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Ecrit par Fred Delforge  
mercredi, 10 juin 2009
 

Les bras croisés
(Autoproduction – 2009) 
Durée 50’02 – 10 Titres 

http://cadijo.free.fr
http://www.myspace.com/cadijochansonsblues 

Grand amateur de chansons blues, Cadijo souffle ses notes sur les routes depuis une bonne vingtaine d’années et si ses racines sont solidement ancrées du côté de Bordeaux, c’est dans l’Amérique de Sonny Terry, Sonny Boy Williamson et autres Big Walter Hornton que l’artiste puise ses influences, les enrichissant du côté le plus rural de ses modèles et leur apportant en prime une partie de sa culture très européenne … Auteur, compositeur et interprète, Cadijo sait s’entourer de musiciens capables de donner à son art toute son envergure et c’est en compagnie de Fred PG à la guitare, Javier Garcia à la basse, Guillaume Destarac à la batterie et Norman Hogue au trombone qu’il nous présente un nouvel effort, le sixième, qui débarque dans les bacs un an à peine après « Grandir », son précédent ouvrage. Partagé entre compositions très fouillées et reprises bien senties, « Les bras croisés » est un album qui multiplie les couleurs et les reliefs …

Il a un talent tout particulier pour ce qui est de faire swinguer la langue de Molière et pour lui donner l’impulsion suffisante pour que le blues prenne toute sa dimension en sa compagnie ! Des textes simples, pleins d’images fortes et de délicatesse, des accords de guitare qui leur collent au plus près de l’os et un harmonica qui vous met les nerfs à vif, rien ne manque à cette rondelle qui nous embarque directement des rives de la Gironde jusqu’à celles du Mississippi avec des titres pleins de jus comme « Les bras croisés » ou l’excellent « Un caillou dans ma chaussure » ou même plein de tendresse et de sensualité comme « Y’a des corbeaux ». Revisitant avec toute la maestria qu’on lui connaît les classiques avec « Jordan River » et « You Better Mind » et même les répertoires de Lou Donaldson avec « Rev. Moses » et d’Eddy Louiss avec « Tout Piti », Cadijo laisse entrer la passion et l’émotion dans son jeu tout en nuances et emmène ses harmonicas vers des registres aussi complémentaires que le Chicago blues, le gospel, les worksongs ou encore le cajun et plus généralement vers la palette la plus large des blues festifs ! Capable de vous faire taper du pied pour toute la journée rien qu’avec l’instrumental « Le grenier du salin », Cadijo se fait plaisir à jouer mais n’en oublie pas pour autant de partager ce plaisir avec son public et c’est à une véritable fête, une sorte de fiesta bordelaise donnée non pas en l’honneur du vignoble local mais bel et bien en celui du ruine-babines si cher à l’artiste que ce dernier nous convie publiquement … Lui refuser une écoute relèverait purement et simplement de l’offense alors un seul mot d’ordre : à vos platines !