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ROOTSWAY à RAGAZZOLA (Italie) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 27 juin 2009
 

ROOTSWAY
ROOTS’N’BLUES AND FOOD FESTIVAL
RAGAZZOLA – PARMA (Italie)
26 & 27 juin 2009

http://www.rootsandblues.org
http://www.rootsway.ning.com
http://www.myspace.com/rootswayrootsandbluesfoodfestival
http://www.myspace.com/lrphoenix
http://www.myspace.com/jukejointpims
http://www.juke-joint-pimps.com
http://www.chickenmambo.com
http://www.grahamhine.com
http://www.myspace.com/grahamhine
http://www.rogerhubbard.co.uk
http://www.myspace.com/angeloquotleadbellyquotrossi
http://littlepaulventuri.com
http://www.myspace.com/littlepaulventuriblues
http://www.ilbluesmagazine.it

Vendredi 26 juin 2009

L’avantage des compagnies Low Cost, c’est qu’elles réduisent considérablement les distances et qu’elles permettent d’aller visiter les festivals amis … C’est donc vers Bergame que nous volons aujourd’hui avant de rejoindre en voiture notre base du « Rootsway », au Sud de Parme, dans ce qui peut être considéré comme de delta non pas du Mississippi mais du Pô … On y retrouve les amis Ferdinando et Antonio qui, malgré les taches de l’organisation du jour, s’efforcent de nous accueillir avec beaucoup de sympathie, le premier nous emmenant visiter Parme et ses vieilles bâtisses tandis que le second fait son possible pour nous dénicher une connexion wifi à l’hôtel … De vrais pros de l’organisation et de l’accueil !

Quand on arrive à Corte Le Giare de Ragazzola, ce qui surprend en premier, c’est cette sensation de déjà vu, ce côté à la fois nouveau et pourtant familier … Renseignement pris auprès de nos hôtes, c’est ici que Bertolucci a tourné « 1900 », ce qui explique quelque peu cette sensation ! Le décor du jour est assez simple pour sa part, une scène flanquée du logo « Rootsway », une travée de chaises blanches pour les spectateurs, une autre de tables et de bancs en bois pour les gourmets et tout ce beau monde qui se rencontre autour d’une gastronomie locale pour le moins attractive, on est quand même au pays du Jambon de Parme, du Parmesan, du vin d’Emilie Romagne et du Vinaigre Balsamique …

Il est un peu plus de 21 heures quand Andréa, le big boss de l’équipe, lance officiellement ce troisième week-end de festivités en présentant un duo pour le moins atypique, L.R. Phoenix & Mo’ Hell. Le premier est guitariste et chanteur, Anglais d’origine, et se fait accompagner par le second à la batterie, tous deux étant aujourd’hui installés en Finlande, le pays de Mo’ Hell. Disciples de R.L. Burnside mais aussi de Son House, les deux complices nous assènent un blues roots tranché très près de l’os et s’appuient sur des riffs très répétitifs pour nous faire entrer dans leur transe … Pas de chance, au bout de quelques morceaux l’orage s’en mêle et fait irrémédiablement fuir le public ! L’arrêt du set est inévitable puisque sur scène, ça commence à mouiller aussi …

Par chance, les organisateurs ne sont pas en manque d’idées et un petit coup de camionnette plus tard, on se retrouve sous les arcades où le public est venu s’abriter, à une centaine de mètres de la scène, pour une fin de concert à la roots ! Après tout, c’est bien « Rootsway » qui est inscrit sur les affiches … On repart donc avec L.R. Phoenix et Mo’ Hell dans une longue relecture un peu redondante de leur nouvel effort, « Wrecked », et c’est sur un fond de son gras et saturé que l’on en passe par des titres qui mélangent les vieux relents des bluesmen du delta du Mississippi et un son très contemporain qui colle parfaitement à la peau de ces deux jeunes gens au demeurant fort sympathiques. Un rapide rappel pour finir le concert et il est temps de remballer car le temps a passé à une vitesse folle !

Andréa reprend son rôle de speaker et en profite pour saluer les sponsors mais aussi Blues-sur-Seine que nous représentons ce soir avec Jean Guillermo … Un léger temps mort et à 23 heures, c’est Juke Joint Pimps qui s’y colle. Encore un duo, allemand cette fois, qui débarque dans une configuration plutôt originale puisque Mighty Mike, le batteur, joue debout mais aussi parce qu’il chante et joue de l’harmonica. A ses côtés, T-Man, le guitariste, pourrait presque passer pour un paresseux s’il ne se démenait à grands coups de slide pour imprimer des sonorités épatantes à un répertoire partagé entre standards du blues et compositions pas piquées des vers. L’autre particularité de Juke Joint Pimps, c’est de débarquer sur scène dans un accoutrement kitsch qui prête à sourire et qui rend forcément le groupe très sympathique …

On se laisse aller dans un mélange de blues et de rock mais aussi de country et après avoir traversé des titres de Muddy Waters (« I Can’t Be Satisfied », « Rollin And Tumblin » …) mais aussi des créations fort réussies et pleine d’humour comme « Dick Shake », « Holly Juke Joint Beat » ou « Red Wine », on assiste à la transformation des Juke Joint Pimps en Gospel Pimps quand Mighty Mike revêt sa longue cape de preacher … Une relecture originale de la tarte à la crème « When The Saints … » devenue pour l’occasion « When The Pimps Go Marching In » et un autre gospel nous ramènent rapidement vers le delta et c’est lentement mais sûrement vers la sortie que le duo germanique nous accompagne avec « Dust My Broom ». Le public en redemande et ce sont les deux groupes du soir qui se réunissent pour un fort sympathique final dans la plus pure tradition des juke joints du Sud des Etats-Unis !

Minuit a sonné depuis un bon moment et c’est en compagnie de nos amis du magazine italien Il Blues que nous regagnons notre hôtel à Salsomaggiore après une quarantaine de minutes de route … La nuit ne manquera pas de réparer les outrages d’une journée qui a été longue !

Samedi 27 juin 2009 

La ville de Salsomaggiore est étonnamment déserte en ce début de période estivale et nous disposons de la journée entière pour nous promener dans ses rues mais aussi pour nous entretenir avec les groupes logés à la même enseigne que nous et bien évidemment avec les représentants de Il Blues, magazine italien salué au bout d’un quart de siècle d’existence par un award décerné par la Blues Foundation de Memphis, récompense ultime pour cette équipe de bénévoles emmenés par Marino et sa charmante compagne !

Arrivés à Ragazzola par la navette de 17 heures, nous avons tout le loisir de retrouver les organisateurs du « Rootsway » qui s’affairent tout en assistant aux balances … C’est le moment de sympathiser avec les artistes du jour à commencer par le délicieux Fabrizio Poggi avec qui le courant passe immédiatement. Une ultime découverte de la gastronomie locale en compagnie du tiercé gagnant de l’organisation, Ferdinando, Antonio et Andréa et il est temps de céder la place à la musique pour une soirée placée sous le signe du beau temps !

La première bonne surprise du soir nous est proposée par Fabrizio Poggi & Chicken Mambo et si la configuration scénique est quelque peu surprenante puisque le frontman est assis très bas sur une chaise avec ses harmonicas autour de lui, les premières notes auront tôt fait de nous convaincre de la très grande solidité du projet ! Guitare, basse, batterie mais aussi accordéon sont au programme de ce voyage que Fabrizio nous propose dans le delta du Mississippi avec des notes toujours très délicatement jouées mais aussi avec une véritable attitude de prêcheur qui raconte son histoire, qui invite le public à partager, voire carrément à communier au gré des « Soul Of A Man », « You Gotta Move » et autres « Walkin’ Blues » qui agrémentent le début du set.

L’harmonica chromatique n’est que le prétexte à une démonstration de plus et Fabrizio Poggi ne manque aucun de ses effets, nous servant même un « Down By The Riverside » aux limites du reggae avant de nous conduire vers un final d’une rare intensité où l’on remarquera une vibrante interprétation de « This Train » et un « Amazing Grace » revu et corrigé avec ingéniosité à la sauce Chicken Mambo ! Quelques saluts à l’Italienne et une ovation du public raccompagneront le combo transalpin vers le coin de la scène où le leader ne manquera pas de nous faire remarquer que son histoire du jour se décline aussi bien en Anglais ou en Français. A bon entendeur …

Pour les avoir rencontrés à maintes reprises depuis vendredi, on sait que Graham Hine et Roger Hubbard sont des garçons non seulement fort sympathiques mais aussi des guitaristes et des chanteurs de grande expérience. Réunis sur une idée fort bienvenue de leur agent, les deux Anglais vont ce soir nous proposer chacun un set d’environ six pièces avant de se retrouver pour un final commun qui promet d’être chaud. Graham Hine nous emmène ainsi au son de son vieux dobro National vers des « Fishing Blues » et autres « Back Door Man » puis c’est au tour de Roger Hubbard de relire Bukka White ou encore Robert Johnson a grand renfort de son résonateur plus moderne mais tout aussi roots dans le son.

La réunion finale de Graham Hine et Roger Hubbard sera le prétexte idéal à un hommage à Tampa Red et c’est en se partageant le chant mais aussi les slides que les deux artistes finiront par nous faire le coup d’un « When You Got A Good Friend » qui résonnera longtemps dans une assistance qui pour l’occasion a déserté les tables pour enfin rejoindre les chaises sur le devant de la scène. Un salut appuyé, le public qui répond comme il se doit, les deux complices ont largement de quoi être satisfaits de leur prestation du jour !

« Rootsway » devait compenser la défection d’Olabelle par un spectacle de qualité et c’est en proposant un plateau Italian All Stars que le festival va s’en sortir haut la main. Le concept est simple, deux guitaristes virtuoses, Angelo ‘Leadbelly’ Rossi et Paolino ‘Little Paul’ Venturi, un harmoniciste au look de Pirate des Caraïbes, Andreino Cocco, et un batteur précis et puissant, Angelo Fiombo, réunis sans basse autour d’un projet éphémère où le blues, le rock, le gospel, le boogie et la soul se retrouvent unis pour le meilleur et rien que pour le meilleur ! Si Angelo Rossi assure la majeure partie du chant, Paolino Venturi est également armé d’une voix intéressante et c’est dans une ambiance très bon enfant que cet Italian All Stars s’adonne à un jeu qui est cher à chacun de ses membres : le blues …

Quelques gouttes après deux ou trois morceaux font craindre le pire mais la pluie repart aussi promptement qu’elle était arrivée et le quartet poursuit comme si de rien n'était, Andreino Coco sortant à l’occasion des cuillers musicales pour rendre encore un peu plus roots une soirée qui n’a jamais manqué de l’être. Au loin, les cuisines plient bagage et notre Italian All Stars ne semble pas s’en soucier, emmenant le public de Corte Le Giare jusque loin dans la nuit sans oublier d’inviter un de leurs hôtes, Antonio, à venir placer un solo sur un des morceaux. Le public en redemande, on nous informe que la navette du Grand Hôtel Porro est prête à repartir et n’attend plus que nous. On n’est plus très loin de 2 heures du matin … 

C’est avec beaucoup de regret que nous quittons ce petit coin du Delta du Pô où la culture du coton a été remplacée par la fabrication du Parmigiano Reggiano, non sans avoir salué et remercié tous ceux qui ont multiplié des trésors d’ingéniosité pour nous rendre le séjour le plus agréable possible. Sur les six week-ends que dure « Rootsway », le festival a programmé cinq artistes français et non des moindres puisque ce sont Rag Mama Rag, Bo Weavil, Nico Wayne Toussaint, Cotton Belly’s et enfin Philippe Ménard qui agrémenteront cette cinquième édition … En l’absence d’un de nos groupes nationaux cette semaine, nous nous devions de porter les couleurs du blues hexagonal à Ragazzola et voilà qui est fait ! Et une chose est certaine, on y reviendra …

Fred Delforge – juin 2009