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SAINT LOUIS BLUES dans le MISSOURI (USA) pdf print E-mail
Ecrit par Jocelyn Richez  
samedi, 08 août 2009
 

SAINT LOUIS BLUES
SAINT LOUIS – MISSOURI (USA)
Juin 2009

http://www.route-du-blues.net/
 
Nous avons quitté il y a quelque temps notre ami Jocelyn Richez au sortir du Chicago Blues Festival [ici] … Nous le retrouvons aujourd’hui pour la suite de son périple sur la terre du Blues. Hey, ho, let’s go !

Cette année, après le Chicago Blues Festival, mes amis et moi avions décidé de nous rendre à Saint Louis. L'idée avait germé lors du dernier Arkansas Blues and Heritage Festival à Helena en octobre 2008 où parmi les artistes qui nous avaient le plus marqué, il y avait trois musiciens de Saint Louis, Marquise Knox, Arthur Williams et Eric Mac Spadden. En fait, je n'ai pas eu beaucoup à chercher pour me rendre compte qu'il y avait à Saint Louis une scène blues vivante, active et d'une grande richesse, beaucoup de clubs et des musiciens de toutes générations, du vétéran Big Georges Brock au très jeune Marquise Knox. Pourtant, cette scène blues est inexplicablement méconnue en Europe, si on excepte Boo Boo Davies qui tourne régulièrement grâce à Jan Mittendorp (Crossroads / Black and Tan). C'était donc très excitant de se rendre à Saint Louis à la découverte de cette scène blues excellente et paradoxalement oubliée. Nous souhaitions en particulier rencontrer Marquise Knox et au moins trouver son dernier CD, indisponible en France.
 
Pour aller de Chicago à Saint Louis, nous avons bien sûr emprunté la fameuse Route 66 qui nous emmena d'abord à Joliet, ville où furent tournées de nombreuses scènes du film « The Blues Brothers ». Malheureusement le trajet fut perturbé par la pluie et par d'interminables travaux sur la route.
 
Pour notre première soirée à Saint Louis, nous sommes allés au 61 Roadhouse Café à Webster Groove (proche banlieue de Saint Louis). C'est un vaste bar / restaurant avec une grande scène et une décoration blues des plus spectaculaires, l'endroit est vraiment magnifique !

Première surprise en arrivant, l'endroit comporte une zone fumeurs et une zone non-fumeurs. En fait, le Missouri est l'un des derniers états à n'avoir pas encore adopté l'interdiction de fumer dans les bars et restaurants. Au programme, il y a une jam organisée par le guitariste / chanteur Alvin Jett et son bassiste Matt Davis. Avec son dernier CD « Honey Bowl » (disponible dans toutes les FNAC), l'ancien accompagnateur de Tommy Bankhead a acquis une dimension internationale et nous avions vraiment envie de le voir sur scène. Malheureusement, nous sommes arrivés un peu en retard et nous avons vu défiler beaucoup de musiciens sur scène (souvent assez jeunes) mais nous n'avons que très peu entendu Alvin Jett ; dommage …

Heureusement, nous avons pu faire sa connaissance grâce à Claude Dannic qui avait amené le dernier numéro de BCR la revue dans lequel il avait chroniqué le dernier CD d'Alvin Jett & Phat Noize. Nous avons alors découvert un personnage vraiment sympathique. Côté musiciens, pas de grande découverte ce soir là, si ce n'est Fred Dickerson, un musicien local expérimenté qui accompagne occasionnellement Big Georges Brock à la guitare.
 

 
Le lendemain matin, nous sommes allés dans le quartier de l'université sur Delmar Boulevard. Nous avons découvert un "Barack Obama Boulevard" ainsi qu'un walkway of stars incluant les étoiles de nombreux musiciens (Ike Turner, Tina Turner, Miles Davis, Chuck Berry, Albert King, Johnnie Johnson, Henry Townsend etc...) ainsi qu'un un super disquaire Vintage Vinyl. Ayant acheté une quantité non négligeable de CD d'artistes locaux (dont 7 exemplaires du dernier cd de Marquise Knox !), on nous a présenté le patron du magasin, Tom "Papa" Ray, un vrai passionné. Grâce à lui, j'ai eu le privilège de parler quelques minutes au téléphone avec Marquise Knox qui malheureusement ne se produisait pas sur Saint Louis cette semaine là. Si nous étions venus une semaine plus tard, nous aurions pu voir à la fois Marquise Knox, Arthur Williams et Big George Brock. Tant pis, il faudra revenir !

Et puis surtout, Tom "Papa" Ray nous a sorti d'une grosse galère. J'avais malencontreusement verrouillé la voiture alors que les clés étaient restées à l'intérieur. Il s'est déplacé, a appelé un serrurier et une fois la porte ouverte a sorti son harmonica pour nous jouer un petit blues avant de retourner au magasin où l'attendaient des fournisseurs. Nous avons pris notre déjeuner au Blueberry Hill, là où le soir même se produisait Chuck Berry. Malheureusement, il n'y avait plus de places disponibles. Le Blueberry Hill a un petit côté musée façon "Hard Rock Café", on y trouve notamment une guitare de Chuck Berry. L'après midi, nous sommes monté au sommet de la fameuse "Gateway Arch", le symbole de Saint Louis.
 

 
Pour notre deuxième soirée à Saint Louis, nous nous sommes rendu au Olive Bistro pour assister à un concert de Charles "skeet" Rodgers. En arrivant sur le parking du club quasi plein, je me suis de suite rendu compte qu'il y avait du monde. Effectivement, le club était bondé et nous étions les seuls blancs. A l'entrée, nous sommes tombés directement sur Charles "Skeet" Rodgers en personne qui nous a souhaité la bienvenue et nous a sorti une phrase directement issue du standard « I'll play the blues for you » : « Don't be shy, come on in ! » (véridique) ; il nous a ensuite libéré quatre places juste devant la scène ! Comme toujours dans ce genre de clubs, nous avons été chaleureusement accueillis. Charles "skeet" Rodgers est un formidable chanteur et un non moins formidable showman. Le groupe autour de lui est étoffé et composé de "pointures", c'est d'un très bon niveau. Il mêle blues, soul et funk un peu à l'image de Bobby Rush dont il a repris le fameux titre « Sue ». Chaude ambiance garantie ! Pour le deuxième set, il fut rejoint sur scène par une chanteuse assez churchy, Jacinta Griffin. Elle vient de toute évidence du gospel et a été influencée par Aretha Franklin et Gladys Knight. Le style et le répertoire furent un peu différents de ce qu'on a entendu précédemment mais c'était tout aussi excellent.
 

 
Le lendemain, entre autres visites, nous sommes allés voir la maison de Scott Joplin, le roi du ragtime. Nous sommes ensuite passés de l'autre côté du fleuve Mississippi, à East Saint Louis, ancien haut lieu du blues (du Cosmopolitan Club où a débuté Chuck Berry dans les années 50 au Tubby's Red Room où jouaient encore il n'y a pas si longtemps Boo Boo Davis ou Arthur Williams), d'où sont issus la majorité des musiciens de la scène blues locale. C'est aujourd'hui l'un des pires ghettos des Etats Unis, un des plus dangereux aussi, à côté, le South Side Chicago apparaîtrait presque pour un quartier résidentiel ! La ville ou ce qu'il en reste est une succession de maisons éventrées, à moitié écroulées ou carrément en ruine. Ca ressemble un peu à Beyrouth après les bombardements sauf qu'il n'y a pas eu de bombardements. Dans le centre, la plupart des commerces ont fermé et les façades sont murées. La population est noire à plus de 99% et misérable à 100%. C'est assez impressionnant à voir, on a un peu l'impression d'être sur une autre planète.
 
Le soir, nous avons prévu d'aller au Beale on Broadway où il y a double concert, Ground Floor Band puis Kim Massie. Le Beale on Broadway est un club en plein air (ce qui est agréable par ces températures caniculaires) situé dans le centre de Saint Louis. La prestation de Ground Floor Band n'est pas mémorable mais je reconnais à la guitare Charles Hunt vu en 2002 à la Blues Estafette à Utrecht avec Ross & Hunt and the Ground Floor Band et comme guitariste de Little Aaron (concert mémorable !). Que de bons souvenirs ! Malheureusement, il m'annonce que son frère (c'est ce qu'il m'a dit mais c'est bizarre, il ne porte pas le même nom) James Ross est décédé et qu'il continue sans lui.

Arrive ensuite la plus grande découverte de ce séjour à Saint Louis, la chanteuse Kim Massie. Là, je manque de superlatifs ! Elle possède une voix extraordinaire, à la fois souple et puissante, c'est une sorte de juke box vivant, elle peut tout chanter avec une égale aisance, blues, gospel, rhythm & blues, rock … avec peut être une prédilection pour les titres d'Aretha Franklin. Elle est à la fois décontractée entre les morceaux et complètement impliquée quand elle chante. Elle m'a particulièrement impressionné en chantant une reprise de Led Zeppelin, « Whole Lotta Love », de façon extraordinaire. Dans le public, il y avait Eric "Guitar" Davis, jeune guitariste de Chicago qui monte et qu'on avait vu quelques jours auparavant lors du Chicago Blues Festival où il était le guitariste de Holly Maxwell. Kim Massie l'a invité à monter sur scène où il s'est vraiment défoncé l'espace de 2 ou 3 morceaux. Eric "Guitar" Davis, c'est de la dynamite !

Kim Massie chante deux fois par semaine au Beale on Broadway et c'est toujours plein, elle a su fidéliser le public, il faut dire qu'en plus de ses qualités vocales, elle dégage une sympathie, une sérénité, et elle ne manque pas d'humour ! Elle parle beaucoup avec son public tissant une véritable complicité. Kim Massie, c'est vraiment une découverte majeure !
 

 
Pour notre dernière soirée à Saint Louis, nous avons décidé d'aller voir dans un premier temps le guitariste / chanteur Leroy Pierson au BB's Jazz, Blues and Soups puis de traverser la rue pour retourner au Beale on Broadway où il y a une soirée Rockabilly de programmée avec Kim Lenz (d'Austin, Texas) en vedette.
Nous avons donc commencé la soirée au BB's avec le vétéran Leroy Pierson qu'on nous avait chaudement recommandé. Pour l'anecdote, il aurait hérité d'une des guitares de Mississippi Fred Mac Dowell. Il faut avouer que ce fut une grosse déception. Nous avons vu un musicien certes de bon niveau mais un chanteur limité et sans présence et sans aucun charisme. Il ne se passait rien, encéphalogramme plat ! A vrai dire, ce fut même rapidement chiant mais nous sommes restés jusqu'à la fin profitant aussi pour "visiter" l'endroit qui regorge de photos intéressantes.
 

 
Nous avons donc poursuivi la soirée comme prévu chez le voisin d'en face, le Beale on Broadway. Première surprise, nous avons retrouvé Alvin Jett dans le public. Deuxième surprise, il y avait une première partie au programme : Miss Jubilee, un groupe rockab' sympa mais limité. Visiblement, ils étaient contents d'être là car cette première partie a duré … deux heures. Je n'ai jamais vu cela et je ne comprends pas pourquoi les responsables de l'endroit ne sont pas intervenus pour les arrêter. Après une pause, voici enfin Kim Lenz sur scène avec son groupe et notamment son guitariste, un certain Nick Curran. La différence de niveau est évidente. Malheureusement, c'est à ce moment là qu'a éclaté un terrible orage, des pluies torrentielles et des rafales de vent s'abattent sur Saint Louis. La scène du Beale on Broadway étant en plein air, le concert était évidemment terminé … au bout de 10 minutes. Bref, on a dû patienter 2 heures pour seulement 10 minutes de Kim Lenz et Nick Curran. Autant dire que la soirée ne s'est pas déroulée comme prévu, c'est une grosse déception.
 

 
Néanmoins, nous avons passé du bon temps à Saint Louis, la ville est vraiment intéressante pas seulement pour un fan de blues mais aussi pour un simple touriste. J'y ai fait de belles découvertes comme Kim Massie, Charles "Skeet" Rodgers et Jacinta Griffin, j'ai rencontré des gens formidables comme Tom "Papa" Ray de Vintage Vinyle ou Lee Porter, le manager de Fred Dickerson. Ce voyage donne vraiment envie de retourner à Saint Louis, ne serait ce que pour voir quelques vedettes locales comme Marquise Knox, Arthur Williams, Big Georges Brock ou Eric Mac Spadden.
 
Jocelyn Richez - août 2009