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FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL (QUEBEC) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
mercredi, 12 août 2009
 

FESTIBLUES INTERNATIONAL DE MONTREAL
PARC AHUNTSIC – MONTREAL (QUEBEC)
DU 12 AU 16 AOUT 2009

http://www.festiblues.com

Mardi 11 août 2009 : jour J-1

C’est toujours un plaisir de retrouver les amis du FestiBlues International de Montréal et cette douzième édition se place sous un très bon signe puisque la météo nous annonce du beau temps pour les cinq journées que durera cette fois la manifestation du Nord de l’Ile ! C’est donc la bonne humeur et la confiance qui règnent dans la Maison de la Culture de la Rue Lajeunesse où nombre de radios et de télévisons ont répondu présentes à l’invitation qui leur a été faite pour cette conférence de presse mais où l’on croise aussi nombre d’artistes comme Mike Lécuyer, Antoine Holler et Big Dez venus de France et bien évidemment les incontournables locaux comme Carl Tremblay, Jim Zeller, Ariane Moffatt, Martin Deschamps, Patsy Gallant ou encore Eric Lapointe … Une forte délégation venue de Blues sur Seine, festival francilien jumelé avec le grand frère québécois, se fait également reconnaître dans la salle. 

On ouvre rapidement les agapes au son des percussions d’un duo appelé à nous faire vibrer les cinq prochains jours dans le Parc Ahuntsic puis ce sera le ballet traditionnel des remerciements aux partenaires publics et de la présentation détaillée du festival avec ses temps forts pas toujours forcément très blues mais essentiellement fédérateurs et populaires pour que tous les habitants du Nord de la Métropole puisse se rassembler autour d’un projet qui a aujourd’hui gagné ses lettres de noblesses. Ultime facétie du présentateur de la soirée, c’est en musique et accompagné par les claviers de Rachid de Big Dez avec au loin Carl Tremblay qui lui répond dans la salle qu’il annoncera la longue liste des sponsors et autres commanditaires. Un grand moment de cette soirée qui se terminera par la traditionnelle photo de famille avec tous les musiciens présents dans l’assistance !

La musique reprendra ensuite ses droits lorsque Big Dez offrira à ce douzième FestiBlues International de Montréal ses véritables premières notes avec pour commencer un superbe « You Can Smile » qui laissera sa place à une poignée d’autres titres parmi lesquels on remarquera bien évidemment un « Night After Night » laissant augurer de fort belles soirées non seulement dans le Parc Ahuntsic mais aussi à la Maison de la Culture où l’artiste Franco-néerlandais se produira jeudi soir et bien évidemment dans tous les bars associés au Festival. Le son un peu violent ce soir ne laissera malheureusement pas à Phil Fernandez et à ses trois acolytes le loisir de faire s’exprimer le versant le plus délicat de leur talent et on regrettera enfin qu’une grande partie des invités ait déserté la salle après seulement deux morceaux mais on se consolera en se disant que c’était pour la bonne cause puisque quelques instants plus tard, les chaines de télévisions commençaient déjà à évoquer les festivités des jours à venir …   

Deux grosses heures se sont écoulées depuis le début officieux de la manifestation et déjà on sent qu’il se passera des choses au cru 2009 du FestiBlues International de Montréal … Bon sang ne saurait mentir ! De leur côté, les techniciens qui s’affairent depuis deux jours à monter les scènes commencent à voir le bout du tunnel et on imagine déjà que la soirée éco-responsable de demain sera un très grand moment …

Mercredi 12 août 2009 : le début officiel du FestiBlues !

C’est dans un Parc Ahuntsic qui tarde un peu à se remplir que cette première soirée présentée par les Laboratoires Choisy va débuter et il faudra tout le charisme et le talent de Marc Gabriel qui s’installe sur la scène Hydro Québec pour faire bouger les premiers spectateurs et inviter les autres à venir les rejoindre, quelques fans assidus d’Ariane Moffatt faisant dès à présent le pied de grue devant l’autre scène où leur idole se produira dans un peu plus d’une heure !

S’il n’est pas à proprement parler un artiste de blues, Marc Gabriel est quand même un vieux routier de la scène québécoise et son retour sur les planches du FestiBlues où il nous présente ce soir ses nouvelles compositions va lui donner l’occasion de renouer le lien avec ceux qui l’ont connu grâce à son grand succès, « Indigène », qu’il interprétera aujourd’hui en milieu de set entre « My Revolution » et quelques titres dans lesquels on reconnaît ses influences venues du reggae mais aussi du folk et du rhythm’n’blues. Porté par une section rythmique solide avec notamment un bassiste aussi imposant que véloce et épaulé par un guitariste généreux, Marc Gabriel aura une heure durant l’occasion de faire groover le public sur une musique métissée et terminera même son show par un gospel a capela proposé en guise de rappel. Voilà de quoi nous mettre en jambe pour la suite de la soirée !


 
Bien décidé à mettre en avant sa volonté éco-responsable, FestiBlues a invité ce soir Steven Guilbeault à nous faire une brève allocution sur le réchauffement climatique, une cause qui lui est chère puisque ce membre fondateur d’Equiterre et chroniqueur pour divers médias nationaux a à cœur de laisser à ses quatre enfants une planète en bon état. Après nous avoir exposé la situation dans le monde et plus précisément au Canada, c’est un slam écologique intitulé « C’est à chacun de nous » que Steven Guilbeault nous offrira en compagnie des musiciens de Marc Gabriel revenus sur scène pour imprimer un tempo saccadé et grave afin que les mots soient encore plus percutants ! Le public a malheureusement quelque peu déserté les lieux pour rejoindre la scène Loto Québec dans l’espoir d’être bien placé pour le gros morceau de la soirée qui ne va plus tarder …

Reconnue à sa juste valeur dans son pays, Ariane Moffatt jouit également aujourd’hui d’une bonne réputation dans toute l’Europe mais c’est au Québec qu’elle aime encore et toujours se produire, sur cette terre montréalaise qui lui rend bien tout l’amour qu’elle lui porte en lui offrant ce soir un public fort conséquent. Les stands autour des deux scènes se vident dès l’arrivée sur scène de la jeune femme et c’est un Parc Ahuntsic uni comme un seul homme qui va accompagner la chanteuse mais aussi multi-instrumentiste jusque très loin dans un univers qui lui est propre.

On en passe par une multitude de couplets et de refrains à la fois chocs et attachants comme « Ma vie est une série B mais ça me va », « Tu ferais une super maman, mais pas maintenant », « Je n’invente rien, c’est la presse qui parle » ou encore « Je vais t’aimer dans tous les sens » et on suit une artiste qui n’a pratiquement rien de blues et qui le reconnaît ouvertement, taxant son spectacle du jour d’électro-blues-pop-émotion mais donnant tout, un peu comme si la suite de sa carrière se jouait ce soir ! Passant du tambourin aux synthés et du micro à la guitare, Ariane Moffatt qui est aujourd’hui accompagnée entre autres par la bassiste Amélie Mandeville aura à cœur de clôturer la saison des festivals d’été par un concert un peu particulier où elle interprètera des morceaux de son répertoire parfois un peu délaissés voire même carrément oubliés. Un bien joli cadeau au public d’Ahuntsic Cartierville qui n’a appris la présence de cette invitée surprise que quelques jours auparavant et qui a répondu en nombre malgré que le concert ait lieu le mercredi soir.

Au rayon des grands moments d’émotion partagés de la scène jusqu’en haut du parc, on notera un superbe « Je veux tout » repris en chœur par une foule qui du propre aveu de la chanteuse connaît mieux le morceau que son groupe lui-même et bien évidemment un vibrant « Je rentre à Montréal » qui fera frémir le public un peu de la même manière qu’il l’avait fait avec Robert Charlebois lors de la neuvième édition de FestiBlues, en 2006, quand le charismatique chanteur entonnait ses plus vieux hymnes !

Il est 22 heures et pour ne pas déranger le voisinage qui va encore avoir droit à quatre grandes soirées de musique, FestiBlues tire le rideau de cette première journée plus pop que blues … A quelques dizaines de mètres de là, le match de base ball en fait de même après pas moins de huit manches très disputées ! Quand on salue le quinté gagnant de l’organisation, on aperçoit sur les visages le sourire des grands soirs, ceux qui ont tenu leurs promesses face à des paris parfois un peu osés au niveau de la programmation … Voilà un FestiBlues qui commence dans des conditions idéales avec en prime un soleil bien décidé à rester là jusqu’à dimanche soir !  

jeudi 13 août 2009 : le blues débarque en force !

Le soleil inonde encore et toujours l’ile de Montréal et le Nord de la ville est plongé dans une chaleur moite qui devient très rapidement étouffante … C’est l’occasion toute trouvée d’aller se mettre à l’ombre de chez Mikes puisque le restaurant du 10 490 de la Rue Lajeunesse accueille ce soir son homonyme français, Mike Lécuyer, et son acolyte guitariste Claude Dornier lui aussi originaire de l’hexagone mais installé depuis un bon quart de siècle dans la Belle Province.

17 heures, c’est peut-être un peu tôt pour jouer du blues mais le duo s’y attache avec beaucoup d’entrain et nous emmène dans le vieux répertoire de notre Monsieur Blues en Français mais aussi dans de nouvelles compositions et adaptations qui seront couchées sur un nouvel album enregistré à Saint Basile le Grand dans les jours à venir. On en passe par les traditionnels « Mister JJ Cale », « Des vacances », « Contribution Blues » ou « Jusqu’au plafond » avant d’en arriver à des pièces beaucoup plus rares comme « Oncle Paul » et même à des nouveautés comme « Hôpital St Jacques », le pendant de « St James Infirmary » revu et corrigé à la mode Lécuyer ! Un ultime « Gare du Nord à 7 plombes du mat blues » pour saluer le public de plus en plus nombreux à l’heure où le Québec soupe et c’en sera fini d’une bonne heure de musique pleine d’humour, de picking, de slide et même d’harmonica pour le plus grand plaisir du public du cru. 

On quitte très vite la salle climatisée de chez Mikes pour aller rejoindre le Parc Ahuntsic où nous attend le premier des trois finalistes du concours Relève en Blues / Marché Central, Triniland. Originaire de Sherbrooke, ce premier concurrent nous réserve quelques belles surprises avec son show très inspiré de ceux que donnait naguère un certain Jimi Hendrix et c’est en faisant un brassage des genres où l’on trouve beaucoup de blues mais aussi un peu de rock et de reggae que Trini tentera de convaincre le jury en l’emmenant dans son propre monde où ses compos seront juste tempérées par une reprise de Dawn Tyler Watson, « Latex Your Love », exceptionnellement chantée par Véronique Pelletier qui traditionnellement assure les chœurs et les claviers au sein du groupe. Un peu de Français, beaucoup d’Anglais et quelques notes de guitare jouées avec les dents, voilà une prestation bien enlevée qui n’aura laissé personne de marbre !

A peine le temps de traverser le parc en direction de la scène Hydro Québec que déjà Power Stroke Blues Band envoie ses premières notes ! Lauréat du concours Relève en Blues / Marché Central de l’an dernier, l’ex-trio québécois qui s’est enrichi d’un organiste pour devenir un quartet va très vite nous séduire avec ses grandes goulées de blues et de boogie où l’influence du funk n’est jamais très loin !

Power Stroke Blues Band a encore énormément gagné en cohérence depuis l’an dernier et c’est sans doute la plus belle récompense que le groupe pouvait offrir aux organisateurs mais aussi au jury québécois du FestiBlues qui avaient misé sur eux il y a tout juste un an. D’une « Sweet Little Baby » séduisante en diable jusqu’à un « She Drives Me Crazy » décoiffant au possible, c’est toute la formation emmenée par son bassiste et chanteur et survoltée par des claviers qui ne renoncent à aucune facétie qui va mettre le Parc Ahuntsic en jambes en attendant la suite de la journée.    
 

On reste dans l’intimité de la scène Hydro Québec pour accueillir ce soir un spectacle que les organisateurs ont baptisé « Les incontournables du blues » et dans lequel on retrouve non seulement le chanteur et guitariste Jimmy James mais aussi une paire d’harmonicistes composée de Jim Zeller et de Carl Tremblay, le seul artiste à pouvoir se vanter d’avoir été à l’affiche de chacune des douze éditions de FestiBlues ! Porté par un groupe soudé dans lequel on reconnaît Karl Dutremble à la guitare, Marc Deschenes à la basse, Bingo Deslaurier aux drums et enfin le claviériste qui accompagnait Power Stroke Blues Band quelques minutes plus tôt, Jimmy James va démarrer le show sur quelques standards comme « Everyday I Have The Blues » avant d’être rejoint par Jim Zeller, toujours aussi inspiré quand il porte un harmonica à ses lèvres.

Rappelant que lors de sa première participation à FestiBlues sa fille n’était pas encore née, Jim Zeller nous entonnera bientôt un superbe « Melody » plein de tout l’amour qu’il voue à son enfant puis se lancera dans une démonstration de « blues cochon » avec une « toune » qu’il a composé après une longue conversation avec son « cheum » Jack Daniel’s … Ce sera l’occasion de retrouver Cécile, la Mamie Blues du FestiBlues que l’artiste a invité à le rejoindre sur scène ! Rapidement remplacé au ruine babines par l’inénarrable Carl Tremblay qui filera directement jouer « Sweet Little Baby » dans le public, Jim Zeller reviendra rapidement pour un final d’anthologie, véritable battle d’harmonicas sur un medley où l’on reconnaîtra des morceaux aussi divers que « That’s Allright Mama » ou « Pretty Woman » !

Une heure bien tassée de bon blues vient de s’écouler et il est temps de faire souffrir les orteils pour rejoindre la scène Loto Québec où Sylvain Cossette va nous asséner son lot de reprises très teintées 70’s. D’entrée de jeu, le chanteur et guitariste va se lancer dans une sorte de « Guitar Hero On Tour » où il est question de reprendre à la perfection tous les standards des seventies en commençant par un énorme « Smoke On The Water » qui laisse planer sur Montréal l’ombre de Ritchie Blackmore.

Avec un côté visuel au moins aussi parfait que le côté acoustique puisque Sylvain Cossette et son groupe ont débarqué avec deux murs de Marshall et pas moins d’une trentaine de guitares mais aussi avec un colossal B3, le groupe va lentement nous faire passer au travers de quelques hymnes un peu téléphonés qui, à force de talent d’interprétation, finissent à chaque fois par faire danser et chanter un Parc Ahuntsic garni jusqu’en haut de la colline. Les plus réfractaires finiront quand même par se plier à la règle de Sylvain Cossette et de son band, des vrais pros du gimmick puisque rien ne nous sera épargné, du sempiternel lancer de médiator jusqu’au solo de vocoder ou même aux parties de guitare à double manche …

Des Eagles à Pink Floyd en passant par les Beatles, Sylvain Cossette 70’s est un formidable juke box dans lequel il n’y a même pas besoin de glisser une piastre dans la fente pour que ça joue, et bien en plus ! On aura même droit à un épisode Police avec un enchaînement de « Message In A Bottle » et « Roxane » pour finir par un triple rappel dédié à Queen avec « Bohemian Rhapsody », « We Will Rock You » et bien évidemment « We Are The Champions ». Ahuntsic applaudit à tout rompre, acclamant définitivement un pro de la cover qui a déjà été plébiscité par le public puisque ses deux albums dédiés aux 70’s se sont vendus de façon exceptionnellement bonne !

Le Parc Ahuntsic se vide de ses derniers spectateurs et c’est en partie vers les bars de la ville que se dirigent les badauds pour y assister aux prestations nocturnes du festival Off avec Charles Pasi qui se produit au Bienvenu, Bad Boyz Boogie qui joue au Terminus et enfin Triniland qui donne son deuxième set du soir au Tonneau D’Or ! D’autres comme nous préfèreront rejoindre la Maison de la Culture Ahuntsic-Cartierville pour y assister au dernier des concerts montréalais de Big Dez qui après avoir enflammé le Bistrot à Jojo trois soirs de suite donne le coup de grâce dans le cadre du FestiBlues.

Débuté avec le traditionnel « You Can Smile », le show de la bande à Phil Fernandez va réussir à dynamiter un public plutôt nombreux et particulièrement actif puisque après seulement quelques morceaux piochés dans le répertoire du groupe, c’est une assistance déchaînée qui va se presser devant la scène pour y danser et surtout pour y communier avec un frontman charismatique qui n’hésitera pas à descendre se joindre à elle pour y placer quelques riffs et soli dans les couloirs de la Maison de la Culture ou carrément assis dans un fauteuil au beau milieu du public ! On saluera pour en finir l’excellent travail produit par Cyrille Catois  à la basse et Stéphane Minana aux drums mais aussi par Rachid Guessous aux claviers qui ont permis à Big Dez de donner près de quatre vingt dix minutes d’un show en tous points époustouflant. En voilà quatre qui n’ont pas fait le voyage depuis l’Europe pour rien ! 

Il est temps de quitter le quartier pour s’en aller prendre un repos fort mérité après près de huit heures consécutives de musique … Le Nord de Montréal semble s’être endormi dès les dernières notes jouées par Big Dez et en dehors des rondes de Police, rares sont les personnes à circuler dans les rues à cette heure tardive ! La nuit à maintenant repris ses droits …

vendredi 14 août 2009 : blues et country … tout un programme !

FestiBlues persiste et signe en débutant sa troisième journée sous un soleil radieux, signe s’il en fallait encore que cette douzième édition sera un grand succès populaire ! Dans le Parc Ahuntsic, les sourires rayonnent au moins autant que le soleil montréalais et on ne pense plus qu’à un avenir qui de dessine sous le meilleur jour ! Il est déjà temps de retourner chez Mikes où notre ami Mike Lécuyer donnera en ce milieu d’après-midi son deuxième concert en compagnie du guitariste Claude Dornier !

 

Ahuntsic Cartierville a fait passer le message mais c’est un restaurant à peine plus rempli que la veille qui fait honneur au père du désormais célèbre « Gare du Nord à 7 plombes du mat’ blues », un titre qui résume à lui seul tout l’humour de l’artiste mais aussi son savoir pour les choses du blues puisque l’on retrouve dedans tous les ingrédients qui ont fait la légende du genre, les trains et plus généralement les aléas ferroviaires, les voyages en tous genres … Une certaine philosophie de la vie en quelque sorte ! Une heure de concert permettra aux deux artistes de peaufiner les nouveaux morceaux en live avant de s’en aller les enregistrer dans les jours qui viennent … Un grand rendez-vous pour les amateurs de blues en Français se profile donc dans un très proche horizon !

A peine le temps de traverser la Rue Lajeunesse et de rejoindre le parc que l’on nous convie déjà à nous asseoir à la table du jury du concours Relève en Blues / Marché Central puisque la scène Loto Québec est prête à accueillir Lewis On The Rocks, une formation singulièrement brillante qui affectionne tout particulièrement le boogie woogie et le rock’n’roll des sixties ! Lewis Dave au piano et au chant impose un rythme soutenu et le groupe, contrebasse en tête, nous emmène très vite dans un superbe « I’m A Bluesman » avant de faire un tour d’horizon des styles qu’il affectionne et de clôturer sa prestation par une cover de Jerry Lee Lewis, « Whole Lotta Shaking Going On », durant laquelle ce Lewis là et ses consorts nous feront la totale avec en prime un gros coup de bluff … Force est de constater que la cuvée 2009 de la Relève s’annonce exceptionnelle !

Un rapide changement de scène pour retrouver Hydro Québec où vient se produire un autre combo français fort fameux au Québec puisqu’il s’agit de Charles Pasi qui, depuis qu’il a remporté le Prix FestiBlues au Tremplin Blues sur Seine il y a quelques années, est devenu un véritable habitué du pays ! Toujours aussi charmeur et charismatique, le jeune harmoniciste mais déjà vieux routier du circuit va nous emmener dans un univers très personnel dans lequel le blues s’ouvre très largement vers d’autres genres.

Porté par un groupe solide et cohérent, Charles n’aura aucune difficulté à prouver qu’il est l’homme de toutes les situations et c’est en nous faisant traverser son étonnant nouvel album « Uncaged » mais aussi en reprenant quelques standards comme « Put On Your Red Dress Baby » qu’il surprendra son monde, ne prenant même pas la peine d’interpréter le moindre titre de son précédent effort, l’excellent « Mainly Blue », pour assurer le coup auprès de ses vieux fans du cru ! Florilège de tout ce qui fait vibrer aujourd’hui le jeune chanteur et harmoniciste, le show de ce soir démontre par l’exemple que Charles Pasi est loin de se laisser enfermer dans un blues qui a fait de lui un artiste renommé ! Un pari osé qui s’avère gagnant puisque le public, malheureusement trop clairsemé, a unanimement apprécié le show.

Le gros morceau de la soirée se profile à l’horizon et il faut déjà rejoindre la scène Loto Québec pour y découvrir le concept « Country Blues » créé spécialement pour FestiBlues, un projet mis en scène par Dominick Trudeau et dirigé par Christian Péloquin dans lequel on retrouvera deux heures durant quelques-unes des plus grandes figures de la scène québécoise !

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, le Maire de Montréal, Monsieur Gérald Tremblay vient prononcer une brève allocution avant de céder sa place à la Ministre de la Culture, Madame Christine St-Pierre, puis c’est Martin, Président du FestiBlues qui convie ses amis co-fondateurs, Martin, Georges, Gilles et Jacques à venir récompenser cette même Madame St-Pierre du Prix Spécial FestiBlues 2009 en témoignage d’estime et de reconnaissance afin de souligner la qualité exceptionnelle de son engagement, un geste qui la touche tout particulièrement et qui remercie les efforts déployés pour aider le festival à se remettre du gouffre financier dans lequel la pluie de l’an passé l’avait plongé !

On passe enfin au spectacle Country Blues avec trois des membres de Madame Moustache qui ouvrent le bal sur trois titres avant de céder la place à Damien Robitaille qui nous fait le coup du « Rouge Gorge » avant de lui-même s’offrir deux pièces supplémentaires dont la dernière est empruntée à Hank Williams. Derrière lui, le house band où l’on trouve une fois encore l’omniprésent Bingo Deslauriers aux drums fait bien plus qu’assurer le coup et c’est très vite que Francine Raymond vient se placer au micro pour deux « tounes » parmi lesquelles on notera un très vibrant « Nobody Knows You When You’re Down And Out » !

Place maintenant au rock avec Steve Veilleux qui amène son énergie au show et qui ne laisse retomber la pression qu’après deux chansons en interprétant un « Blue Rodeo » bien dans le ton général du spectacle conceptuel du jour. Marie-Luce Béland le rejoint pour un morceau de plus puis s’engage en solo « Dans tes yeux noirs » … Le défilé n’en finit plus et c’est maintenant le bouillant Pete Déry qui s’offre un titre du King qu’il affectionne tout particulièrement, « Suspicious Mind », avant de conclure par une chanson en Français et de céder à son tour le micro à Patsy Gallant, toute émue d’avoir retrouvé sa place dans le cœur du public montréalais après onze années d’exil et de comédies musicales. Une chanson en solo puis une autre de Bonnie Raits avec Nancy Martinez et c’est Nancy qui cette fois continue solo sur deux covers de la grande Aretha Franklin, « Chain Of Fools » et « Baby I Love You ». 

En véritable maître de cérémonie, Christian Péloquin qui tient la guitare depuis le début du show y va de son gros rock à fond les ballons puis abandonne son micro à une des très grosses sensations du show, Martin Deschamps ! Parti bille en tête sur le « Wanted Dead Or Alive » de Bon Jovi, Martin laisse parler le talent et la passion et revisite ensuite  Kenny Rogers avant de surprendre son monde en se mettant à jouer de la guitare slide, chose difficilement imaginable quand on connaît le lourd handicap de cet artiste qui se bat au quotidien pour mener une vie normale. Encore une adaptation du « Highway To Hell » d’AC/DC à la sauce hard/country et on en arrive déjà à un final collégial où des danseuses accompagnent les artistes dans un dernier country blues des plus enlevés ! FestiBlues a une fois de plus gagné son pari en nous offrant un spectacle unique …


 
La soirée est loin d’être terminée et la scène Hydro Québec accueille maintenant Chuck Lambert, une des rares exceptions étasuniennes dans une programmation qui fait traditionnellement honneur au Canada et plus particulièrement au Québec mais aussi bien entendu à la France ! Véritable bluesman dans la plus pure tradition de Chicago mais aussi du Texas, Chuck Lambert laisse traîner très loin ses influences pour nous proposer des compositions intéressantes mais aussi nombre de reprises comme « Everyday I Have The Blues », « Little Red Rooster » ou « Just Like Me » mais aussi une autre plus étonnante du Pappy Johns Band !

Avec sa voix éraillée qui rappelle celle des vieux bluesmen et son jeu fin et précis, Chuck Lambert parviendra sans le moindre mal à retenir l’attention des derniers festivaliers avec son bon vieux blues et c’est un parterre bien garni qui assiste jusqu’au bout à un set sans le moindre temps mort, sans aucune baisse de régime. Suivi par des claviers bien en place, le bluesman aura tout le loisir de se livrer à quelques gimmicks amusants pour finir de convaincre le public du Parc Ahuntsic subjugué par tant de maestria.

La tradition du blues dans les bars se poursuit ce soir avec Power Stroke Blues Band au Bienvenu, Rainmaker au Terminus et Lewis On The Rocks au Tonneau D’Or et il est temps pour nous de remonter vers la Maison de la Culture où nous attend ce soir Marc Gabriel que nous avions déjà découvert mercredi en ouverture du festival …

Plus intimiste et donc plus chaleureux, le show du quintet va une fois encore nous emmener de gospel et funk et de folk en reggae avec tout une foule de nouvelles chansons qui se retrouveront sur le nouvel album de Marc Gabriel dans environ deux mois ! Plein d’humour, l’artiste offre des soli en veux tu en voilà à ses musiciens et chambre un peu son époustouflant bassiste avant de se prêter au jeu de l’autodérision en reprenant quelques strophes de vieux standards de la pop française des sixties comme « La plus belle pour aller danser » et « Tous les garçons et les filles » … Rapidement séduit, le public de la Maison de la Culture finit par venir danser devant la scène et c’est dans une folie collective que l’on en arrivera au célèbre tube « Indigène » un peu avant la fin du premier set. Quelques « tounes » supplémentaires et un rapide flashback sur son vieux répertoire après le break finiront de faire exploser l’horaire et il est près d’une heure trente du matin quand les derniers fans daignent commencer à esquisser une sortie vers la rue …

FestiBlues tourne la troisième page de sa douzième édition et quand on compulse le programme des deux jours à venir, on se dit qu’il nous reste de bien belles soirées à partager avec nos amis de l’organisation … Pour l’heure, il est temps de reprendre quelques forces et de soigner des pieds qui commencent sérieusement à ne plus vouloir répondre ! Pas toujours facile d’être un festivalier … 

samedi 15 août 2009 : place à l’ouverture musicale !

Pas de concert apéritif cet après-midi, c’est donc pour 18 heures 30 que nous nous rendons sur le Parc où nous attendent non seulement des hot dog mais aussi et surtout le jury du concours Relève en Blues / Marché Central.

Déjà séduit par les deux premiers concurrents, nous attendons beaucoup de Bernard Adamus, le troisième et dernier finaliste qui vient nous proposer son blues en Français, permanent contrepied entre la musique du delta et celle des grands artistes québécois comme Plume Latraverse. Un trombone, un banjo, de la guitare slide, beaucoup d’humour et de second degré et surtout une voix délicieusement roots finissent de faire de la prestation de Bernard Adamus un très grand moment de musique que tout le monde appréciera à sa juste valeur ! Après un détour par « Acapulco » sur fond de country blues, il ne restera plus aux jurés qu’à se mettre d’accord sur le nom des lauréats qui seront annoncés demain en fin d’après-midi …  

Direction la scène Hydro Québec pour y retrouver Antoine Holler, le lauréat français du Prix FestiBlues au dernier Tremplin Blues sur Seine qui a bénéficié de la manne financière de l’Office Franco Québécois pour la Jeunesse pour venir se produire dans la Belle Province. Il ne faut pas se fier au jeune âge d’Antoine, le guitariste et chanteur a déjà pas mal bourlingué, notamment en compagnie de Charles Pasi qui se produisait hier au même endroit et à la même heure et c’est accompagné d’un tout nouveau groupe qu’il se produit ce soir, mélangeant des compositions personnelles très enlevées et quelques beaux standards du blues revus et corrigés à sa propre façon.

Antoine Holler s’attache à jouer un blues riche et consistant dans lequel on trouve une belle dose de funk mais aussi de soul et de rhythm’n’blues et non content d’avoir un jeu de guitare des plus délicieux, il dispose d’une voix charmeuse à souhait. Rejoint sur le final par son vieux complice Charles Pasi, le guitariste clôturera sa prestation à deux voix plus un harmonica et nous fera profiter de sa relecture de « Let The Good Time Roll » mais aussi du tittle track de son excellent album, « Love In Stereo ». De quoi donner des regrets à ceux qui ont choisi de rester à la piscine en attendant que la température retombe de quelques degrés …

La scène Loto Québec nous ouvre maintenant grands les bras pour nous présenter un concept original réunissant trois formations québécoise réputées, à savoir Noir Silence qui revient à ses premières amours après un long temps d’absence, Vilain Pingouin qui fait encore et toujours preuve d’engagement dans ses textes et enfin Les B.B. qui renouent avec les festivals avec leur lot de grands classiques !

Difficile pour un non-québécois de rentrer dans le set de Noir Silence et si l’attitude est très rock sur scène, la voix un peu trop pop du chanteur gâche un peu le plaisir, d’autant que les textes engagés, pas toujours forcément dans le bon sens, gagneraient à être déclamés sur un ton un peu plus franc ! Pas franchement convaincu par les « USA » et autres « Le vent va tourner », nous assisterons toutefois à une montée progressive en régime du show pour terminer au bout du compte par quelques pièces de rock plutôt sympathiques.

Un changement de plateau plus tard et c’est Vilain Pingouin qui prend possession de la scène, les trois guitaristes imposant instantanément leur griffe personnelle à un répertoire bien en place et proposant un très bon rock en Français qui se veut très festif dans le bon sens du terme et surtout très entraînant. Un coup de guitare à double manche pour Alain « Riot » Godmer, un peu d’harmonica pour Claude Samson que l’on avait déjà croisé avec Les Petites Tounes et voilà un bon moment de musique qui se termine non sans en être passé par un « Salut salaud » plébiscité par la foule …

C’est un vent d’hystérie collective qui salue l’arrivée des B.B. sur la scène Loto Québec et pour le non initié, force est de s’interroger sur le pourquoi du comment tant les bluettes interprétées par ce qu’il est convenu d’appeler le mythe montréalais paraissent dénuées d’intérêt … On subit donc, sans vraiment comprendre grand chose à l’engouement populaire unanime suscité par le groupe, des titres comme « Donne moi ma chance » qui rappellent en vrac Gold, Pascal Obispo ou encore Patrick Fiori, le summum de l’incompréhension semblant atteint lorsque l’on en arrive à une histoire de chevalier solitaire sur « Seul au combat » qui fait un peu penser au générique de Goldorak chanté il y a plus de trente ans par Noam. Pourtant, Les B.B. se donnent à fond et on regrette presque de ne pas avoir vingt années de pratique de la culture locale pour pouvoir adhérer pleinement au spectacle, le groupe finissant quand même sur un rappel un peu plus vert avec « Snob » et conviant Noir Silence et Vilain Pingouin à monter sur scène pour un dernier titre de Gilles Valiquette un peu plus blues, « Je suis cool » !

Il est temps de retrouver un blues plus authentique avec Bryan Lee qui s’installe très rapidement du côté de la scène Hydro Quebec. Pour ce guitariste et chanteur directement venu des clubs de New Orleans, le blues est un moyen de faire passer des émotions qu’il vit intérieurement du fait de son handicap visuel. Sa musique pleine de nuances et de sensualité fera ce soir rêver un Parc Ahuntsic sous le charme et même si le son est horriblement fort, c’est toute une culture empreinte de la Louisiane qui viendra inonder un public qui ne peut se résoudre à quitter le Parc Ahuntsic.

Accompagné par son Blues Power Band où l’on ne peut manquer un guitariste portant élégamment la crête et le T-shirt des Clash, Bryan Lee partagera son temps entre la chaise et le micro, tirant des notes à n’en plus finir et concluant sa prestation par un brillant « Blues Is Alright » non sans avoir présenté ses musiciens et fait un signe de croix ! Le public arrivera même à arracher un rappel aux forceps malgré l’heure tardive et c’est sur « Key To The Highway » que la foule, encore conséquente, quittera la pelouse meurtrie par le piétinement des nombreux spectateurs de cette douzième édition du FestiBlues.

Le public des bars a rejoint depuis déjà quelques temps le Bienvenu, Le Terminus et le Tonneau D’Or où l’on attend respectivement Rainmaker, Late Night et Bernard Adamus … Pour leur part, Mike Lécuyer et Claude Dornier sont partis du côté de Repentigny rejoindre Slim Wood au Bar St-Laurent où la jam promet d’être mémorable ! Il est temps pour nous de gagner la Maison de la Culture où nous attendent ce soir deux concerts, le premier artiste à se produire sur scène n’étant autre que Chuck Lambert qui nous avait fait hier soir forte impression …

On se reprend donc une heure pleine du bon blues de cette formation étasunienne qui envoie d’entrée de jeu un très virulent « Blues Is My Business » avant de poursuivre par un florilège de compos et de standards soutenus par les claviers d’un Blues Brothers portant costume, cravate et chapeau ! Un rapide intermède pour souhaiter un bon anniversaire au bassiste de la formation et c’est au son de la guitare de Chuck Lambert et de sa voix délicieusement écorchée que l’on en arrivera à la fin d’un set toujours aussi intense mais un poil plus chaud que la veille, la Maison de la Culture se prêtant plus facilement au dialogue entre les groupes et leur public que l’immensité d’un parc, ne serait ce que parce que les spectateurs dansent devant la scène …

De danse il va encore être question avec l’arrivée en piste d’Antoine Holler, artiste ô combien attachant qui va donner son deuxième concert de la journée en s’efforçant de varier au maximum les plaisirs puisqu’il s’embarque dès le début de son set dans des standards comme « Everyday I Have The Blues » ou « Mustang Sally » pendant lequel il descend un instant rejoindre le public. Une ou deux compos pour la fine bouche, un formidable « Ain’t No Sunshine When She’s Gone » entrecoupé d’un long break ouvert à toutes les démonstrations individuelles et un changement de corde plus tard, Antoine sera une fois encore rejoint par Charles Pasi mais aussi par tout son groupe pour un final d’anthologie où la batterie à quatre bras sera simplement surpassée par des claviers à six mains ! 

L’avant dernière journée de ce douzième FestiBlues International de Montréal a une fois encore été bien chargée et il est deux heures du matin quand Antoine Holler et Charles Pasi quittent les planches de la Maison de la Culture … La fatigue commence à gagner tout le monde après quatre jours d’une rare intensité mais personne n’est pressé d’en finir avec cette édition chaude et ensoleillée ! Juste retour des choses à la fin d’un été où tous les autres festivals ont subi les aléas de la pluie …

dimanche 16 août 2009 : le retour des Porn Flakes à FestiBlues

Le soleil n’en finit plus de briller sur Montréal et on en arriverait presque à se plaindre de la chaleur si celle ci n’avait pas fait défaut au Québec depuis le début de l’été … Alors on prend patience et on s’arme d’eau en quantité astronomique pour tenir le coup durant cette dernière journée de FestiBlues qui signera la fin d’une édition particulièrement réussie !

C’est Jerome Godboo qui lance les festivités de la journée sur une scène Hydro Québec devant laquelle le public ne se masse pas encore puisqu’à peine une centaine de personnes seulement s’est installé face à lui … Dommage car l’harmoniciste et chanteur venu de Toronto ne va pas ménager son énergie pour nous proposer un des sets dont il a le secret, plein de tout son savoir et de toute sa culture blues acquise en accompagnant entre autres un certain Dutch Mason ! Pour l’heure, c’est essentiellement son propre répertoire que l’artiste bardé d’harmonicas au niveau de la ceinture met à l’honneur en compagnie d’un groupe solidement installé derrière lui qui joue malheureusement encore une fois beaucoup trop fort ! Une heure suffiront à Jerome Godboo pour parvenir à gagner quelques adeptes de plus et on regrettera juste que trop peu de spectateurs aient fait l’effort de venir assister au dernier véritable concert de blues du FestiBlues. Un dernier passage par « Not Fade Away » et un final de guitare très hendrixien finiront de confirmer tout le bien de ce que l’on pensait de l’artiste à l’écoute de son dernier album !

On reste sur la scène Hydro Québec pour l’annonce par Luis Oliva des récompenses du grand concours Relève en Blues / Marché Central et c’est un résultat sans grande surprise qui attend le public, le jury québécois ayant voté avant tout pour l’originalité en plaçant Triniland en troisième position, Lewis On The Rocks en premier dauphin et enfin Bernard Adamus en grand gagnant de ce cru 2009 … Ce même Bernard Adamus a par ailleurs été plébiscité par le jury français qui, non sans avoir auparavant salué la présence sur le site de jeunes bénévoles venus d’Outre Atlantique, lui offrira la chance avec l’OFQJ de se rendre à Blues sur Seine en novembre prochain pour s’y produire, entre autres, en première partie de Pat The White. Une belle soirée québécoise en perspective !  

L’énergie commence à manquer aux festivaliers et c’est toujours sur la scène Hydro Québec que l’on retrouve le même Luis Oliva et son ami d’enfance Steve Cordeau qui viennent proposer une ultime représentation de leur « Cover Show » dédié aux vieux standards du rock’n’roll et du blues. On en passe sans grande originalité mais avec toujours beaucoup de l’énergie et du charisme qui caractérisent l’acteur et chanteur par des « Be Bop A Lula », « Before You Accuse Me » et autres « Nobody Knows You When You’re Down And Out » mais aussi par une reprise de l’excellent « Chu un rocker » des regrettés Offenbach !

C’est un vibrant « Come Together » qui viendra mettre un point final à la prestation de cet artiste plein de vie dont la voix n’est pas toujours forcément très juste mais dont le plaisir qu’il parvient à donner à son public avec une guitare et un micro force à chaque instant le respect. Chapeau Monsieur Luis Oliva !

On gagne une dernière fois la scène Loto Québec pour le dernier show de ce douzième FestiBlues, celui des Porn Flakes qui auront une fois encore la lourde tache de refermer les portes du festival jusqu’à l’année prochaine … Réunion d’artistes ayant eu leur heure de gloire, les Porn Flakes revisitent traditionnellement les grands classiques de la culture francophone mais aussi anglophone et nous offrent traditionnellement un spectacle un peu vieillot qui fait mouche sur le public à une époque où le revival est une véritable façon de vivre !

C’est Fred Lebel accompagné du house band des Porn Flakes qui débutera le set avant de très rapidement inviter Elizabeth Blouin-Brathwaite à lui succéder au micro et, après seulement deux morceaux, c’est Martin Fontaine qui viendra saluer le trente deuxième anniversaire de la disparition d’Elvis Presley en nous offrant un superbe « Heartbreak Hotel ». Patrick Bourgeois, déjà présent la veille avec Les B.B., nous proposera à son tour une paire de « tounes » avec « Live And Let Die » et « Honky Tonk Woman » puis c’est Lulu Hughes qui fera résonner « Hound Dog » dans le Parc Ahuntsic.

On en arrive au moment que toute la foule qui semble encore plus nombreuse que les jours précédents attendait, l’arrivée d’Eric Lapointe ! Véritable icône dans le pays, le chanteur ne se privera pas de rester longtemps en scène pour nous proposer quatre ou cinq pièces en solo mais aussi pour nous offrir un duo avec Rick Hughes sur « Eye For Eye, Tooth For Tooth » avant de nous plonger dans un des moments forts de son passage sur les planches, l’interprétation d’une fort célèbre « Emeute dans la prison » qui emballe le rythme tout en durcissant le ton !

Kevin Parent est très rapidement invité à succéder à Eric Lapointe puis c’est Patrick Groulx qui nous propose un titre de Johnny Cash avant de rendre hommage à Robert Charlebois au travers de son énorme « Entre deux joints » qu’il avait interprété au même endroit en 2006 et qui avait laissé un très bon souvenir pour ceux qui l’avaient vu à l’époque. C’est maintenant au tour de Guy A Lepage de nous chanter une cover de Supertramp en compagnie de Lulu Hughes puis de nous infliger un « Like A Rolling Stone » faux à en pleurer mais tellement plein de folie avec la participation de Kevin Parent et d’Eric Lapointe que l’on en arrive à lui pardonner une voix pas véritablement faite pour chanter

Le show des Porn Flakes vire à la jam et les guitaristes Dan Georgesco et Mike Plant prennent un réel plaisir à nous envoyer encore quelques belles pièces comme « Whole Lotta Love » ou « Suspicious Mind » et c’est tambour battant que l’on approche de la fin d’un set qui n’aura pas connu la moindre baisse de régime ! Guy A Lepage plein d’humour demande au public s’il est prêt à assister à la deuxième partie du spectacle, présente un à un les musiciens en insistant tout particulièrement sur le maître du rythme Francis Fillion à la batterie, sur Martin Bolduc à la basse et sur le claviériste Yves Frula qui a accompagné Céline Dion tout autour de la planète puis donne l’estocade au spectacle avec un puissant « Ca plane pour moi » que Plastic Bertrand chantait ici même en compagnie des Porn Flakes en 2006 et avec « You Shook Me All Night Long » que les kangourous d’AC/DC n’ont sans doute pas manqué de jouer à Montréal il y une semaine environ ! C’est la fin du dernier acte et le public, comblé, commence à quitter les lieux avant même le tirage au sort de la tombola qui permettra à un jeune garçon de remporter une guitare Stagg …

FestiBlues laisse tomber le rideau sur une édition de tous les dangers qui aura été au bout du compte celle de tous les succès ! Ce n’est pas dans le genre des organisateurs de se jeter des fleurs mais il est certain que nos amis fondateurs Georges, Gilles, Martin, Martin et Jacques mais aussi Catherine, Directrice du Festival, ont de quoi être satisfaits d’avoir su relever la tête et retrousser leurs manches pour maintenir leur barque hors de l’eau … L’avenir a pris des couleurs plus rassurantes et il nous tarde déjà, si la conjoncture le permet, de retrouver FestiBlues sur une prochaine édition ! En attendant, la délégation française a quelque peu le motton comme on dit ici, mais elle se console en se disant que la onzième édition de Blues sur Seine en novembre prochain nous offrira le plaisir de partager encore quelques bons moments de convivialité avec nos hôtes de FestiBlues. So long …

Fred Delforge – août 2009