foule dense et parfois quelque peu avinée ne permet d’autre excentricités que celles des notes de Christian Vander & Cie qui se répandent jusque très loin dans les rues de Nantes. Ce sera pour une prochaine fois …  

Samedi 29 août 2009 :

Les rives de l’Erdre grouillent de monde dès le milieu de la matinée et plus on avance dans la journée, plus les badauds se font nombreux autour des stands où l’on trouve à la demande des huitres, des spécialités du monde entier ou encore des curiosités culinaires régionales comme la fouée … Il y a donc de quoi se restaurer tout en attendant la reprise du festival et en assistant aux balances des groupes sur la Scène Sully par exemple où ça s’agite déjà !

 

Conviés à 15 heures pétantes sur la Scène Blues pour la reprise du ballet des candidats du tremplin, nous nous exécutons de bonne grâce tout en profitant des premières rencontres du jour, que ce soit avec des groupes, des festivaliers ou encore des organisateurs de manifestations amies. Puis c’est au tour de Diemaav de venir nous charmer les conduits auditifs avec son folk blues très peu courant mais tellement séduisant !

Originaire de Rennes, ce duo où l’on trouve Romain Diemahave à la guitare et au chant et Sylvain Dubois aux percussions va venir proposer à un public déjà conséquent une musique où la chaleur de la voix est portée par une guitare particulièrement inspirée mais aussi par tout un ensemble de percussions plein se sensualité et de délicatesse. Sans jamais mettre une notre plus haute que l’autre, Diemaav présente une musique qui rappelle un peu la finesse d’Eric Bibb et l’originalité de Keziah Jones, nous invitant à voyager vers des horizons qui ne se limitent pas à l’Amérique du Nord, bien au contraire, mais qui s’ouvrent très largement à l’Afrique ou à l’Inde avec des notamment des bongos et des tablas.    

Une grosse quarantaine de minutes de concert permettra au jury mais aussi au public de se faire une idée sur le talent de ce jeune duo tout en rappelant à qui ne s’en souviendrait pas que les racines du blues sont au moins autant sur le Continent Noir que sur celui de l’Oncle Sam et que la légitimité du genre dépasse très largement un triangle d’or imaginaire qui se dessinerait entre Memphis, Austin et Chicago. La journée ne pouvait mieux commencer et l’arrivée des membres d’Awek, fraichement débarqués sur le site, nous laisse espérer une montée progressive en intensité jusqu’au soir !

On change de sonorités à l’heure du goûter avec Kevin Texas Band, une formation blésoise elle aussi pleine de talent dans un style plus conventionnel mais tout aussi coloré. Le rapide soundcheck se passe plutôt bien et au moment de lancer les festivités, la pédale de Kévin Guégan, chanteur et guitariste du groupe, rend l’âme sans plus d’explication. Qu’à cela ne tienne, l’équipe technique rompue aux surprises se charge illico presto de l’échange et c’est nullement perturbé que le combo du Loir et Cher reprend ou plus exactement commence son set puisque seules une ou deux notes ont pour le moment été jouées ! Ca commence plutôt bien d’ailleurs et c’est entraîné par l’harmonica de Julien Cormier et les claviers de Sébastien Billon que le public nantais s’envole vers un très bon « I Don’t Need No Doctor ».

L’intensité ne retombe pas d’un cran quand Kevin Texas Band s’engage dans des compositions personnelles comme « Long Leg Blues » et la section rythmique de haut vol qui soutient le jeune et brillant guitariste ne peut qu’être félicitée pour son efficacité, d’autant plus que Kévin a choisi de varier les plaisirs en nous faisant faire le grand tour non pas du blues mais bel et bien des blues puisque après le rock et le Chicago Blues, l’heure est venue de passer au boogie avec le « Chicken Shack Boogie » d’Amos Milburn … Quelques belles banderilles supplémentaires dont un passage par le répertoire de Bernard Allison permettront au public de l’Ile de Versailles de se rendre compte de toute la musicalité du groupe et c’est en terminant non pas en feu d’artifice mais bel et bien sur un duo acoustique guitare et harmo que Kévin et Julien finiront de conquérir le cœur de l’assistance.

On va continuer dans le bon gros blues qui secoue à l’approche de l’heure de l’apéritif puisque c’est The Pathfinder qui va venir nous gratifier d’une prestation très enlevée ! Porté par la guitare de Florian Royo que ceux qui apprécient Mudzilla ne peuvent pas ne pas reconnaître, le combo bordelais va d’entrée de jeu taper très fort en trio sur une brève intro avant de se laisser rejoindre par sa chanteuse, Laurence Hornecker, dont la voix à la fois puissante et convaincante contraste quelque peu avec les ailes d’ange qu’elle a tatouées dans le dos. Dès lors le charme n’a plus qu’à agir et si on apprécie les compositions du groupe, les reprises qu’il nous propose et qui lorgnent parfois vers Tom Waits sont elles aussi généralement fort bien choisies !

Si The Pathfinders se repose sur un matelas rythmique bien résistant tissé par Julien Dubois à la basse et Eric Boreave à la batterie, il est clair que la formation compte tirer parti au maximum de ses deux figures de proue et quand Laurence connaît de petits soucis physiques, c’est Florian qui se charge d’assurer le coup sans le moindre mal et sans même que le public ne s’en rende compte en balançant de longs soli dont il a la recette cachée dans les manches. On appelle ça avoir du métier et force est de constater que ce groupe particulièrement bien en place en a un paquet derrière lui ! C’est donc en bonne compagnie et sur un ton qui monte crescendo que l’on en finira d’un set parfois très rock mais toujours bien blues dans l’esprit, même si le son parfois un peu violent en façade arrive à agresser quelque peu les oreilles … Awek qui attend de s’installer à la suite des Bordelais ne manquera pas de les féliciter pour leur excellente prestation !

Il faut deux heures de train pour se rendre de Bordeaux à Toulouse, il n’en faudra pas autant pour se rendre de The Parthfinders à Awek et après un repas aussi attractif que la veille avec cette fois un détour non pas par Faugères mais par Saint Chinian, c’est vers la Scène Blues que nous nous retrouverons une fois encore pour le grand concert du soir. Après avoir mis le feu à Mont Tremblant (Québec), à Omaha (Arkansas) et, last but not least à Cognac où ils ont tenu la dragée haute au public de B.B. King, nos amis Toulousains auront ce soir tout le loisir de chauffer à blanc les rives de l’Erdre qui sont noires de mondes jusque très loin sur les rails de la ligne de tramway !

Emmené par le charismatique Bernard Sellam, chanteur aux dix visages et guitariste aux vingt-cinq doigts, Awek est devenu au fil du temps un des représentants de ce qui se fait de mieux en terme de blues dans notre tout petit hexagone où une vingtaine de formations sont ou seront de taille à aller tenir tête au géant étasunien dans des concours comme l’International Blues Challenge de Memphis … Resté humble, ce combo aux mille succès a tout compris de l’art de réussir et c’est à force de travail et de talent mais aussi d’un mental à toute épreuve qu’Awek s’est fait sa place au soleil, la cohésion obtenue entre son frontman, Stéphane Bertolino à l’harmonica, Joël Ferron à la basse et Olivier Trebel à la batterie se révélant indestructible et laissant avant toute chose transparaître une véritable envie de jouer et en prime une très grande lucidité sur la qualité de ses diverses prestations. C’est en étant conscient de ses forces et de ses faiblesses que l’on progresse et il n’y a rien d’étonnant dans de telles conditions de retrouver Awek à cette place à l’heure actuelle !

On le sait, Awek sur scène, c’est beaucoup de professionnalisme mais c’est aussi beaucoup de générosité et de partage et c’est avec plaisir que le dialogue se noue instantanément entre la foule et la scène, Bernard Sellam ne manquant jamais de placer le petit mot sympa, le petit trait d’humour très personnel ou tout simplement le remerciement qui convient entre deux titres puisés non seulement dans un répertoire qui commence à être sérieusement étoffé mais aussi dans des covers bien senties allant de B.B. King pour « Everything I Do Is Wrong » jusqu’à Sonny Boy Williamson pour « Early In The Morning ».

Le temps passe à une vitesse folle et après avoir goûté aux indéboulonnables « I Can’t Get Enough » et autres « Kiki », Awek nous emmène vers quelques-uns des nouveaux titres que le groupe s’en ira coucher sur la bande au Texas au début de l’année prochaine. La présence d’un ami dans les parages est toujours l’occasion de se retrouver sur les mêmes planches pour partager un moment de plaisir et de convivialité tout en croisant le fer en bonne compagnie et c’est ce soir Florian Royo qui sera invité à interpréter un ou deux titres aux côtés d’Awek, le public appréciant visiblement ce clin d’œil amical mais aussi un duel de guitares en toute fraternité qui poussera chacun des deux artificiers à donner le meilleur de lui-même !

A l’heure de quitter la Scène Blues, les Rendez-vous de l’Erdre grouillent encore d’un public qui papillonne d’une place à l’autre et après avoir longuement discuté avec Jean-Claude, l’organisateur du troisième Oudon Blues Festival qui se tiendra à quelques kilomètres d’ici dans seulement une semaine, il ne nous reste plus qu’à rejoindre l’hôtel non sans avoir entendu du côté de la Scène Nautique Ceineray le Big Band Tous Dehors nous faire le coup de la grande variété en reprenant, vrai de vrai, « Alexandrie, Alexandra » de Claude François. On est loin des délires de Christian Vander qui se déroulaient au même endroit la veille …

Dimanche 30 août 2009

C’est un soleil radieux qui inonde Nantes pour cette ultime journée des Rendez-vous de l’Erdre et c’est une fois encore par un moment de convivialité que nous allons commencer à proximité de la Scène Blues puisque les membres du jury sont conviés à un brunch blues au bar Le Canotier avec en toile de fond l’ami Mat Fromont, ses guitares et son harmo d’une part et de l’autre son complice de Bo Weavil Miguel Hamoun et sa contrebasse ! Quelques tables, une majorité de public debout sur le devant de la terrasse, un café, un jus d’orange, quelques viennoiseries et surtout un bon blues bien gras et bien crade comme Bo Weavil sait le faire, il n’en faut pas beaucoup plus pour que cette première messe dominicale soit réussie ! Avec des standards comme « Catfish Blues », quelques oldies goodies appartenant aux anciens albums du groupe et même quelques nouveautés à paraître sur le prochain, on peut dire que Mat et Miguel nous ont soignés !

Il est déjà temps de rejoindre le coquillage posé sur les bords de la rivière où se produiront les trois derniers concurrents du tremplin et c’est Midnight Special, un groupe angevin adepte du Chicago Blues qui va se charger de nous mettre en jambes. Deux guitares et une voix, une section rythmique bien soudée et surtout une aptitude toute particulière à jouer des standards comme « Crossroads Blues », « Talk To Me Baby » ou encore « Nadine » sauront convaincre une assistance qui grossit au fil des morceaux de la qualité de la voix de Jean-Jacques Denis mais aussi de la solidité et du sérieux de ses acolytes !

De la prestation des Midnight Special, on retiendra une véritable envie de se faire plaisir en jouant un répertoire peut-être un peu trop traditionnel pour les vieux amateurs de blues et de blues rock, bien que ce soit celui que le grand public apprécie traditionnellement, mais aussi et surtout une véritable capacité à fédérer un public derrière son travail ! Manque encore un peu d’originalité et surtout quelques compositions à intercaler entre les reprises pour que ce groupe devienne un des grands du genre mais en attendant, petits et grands se sont donnés rendez-vous devant la scène pour acclamer cette formation installée à Angers.

On poursuit la journée avec une fois encore un combo régional puisque Mister Joss Blues Band arrive fraîchement de Chollet pour nous offrir un blues juteux à souhait dans lequel la voix de Joël Sicard qui tient également la guitare et celle de Guillaume Robin qui assure avant toute autre chose les parties d’harmonica se complètent avec un certain bonheur. Ces cinq jeunes gens du Maine et Loire ont eux-aussi tout compris de l’art de séduire un public et c’est à grand renfort d’un astucieux mélange où les compos rejoignent les classiques qu’ils vont s’attacher à le faire, démarrant leur set avec leur propre « Smarty Guy » pour mieux laisser ensuite les vieux routiers du blues s’inviter à leur table.

L’air de rien, Mister Joss Blues Band va mener son petit bonhomme de chemin et si tout n’est pas parfait dans sa manière de faire, au moins le quintet a t’il la bonne idée de jouer la carte de la sincérité en mettant surtout en avant ses points les plus forts sans se laisser perturber par ses petites faiblesses, la longueur des transitions étant certainement la plus déconcertante pour un public qui aurait à n’en point douter apprécié un peu plus de fluidité et de spontanéité dans le déroulement du set ! Quoi qu’il en soit, c’est un excellent moment que nous aurons fait passer ces cinq artistes et c’est en nous emmenant vers la sortie avec un très bon « Hoochie Coochie Man » qu’ils finiront de conquérir un public qui en redemande …

Derniers prétendants au Prix des Rendez-vous de l’Erdre, Jeff Treguer et ses complices du Finistère vont rapidement investir la scène pour nous y faire une démonstration de feeling et de bonne humeur ! Faire du Chicago Blues, du rock et du boogie est une chose, le faire à la sauce New Orleans avec un banjo, une contrebasse et un harmonica en est une autre et à ce petit jeu de la fusion des genres, ce combo explosif du Finistère est tout particulièrement habile ! On commence bille en tête avec un « Baby Please Don’t Go » remodelé avec des parties en Français pour bientôt aller rejoindre Elvis avec « That’s Allright Mama » et très rapidement le courant passe entre la scène et le public …

Le reste ne sera que pur bonheur et Jeff Treguer qui pilote aujourd’hui une formation aux allures de Rolls Royce, même si le son rappelle plus le train que la voiture, n’aura pas trop à se forcer pour mettre Nantes à ses pieds, faisant monter son show à la façon d’une bonne mayonnaise qui s’épaissit au fil des titres et gagnant un peu plus en consistance à chaque fois qu’un nouveau morceau s’offre à une assistance définitivement sous le charme. On en aurait bien encore repris un peu pour le dessert mais le règlement est ce qui prime dans tout concours et c’est sous les sifflets du public que notre Monsieur Loyal viendra lui signifier que c’en est fini de la prestation des Bretons non sans que ceux-ci ne nous aient quand même offert, entre autres, un superbe « Got My Mojo Working » avant d’inviter leur locomotive à se trouver une place en gare.

L’heure est aux délibérations et il ne faut pas beaucoup de temps au jury pour désigner les vainqueurs de cette édition … Une grosse vingtaine de minutes d’attente conduiront donc les sept candidats vers la délivrance et c’est sans vraiment de surprise que les grands gagnants seront Jeff Treguer qui repart avec le 1er Prix mais aussi avec le Prix Cognac Blues Passion tandis que Mister Joss Blues Band s’adjuge le 2ème Prix et le Prix de l’Europa Jazz Festival du Mans. Kevin Texas Band sera le troisième et dernier lauréat des Rendez-vous de l’Erdre et c’est The Pathfinders qui s’adjugera l’ultime récompense en remportant le Prix du Festival Blues TNT de Nantes ! Les autres candidats, légitimement déçus on le comprendra, n’ont cependant pas à rougir de leur participation à cette cuvée du tremplin particulièrement homogène et relevée !

C’est à l’heure de l’apéritif que Mac Arnold & Plate Full O’Blues se chargeront de clôturer ce week-end de très bon blues et si les notes qu’offrent ce vieux bluesman américain et son groupe all stars sont particulièrement attirantes, il n’en reste pas moins que les candidats heureux et malheureux au tremplin ont envie et besoin de partager leurs impressions entre eux mais aussi avec le jury. On délaissera donc les guitares bidons et le blues de cet ancien sideman de Muddy Waters pour aller féliciter les uns, encourager les autres, tout en lançant une oreille discrète vers ce qui se passe du côté d’une scène qui, une fois encore, parvient à charmer le public sans le moindre mal.

Un dernier repas pris avec les membres du jury mais aussi avec les ultimes groupes présents et il sera bientôt temps de prendre congé de nos hôtes des Rendez-vous de l’Erdre non sans avoir remercié l’organisation et tout particulièrement les personnes que nous avons côtoyées pendant ces trois jours, Josselin Couteau qui aura été notre coordinateur et bien évidemment Alain Millet qui était le Président de cette belle équipe à laquelle nous étions associés. Une équipe technique efficace, un staff misant autant sur la compétence que sur la convivialité, rien n’a fait défaut à une manifestation ambitieuse qui a également fait l’unanimité auprès des dizaines de milliers de spectateurs qui y ont assisté ! On peut décemment parler de belle réussite …

Fred Delforge – août 2009